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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

16 novembre 2022

La Lorraine voudrait retourner à Lyon

Lors du lancement des travaux de réalisation de la 12ème voie à quai en gare de Lyon Part-Dieu, mise en service cette année, plusieurs dessertes avaient été allégées voire supprimées compte tenu de l'organisation du chantier, ce qui avait déjà provoqué une certaine perplexité, en particulier parmi les premiers concernés. Ce fut d'abord le cas des liaisons TGV entre Strasbourg et Lyon, déjà peu nombreuses (et pas plus que le nombre de trains classiques avant l'ouverture de la LGV Rhin-Rhône en 2011).

Peut-être pour ne pas froisser certaines sensibilités locales, la Lorraine a également été touchée avec la réorganisation de la desserte vers Lyon, réduite en nombre, déviée par Strasbourg (pour augmenter l'usage de la section Baudrecourt - Vendenheim de la LGV Est), avec pour conséquence la mise à l'écart de Nancy. En outre, le train de nuit quadritranche Lorazur Strasbourg / Luxembourg - Nice / Cerbère avait aussi été victime du démantèlement en règle de cette offre en 2016.

La Région Grand Est avait finalement mis en place 2 allers-retours Dijon - Nancy en décembre 2018, devant proposer des correspondances à Dijon sur des TGV en direction de Lyon et de la Méditerranée, avec départ à 7h40 et 15h56 de Nancy, à 11h01 et 20h05 de Dijon, proposant une liaison en 2h35 environ.

Il reste aujourd'hui un unique aller-retour régional en fin d'après-midi et en soirée : Nancy 16h54 - Dijon 19h27 / Dijon 20h05 - Nancy 22h39. En complément, une relation TGV Nancy - Nice a été finalement rétablie par prolongement de Strasbourg à Nancy (Nancy 12h26 - Dijon 16h04 et Dijon 13h37 - Nancy 17h02), qui se distingue par un temps de parcours plus long d'un peu plus d'une heure entre Nancy et Dijon, du fait du détour par Mulhouse et Strasbourg. Mais aucune offre n'est proposée le matin.

Depuis, plusieurs annonces ont réveillé les oreilles des élus lorrains : Railcoop d'abord a mis sur sa carte d'intentions une relation librement organisée comprenant 2 allers-retours Thionville - Metz - Nancy - Dijon, avec une rame pour Grenoble via Bourg-en-Bresse et Chambéry, et une rame pour Saint-Etienne via Lyon (le tout en X72500...). Mais pour l'instant, la coopérative a déjà bien du mal à crédibiliser son projet sur Bordeaux - Lyon.

L'Etat a aussi étudié la création d'une relation TET conventionnée entre Grenoble et Metz, via Lyon, Dijon et Nancy, avec manifestement une variante Metz - Toulouse. Cependant, l'hypothèse n'est guère plus avancée. L'itinéraire fait enfin partie des axes prioritaires pour la relance des trains de nuit... mais là encore, aucune suite n'a été donnée aux annonces, notamment sur le matériel roulant.

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Entre Dijon et Culmont-Chalindrey - 21 juin 2011 - La BB22305 tracte les 7 voitures du Corail Lyon - Metz à travers la campagne aux confins de la Côte-d'Or et de la Haute-Marne : la faible densité de population de ce territoire fait de l'axe Dijon - Toul un corridor de transit, aujourd'hui principalement utilisé par le fret entre le Bénélux et la Méditerranée. (cliché X)

Bref, les liaisons entre la Lorraine, la vallée du Rhône et la Méditerranée subissent les conséquences d'effets d'annonce qui tiennent lieu de politique (pour les uns) et de certitude commerciale (pour les autres). La restauration d'une liaison Metz - Lyon est évidemment justifiée, de préférence par l'itinéraire direct via Toul et Neufchâteau, plus rapide. Même l'emprunt de la LGV entre Mâcon et Lyon ne procurerait finalement qu'un modeste gain de temps. Ainsi, s'il s'agit de restaurer une liaison vers Lyon, une solution classique est préférable. La grande vitesse prend tout son sens s'il s'agit de rejoindre l'arc méditerranéen. Mais on connaît la frilosité de la SNCF à mobiliser des rames TGV sur de telles relations : si les Intersecteurs sont déjà malmenés, alors une desserte au moins à moitié sur le réseau classique, sur laquelle une rame ferait un seul aller-retour dans la journée, semble hors de portée selon les principes actuels.

L'hypothèse d'une liaison classique procurerait un débouché supplémentaire au Confort 200 de CAF qui serait ici pleinement adapté au parcours, mais le petit parc nécessaire serait isolé des radiales Paris - Clermont-Ferrand et Paris - Toulouse qu'il équipera à partir de 2024. L'hypothèse d'une liaison Metz - Toulouse semblait liée à l'acquisition de ces rames pour Bordeaux - Marseille... pour lesquelles elles ne sont pas adaptées comme l'a démontré transportrail. Retour à la case départ...

Sans une profonde transformation de la gouvernance des liaisons longue distance, y compris celles assurées en TGV, la géographie et la consistance de ce qu'on appelait avant les Grandes Lignes court assurément au statu quo régressif.

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15 novembre 2022

Londres : phase 2 pour Elizabeth Line

La deuxième phase du nouveau RER londonien a été activée le 6 novembre dernier. Depuis le 24 mai dernier, seule une partie de la nouvelle Elizabeth Line, traversant Londres d'est en ouest, avait été mise en service. A l'est, la branche de Shenfield faisait terminus à Liverpool Street, celle d'Abbey Woord à Paddington, tout comme les branches de l'ouest, en provenance de Heathrow et Reading.

Désormais, les missions sont diamétralisées dans le long tunnel de 21 km. Le trafic sur le tronçon central Paddington - Whitechapel est désormais de 22 trains par heure et par sens en pointe et de 16 en journée. En mai 2023, l'offre atteindra le niveau nominal prévu lors de la conception du projet avec 24 trains par heure et par sens. Le système CBTC qui équipe le tronçon central pour assurer le mouvement automatique des trains - sur ordre de départ du conducteur - va pouvoir donner la pleine mesure de ses fonctionnalités sur une ligne qui a déjà atteint le seuil des 300 000 voyageurs quotidiens selon l'opérateur MTR Elizabeth Line.

Rappelons pour mémoire que le service est assuré par 65 rames Aventra fournies à l'époque par Bombardier, dans un marché prévoyant une option de 19 unités supplémentaires. Comprenant 9 voitures disposant chacune de 3 portes par face, 454 places assises et 1046 debout.

L'hypothèse d'une seconde liaison ferroviaire diamétrale avait été évoquée, avec une échéance de réalisation en 2030 qui apparaît aujourd'hui peu plausible, mais le dérapage du coût et du calendrier, sans compter l'évolution du contexte budgétaire, semble être de nature à tempérer les ardeurs : depuis novembre 2020, le projet est gelé. En attendant, les liaisons nord-sud restent principalement l'apanage du réseau Thameslink, opéré par Govia, en correspondance avec Elizabeth Line à la station Farringdon. Depuis mars 2018, l'exploitation est assurée sous ERTMS niveau 2 avec pilotage automatique après ordre de départ du conducteur, pour un objectif de débit équivalent sur le tronçon le plus chargé de cet ensemble de lignes.

 

13 novembre 2022

Etat - SNCF : des recrutements promis et un bouclier tarifaire...

On aurait pu penser qu’un ancien ministre en charge des relations européennes serait un peu plus habile et plus pondéré que son prédécesseur dans ses expressions en prenant en charge le secteur des transports. Hélas, ce ministère semble être frappé de malédiction.

Coup sur coup, M. Beaune a endossé les mauvaises habitudes de M. Djebbari, Tiktok en moins (pour l’instant). Ainsi, face aux difficultés de recrutement des conducteurs à la SNCF, entrainant de nombreuses suppressions de trains régionaux, le ministre a ainsi promis « une accélération des formations et des recrutements ». Depuis quand cette mission incombe-t-elle au gouvernement ?

Vient ensuite le concept du « bouclier ». Sur le modèle mis en œuvre sur l’énergie pour les particuliers, l’Etat adresse à la SNCF l’injonction de limiter la hausse des tarifs à des taux bien inférieurs à ceux de l’inflation, mais refuse la prise en charge celle supportée par la SNCF (que ce soit pour l’exploitation des trains ou les travaux d’infrastructure). Le risque est évidemment de créer les conditions d’une nouvelle machine à déficit. D’ailleurs, la crise des compagnies ferroviaires et des réseaux de transports en général dans les années 1920-1930 a été pour partie la conséquence d’une politique de blocage imposé des prix dans une période très inflationniste.

Le statut de Société Anonyme, fut-elle entièrement détenue par l’Etat, est donc encore un peu plus mis à mal par ceux qui l’ont eux-mêmes porté.

Quant au financement du réseau, pour l’instant, l’Etat reste sourd aux demandes, qu’elles émanent de la SNCF, des Régions ou de l’ensemble des observateurs du secteur. Et on ne voit pas quelle étincelle pourrait provoquer un changement de posture. 

9 novembre 2022

Lyon Part-Dieu : une galerie de plus

La désaturation de la gare de Lyon Part-Dieu franchit une étape supplémentaire. La récente mise en service de la voie L, la 12ème voie à quai, a en principe donné un bol d'air à l'exploitation, mais il faut quand même s'interroger sur l'utilisation - pour l'instant ? - plus faible qu'auparavant de la voie K ouverte en 2009. Si assurément l'ajout de cette voie est utile à long terme, d'autres mesures devront être mises en oeuvre dans cette gare qui dispose de quais longs pour accueillir des TGV en UM2, mais où sont reçus de nombreux trains régionaux de composition plus courte : la réception de 2 trains sur la même voie, soit dans le même sens, soit dans des directions opposées, comme cela vient d'être mis en oeuvre à Rennes, mériterait d'être mise en oeuvre pour faciliter la gestion du trafic.

Cette solution serait désormais plus facile à mettre en oeuvre car ont été mis en service aujourd'hui les nouveaux accès aux quais par la galerie prise sur la trémie de l'avenue Georges Pompidou, sur le flanc sud de la gare. La voirie a été réduite à une voie de circulation par sens et l'espace récupéré a été transformé, tirant profit des ouvertures existantes sur les quais pour l'aération de l'avenue pour insérer les nouvelles trémies d'accès.

Cette nouvelle galerie devrait délester significativement le hall principal - historique serait-on tenté de dire même s'il ne date que de 1983 - qui concentrait jusqu'à présent toutes les fonctions, y compris le flux de voyageurs des lignes de tramway T3, T4 et Rhônexpress, desservant le flanc est de la gare (porte Villette, rebaptisée Alpes) alors qu'une très grande majorité de leurs utilisateurs vont à l'ouest de celle-ci (porte Vivier-Merle, rebaptisée Rhône).

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La galerie Pompidou est équipée d'escaliers fixes et mécaniques, d'ascenseurs mais aussi de portillons de contrôle des billets. Une étape de plus dans la transformation de la première gare de correspondance française. (cliché SNCF Gares & Connexions)

Dénommée hall 2, la galerie Pompidou est accessible pour l'instant uniquement le côté Villette de la gare, soit directement, à l'angle de la rue de La Villette et de l'avenue Georges Pompidou, soit par le hall 1, via la galerie ouverte l'année dernière, parallèle à la rue de La Villette. Le quadrilatère sera bouclé en 2024 avec la galerie Béraudier, prévue avec la fin des travaux de l'entrée ouest de la gare. Dans cette configuration transitoire, le bénéfice des nouveaux espaces profite surtout aux voyageurs à destination de l'est de la gare. Pour revoir complètement la gestion des flux et des circulations sur les voies, il faudra attendre 2024. A cette échéance, on pourrait par exemple gérer les trains à modalités d'accès spécifiques tels que les Ouigo dans le hall 2, évitant la congestion dans le hall 1.

Pour autant, les travaux de la transformation de la gare et de ses abords ne sont pas terminés : le projet urbain continue et pour la partie ferroviaire, va désormais se concentrer sur la nouvelle entrée principale avec l'intégration de l'accès au métro qui, auparavant se situait juste devant la gare et non pas directement dans celle-ci.

Cette nouvelle galerie et ses accès représentent un investissement de 49,6 M€ financés par l'Etat (21,32 M€), la Région (21,16 M€), l'Union Européenne (3,9 M€) et SNCF Réseau - Gares & Connexions (3,74 M€).

6 novembre 2022

S-Bahn de Berlin : notre dossier mis à jour

Il en avait bien besoin car depuis sa rédaction initiale, plusieurs événements sont intervenus sur ce qui constitue en quelque sorte le troisième réseau de métro de la capitale allemande (qui en a déjà 2 du fait de gabarits différents) :

  • la crise de la production, qui avait vu chuter la ponctualité à 79 %, fait bien partie du passé : les résultats actuels sont repassés au-desus des 96 % (ponctualité mesurée à 2 min 59) ;
  • le nouvel aéroport est enfin ouvert et desservi ;
  • le nouveau matériel est en cours de livraison ;
  • la nouvelle liaison nord-sud est désormais annoncée pour décembre 2023 pour la première étape entre la Ringbahn nord et la gare centrale.

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Berlin- Westkreuz - 21 septembre 2022 - Les nouvelles automotrices 483-484 du groupement Stadler - Siemens font leurs débuts sur les missions S45-S46 de la ceinture, desservant le sud de la capitale. Elles apportent quelques nouveautés au profit des voyageurs et vont évidemment remplacer les éléments sétie 480 et 485 qui ont joué les prolongations du fait des problèmes de fiabilité de la série 481. © transportrail

Le dossier de transportrail consacré à la S-Bahn de Berlin, comprenant 4 chapitres, a donc ét mis à jour... mais on cherche toujours une donnée sur le matériel roulant : la masse à vide des éléments séries 483 et 484...

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4 novembre 2022

Vers des liaisons régionales rapides Occitanie - Catalogne ?

Puisque la SNCF et la RENFE font désormais cavaliers seuls sur les relations France - Espagne, la Région française d'Occitanie et la Généralité de Catalogne remettent une nouvelle fois au menu des discussions et des revendications le développement de relations ferroviaires transfrontalières entre leurs principales villes. En ligne de mire, évidemment, l'arc méditerranéen et la ligne nouvelle Perpignan - Figueras.

Etant donné que les offres longue distance de la SNCF sont calibrées pour les besoins de la clientèle parisienne, et plutôt de loisirs avec 2 allers-retours Ouigo à compter de mi-décembre, avec des départs en milieu de matinée et en début d'après-midi, ils ne pourront répondre aux besoins de déplacements sur des trajets plus courts devant proposer une amplitude de présence à destination la plus large possible.

Il faut par exemple compter 3h30 environ pour un trajet de Nîmes à Barcelone, mais l'AVE matinal Marseille - Barcelone quitte la gare Saint-Charles à 8h02, ce qui est déjà assez tardif, l'arrêt à Nîmes étant à 9h08, avec une arrivée à 12h34 à Barcelone. Au départ de Perpignan, le premier départ pour Barcelone est ce même AVE, à 11h12.

Le développement de liaisons plus matinales, et plus tardives aussi, devrait donc être effectivement envisagée sur un périmètre plus restreint, assurément au départ de Perpignan, mais au-delà, il serait probablement pertinent d'intégrer les autres villes d'Occitanie sur l'arc méditerranéen : reste à en fixer la limite. Montpellier et Nîmes devraient aussi logiquement faire partie du périmètre de réflexion, laissant alors la liaison vers Marseille du ressort d'opérateurs nationaux, sauf à envisager une action tripartite. Difficile est aussi la question toulousaine, qui avait son AVE (fut-il très épisodique), mais qui l'a perdu.

Dans les deux cas, il s'agirait de liaisons en 3h15 à 3h30 : de ce fait, des arrivées en milieu de matinée seraient possibles avec des départs vers 6h30, et des derniers départs vers 20h permettraient de couvrir une large amplitude horaire.

Vient ensuite la question du matériel roulant : côté Occitanie, il n'y a pas de matériel régional capable de circuler ni sur la ligne nouvelle ni en Espagne, tandis que côté Catalogne, il n'y a pas de matériel apte à circuler en France. Sauf à envisager la modification d'automotrices S-120 ou S-121 de la RENFE, aptes à 250 km/h, pour circuler en France sur ligne classique alimentée en 1500 V, le développement de ces relations ne serait possible qu'avec le développement d'un nouveau matériel bicourant 1500 V - 25000 V, équipé du KVB et de l'ERTMS niveau 2 (requis en Espagne au sud de Figueras). Quant à la vitesse de pointe, tout dépend de l'ambition sur les temps de parcours mais une aptitude à 250 km/h sur la ligne nouvelle serait évidemment un atout. Au-delà, avec la desserte de Figueras-Villafant et de Girona, elle pourrait être suffisante, évitant au matériel de passer dans la catégorie très grande vitesse.

Reste à définir d'abord la consistance d'un tel marché, en fonction de la fréquence. Sur un ratio de 1,5 allers-retours par rame (rotation en 7 heures), il faudrait 3 rames par destination sur la base de 4 allers-retours par jour sur chacune des relations. Pour un cadencement aux 2 heures, il faudrait donc 6 rames par destination, soit 12 rames en ligne, donc 14 ou 15 au parc.

Enfin, il faudra lancer un appel d'offres pour un tel service, qui devra donc étroitement associer la Généralité de Catalogne et la Région Occitanie : peut-être un groupement européen de coopération transfrontalière, et un portage du matériel roulant par le candidat ? Autant dire qu'entre les intentions et les actes, il y a encore quelques étapes à franchir... mais le jeu en vaut probablement la chandelle !

2 novembre 2022

Innotrans 2022 : matériels régionaux et urbains

Deuxième volet du reportage de transportrail à Innotrans, avec un domaine qui peut laisser perplexe. Les matériels destinés au transport régional cherchent à proposer la capacité la plus élevée au meilleur prix pour la collectivité. Ce n'est pas une mauvaise orientation. Mais l'excès en tout est un défaut... et le seuil a probablement été atteint. Il faudra au voyageur se munir d'un coussin et bien choisir sa place - s'il le peut - pour envisager voyager dans des conditions à peu près correctes. Le confort et l'agrément de voyage ne peuvent être oubliés dans la conception d'un train dans le but de rendre plus attractif les déplacements par transports en commun.

Sur le plan technique, plus encore qu'en 2018, l'heure est à la décarbonation avec en tête d'affiche les trains munis de batteries et ceux fonctionnant à l'hydrogène : les premiers semblent clairement prendre l'ascendant sur les seconds, du fait de la différence de coût et des questions encore nombreuses autour du couple pile à combustible - hydrogène, qui nécessite de toute façon des batteries en complément.

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Panorama de l'exposition de matériel roulant régional et pour les réseaux urbains : il n'y a qu'à Berlin qu'on trouve cela ! (cliché Innotrans)

Dans le domaine du transport urbain, on ne sera pas mécontent de noter la tentative de percée du trolleybus, présenté par plusieurs industriels comme la solution la plus rationnelle pour convertir à la traction électrique les services assurés aujourd'hui par autobus. Côté tramway et métro, les nouveautés portent plus sur certains détails de conception et sur des fonctionnalités pour l'exploitation (le pilotage automatique deviendra-t-il un incontournable en zone dense ?) et l'information voyageurs (avec des écrans toujours plus grands et qui essaient d'être le mieux placés possible).

La troisième partie de notre reportage sera consacré aux infrastructures et à l'exploitation.

28 octobre 2022

Des tribunes... et après ?

Depuis le début de l'année, on ne compte plus les tribunes signées dans différents journaux par des élus, le plus souvent régionaux, individuelles ou collectives, appelant à une nouvelle politique des transports - le ferroviaire en chef de file - en lien avec l'aménagement du territoire, l'activité économique et industrielle y compris en dehors des grandes métropoles, la réduction de la dépendance à la voiture. Rien que dans les colonnes du Monde, on en compte quasiment une par mois. La dernière en date est signée de 15 présidents de Régions, y compris la Corse et les territoires outre-mer.

Dans les trains, il est stipulé que tout usage abusif du signal d'alarme sera sévèrement puni. Manifestement, de nombreuses mains tirent la poignée... mais le train de la régression ne s'arrête pas. Sauf à être totalement sourd, il est impossible de ne pas entendre le message. La communication gouvernementale poursuit, d'une façon un peu plus classique (comprendre sans mises en scènes sur Tiktok), sur la même lancée de l'auto-satisfaction et de l'auto-persuasion. Si sur le plan statistique, l'investissement actuel de renouvellement est le plus élevé depuis 20 ans il n'en demeure pas moins qu'il est au mieux stagnant et surtout notoirement insuffisant. Après les 100 milliards d'euros sur 15 ans souhaités par le président du groupe SNCF, plusieurs élus régionaux soutiennent un investissement de même niveau... mais sur 10 ans. On passera sur quelques envolées (non la France n'a pas le réseau le plus dense d'Europe : il se situe tout juste dans la moyenne, que ce soit par unité de surface ou par habitant) et sur le train à hydrogène) : le propos est globalement juste.

Le clivage entre les élus de terrain, les élus nationaux et les membres du gouvernement apparaît de plus en plus profond. Le financement du réseau ferroviaire est un problème de société majeur et il y a désormais un risque élevé d'être entrer dans une phase très difficilement réversible de régression : avec l'actuel contrat Etat - SNCF Réseau, la performance du réseau structurant ne pourra pas être garantie et le maillage du territoire ira nécessairement en se dégradant. Moins de lignes et celles qui resteront seront circulées à vitesse réduite. Un scénario que décrivait déjà l'audit de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en 2005.

Il est vrai que la voiture électrique à 100 € par mois résoudra tous les problèmes...

25 octobre 2022

Trenitalia en Espagne : c'est dans un mois

Sous la marque Iryo, Trenitalia lancera ses Frecciarossa entre Madrid et Barcelone à compter du 25 novembre avec dans un premier temps 4 allers-retours en 2h45 et 2 allers-retours en 2h30. Cependant, l'objectif est de monter en puissance pour atteindre 16 allers-retours quotidiens. Ensuite, l'opérateur proposera des relations vers Valence, Alicante, Malaga et Séville, conformément au contenu du lot B remporté suite à l'appel d'offres piloté par ADIF. Iryo disposera d'une flotte de 20 rames série ETR400 disposant des équipements de signalisation espagnols et de l'ERTMS niveau 2 actif sur l'ensemble des lignes à grande vitesse d'Espagne, sauf Madrid - Séville à ce jour encore équipée du LZB originel de conception allemande.

Comme déjà évoqué, il sera intéressant d'observer le comportement des voyageurs entre les différentes compagnies, sachant qu'Iryo proposera tous les niveaux de prix et de confort dans le même train. Ouigo España est finalement plus proche des InOui français avec 2 classes et le bar. La RENFE calque son offre Avlo sur les Ouigo français (classe unique, pas de voiture bar). En jouant sur l'effet de la fréquence, Iryo cherche, comme en France, à concilier diversité tarifaire et effet-fréquence.

24 octobre 2022

Innotrans 2022 : première partie de notre reportage

Cétait il y a déjà un mois. Le monde ferroviaire se retrouvait dans les allées du parc des expositions de Berlin, 4 ans après la dernière édition d'Innotrans, puisque le millésime 2020 a été annulé pour cause de pandémie. Il y avait donc comme un esprit de session de rattrapge

Résultat, Innotrans a accueilli cette année 140 000 visiteurs, soit environ 20 000 de plus qu’en 2018. Et pourtant, certains pays étaient bien moins représentés : moins de russes (inutile de dire pourquoi) et moins de chinois (pour cause de restrictions sanitaires extrêmes). Pour autant, pas forcément plus d’espace dans les allées et une évolution du format du salon : jusqu’à cette année, la journée du vendredi n’ouvrait que les extérieurs, c’est-à-dire la présentation du matériel roulant et des équipements de l’infrastructure, y compris pour le grand public. Cette fois-ci, tout était ouvert le vendredi, d’où une présence de jeunes pousses – l’éducation ferroviaire ne doit pas se faire sur le tard mais sur le pot - à peu près tous les jours et surtout le mercredi.

Incontestablement, Innotrans prouve que l’industrie ferroviaire connaît une dynamique forte et frise parfois la boulimie : plusieurs industriels reconnaissent friser la saturation. Un seul exemple avec les locomotives pour le fret : tant les constructeurs que les loueurs avouent avoir du mal à fournir.

La dimension sociétale devient de plus en plus présente au fil des éditions, faisant du chemin de fer non plus simplement un moyen de transport d’individus et de marchandises, mais aussi un bien au service de la collectivité. Le thème de la décarbonation en est l’illustration probablement la plus manifeste. Il est impossible de ne pas voir dans cette concentration d’acteurs de tous ordres, du fabricant de boulons, de sièges, au constructeur de matériel roulant en passant par les opérateurs et les différentes ingénieries et autres conseils, à la fois l’engagement de toute une filière en faveur de solutions agissant en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport… et le retard que continue de prendre la France.

Le reportage de transportrail sera composé de 3 chapitres, dont voici le premier. Il concerne les locomotives et le matériel roulant destiné aux liaisons longue distance.

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