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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

AGC – Régiolis : impressions de voyage

L’un est en service depuis maintenant 16 ans pour les premiers exemplaires. L’autre est lui aussi arrivé à maturité depuis ses premiers tours de roue voici 6 ans. Alors à l’usage, forces et faiblesses et de ces deux modèles constituant désormais le gros des troupes des automotrices régionales… voire interrégionales.

Accessibilité – Circulation à bord

Sur le premier point, jeu égal entre les 2 trains puisque les accès sont de plain-pied et très commodes avec des portes de 1300 mm d'ouverture autorisant le passage de 2 voyageurs de front. Sur le Régiolis, les versions périurbaines avec 2 portes par face (sauf sur une caisse) sont efficaces pour gérer les flux conséquents. On notera également que ces portes s'ouvrent rapidement, ce qui contribue aussi à l'efficacité des échanges. On a beaucoup progressé depuis les X72500 !

Sur le second point, le Régiolis pêche par ses longues rampes pour franchir les bogies intermédiaires, dont on n’arrive toujours pas à comprendre la justification puisque la largeur de cheminement ne permet pas la circulation d’un fauteuil roulant (du moins de la majorité du genre). Surtout, ces rampes conduisent à un dénivelé pour accéder aux places assises. Surprise pour s’installer, mais surtout gare à la sortie, surtout si vous prenez votre bagage au-dessus de votre place. En tirant sur la valise, vous allez partir en arrière, la rampe va vous bloquer, et c’est là que réside le risque de chute. Bref, à devenir une personne à mobilité réduite… La rançon d’un cahier des charges trop ambitieux et finalement contre-productif dans le résultat qu’il a induit par le constructeur.

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Ambiance assez feutrée dans la version Intercités du Régiolis en première classe, avec une étrange disposition en 1+1 en quinconces... et ces fichues rampes au format exagéré. La manoeuvre de bagages depuis les places située sous le niveau du couloir peut être dangereuse ! © transportrail

Autre élément, plutôt favorable à l’AGC : la disposition des sièges est un peu plus conventionnelle et tend à optimiser la capacité dans la longueur disponible. Dans le Régiolis, les configurations peuvent être un peu plus étonnantes, comme le 1+1 en 1ère classe, notamment dans les versions Intercités, car elles réduisent la capacité totale de la rame.

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Aménagement de première classe dans la version Intervilles sur Paris - Granville avec des configurations alternant le 2+1 classique et le 1+1 un peu consommateur d'espace, ce qui joue sur la capacité totale de la rame. © transportrail

Dans l’AGC, les rampes sont plus compactes, plus raides, mais restent aisément franchissables. De ce point de vue, la configuration est moins saugrenue donc plus efficace. Les espaces « minibar » n’ont pas trouvé de réelle utilité, et il serait plutôt à envisager d’ajouter des sièges pour accroître la capacité des rames.

Ambiance générale à bord

Le Régiolis est très sobre avec un habillage intérieur très clair, à dominante blanche, égayé par la couleur des sièges (bleu, rouge, violet selon les Régions). Même chose dans sa version Intercités avec des teintes dans la droite ligne de la 3ème rénovation des TGV Sud-Est, qui était plutôt réussie.

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Deux ambiances en seconde classe, selon les choix des Régions pour la couleur des tissus, qui essaie d'égayer une décoration à base de blanc et de gris et avec un éclairage assez froid. © transportrail

Ambiance plus colorée dans l’AGC, mais il faut reconnaître que certains points ont assez mal vieilli : les coques blanches sur les assises par exemple ne sont pas à reproduire, car elles encaissent mal les inévitables chocs au fil du temps.

La moquette en aiguilleté au plafond, avec les gains d’aération, sont évidemment l’une des principales critiques sur l’AGC dans ce chapitre, ce qui relève plus des choix de celui qui a rédigé le cahier des charges que du constructeur qui s’y soumet… Même chose pour le jaune clair des sièges de première classe, qui ont viré au gris sale au fil du temps, tout comme la moquette claire, qui a déjà disparu pour un revêtement plus sombre dans certaines rames.

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Configuration en première classe d'un AGC qui a déjà bénéficié d'une nouvelle moquette plus sombre et donc moins salissante. On ne peut que constater la dégradation de la moquette au plafond qui donne une image déplorable. On peut aussi comparer la taille des tablettes sur le dos des sièges. © transportrail

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Aménagement en seconde classe de l'AGC. Deux choses à remarquer sur ce cliché : la rampe d'intercirculation, plus courte, qui ne mord pas sur les places assises, et l'essai d'un plafond duquel a été retiré l'aiguileté au profit de voussoirs en plastique brillant. Le résultat est plutôt flatteur : cela fait propre ! L'ensemble est un peu plus coloré que dans le Régiolis. © transportrail

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Aïe : sur ce même élément, les finitions de reprise des voussoirs laissent franchement à désirer... et ça vibre dans tous les sens dès que le train se met en mouvement. © transportrail

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L'AGC a été aussi remanié dans la disposition des sièges par quelques Régions, comme ici avec une rame Languedoc Roussillon dont on peut consatater l'absence de 4 sièges (puisqu'il y a des tablettes orphelines). Une homogénéisation des diagrammes va être lancée en Occitanie pour unifier la disposition. © transportrail

On espère qu’avec les opérations mi-vie, ce point sera résolu, car il donne une mauvaise image à un matériel incontournable sur le réseau. Même chose pour les poubelles, qu’il faudra remplacer par des bacs avec tri, plutôt à proximité des plateformes. Il faudra aussi se pencher sur les portes d'intercirculation et celles des toilettes qui ont tendance à s'ouvrir dans chaque courbe un peu prononcée, ces dernières générant un choc aussi violent que déségréable.

Il faut reconnaître aussi au Régiolis un niveau sonore plus faible que celui de l’AGC, en particulier en mode thermique. Les moteurs en toiture sont bien isolés. L’AGC quant à lui permet de facilement connaitre l’utilisation des groupes thermiques pour les voyageurs des caisses d’extrémité…

Dans les deux cas, contrairement aux X72500 et X73500 à transmission hydraulique, dont les groupes Diesel se mettent en ralenti accéléré pour faire circuler le liquide de refroidissement et évacuer les calories de l’huile du freinage hydrodynamique, AGC et Régiolis ont l’avantage d’être beaucoup plus silencieux en freinage dynamique électrique.

Confort et comportement dynamique

L’AGC offre une largeur accrue à hauteur d’épaule à 2,95 m, soit 10 cm de plus que pour le Régiolis puisque le premier a une caisse galbée et le second une caisse à faces droites. Cela se ressent quand même, un peu moins à hauteur des pieds sur les espaces surbaissés des AGC où la largeur disponible est comparable entre les deux matériels. Les salles surélevées sont plus confortables en termes de posture, mais, sur les sections non électrifiées, ce sont les plus bruyantes. Les salles surbaissées sont moins bruyantes sur le plan de la motorisation mais on a tendance à entendre claquer les bogies Jakobs surtout quand le dressage de la voie est moyen.

Le siège de l’AGC présente une ergonomie flatteuse à l’œil : celui du Régiolis apparaît plus basique, plus raide et plus étroit alors qu'il offre la même largeur. Impression d'optique. L’assise sur le Régiolis apparaît un peu plus courte et cela se sent si vous faites plus de 1,80 m. Ceci dit, le réglage de l’assise en 1ère classe a mal vieilli et certains sièges s’avèrent en fort mauvais état. Là aussi, l’opération mi-vie devrait remédier à ces évolutions d’usure.

La tablette sur les sièges en file sera probablement un sujet à travailler dans le temps : dans la rénovation des AGC, il faudra intégrer l’évolution des besoins des voyageurs car l’actuelle tablette est assez étroite.

Le Régiolis offre un pas de siège de 1800 mm en vis-à-vis et de 800 mm en file en misant sur la réduction de l’épaisseur des sièges. C'est mieux que l'AGC dont le pas de siège est de 1750 mm. Toutes les places offrent une prise électrique 220 V (mais attention à la forme de votre prise, compte tenu de leur implantation à l'angle entre le dossier et l'assise). L’espace occupé par les toilettes permet certes d’accueillir un fauteuil roulant, mais au prix d’une douzaine de places perdues par élément. Les bagageries tiennent compte de l’évolution des besoins et du retour d’expérience de l’AGC.

L'ambiance thermique est plutôt satisfaisante, mais à bord de l'AGC, on peut ressentir assez fortement le chauffage sur les pieds en hiver alors que la distribution semble mieux maîtrisée dans le Régiolis.

Le comportement dynamique de l’AGC est correct sur des voies en bon état, mais plus médiocre sur des voies fatiguées. De ce point de vue, on soupçonnera la SNCF d’avoir surestimé la qualité de l’infrastructure à la conception du train La caisse large et haute de l’AGC n’a sans doute pas permis de donner un fort débattement aux suspensions, amenant sur les bogies moteurs celles-ci rapidement en butée sur mauvaises voies (notamment les joints creux en voie en barres normales).

Il faut reconnaître que le Régiolis est de ce point de vue très bien conçu. Le bogie à empattement long se comporte bien, sauf sur des lignes avec des courbes de faible rayon. L’AGC et ses bogies à empattement un peu plus court est sur ce point moins agressif sur de telles configurations, mais comme en général, « faible rayon » se conjugue avec « état médiocre ».

Avantage à l’AGC pour le volume intérieur, au Régiolis pour le confort sonore et dynamique.

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Sur la version Intercités du Régiolis en seconde classe : disposition classique et aménagement assez feutré (et encore ces satanées rampes !) pour des parcours un peu plus long, mais cela semble quand même un peu juste pour les plus longs parcours (comme Paris - Mulhouse) qui sont cependant minoritaires sur ce type de relations. © transportrail

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Version périurbaine pour Léman Express avec 2 portes par face sur 3 des 4 voitures, dégageant des plateformes correctes pour des échanges nombreux de voyageurs. Les versions à une porte par face du Régiolis, comme l'AGC, le destinent plutôt aux liaisons Intervilles ou au périurbain d'agglomérations de taille modeste. © transportrail

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Avantage aussi au Régiolis - ou l'avantage d'être le cadet - pour les écrans d'information dynamique des voyageurs. © transportrail

Nervosité

L’AGC avait déjà été plutôt correctement motorisé, surtout en version tricaisse. Le Régiolis est encore un cran au-dessus et la version électrique procure de bonnes montées en vitesse (dès lors que l’alimentation électrique est suffisante, surtout en UM2 et 3 sous 1500 V). Les versions 6 caisses donnent encore des résultats satisfaisants, encore une fois, selon les aptitudes du réseau.

Bilan : vivement la rénovation des AGC

Il ressort de notre comparaison que l’AGC a quelques bons arguments à faire valoir. Le volume à bord est généreux et il faut espérer une prochaine rénovation mi-vie incluant de nouveaux sièges, des tablettes plus commodes, le traitement des plafonds et de nouvelles poubelles.

Le Régiolis mériterait un éclairage un peu plus chaleureux pour compenser des parois intérieures un peu blafarde. Le principal grief porte, vous l’aurez compris, d’abord sur les rampes du couloir sur les intercirculations, et sur les diagrammes d’aménagement qui parfois consomment un peu d’espace au détriment de la capacité, surtout en version Intercités.

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