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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

Fyra : chronique d'un loupé

Un projet prometteur

Fyra, c'est le nom de la liaison Intercités sur l'axe Bruxelles - Anvers - Rotterdam - Amsterdam qui a succédé le 9 décembre 2012 à la liaison dite Benelux jusqu'à présent assurée par du matériel de la SNCB et des NS. La nouvelle desserte Bruxelles - Amsterdam prévoyait 10 allers-retours quotidiens, s'ajoutant au service assuré par Thalys sur l'axe Paris - Bruxelles - Amsterdam. Les 210 km devaient être parcourus en 1h57 avec cinq arrêts intermédiaires (Amsterdam, Schipol, Rotterdam, Anvers, Bruxelles Centrale, Bruxelles Midi), soit une vitesse moyenne de 108 km/h. En complément, une desserte à la demi-heure entre Amsterdam et Rotterdam était mise en oeuvre, tandis qu'une liaison Anvers - Breda était prévue au printemps 2013.

Fyra était porté par la SNCB, ainsi que par une alliance entre les NS et la compagnie aérienne KLM pour le côté néerlandais.

La desserte Fyra devait être assurée par des automotrices aptes à 250 km/h sur la ligne à grande vitesse Anvers - Amsterdam. Or les retards conséquents de livraison de ce matériel par AnsaldoBreda avaient conduit les exploitants belge et néerlandais à recourir pendant deux ans à du matériel classique et des locomotives de location en attendant les automotrices italiennes.

mogelijk nog maandenlang geen fyraLes automotrices V250 d'AnsaldoBreda : 19 unités dont le sort est désormais scellé suite à leurs défaillances. En attendant, les voyageurs doivent composer avec des rames classiques.

De la déconvenue à la crise industrielle

Fyra a vécu : les deux exploitants ont décidé de cassé le contrat au mois de juin, suite aux déboires rencontrés.

Les premiers jours d'exploitation des automotrices Fyra ont été désastreux et la crise atteint un niveau tel que les autorités ont décidé d'arrêter leur circulation. En attendant pour les voyageurs, des solutions de dernière minute ont été recherchées, mais on a rapidement évoqué une expression bien connue en France (mais dans d'autres domaines), celle de l'accident industriel.

Les autorités belge et hollandaise ont demandé au constructeur de résoudre les problèmes de fiabilité dans un délai de trois mois. Parallèlement, la livraison des 19 rames a été interrompue : la SNCB refusait de prendre possession des trois rames qu'elle a commandées, tandis que les NS, déjà détenteurs de neuf rames, bloquaient les sept derniers éléments. Dès le mois de mars, la desserte de remplacement était portée à 8 allers-retours, tandis qu'un audit était lancé à la demande de la SNCB.

Ainsi, le constructeur italien AnsaldoBreda se voit reprocher de notables carences dans la conception des 19 rames Fyra, allant de problèmes d'étanchéité au décrochement de certains morceaux du train (en toiture, sous la caisse ou d'une porte), de surchauffe des batteries alimentant les auxiliaires, ainsi que de défauts de freinage. Plus surprenant encore, chacune des rames présente de notables différences dans son assemblage, notamment au niveau du câble, de telle sorte qu'aucune rame n'est similiare à une autre.

L'expertise a été menée par deux cabinets, l'un anglais et l'autre français : le verdict est sans appel pour le matériel. Dans la grille d'évaluation des risques de ce matériel, le seuil maximal admissible fixé par l'audit est de 10 points. Sur les rames sondées, le résultat dépasse 1100 points pour l'une, et plus de 2000 points pour l'autre. Le délai de remise en service serait fixé à plus de 2 ans, occasionant potentiellement un retard de 8 ans sur la mise en exploitation réelle de ces trains.

La SNCB a donc décidé dès le 31 mai de casser le contrat avec AnsaldoBreda et d'engager des poursuites judiciaires pour le préjudice subi. La SNCB refuse en outre de prendre possession des 3 dernières rames qui devaient lui être livrées. Trois jours plus tard, le groupement NS-KLM allait dans le même sens, avec de surcroît un changement de direction à la tête des NS, l'ancien directeur ayant été sévèrement critiqué pour sa gestion de la crise Fyra.

La Haye lance son propre projet de desserte

La ville de La Haye avait pris les devants dès la fin de 2012 en lançant un marché pour l'exploitation d'une liaison ferroviaire Bruxelles - La Haye. Ce marché a été attribué à l'exploitant ferroviaire Arriva, filiale néerlandaise de la DB.

Le service sera assuré chaque heure en desservant Delft, Rotterdam, Dordrecht, Roosendaal, Anvers, Malines, Bruxelles Aéroport, Bruxelles Centrale et Bruxelles MidiUne desserte ique, par la ligne existante, sans emprunter l'infrastructure à grande vitesse, et qui s'inspire plus de l'ancienne liaison dite Benelux que d'un service à grande vitesse entre les deux capitales. La desserte serait lancée au service annuel 2016, c'est à dire en décembre 2015.

Pour l'instant donc, la desserte rapide resterait assurée uniquement par les Thalys Paris - Amsterdam. Ce vide créé ne devrait être que temporaire car il est plus qu'envisageable de voir arriver d'autres opérateurs sur cette liaison, au hasard la DB, voire Eurostar qui pourrait élargir son périmètre d'influence, sachant que Thalys est bloqué par un parc de matériel limité à 19 rames, utilisées à flux plus que tendu sur les relations avec Paris.

En revanche, en attendant, les voyageurs doivent composer avec un service de fortune monté avec les moyens du bord...

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