L’Allemagne croît au chemin de fer et le prouve, même si la situation de référence n’est pas forcément des plus favorables : tout dépend les critères statistiques que l’on observe. Le réseau ferroviaire est assez intensément utilisé, voire très intensément sur certaines lignes ce qui crée des situations de saturation alors que l’infrastructure est bien équipée avec un block automatique à cantons courts et des installations généralement banalisées. Il en résulte une dégradation de la régularité, qui se matérialise sur les tableaux en gare, mais aussi par le grognement d’une part de plus en plus importante des voyageurs d’autant plus que les correspondances en sont aussi affectées. Bref la DB est sommée de redresser la barre après avoir un peu trop pensé à son introduction en bourse, et il ne faut pas nier non plus que durant les trois dernières décennies, l’effort de remise à niveau du réseau de l’ex-RDA a pesé lourd.
Elle est aussi face à une remise en question de ses stratégies externes : BLB, sa filiale d'autocars longue distance, a finalement été abandonnée, mais la DB reste présente sur la route avec DB Schenker dans le domaine de la logistique, et de nombreuses lignes interurbaines dans le cadre de contrats avec les Landers.
Elle est aussi invitée à réexaminer le niveau de sa marge opérationnelle, qui était de 10% en 2014, ce qui était jugé excessif par le gouvernement et les Landers. Néanmoins, pour réduire cette marge, de nouvelles réformes structurelles s'imposent et une capacité importante d'auto-investissement peut aussi se révéler un atout dans un marché ferroviaire ouvert à la concurrence, notamment sur le fret et le transport régional. C'est dans ce contexte instable que la DB avait initialement envisagé de céder sa filiale Arriva, mais elle a finalement renoncé en 2019 du fait d'un débat sévère sur la valeur réelle de cette entreprise et son caractère stratégique qui lui permet d'aller lorgner chez les voisins sans que cela n'apparaisse comme une concurrence trop frontale, tout en pouvant la mettre en avant sur certains marchés intérieurs pour qu'ils demeurent dans le groupe.
En dépit du violent décrochage lié à la pandémie de 2020, le tournant environnemental veut faire du rail un acteur de premier plan de la transition énergétique en Allemagne, tant pour le transport de voyageurs que de marchandises. L’objectif est clairement affiché : le plan fédéral Bahn 2030 vise une part de marché de 25% sur le transport de marchandises (contre 19% en 2019) et un doublement du nombre de voyageurs toutes activités confondues.
Dans un premier temps, le programme Zukunft Bahn, amorcé en 2016, prévoit d’abord une fiabilisation de l’exploitation existante, par une accélération du plan de modernisation de l’infrastructure, une mise en qualité des services passant par l’amélioration de la régularité, des interventions techniques sur le matériel roulant, de nouveaux services à bord et en gare, avec un programme de modernisation de plus de 140 gares principales. Au chapitre des investissements de développement, on retrouve un duo classique constitué d’actions sur l’infrastructure pour augmenter la capacité du réseau, sur les lignes existantes et avec des lignes nouvelles, et l’accroissement du parc de matériel roulant.
Enfin, mis à l’étude dès 2015, le gouvernement et la DB ont validé le principe de la mise en œuvre d’un nouveau palier de cadencement national des dessertes avec de très ambitieux objectifs qui vont nourrir le besoin d’augmenter la capacité du réseau. Il est aussi et enfin question de rouvrir au service voyageurs plus de 4000 km de lignes afin d’améliorer encore la couverture du pays par l’offre ferroviaire.
Ce dossier de transportrail comprend 3 chapitres
Chapitre 1 : poncualité, fonctionnalités, tarification
Chapitre 2 : une desserte encore plus dense
Chapitre 3 : une infrastructure fortement sollicitée
En complément, vous pouvez aussi consulter nos dossiers sur la grande vitesse en Allemagne, les générations ICE, les évolutions du parc ICE et Intercity, en lien avec ces projets et le regard sur la situation du marché régional libéralisé depuis 1994.