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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
13 juin 2022

Etat - SNCF Réseau : un contrat en douce

On savait que le projet de contrat Etat - SNCF Réseau avait été approuvé par le conseil d'administration de SNCF Réseau en février dernier, mais depuis, il avait été un peu perdu de vue. On vit toujours mieux quand on est dans l'ombre, et ce principe a été appliqué par l'Etat puisque Ville, Rail & Transports a révélé qu'il avait été signé en catimini le 6 avril dernier. Manifestement pour ne pas l'exposer en pleine campagne présidentielle... mais l'information est révélé en plein procès de l'accident de Brétigny, dont l'une des causes est évidemment l'insuffisance récurrente d'investissement sur le réseau ferroviaire (mais l'Etat n'est pas dans le box des accusés...).

L'Etat n'a donc tenu aucun compte des avis émis de tous bords, notamment celui de l'Autorité de Régulation des Transports, ni de rapports parlementaires sur les dysfonctionnements du système ferroviaire français, notamment sur l'impasse de son modèle économique. C'est l'une des raisons les plus flagrantes pour lesquelles le discours subitement écologiste et pro-ferroviaire de M. Macron à Marseille, dans l'entre-deux tours de l'élection présidentielle, pouvait être considéré comme une supercherie.

Quant à espérer que la nouvelle majorité puisse agir positivement en ce sens, il y a un pas de géant que nous ne franchirons évidemment pas. On a bien compris qu'en matière de transports, l'unique ligne de conduite, c'est la voiture électrique à 100 € par mois pour tous.

Que faudra-t-il pour espérer une prise de conscience ? Puisque les mouvements sociaux internes ne sont pas efficaces, faudra-t-il un nouveau drame, ou une mesure symbolique ? Malheureusement, l'accident de Brétigny n'a pas suffi à infléchir durablement et significativement la posture de l'Etat, toutes tendances politiques confondues.

Pour l'instant, SNCF Réseau mettrait hors de danger les lignes à grande vitesse. Mais au-delà, on ne peut plus écarter une dégradation inédite des performances du réseau classique. Entre un contrat structurellement insuffisant, rédigé sans actualisation des coûts et ne tenant pas compte de l'inflation des matières premières des travaux publics, il y a fort à parier que les infrastructures continueront de vieillir et d'être sous la menace de ralentissements : faudrait-il en arriver à réduire drastiquement la vitesse sur les LGV (220 km/h pour commencer ?) pour que l'Etat soit contraint à changer radicalement de politique ?

Autant dire que le doublement du trafic (voyageurs et fret) d'ici 2030 est évidemment inatteignable.

 

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Commentaires
R
Avec ce contrat, signé en catimini, la France prouve, une fois de plus, qu’elle est bien devenue le maillon faible de l’Europe ferroviaire. Même l’Italie, que l’on s’est plu à railler par le passé, fait mieux que nous.<br /> <br /> Cette décrépitude du rail français n’est pas nouvelle, mais s’accentue d’année en année, et rien ne semble l’enrayer, malgré les atouts du transport ferroviaire, largement partagés dans l’opinion, ainsi d’ailleurs qu’au sein des instances politiques et économiques du pays. Malheureusement, ces derniers s’en tiennent aux bonnes paroles et aux promesses qui, comme chacun le sait, n’engagent que ceux qui y croient … pour les actes, on repassera, ou plutôt, on attendra, mais l’attente risque d’être bien longue ! Dans l’immédiat, c’est priorité à la route, aux voitures électriques, au véhicule autonome, au déploiement d’un réseau de bornes électriques, aux camions et cars décarbonés, aux convois de camions, à la route « intelligente » … ce qui, soit dit en passant, existe déjà, depuis de nombreuses décennies, … et qu’on appelle le train électrique !<br /> <br /> Alors que l’activité transport tous modes confondus représente près de 30% des émissions de CO2, et participe activement à la dégradation de notre environnement, il est incompréhensible que ce thème n’ait pas rencontré plus d’échos lors des dernières campagnes électorales. <br /> <br /> Les dérèglements climatiques de plus en plus évidents (les températures enregistrées en cette fin de printemps en témoignent), la fin du pétrole « bon marché » (l’Agence Internationale de l’Energie annonce la probabilité du pic pétrolier en 2025), les alternatives au véhicule thermique loin d’être maitrisées (tension sur les métaux rares, difficultés à produire de l’hydrogène « vert », problématique du recyclage des batteries, difficultés à produire une énergie électrique, qui plus est décarbonée, en forte augmentation, …) devraient conduire nos responsables politiques et économiques à « mettre le paquet » sur le développement des modes de transport vertueux aux technologies totalement connues et maitrisées, et à « appuyer sur le frein » concernant les systèmes de transport énergivores, polluants et contribuant aux désagréments climatiques que nous vivons. Malheureusement, il n’en est rien. Tout est fait, ou presque, pour marginaliser un peu plus le transport ferroviaire, ainsi que le transport collectif en général. A l’inverse, on continue d’investir massivement dans la route.<br /> <br /> Le tord de la SNCF est de penser que les atouts intrinsèques du rail finiront par l’emporter, et que les dirigeants du pays « retrouveront » la raison. En cela, il suffit d’attendre encore quelques années, en rappelant et en martelant épisodiquement les avantages du transport ferroviaire.<br /> <br /> Pourtant, il y a beaucoup à faire, avec les moyens du bord, pour « faire préférer le train » aux autres modes de déplacement. Sur les dessertes d’abord en cessant de « saucissonner » les services qu’ils soient à moyenne distance (avec les régions) ou à longue distance (avec Ouigo). Avec des TER circonscrits à leur région, passer d’une région à sa voisine nécessite souvent un changement de train et des correspondances aléatoires. Avec le développement de Ouigo, des relations ont perdu des fréquences, de part l’étanchéité des produits Inoui et Ouigo, et, globalement, de nombreuses dessertes TGV ont été allégées, et ce, bien avant la pandémie. L’offre (TER, Intercité, TGV Inoui, TGV Ouigo, Ouigo train classique), et la tarification ont extraordinairement complexifié l’usage du train pour un résultat peu probant si on se réfère à la part de marché du train qui n’évolue quasiment pas. Il est temps de revoir les dessertes tant classiques, avec les régions pour mettre en place de véritables dessertes interrégionales attractives, qu’à grande vitesse en « fondant » les offres Inoui et Ouigo, et en portant un effort substantiel sur l’offre InterSecteurs qui s’est fortement dégradée ces dernières années. Une attention du même ordre devra être portée sur la tarification, pour la rendre accessible, compréhensive et simple.<br /> <br /> De la même manière, il semble, vu de l’extérieur, que la SNCF puisse être en capacité de réduire ses coûts en allégeant son organisation, en réduisant certains postes de dépense (communication, administration, …) et en valorisant mieux ces actifs (notamment matériel).<br /> <br /> Au final, si on ne peut que dénoncer l’affligeante politique de l’état en matière de transport, la SNCF dispose de quelques armes pour relever le défi et montrer à cet état impécunieux que le développement du transport ferroviaire peut apporter de nombreux avantages, en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le dérèglement climatique bien sûr, mais aussi en matière d’aménagement et d’équilibre des territoires, d’indépendance énergétique, de cohésion sociale pour la plus grande satisfaction de tous.
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C
Malheureusement je pense qu'il n'y a rien à attendre de ce gouvernement. Fondamentalement nos dirigeants pensent que le train est une source de cout et qu'il ne faut rien changer. Ils ne pensent que voiture électrique et hyperloop.... <br /> <br /> D'ailleurs le même problème s'applique à l'agriculture (autre levier de la transition énergétique). <br /> <br /> <br /> <br /> On le voit bien à la qualité des ministres de ces deux secteurs : lobbystes de la FNSEA, des chasseurs et de l'aviation.
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T
Il faut bien amuser la galerie avec le réchauffement climatique. Finalement l'avion et la voiture ont de beaux jours devant eux.
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R
Effectivement on a bien compris que la majorité actuelle aimait nous enfumer dans un rêve de train qui n'était là que pour décorer. Il suffit de voir le manque d'ambition budgétaire pour comprendre que parler train c'est faire une belle dose de greenwashing. La chance c'est qu'il nous reste encore une élection dimanche qui pourra orienter les choses plus positivement que la majorité actuelle.
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D
Je vous invite à taper sur un moteur de recherche "flexy" et "usine nouvelle" pour voir sur quel type de voie nos décideurs s'imaginent faire rouler les trains légers qui vont tout solutionner sorti du TGV... Dans ces conditions ils pensent qu'il n'y a plus besoin de contrat de performance. <br /> <br /> Plus sérieusement la triste expérience vécue par un certain nombre de trains touristiques aux besoins de vitesse pourtant assez limités est édifiante. Au bout de 20 à 30 ans à juste changer manuellement quelques traverses ou replacer un rail par ci par là, la voie finit par ne plus être en circulable. On peut citer le Mastrou (des travaux de voie conséquents ont fini par être réalisés), le réseau du Livradois Forez, le chemin de fer de la Brévenne...<br /> <br /> D'autant qu'on se focalise beaucoup sur la voie, mais quand on voit qu'un n'arrive pas à renouveler la caténaire même sur une ligne de RER (le précédent article sur Bordeaux Arcachon est également édifiant pour une ligne en région) il va falloir penser à généraliser les vélos rails puisque le mode diesel sera prohibé.<br /> <br /> Sans compter la signalisation qui, elle aussi, vieillit...
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D
Mais dans quel but subventionner à fonds perdus le ferroviaire ?<br /> <br /> Il n'y a plus en France que Paris et une poignée de métropoles ( Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Nantes et Rennes) qui bénéficieent des attentions de l'État. Pour elles, le TGV suffit bien, au besoin en complétant avec le GPSO. À compléter aussi par quelques lignes de banlieue.<br /> <br /> Les députés, souvent déterritorialisés (plus de mandat local), s'en fichent, sauf urgente nécessité réélectorale.<br /> <br /> Et les régions, souvent plus intéressées, ont des moyens limités.<br /> <br /> Autant laisser faire le transport routier, qui sera décarbonné d'ici peu.
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T
Catastrophique
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S
Sachant que, depuishier(premier tour des législatives), la ministre "finalement" en charge des Transports n'est pas arrivée en tête dans sa circonscription, et devra donc démissionner. Alors, le contrat État-SNCF Réseau...
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