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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
tgv
10 octobre 2020

L'Allemagne rêve de ressusciter les Trans-Europ-Express

Nous vous en avions parlé dans ces colonnes en juin dernier. Profitant de la visibilité offerte par sa présidence tournante du Conseil européen, l’Allemagne par la voix de son ministre des transports Andreas Scheuer, a présenté lundi 21 septembre à ses homologues européens, par conférence virtuelle interposée, l’ébauche d’une stratégie visant à remettre le ferroviaire au cœur de la stratégie transport en Europe.

Reprenant à dessein l’intitulé Trans Europ Express, le projet baptisé « TEE 2.0 » ambitionne rien de moins que de remettre sur les rails ce réseau mythique qui incarnait les grandes heures des liaisons européennes dans les années 1960 et 1970, avant leur déclin progressif à l’orée des années 1980, au moment où émergeaient les premiers TGV... et une aviation civile de plus en plus accessible et hégémonique (jusqu’à la crise sanitaire et économique de 2020).

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Bâle - 18 septembre 2018 - Une locomotive allemande, une rame autrichienne dans une gare suisse : pas mal pour parler d'Europe ferroviaire, non ? © ortferroviaire

Bien qu’encore au stade d’esquisse, le concept vise à montrer à ceux qui l’ignoreraient que le réseau ferré européen, et notamment grâce aux lignes à grande vitesse déployées au cours des dernières décennies, présente des potentialités encore largement sous-exploitées. Il serait en effet possible de recréer à court terme des liaisons directes et rapides sur de longs parcours afin de constituer une alternative climato-compatible au transport aérien.

Des dessertes de jour et de nuit, à grande vitesse, pour relier les capitales européennes, en voilà une riche idée !

Ce nouveau dossier vient prolonger les réflexions de transportrail sur le développement du train de nuit et sur le nécessaire rééquilibrage train – avion en Europe.

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1 septembre 2020

Train - avion : un débat de société

Depuis le temps qu'on vous en parlait... Le sujet n'est pas facile à aborder tant il peut donner lieu à des postures très arrêtées : à transportrail, nous avons pris le temps pour essayer de construire une réflexion pragmatique. La remise en question du rôle de l'avion est un peu comme une tête de gondole dans un hypermarché : c'est un moyen d'attirer l'oeil. C'est surtout un raccourci, car elle est d'abord considérée dans le sens d'une substitution du train à l'avion, et avec un propos généralement assez appuyé sur le retour des trains de nuit.

De notre point de vue, il faudrait plutôt parler d'abord de complémentarité entre le train et l'avion, ce qui peut - doit ? - impliquer une réorientation sur certaines relations, quand le rail offre déjà une bonne réponse (en temps de parcours et en fréquence) et quand des grands investissements sont consentis pour développer le réseau ferroviaire.

Il faudrait aussi parler de complémentarité intra-ferroviaire, notamment en France, où on a un peu forcé le trait quant à la suppression des trains de nuit sous couvert de développement des lignes à grande vitesse, et où l'intégration des lignes nouvelles au réseau classique n'est pas encore totalement envisagée de façon systématique (LNMP fournissant un exemple édifiant).

Cette complémentarité intra-ferroviaire doit aussi être considérée à l'échelle européenne, car la combinaison entre les trains à grande vitesse et les trains de nuit peut constituer un moyen de réorienter progressivement une partie du trafic aérien de court et moyen courrier vers le train, mode de transport écologiquement plus vertueux.

Mais il ne faudra pas oublier que le train n'est pas une solution universelle : pour aller de Berlin à Lisbonne, l'avion restera pour longtemps la solution de référence : dans ce cas, c'est bien la complémentarité train - avion et l'intégration des aéroports dans les schémas de desserte qu'il faut aborder.

Pour aller plus loin, le nouveau dossier de transportrail en 4 chapitres est en ligne : nul doute qu'il suscitera de nombreuses réactions... qu'on espère pondérées sur ce sujet qui doit se défaire d'une approche parfois un peu trop dogmatique.

16 septembre 2019

Roissy - Picardie : l'Elysée impose le rythme

2025 : c'est l'Elysée qui le dit. Ayant subi quelques vicissitudes qui avaient failli le faire dérailler, soublée d'une opposition franche des élus du nord du Val d'Oise, le projet de liaison entre l'aéroport de Roissy et l'axe Paris - Creil, afin de créer une liaison directe entre les villes de Picardie et l'aéroport de Roissy, bénéficie d'un coup d'accélérateur après la réponse sans ambages du Président de la République au courrier de la Métropole d'Amiens. SNCF Réseau est sommé d'accélérer la cadence et de se mettre en capacité de livrer ces 6 km d'infrastructure d'ici 6 ans. Les premières estimations tablaient sur un investissement de 255 M€, aujourd'hui réévalué, par l'approfondissement des études entre 278 et 335 M€.

Rappelons que le schéma de desserte prévoit essentiellement un usage régional avec 26 allers-retours Roissy - Creil dont 17 prolongés à Compiègne, 3 à Amiens et 6 terminus Creil.

Autre débat sur l'usage de cette infrastructure, la desserte longue distance par TGV. Sujet sensible avec SNCF Mobilités pas très enthousiaste à l'idée de se voir imposées de nouvelles circulations TGV intersecteurs à chalandise modeste. Si dans les premières esquisses, la desserte ciblait tous azimuts les destinations accessibles vers l'Est, le Sud-Est et l'Atlantique, il semblerait qu'entre un scénario maximaliste et l'absence de toute liaison nationale, l'annonce de la prise en charge du déficit sur la section Amiens - Roissy par la Région Hauts de France sur 2 allers-retours depuis Amiens, respectivement vers Strasbourg et Marseille, semble de nature à décrisper les positions.

 

 

18 juillet 2019

Fret, voyageurs, maintenance : une autre concurrence

La concurrence, ce n'est pas seulement entre opérateurs ferroviaires du fait de la libéralisation progressive, qui concernera dès l'année prochaine le trafic intérieur. Elle existe aussi depuis bien plus longtemps, et à vrai dire depuis l'origine du chemin de fer, entre les différents usages du réseau : entre les circulations et les travaux. C'est à ce sujet que s'intéresse transportrail, dans le sillage de notre étude sur les raisons de la diminution de la capacité du réseau.

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Donzère - 1er août 2018 - Des trains pas comme les autres... pour les propres besoins du réseau, mais une consommation de capacité de plus en plus importante et qui pourrait poser problème s'il fallait absorber les effets d'une politique plus restrictive à l'égard du transport routier et de l'avion, car le réseau souffre à la fois d'un retard de renouvellement encore important et d'un équipement faible pour concilier travaux et circulation, investissement et recettes... © transportrail

Le réseau ferroviaire français est confronté d'une part à la nécessité de mener rapidement d'importants chantiers de renouvellement et de modernisation pour rattraper le retard accumulé par des années de sous-investissement sur le réseau classique, et d'autre part à la convergence de mouvements qui pourraient donner lieu à une tension croissante sur son utilisation, qu'on peut résumer en 3 catégories :

  • les RER des grandes agglomérations,
  • les liaisons longue distance de voyageurs pour réduire la part du transport aérien sur les courtes et moyennes distances,
  • une relance du fret entre qualités intrinsèques du mode ferroviaire et contrainte accrue sur le transport routier.

Le président de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, souhaite à juste titre qu'un plus grand nombre de trains circulent sur le réseau. Personne ne pourra lui donner tort sur ce point mais il va falloir bousculer les pratiques actuelles, notamment sur la maintenance, dont l'empreinte capacitaire est de plus en plus forte, ce qui laisse de moins en moins de place pour les circulations commerciales... d'autant plus qu'il est difficile de combiner les deux activités du fait du sous-équipement français en installations de contre-sens ou en banalisation des voies. Or de tels investissements ont du mal à être justifiés selon les méthodes actuelles... en dépit des pertes de recettes générées par des plages-travaux de plus en plus gourmandes.

Pour aller plus loin sur cette autre concurrence sur le réseau ferroviaire, lisez donc notre nouveau dossier...

2 juillet 2019

Concurrence : après Thello, la RENFE pointe ses AVE

Réponse du berger à la bergère, une nouvelle fois, mais de l'autre côté des Pyrénées. Depuis quelques mois, la SNCF ne cache pas son intention de vouloir participer à l'ouverture du marché de la grande vitesse espagnole, en misant sur son produit Ouigo, notamment entre Madrid et Barcelone, en concurrence avec le projet Eva de la RENFE. Mais voilà, les conditions d'ouverture du marché y sont assez encadrées, notamment pour éviter une profusion d'offres sur Madrid - Barcelone, liaison particulièrement visée par les différents opérateurs : ADIF organise ainsi des lots de desserte, demandant une certaine équité territoriale. Plus les candidats proposeront de service sur Madrid - Séville et Madrid - Valence, plus ils pourront bénéficier de capacité sur Madrid - Barcelone. Une formule hybride qui n'a pas manqué de susciter des critiques, y compris du président de la SNCF.

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Port la Nouvelle - 25 août 2015 - Pour l'instant, les dessertes franco-espagnoles sont réalisées dans un partenariat entre la SNCF (pour les liaisons avec Paris) et la RENFE (pour les liaisons avec Toulouse, Lyon et Marseille). La RENFE semble tentée de jouer cavalier seul sur ce créneau qui reste à conquérir car l'offre reste limitée et majoritairement définie par les liaisons avec Paris, ne procurant pas d'horaires corrects pour les autres grandes villes, en particulier sur l'arc languedocien. © L.Hopp

Conséquence, la RENFE indique engager le processus pour obtenir l'autorisation d'exploitation des liaisons AVE avec son propre matériel roulant, à compter de 2021. Les S100 issues du TGV Atlantique sont évidemment attendues, d'autant qu'elles circulent déjà en France sur les liaisons au départ de Madrid et Barcelone vers Toulouse, Lyon et Marseille. C'est probablement sur ce périmètre que la RENFE pourrait postuler, car les S100 ne sont pas compatibles avec la TVM300 équipant la LN1, ce qui lui ferme la destination parisienne. En revanche, les nouvelles S106 Talgo Avril seraient interopérables, mais leur gabarit extra-large pourrait donner quelques sueurs froides à SNCF Réseau pour vérifier la compatibilité de ce matériel, notamment en gare.

Autre axe ciblé, qui pourrait être complémentaire, la relation entre Lyon et Marseille, aujourd'hui desservie par les liaisons Intersecteurs, et qui compte 12 allers-retours par jour en semaine, mais avec un positionnement assez erratique et des performances fluctuantes : quasi-cadencement au départ de Lyon Part-Dieu le matin, un Ouigo matinal à 7h08, avec un doublon à 10h28 et 10h36 (9759 et 9811), puis un trou abyssal de 4 heures entre le 9827 (14h06) et le 6007 (18h06) et un second doublon en soirée à 20h06 et 20h10 (9580 et 5135). Les temps de parcours oscillent entre 1h44 et 2h05, le 5102 (départ 9h10) étant gratifié de 9 minutes d'arrêt à Valence TGV pour séparation de tranches.

La RENFE envisage 2 allers-retours Lyon - Montpellier et 5 allers-retours Lyon - Marseille. Ce qui n'est quand même pas rien. On comprend ainsi pourquoi les S100, qui étaient pour majeure partie regroupées dans les effectifs de RENFE Alquilar, la filiale de location du matériel roulant, ont réintégré les effectifs de la maison-mère...

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18 mai 2019

TGV : les trous de mémoire de Guillaume Pépy

C'est vrai que sur la fin, il disait un peu n'importe quoi. Il avait comme des vapes, des caprices d'enfants... (Paul Wolfoni alias Jean Lefebvre, scène du bowling dans Les Tontons Flingueurs)

C'est ce que nous inspire l'entretien avec des lecteurs du Parisien du président de la SNCF dans lequel il annonce être prêt à acquérir de nouveaux TGV à un seul niveau. Et on est sidéré par le culot de l'argumentation développée.

« Je vais vous rassurer. Je suis pour un TGV à la française, qui dessert les territoires. En France, 230 gares sont desservies par le TGV. Elles sont moins de 40 au Japon. Le TGV est un outil d’aménagement du territoire et il le restera. Mais il faut faire évoluer les dessertes en fonction des besoins de nos clients. La deuxième chose, ce n’est pas de notre faute, est qu’Alstom ne construit plus depuis 1993 que des TGV à deux étages. Donc on achète que des jumbos qui peuvent emporter entre 515 et 650 passagers. On ne peut pas mettre un TGV « jumbo » en milieu de journée et courir le risque de n’avoir que 70 personnes à bord, ce serait du gâchis d’argent public. »

On passera sur le fait que dans les 230 villes desservies par le TGV, certaines ne sont pas en France, et qu'il convient donc de comparer des réseaux comparables puisque le Shinkansen japonais est un réseau très majoritairement indépendant des lignes historiques, comme en Espagne.

La mise en responsabilité d'Alstom nous coupe le souffle pour plusieurs raisons :

  • d'abord parce que le petit monde ferroviaire sait très bien que les relations entre Alstom et la SNCF sont très étroites et qu'Alstom a largement orienté son produit en fonction des besoins de la SNCF ;
  • ensuite parce que M. Pépy semble avoir oublié qu'en Italie, circulent 25 rames AGV, produites par Alstom, commandées par Italo, concurrent de Trenitalia sur les lignes à grande vitesse italiennes et dont la SNCF fut actionnaire à la création de la compagnie à hauteur de 20% jusqu'en 2015 : la SNCF a donc indirectement participé à la commande de ces AGV ;
  • enfin parce que l'arrêt de la production de l'AGV après les 25 éléments Italo est la conséquence d'une décision de la SNCF, de ne commander que des rames Duplex.

Sur le risque d'avoir des TGV vides, il est tout de même peu probable d'avoir un taux d'occupation de 12,5% des rames sur la section dimensionnante d'une relation. Et croire qu'il n'y aura que 70 voyageurs dans des TGV en milieu de journée est la négation de la diversité de la demande, alors que les déplacements de loisirs sont plus nombreux que les déplacements professionnels.

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Paris Nord - 21 mai 2019 - La première rame TGV française, la rame 01 surnommée Patrick, a passé en avril le cap des 40 ans de carrière, avec un parcours kilométrique cumulé phénoménal, de plus de 13 millions de kilomètres. Une résistante à la généralisation des rames Duplex... mais il ne reste qu'une vingtaine de rames Sud-Est en service commercial. © transportrail

La focalisation sur le taux de remplissage - et la marge nette par place-km offerte - amène à cette situation absurde d'une entreprise qui n'achète que des rames de très grande capacité depuis plus de 20 ans, et argue ensuite de la faible occupation pour élaguer l'offre (le nombre de TGV par jour ayant reculé de 10 à 15% selon les axes entre 2008 et 2018). Stupéfiant !

Evidemment, certains lecteurs ont fait remarquer à Guillaume Pépy qu'il y avait d'autres constructeurs de trains à grande vitesse...

« Oui, il y a Siemens et nous lui avons acheté quelques rames pour Eurostar. Sur les lignes saturées, nous mettons des TGV à deux niveaux, car c’est un moyen de faire circuler plus de voyageurs sans augmenter le nombre de train. Il ne faut pas renoncer aux TGV à deux niveaux pour les lignes saturées, mais pour les lignes qui ne sont pas engorgées – et c’est une annonce que je vous fais – je pense qu’il faut qu’on réfléchisse en France à la possibilité d’avoir non plus uniquement des TGV Jumbo de plus de 500 places, mais également des TGV de 300 places qui seraient moins chers à l’achat. »

On ajoutera quand même qu'après avoir commandé 268 rames Duplex, dont 250 en service (pour 134 rames TGV PSE, Atlantique, Réseau hors Thalys à l'effectif en mai 2019), la SNCF et Alstom ont conçu main dans la main le TGV2020 qui est lui aussi à 2 niveaux, avec une première commande de 100 rames à livrer à partir de 2023 !

Dans le même entretien, le sujet des trains de nuit nous a aussi fait bondir.

« La suppression des trains de nuit est une décision prise il y a quatre ans par le gouvernement. Chaque voyageur était subventionné à hauteur de 110 euros, par le contribuable. Cela dit, à partir de décembre 2020, le monopole de la SNCF disparaît et si d’autres opérateurs, comme Transdev, Thello, souhaitent opérer ces trains, ils sont les bienvenus. Il y a déjà eu un appel à manifestations d’intérêt, personne n’a répondu. »

C'est quand même oublier :

  • que le déficit par voyageur-km des trains de nuit est inférieur à celui des TET de jour (parcours moyen plus long, pas d'abonnés...) ;
  • que les conditions de l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l'Etat sur les trains de nuit avait été unanimement critiqué par son manque de rigueur ;
  • que la relance des trains de nuit est une réalité chez nos voisins, avec Nightjet, grâce aux ÖBB, mais aussi au Royaume-Uni avec Caledonian Sleeper.

Bref, ces quelques déclarations vont certainement susciter de très nombreuses réactions !

2 avril 2019

TGV Intersecteurs : les conséquences de Ouigo

On ne peut nier que le développement des infrastructures à grande vitesse et leur usage relèvent d'abord d'une logique radiale dans la grande tradition française centralisatrice, une sorte de nouvelle étoile de Legrand. Néanmoins, depuis près de 30 ans, l'offre TGV s'est enrichie de liaisons tantôt qualifiées de province-province ou d'Intersecteurs, destinées à relier les grandes agglomérations entre elles en évitant le transit entre les gares parisiennes. Relier Lille et Lyon en 3 heures est un mérite du système TGV au moins aussi important que de mettre Marseille à même distance-temps de la capitale. Elles concourent ainsi à la mise en réseau des grandes agglomérations, avec une propension non dissimulée à graviter autour de Lyon.

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Couzon au Mont d'Or - 9 avril 2012 - Les TGV Intersecteurs doivent apprécier la bonne cuisine lyonnaise compte tenu de leur organisation largement organisée autour du noeud de Lyon Part-Dieu. La rame PSE62 franchir la gare de Couzon et franchira la Saône après avoir longé une des plus célèbres tables françaises... © transportrail

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Lyon - Tranchée des Hirondelles - Août 2005 - Les TGV Duplex ont progressivement mis la main sur les liaisons Intersecteurs... et bien évidemment, la SNCF a misé sur leur plus grande capacité pour réduire la voilure sur les dessertes. Depuis, Ouigo a rendu encore moins lisible ces offres ! © transportrail

Ces relations transitent par l'Ile de France, en utilisant soit la Grande Ceinture au sud de Paris pour relier les LGV Sud-Est et Atlantique (ce qui leur vaut d'être plus structurante pour la trame horaire nationale que les liaisons radiales) et la ligne nouvelle dite d'interconnexion pour accéder aux LGV Nord et Est.

En ce cens, ces relations ont un autre mérite : celui de ne pas cantonner la desserte nationale de l'Ile de France aux seules gares situées au coeur de Paris. Massy-Palaiseau, Marne la Vallée, et l'aéroport de Roissy, gares auxquelles il faut ajouter plus marginalement Versailles Chantiers et Mantes la Jolie, proposent une solution alternative, le plus souvent bien maillée avec les lignes structurantes d'Ile de France. Mixer des flux radiaux et transversaux est ainsi une grande force de ces relations.

Cependant, la stratégie de la SNCF engagée ces dernières années, et notamment le tournant du transport à grande vitesse à bas coût incarné par Ouigo, a fortement remis en question ces dessertes. Misant d'abord sur les gares périphériques, surtout en Ile de France, afin de réduire le coût du sillon, Ouigo a commencé par cannibaliser l'offre TGV Intersecteurs préexistante. Cette reconversion ponctuelle de sillons n'a pas été sans conséquence sur l'équilibre des dessertes avec une dégradation de la lisibilité de la consistance du service et de son tarif. Ouigo s'attaque désormais aux liaisons radiales depuis les gares centrales, avec les mêmes conséquences.

Les sillons transversaux n'ont-ils donc d'avenir qu'à convertir au low-cost ? Les relations Intersecteurs ne sont-elles destinées qu'à proposer aux familles un trajet à coût réduit vers le parc Disneyland (interrogation volontairement caricaturale) ?

Dans ce nouveau dossier de transportrail, qui s'inscrit dans le prolongement de nos réserves sur la stratégie de segmentation par l'horaire entre InOui et Ouigo, nous nous penchons sur ce que pourrait être une remise à plat de la desserte à grande vitesse sur ces liaisons transversales, avec en ligne de mire la constitution de lots techniquement indépendants, bien que pouvant être physiquement superposés, dans la perspective d'un marché ouvert, que ce soit dans une logique d'open-access ou d'une système contractualisé avec l'Etat.

4 août 2018

TGV : 40 ans de haute technologie ferroviaire

La commande de 100 rames de la nouvelle génération de TGV développée par Alstom et la SNCF coïncide avec les 40 ans des premières rames Sud-Est, Patrick et Sophie, alias rames 01 et 02, toujours en service... mais plus pour très longtemps puisque les pionnières de la grande vitesse française seront logiquement les premières à quitter la scène ferroviaire à l'arrivée du TGV-M, dénommé Avelia Horizon chez Alstom.

En 40 ans, le TGV a conservé quelques bases élémentaires, comme la rame articulée encadrée par deux motrices, et a progressé au gré des évolutions technologiques, en passant d'une chaîne de traction à courant continu à des moteurs asynchrones et une haute dose d'électronique de commande. Evidemment, la rame Duplex a constitué une prouesse technique, parvenant à proposer finalement jusqu'à deux fois plus de places assises (dans la version Ouigo) que dans la rame Sud-Est, pour une masse accrue d'une dizaine de tonnes seulement, contrainte des 17 tonnes par essieu oblige. C'est aussi 40 ans d'évolution du design et du confort de voyage, entre l'ambiance très datée des pionnières et l'ambiance assez feutrée des rames Océane.

C'est l'occasion pour transportrail de vous proposer un grand dossier sur l'évolution du parc TGV, complétant notre étude sur le développement du réseau à grande vitesse et son rapport au territoire.

3 juin 2018

Les premiers TGV ont 40 ans

Patrick et Sophie, prénoms donnés aux deux premières rames TGV Sud-Est livrées en 1978, fêtent leurs 40 ans. Honneur aux demoiselles, Sophie est arrivée la première : la rame 02 a été livrée le 4 mars 1978, tandis que Patrick sortait des usines de Belfort le 7 août suivant. Les deux rames sont d'ailleurs toujours en service. Elles ouvraient sans le savoir réellement la voie à une aventure technique, écononique et politique, celle de la grande vitesse ferroviaire en France, prolongement quasiment naturel de la quête de trains toujours plus performants, démarche qui remonte aux origines mêmes du chemin de fer.

transportrail vous propose ce grand dossier historique qui couvre la période de 1955 à nos jours. Pourquoi 1955 ? Parce qu'on peut considérer que la campagne d'essais dans les Landes avec les BB9004 et CC7107, afin de choisir le modèle de locomotives pour la pratique des 160 km/h, constitue le point de départ de l'aventure du TGV. La suprématie des BB, locomotives conciliant légèreté, rapidité et moindre agressivité sur la voie, a procuré de nouveaux terrains de recherche pour aller encore plus vite. D'ailleurs, qu'on ne s'y trompe pas, les premiers trains français à 200 km/h étaient tractés par des BB, alors que l'Allemagne avait fait le choix de CC. La france dut aussi passer par des locomotives à trois essieux, pour des questions de tonnage des trains du fait du succès de la formule. Et en allant plus loin, plus vite, la formule BB s'est imposée pour le TGV001, issu des recherches engagées depuis 1969 par la SNCF sur les vitesses supérieures à 250 km/h.

C'est aussi l'occasion de réorganiser nos dossiers : vous y retrouverez donc trois chapitres historiques d'ores et déjà en ligne et des liens vers des pages déjà publiées, en lien avec ce sujet, concernant le SNIT et les différents rapports sur l'évolution de la grande vitesse en France. Reste un dossier en cours de rédaction, sur le matériel roulant.

Bonne lecture !

 

6 mars 2018

Paris - Milan : liaison en sursis ?

Pas le moindre des paradoxes : alors que le devenir du projet Lyon - Turin échappe pour l'instant aux fourches caudines des différentes missions sur le ferroviaire, le devenir des relations TGV Paris - Milan se fait plus incertain.

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Milan Centrale - 24 juin 2011 - Un TGV Réseau tricourant sous l'imposante verrière milanaise. Aujourd'hui, les TGV arrivent à Milan Garibaldi moins monumentale, mais la mise en conformité du matériel français pour assurer cette relation à partir de 2021 reste incertaine. Le temps commence à presser... © transportrail

Il était initialement envisagé d'acquérir de nouvelles rames EuroDuplex pour remplacer les 6 éléments tricourants série 4500 qui ne sont pas équipés des systèmes de protection anti-incendie requis sur tous les matériels circulant en Italie à partir de 2021. L'affaire a fait flop dans le sillage du feuilleton rocambolesque des TGV pour remplacer les Corail sur Bordeaux - Marseille. Conséquence, il va falloir rapidement statuer sur le devenir de cette relation puisqu'aucun matériel TGV français n'est compatible avec ces normes italiennes.

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