Depuis le temps qu'on vous en parlait... Le sujet n'est pas facile à aborder tant il peut donner lieu à des postures très arrêtées : à transportrail, nous avons pris le temps pour essayer de construire une réflexion pragmatique. La remise en question du rôle de l'avion est un peu comme une tête de gondole dans un hypermarché : c'est un moyen d'attirer l'oeil. C'est surtout un raccourci, car elle est d'abord considérée dans le sens d'une substitution du train à l'avion, et avec un propos généralement assez appuyé sur le retour des trains de nuit.
De notre point de vue, il faudrait plutôt parler d'abord de complémentarité entre le train et l'avion, ce qui peut - doit ? - impliquer une réorientation sur certaines relations, quand le rail offre déjà une bonne réponse (en temps de parcours et en fréquence) et quand des grands investissements sont consentis pour développer le réseau ferroviaire.
Il faudrait aussi parler de complémentarité intra-ferroviaire, notamment en France, où on a un peu forcé le trait quant à la suppression des trains de nuit sous couvert de développement des lignes à grande vitesse, et où l'intégration des lignes nouvelles au réseau classique n'est pas encore totalement envisagée de façon systématique (LNMP fournissant un exemple édifiant).
Cette complémentarité intra-ferroviaire doit aussi être considérée à l'échelle européenne, car la combinaison entre les trains à grande vitesse et les trains de nuit peut constituer un moyen de réorienter progressivement une partie du trafic aérien de court et moyen courrier vers le train, mode de transport écologiquement plus vertueux.
Mais il ne faudra pas oublier que le train n'est pas une solution universelle : pour aller de Berlin à Lisbonne, l'avion restera pour longtemps la solution de référence : dans ce cas, c'est bien la complémentarité train - avion et l'intégration des aéroports dans les schémas de desserte qu'il faut aborder.
Pour aller plus loin, le nouveau dossier de transportrail en 4 chapitres est en ligne : nul doute qu'il suscitera de nombreuses réactions... qu'on espère pondérées sur ce sujet qui doit se défaire d'une approche parfois un peu trop dogmatique.
Il y a un projet de gare nouvelle directement devant l'aérogare, à l'horizon 2028 mais avec une vocation uniquement régionale pour l'instant (ter200 et Regio-S-Bahn bâlois), bien que des dessertes directes depuis la Franche-Comté (et la Suisse, notamment Berne) pourraient avoir un intérêt.
La desserte des aéroports parisiens pour les correspondances n'est pas aidée quand la compagnie nationale éclate ses vols long-courriers entre Orly (les DOM-TOM) et Roissy (le reste du Monde). Mais on commence à voir un report de quelques vols "long-courriers intérieurs" vers CDG, qui pourrait s'installer en mettant à profit la capacité libérée par la baisse générale du trafic.
Quand à la desserte TGV d'Orly, construire une gare à Pont de Rungis en vaut-il la peine si au même horizon on peut descendre à Massy et prendre la M18 ?
ps : à la fin du chapitre 3 il manque le lien vers le 4.