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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
26 août 2020

Thalys - Eurostar : une fusion relancée ?

Brexit + covid-19 : ça commence à faire beaucoup

La question était apparue en fin d'année 2019, et semblait faire partie des mesures de consolidation face au risque d'une baisse du trafic sur Eurostar du fait du Brexit, tant dans le principe d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne que du fait d'un flou certain des conditions de circulations des individus. Une chose était d'ores et déjà certaine, la circulation des 15 allers-retours Eurostar entre Paris et Londres et des 7 allers-retours Bruxelles - Londres risquait d'être sérieusement mise à mal.

La crise sanitaire en a évidemment ajouté une couche au point que le trafic a été pendant le confinement quasiment totalement interrompu. La reprise a été progressive mais un nouveau coup d'arrêt a été donné : si les négociations sur un nouveau cadre relationnel entre l'Europe et le Royaume-Uni sont à l'arrêt, c'est cette fois-ci la tendance moins favorable de la gestion du covid-19 qui plombe à nouveau le service international : le Royaume-Uni ayant décidé 14 jours de confinement pour les ressortissants français à leur arrivée au Royaume-Uni, la desserte chute à 4 allers-retours Paris - Londres et 2 allers-retours Bruxelles - Londres.

Dans ces conditions, la situation d'Eurostar devient inextricable : gérer un Brexit intrinsèquement restrictif pour le transport de voyageurs entre le Royaume-Uni et le continent n'était déjà pas une mince affaire, mais l'incertitude liée à l'évolution de la pandémie de chaque côté de la Manche est en train de se hisser au même niveau de complexité. Certes, il ne s'agit que d'une restriction en principe conjoncturelle (ce satané virus va quand même bien finir par nous ficher la paix... mais quand ?) qui néanmoins est en train de mettre sérieusement à mal la soutenabilité économique d'Eurostar, déjà malmenée par les restrictions politiques liées au Brexit.

Si Eurostar devrait finalrment lancer la liaison directe Londres - Amsterdam (cette fois sans transbordement à Bruxelles pour contrôle douanier dans le sens Amsterdam - Londres) le 26 octobre prochain, la compagnie a d'ores et déjà annoncé que les circulations d'hiver Londres - Bourg Saint Maurice n'auront pas lieu cet hiver, tandis que la liaison vers Marseille ne sera pas rétablie.

Pour couronner le tout, le patron d'Eurostar a quitté le navire et vient de se faire embaucher par la DB pour prendre les commandes d'Arriva, qui finalement reste dans le giron du groupe public allemand.

La situation est pour l'instant un peu moins difficile du côté de Thalys dont le service n'est cependant pas totalement rétabli : à partir du 30 août, 11 allers-retours Paris - Bruxelles seront assurés dont 7 prolongés à Amsterdam et 3 vers Cologne et Dortmund, soit environ 60% de l'offre sur le tronc commun Paris - Bruxelles. En revanche, les liaisons vers Marne la Vallée, Bordeaux et Marseille ne sont pas rétablies.

Et si on ajoute l'évolution des pratiques professionnelles...

Dans ces conditions, la fusion envisagée depuis 2 ans prend une autre dimension. Les contraintes de circulation des personnes entre les pays de l'Union Européenne et le Royaume-Uni affectent par principe ce qui peut être considéré comme un succès technique et commercial, qui a simplifié les relations entre Londres, Paris, Bruxelles à la base.

Les incertitudes quant à l'issue d'un accord entre l'UE et le Royaume-Uni, mais aussi les bouleversements dans la circulation des individus avec la crise sanitaire affectent tout particulièrement Thalys et Eurostar, dont la clientèle d'affaires était particulièrement importante : l'essor accéléré du télétravail et des visioconférences depuis le printemps n'est pas non plus sans impact sur ce type de relations.

Par conséquent, la fusion de Thalys et d'Eurostar pourrait prendre forme dans les mois à venir car leur positionnement commercial est très similaire. Ce serait peut-être le moyen de préparer une reprise des liaisons avec le Royaume-Uni à un rythme un peu plus normal, en espérant que les crispations actuelles cesseront (mais ça fait plusieurs mois qu'on attend cette éclaircie en vain). En outre, cela simplifierait la commercialisation de certaines offres, ne serait-ce que parce qu'un trajet Amsterdam - Londres s'effectue en réalité par la combinaison d'un parcours Amsterdam - Bruxelles en Thalys puis d'un Eurostar Bruxelles - Londres. Ce serait aussi le moyen de consolider les positions de ces deux entreprises et d'envisager un développement européen, dans un contexte plutôt favorable au train.

Enfin, ce serait peut-être aussi le moyen d'utiliser un peu plus efficacement les Velaro d'Eurostar qui sont pour bonne partie cloués au dépôt et qui risquent d'être en sur-effectif compte tenu des nouvelles conditions de circulations entre l'Union Européenne et le Royaume-Uni : leur importante capacité pourrait par exemple être mise à profit sur certains Paris - Bruxelles... si le retour à une fréquentation telle qu'elle était jusqu'en mars revenait dans les prochains mois.

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Commentaires
L
Les ennuis continuent, Eurostar ne s'arrêtera plus à Ashford et Ebbsfleet jusqu'en 2022
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A
@chris2002 si la desserte de Lille Europe est réalisable! Outre les jonctions au niveau de Fives il y a 2 jonctions au niveau du triangle de Lambersart sur la ligne Lille-Hazebrouck permettant soit de venir de la ligne classique pour aller vers L-europe soit de faire L-Flandres vers LGV! N’oublions pas non plus que la Vectron a déjà fait des essais dans le CT et que les LGV nord et le tunnel doivent être équipées ETCS durant la décennie donc même si on en est loin le rêve de trains de nuits transmanche n’est pas irréalisable loin de la
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C
Pour Thalys, après quelques recherches on peut rajouter les restrictions suivantes :<br /> <br /> <br /> <br /> Paris (et une partie de la région IDF : Seine Saint Denis et Val de Marne) est désormais en "zone rouge" pour les belges, ce qui veut dire :<br /> <br /> - interdiction des voyages non essentiels (type tourisme) dans ces zones là.<br /> <br /> - dépistage et quarantaine obligatoire au retour.<br /> <br /> D'autres départements français non desservis par Thalys, notamment dans le sud sont aussi en zone rouge.<br /> <br /> <br /> <br /> Et la région de Düsseldorf est classé en zone orange pour les belges, ce qui impose certaines restrictions (test et quarantaine en attendant les résultats). Dans le sens inverse, les provinces d'Anvers et de Bruxelles-Capitale sont classées comme zone à risque pour les allemands.<br /> <br /> <br /> <br /> De même une partie des Pays-Bas est en zone orange pour les belges, et en sens inverse les voyageurs en provenance des provinces d'Anvers et Bruxelles-Capitale sont soumis à une quarantaine obligatoire en entrant aux Pays-Bas.<br /> <br /> <br /> <br /> Bref une reprise à 60% du trafic ferroviaire Thalys en particulier sur l'axe France-Belgique pose question.
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C
(je crée un deuxième message pour séparer les sujets et surtout les réponses éventuelles)<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant le télétravail "international". Certes les déplacements professionnels ponctuels ont du plomb dans l'aile, au profit de téléconférences (et encore rien ne remplace une rencontre face à face ou une visite réelle d'une usine)<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre prenons le cas de navetteurs frontaliers réalisant chaque jour ou presque le trajet (sur Paris-Bruxelles ou Lille-Bruxelles il doit y en avoir, et avant le Brexit peut-être y en avait-il même sur Lille-Londres ou Calais-Londres). <br /> <br /> Je ne connais pas les accords spécifiques entre la France et la Belgique, mais par exemple, entre la Suisse et la France le frein majeur du télétravail pour les français travaillant en Suisse ne vient pas du manque de volonté des entreprises ou des salariés, mais de la fiscalité d'entreprise (hors période COVID ou des accords spécifiques ont pu être trouvés en urgence)<br /> <br /> Si un travailleur frontalier vivant en France mais travaillant en Suisse fait plus d'une journée de télé-travail depuis chez lui par semaine, l'entreprise suisse doit payer une partie des cotisations sociales en France (sinon elles les paient en Suisse). Ce qui complexifie l'administratif pour l'entreprise et augmente aussi fortement les coûts pour l'entreprise, les charges sociales étant sauf erreur au moins deux fois plus importantes en France qu'en Suisse.<br /> <br /> <br /> <br /> De fait, ce que je veux dire à travers cet exemple, c'est que si la réglementation transfrontalière n'est pas adaptée au télétravail transfrontalier, cela peut être un très fort frein au télétravail et donc à la diminution du trafic Thalys notamment. <br /> <br /> A voir donc entre la Belgique et la France voir entre la France/la Belgique et l'UK (vu la sortie du Royaume-Uni de l'UE cela risque d'être un cauchemar administratif...).
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O
MODERATION - 31.08.2020<br /> <br /> <br /> <br /> Dites, sans vouloir vous déranger, si on reparlait de Thalys, Eurostar et de leur fusion car le sujet du train de nuit vers le Royaume-Uni, il est un peu virtuel compte tenu de la situation politique... Déjà qu'Eurostar est en train de boire le bouillon avec 6 AR au total, le train de nuit est un peu à côté de la plaque !
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R
Ce n'est pas exactement le sujet mais c'est tout proche, Wired a publié un article intéressant sur l'éventualité de proposer des trains de nuit via le Tunnel sous la Manche entre Londres et le reste de l'Europe.<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.wired.co.uk/article/night-trains-channel-tunnel<br /> <br /> <br /> <br /> Il est vrai que la Royaume-Uni est le seul pays d'Europe de l'Ouest (quid du Portugal ?) à ne pas bénéficier du renouveau des liaisons internationales de train de nuit. Paradoxalement, et comme le souligne l'article, il existait bien une liaison Londres - Paris Gare du Nord (1936-1980) mais elle s'est arrêtée avec l'ouverture du tunnel.
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L
Désolé pour les fautes d'orthographe, ma main a fourché
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L
Il y a des erreurs concernant les dessertes saisonnières d'Eurostar: les deux relations sont interrompues pour 2 ans, mais la liaison vers Marseille devrait être rétablies si les conditions sont favorables.
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N
Quand je pense qu'il existait des rames pour trains de nuit et des Eurostar aptes à circuler jusqu'en Écosse je me dis que c'est un beau gâchis...
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A
Je confirme ce que Rio Grande a écrit. C'est bien un train direct sans transbordement qui va être mis en place entre Amsterdam et Londres le 26 octobre prochain.<br /> <br /> Par contre si la fusion entre Thalys et Eurostar venait à se réaliser, je plussoie vivement l'utilisation des Velaro 16 caisses sur les Paris - Bruxelles.<br /> <br /> Il faudra bien évidemment faire attention car pour l'instant (et plutôt avant l'arrivée de la pandémie), les Thalys circulaient en UM2 jusqu'à Bruxelles puis séparation en US, l'une vers Cologne, l'autre vers Amsterdam.<br /> <br /> La coupe accroche deviendrait donc caduc.
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R
Contrairement à ce qui est indiqué, il sera bien possible à partir du 26 octobre de faire Amsterdam - Londres directement, sans transbordement à Bruxelles (mais les billets ne seront en vente qu'à partir du 1er septembre), le traité permettant à la UK Border Force d'opérer à Amsterdam et Rotterdam ayant été signé. Donc pas d'intérêt supplémentaire à la fusion Thalys - Eurostar de ce point de vue là.<br /> <br /> <br /> <br /> A noter aussi au sujet de l'évolution des pratiques professionnelles que contrairement à ce qu'on semble observer en France, en GB le télétravail est là pour durer et la crise sanitaire a changé les mentalités de travail de façon permanente avec beaucoup de réunions qui sont maintenant définitivement virtuelles, y compris celles planifiées dans le moyen terme, ce qui va avoir un impact sur les déplacements professionnels en Eurostar.
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