Une convention citoyenne des mobilités ?
C'est l'idée du nouveau ministre des Transports : interrogé sur France Inter, M. Vergriete a évoqué cette idée en réponse aux interrogations sur les investissements liés à la transition écologique dans le domaine des transports, et en particulier aux fortes attentes du secteur ferroviaire comme de celui des transports urbains.
L'intérêt d'une telle démarche réside principalement dans le gain de temps pour l'Etat : une convention citoyenne ferait gagner au bas mot une année. C'est toujours cela de gagné pour Bercy, fétichiste de l'annuité budgétaire.
On peut aussi être particulièrement circonspect sur cette redite de l'épisode de sortie de la crise des Gilets Jaunes puisqu'au final, il n'est pas sorti grand chose de la convention sur le climat. Sur le principe, il est permis d'aller plus loin car il y a évidemment un risque de dilution des analyses par des vues partielles et assez court-termiste. Sans mépris aucun, il faut bien reconnaître qu'il n'est pas aisé de maîtriser tous les tenants et aboutissants d'une stratégie qui se construit à un horizon de 20 ou 30 ans au moins.
Si on regarde un peu dans le rétroviseur, le Grenelle Environnement, en 2011, avait déjà été l'occasion d'une large concertation, certes principalement entre experts. Mais qu'apporterait réellement une convention sur les mobilités, alors que la plupart des enjeux et des solutions sont aujourd'hui connues ? C'est surtout dans leur mise en œuvre opérationnelle qu'il faudra développer la concertation, mais cette procédure existe déjà dans le cadre des projets d'investissement, notamment les lignes nouvelles. Mais imagine-t-on une enquête publique quand il s'agit de changer 5000 traverses et 5 km de rails ? Le fait-on pour refaire le bitume d'une route ?
L'idée est d'autant plus délicate que certains dossiers ne viennent pas faciliter une discussion sereine : au hasard, celui de l'A69, assorti depuis plusieurs semaines de manifestations, parfois surréalistes puisque certains opposants (pas forcément les plus enclins à des échanges apaisés), s'en prennent aux voies ferrées, et en particulier à la ligne Saint-Sulpice - Mazamet.
On vit décidément une drôle d'époque...