Réservation dans les TER : un révélateur ?
Le principe avait commencé en Normandie, sur les liaisons depuis Cherbourg, Caen, Le Havre, Rouen, Deauville et Granville vers Paris. Il a été appliqué également en Grand Est, toujours sur les liaisons avec Paris, depuis Strasbourg, Chalons, Mulhouse et Troyes. L’accès à ces trains n’est plus possible que moyennant une réservation pour un train et un jour précis.
Cette décision des Régions concernées suscite de nombreuses réactions car elles ne simplifient pas l’usage du train sur des axes accueillant de nombreux voyageurs pendulaires pour des liaisons domicile-travail qui ont particulièrement besoin de souplesse.
Néanmoins, Régions de France a rappelé qu'il s'agissait de situations particulières et qu'il n'était pas question de généraliser la réservation dans les trains régionaux.
En Normandie, la réservation a été instaurée sur les trains vers Paris dans un contexte de forte fréquentation et d'une capacité du réseau qui ne permet pas forcément d'ajouter des trains : il n'était auparavant pas rare de voyager debout pendant 2 heures. L'arrivée des Omneo Premium a procuré un gain de 100 places (lors de compositions UM2) par rapport aux rames de 10 voitures Corail, mais la réservation est restée nécessaire dans ce cadre contraint pour éviter les effets de surcharge préjudiciables à la qualité de voyage et à la régularité.
Paris - Tranchée des Batignolles - 15 août 2024 - Les Omneo Premium ont nettement rénové les prestations sur les relations Paris - Normandie. La capacité a augmenté, mais le système est aux limites de ce qu'il peut produire compte tenu des capacités disponibles sur le réseau. © transportrail
A l'est, la réservation a également été instaurée sur les relations vers Paris. En particulier sur Paris - Troyes - Mulhouse et la vallée de la Marne, les Coradia Liner et leurs 267 places... seulement.
Chalons-en-Champagne - 4 juillet 2022 - Les Coradia Liner de la Région Grand Est étaient initialement destinés à l'axe Paris - Mulhouse mais certaines rames sont engagées sur les dessertes de la vallée de la Marne où elles ne sont guère utilisables en principe qu'en heures creuses. © transportrail
La mise en place de la réservation est donc finalement la résultante d’une augmentation de la fréquentation et d’une desserte dont la consistance n’est plus adaptée à la demande, mais contrainte par la capacité des infrastructures. S’il existe encore un peu de marge à l’est, vers la Normandie, nous voici replongés dans le clivage entre la Normandie et l’Ile-de-France à propos de la section La Garenne-Colombes – Epône-Mézières du projet LNPN, afin de lever le principal verrou.
Quant à l’est, les Coradia Liner ne sont pas assez nombreuses et pas assez capacitaires. Un réaménagement des intérieurs pourrait être envisagé : les Régiolis de Bourgogne – Franche-Comté, certes en classe unique, proposent 354 places, mais en classe unique et avec seulement 3 WC sur une rame de 6 caisses. Une solution entre 300 et 320 places devrait pouvoir être trouvée.