Toulouse - Castres : comme une forme de déni ?
Après tout, dans la période actuelle, un de plus ou un de moins...
Voici donc un projet d'autoroute, une de plus, qui a reçu des avis plus que réservés de la commission d'enquête publique et de l'Autorité Environnementale, mais dont les travaux devraient pourtant être lancés compte tenu du soutien de l'ensemble des collectivités locales, Région incluse, en dépit de sa communication très poussée, y compris par des publicités à la télévision, en faveur du train. On nous rejoue la petite musique de l'autoroute maillon manquant de la voie de l'avenir du désenclavement de nos enfants, complètement à rebours des urgences environnementales, de la nécessaire réduction de la dépendance aux énergies fossiles, de la lutte contre l'artificialisation des sols à laquelle contribue aussi le transport individuel.
A quoi pourrait donc servir l'autoroute A69 ? A doubler la ligne de chemin de fer assurément. La RN126 aussi, voire la RN112 au-delà de Castres vers Mazamet. Mais en réalité, elle sert plutôt à éviter que des moyens aillent au train, alors que celui-ci propose déjà une desserte plus rapide que par la route : 1h06 à 1h15 en train selon la desserte, 1h20 en voiture dans les meilleures conditions possibles de circulation (dixit viamichelin). En realité, la seule carence porte sur la consistance du service, avec 11 allers-retours en semaine et 6 le week-end.
Dans l'absolu, si on engage la construction d'une autoroute, c'est qu'il y a un potentiel de trafic. Donc pourquoi ne pas proposer une alternative ferroviaire, en commençant par une desserte cadencée à l'heure tous les jours ? Même avec des trains thermiques, avant de passer à la traction électrique, avec l'électrification du tronc commun Toulouse - Saint-Sulpice et l'emploi de trains à batteries ne nécessitant qu'une recharge à Castres (pour le coup, le rebroussement y est un atout avec 7 minutes de recharge) puis au terminus de Mazamet.
Bref, les 59 M€ que la Région prévoit de consacrer à l'A69 feraient bien d'être utilisés ailleurs, tout comme les 200 M€ que devraient apporter l'Etat et les autres collectivités locales. Sur le réseau ferroviaire par exemple ?
Et comme une - mauvaise - orientation peut en cacher une autre, la Région presse l'Etat de confirmer les financements pour la mise à 2x2 voies de la RN88 entre Rodez et l'A75, alors que la Région parallèlement déplore le manque d'engagement de l'Etat et de SNCF Réseau pour la réactivation de la voie ferrée parallèle pour la liaison Rodez - Millau. La présidente de Région rappelle qu'elle a déjà mobilisé 91 M€ depuis 2016 sur ce cas et qu'elle s'apprête à lâcher 95,5 M€ pour la poursuite du programme. C'est beaucoup... Trop, assurément, et condamne de facto la voie ferrée.
Il va peut-être falloir procéder à une mise à jour des orientations politiques régionales, car, sur ces deux exemples, les incohérences sont flagrantes et difficilement acceptables tant par les contraintes de ressources budgétaires que par les nécessités sociétales.