Lyon - Turin : et le temps qui passe...
La France a jusqu'à la fin du mois pour déposer sa demande de prise en considération à l'Union Européenne pour obtenir des financements communautaires pour les études de la ligne nouvelle entre Lyon et le tunnel de base de la Transalpine. L'Union Européenne est prête à prendre en charge 50 % du coût de ces études, soit 70 M€
Le feuilleton dure depuis des mois - si ce n'est des années - et la décision ne cesse d'être reportée. Il est vrai que le deuxième Conseil d'Orientation des Infrastructures avait proposé de différer cette liaison. La démission du gouvernement et la vacance du ministère des Transports amplifie le risque de passer à côté de cette subvention.
Côté français, il manquerait 15 M€ sur 70. La Métropole du Grand Lyon a choisi de ne pas y participer considérant que projet ne se situait pas dans son périmètre, position qui n'est évidemment pas partagée par certains élus de l'opposition considérant la dimension économique d'un rapprochement franco-italien.
La situation est d'autant plus paradoxale qu'en fin d'année, le premier tunnelier est arrivé en Italie, matérialisant le début des travaux de percement des ouvrages principaux. De l'autre côté de la frontière, certains commencent à désespérer du sur-place français. Tout au plus côté français évoque-t-on des améliorations sur l'axe Dijon - Bourg-en-Bresse - Ambérieu - Culoz - Chambéry - Saint-Jean-de-Maurienne, destinée essentiellement au fret. Cependant, il est probable que les investissements envisagés seront a minima, tant par la faiblesse des moyens de SNCF Réseau (les annonces de l'Etat étant toujours au stade de la communication politique) que par le risque d'opérations frustratoires dans la perspective de la ligne nouvelle. La section Aix-les-Bains - Saint-Pierre-d'Albigny risque d'être la plus critique si, par l'effet du tunnel de base, la demande ne pouvait être satisfaite, tant pour le fret que les liaisons voyageurs franco-italiennes : les dessertes intervilles et la perspective d'un RER grenoblois qui pourrait aller jusqu'à Chambéry remplissent déjà bien le graphique...
Les français avaient beaucoup raillé le Royaume-Uni à l'ouverture du tunnel sous la Manche, quand les Eurostar devaient circuler à faible allure sur le réseau historique du sud-est du pays, avec son alimentation par troisième rail, ce qui avait considérablement compliqué la conception des rames TMST. Sans aller jusqu'à de tels excès, la perspective pourrait être comparable dans l'affaire de la Transalpine, avec des liaisons voyageurs déboulant rapidement de Milan et Turin à Saint-Jean-de-Maurienne et devant s'insérer tant bien que mal sur le réseau existant en Savoie, tout en continuant probablement à emprunter la voie unique Chambéry - Saint-André-le-Gaz pour rejoindre l'agglomération lyonnaise et la LGV Sud-Est.
Ce n'est évidemment pas un argument suffisant : néanmoins, il faut sans doute conclure que, dès lors que le tunnel de base est en cours de réalisation, il faudra inéluctablement assurer un accès efficace à celui-ci faute de quoi son utilité pourrait être significativement altérée.