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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

23 novembre 2019

RATP et Getlink s'allient pour les TER

C'est assurément une surprise et de taille. La RATP, via sa filiale RATP Dev, va créer avec Getlink, l'opérateur du tunnel sous la Manche, une entreprise commune pour répondre aux appels d'offres pour l'exploitation des services ferroviaires régionaux de voyageurs dans 2 Régions : Hauts de France et Grand Est. Le groupe RATP sera actionnaire à 55% et Getlink à 45%. Le choix de se limiter - pour l'instant ? - à ces Régions s'appuie sur le positionnement préexistant de Getlink, évidemment très implanté en Hauts de France avec son activité principale, mais aussi dans l'Est avec sa filiale Europorte. La nouvelle entreprise devrait demander sa propre licence d'opérateur auprès de l'EPSF.

Ce qui est à souligner dans cette décision, c'est la double casquette de Getlink : sous la bannière Europorte, on voit évidemment l'opérateur fret, mais la maison mère, avec le tunnel sous la Manche, est à la fois opérateur et gestionnaire d'infrastructures. Quant à RATP Dev, les expériences ferroviaires en Afrique du Sud et en Italie viendront probablement atténuer l'image très parisienne de l'entreprise, qui, dans le domaine du transport urbain, se place dans les appels d'offres de nombreux réseaux d'agglomérations de taille moyenne.

L'ouverture du marché intérieur se prépare. Le compte à rebours a commencé et les compétiteurs s'organisent. De son côté, SNCF Mobilités essaie de redorer son image auprès des Régions en affichant des résultats de production à la hausse, avec moins de trains supprimés et une ponctualité améliorée. Elle mise aussi sur la nouvelle offre en Normandie à partir de la mi-décembre pour en faire une vitrine. Entre des challengers qui peuvent avoir de l'appétit et un opérateur historique qui commence - un peu tardivement - à comprendre ce qu'implique la fin de son monopole, l'année 2020 promet d'être intense... Enfin, n'oublions pas SNCF Réseau car l'arrivée de nouveaux opérateurs va profondément impacter son activité : d'abord sur les travaux, avec des clients probablement un peu moins conciliants face aux plages travaux à rallonge (surtout quand leur justification reste soumise à débat), et sur l'arbitrage capacitaire entre demandes de sillons incompatibles. Muée en Autorité de Régulation des Transports, depuis qu'on lui a confié aussi la responsabilité du secteur aérien, l'ex-ARAFER devenue ART aura elle aussi du pain sur la planche !

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19 novembre 2019

A propos de camions et autres convois exceptionnels

L'effondrement hier du pont routier suspendu à Mirepoix sur Tarn semble provenir, d'après les premiers éléments de l'enquête (et ce qui a été retrouvé dans le lit du Tarn...) de la circulation d'un convoi dépassant largement les 40 tonnes (était-il déclaré comme exceptionnel ?), sur un ouvrage n'admettant que des véhicules d'une poids total en charge de 19 tonnes maximum.

Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec l'accident survenu entre Reims et Charleville-Mézières par un point commun assez flagrant : dans les deux cas, les itinéraires où ont eu lieu ces événements étaient interdits aux convois exceptionnels.

A Mirepoix, si le pont a 85 ans, il était régulièrement inspecté et il n'y avait manifestement pas de défaut de maintenance de l'ouvrage. Il y a un mois, la collision entre un TER et un convoi exceptionnel avait, comme d'habitude, dérivé sur des suspicions du côté ferroviaire alors que la cause réelle de l'accident était bien la circulation sur cette route d'un véhicule routier interdit !

Il semblerait donc qu'un certain relâchement se fasse jour dans le respect de la réglementation routière sur les convois exceptionnels. Ces circulations sont en principe soumises à arrêté préfectoral et doivent emprunter les itinéraires prévus à cet effet. Mais certains sont manifestement tentés de prendre des raccourcis pour gagner du temps, en se fiant à des applications d'itinéraires ou à leur connaissance du réseau routier local. La belle affaire !

14 novembre 2019

Belfort - Delle : les raisons d'un échec qu'on espère temporaire...

Bientôt le premier anniversaire pour la réouverture de la ligne Belfort - Delle. Heureuse éclaircie dans une conjoncture plutôt faite d'incertitudes sur la consistance du réseau ferroviaire, elle est néanmoins sujette à de nombreuses critiques, pas totalement infondées, du fait de sa fréquentation... confidentielle. Pourtant, la desserte n'est pas négligeable et la mise en correspondance des TER et des TGV est de prime abord prometteuse, même s'il faut bien avouer que la LGV Rhin-Rhône n'est pas la plus fréquentée.

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Belfort-Montbéliard TGV - 19 septembre 2019 - Pas grand monde sur le quai de la ligne Belfort - Delle, situé juste devant le bâtiment de la gare nouvelle. Il faudra probablement élargir l'aire de desserte en amenant des trains venant d'Epinal pour capter une clientèle plus importante et proposer une nouvelle liaison entre le sud de la Lorraine et l'axe Rhin-Rhône. © J.J. Socrate

Et pourtant donc, ça ne marche pas. Alors, à transportrail, on mène l'enquête. Et finalement, tout s'explique... ou presque : entre la qualité très inégale des correspondances TGV d'une part et un périmètre de desserte côté français des plus limité, il est évident qu'il y a matière à faire mieux plutôt que de considérer que cette ligne ne marchera jamais.

8 novembre 2019

ÖBB, le petit opérateur qui monte...

Vous allez dire qu'on ne se casse pas trop la tête. Mais comme tout est dit dans cet article de l'excellent site Mediarail, nous avons juste à vous le mettre en lien. Juste quand même un petit point à souligner : les trains de nuit transportent 3% des voyageurs longue distance des ÖBB mais génèrent 20% des recettes des grandes lignes... A méditer !

7 novembre 2019

LOM : le Sénat n'a pas voté, faute de financements clarifiés

Recourant à la procédure de la question préalable, le Sénat a esquivé le vote en deuxième lecture du projet de Loi d'Orientation sur les Mobilités, considérant que si les amendements d'ordre techniques avaient bien été intégrés dans le texte, la question de fond sur le financement des mesures contenues dans le texte restait son principal défaut. Une très large majorité transpartisane s'étant dégagée pour l'adopter, le texte est donc reparti tel quel à l'Assemblée Nationale où il devrait être adopté le 19 novembre prochain. Il restera ensuite à rédiger les décrets d'application.

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6 novembre 2019

Train des primeurs : une certaine confusion

Difficile d'y voir clair dans les annonces à propos du train des primeurs Perpignan - Rungis. Illustration du « en même temps » ferroviaire, le gouvernement annonce d'une part un programme de rénovation de 40 des 80 wagons de transport frigorifique, dont le préfinancement serait avancé par SNCF Mobilités, et d'autre part la création d'une liaison par transport combiné assurée par Novatrans, entre Perpignan et Valenton... en attendant que le site de Rungis puisse accueillir de tels trains.

La solution par transport combiné présenterait l'avantage de pouvoir être chargée aussi au retour, ce qui est aujourd'hui le handicap de la formule par wagons frigorifiques. En revanche, l'horaire dont il semble question (départ de Perpignan Saint Charles vers 16h30 pour une arrivée à Valenton vers 6h15) ne semble pas susciter l'enthousiasme, d'autant qu'il restera encore près de 15 km à assurer par la route entre Valenton et Rungis. Trop tard pour livrer Rungis... Cependant, la solution par caisses mobiles semble techniquement assez pertinente et l'aménagement d'un terminal combiné à Rungis pourrait être intéressante si on envisageait d'autres relations depuis les principaux territoires de production maraichère.

 

6 novembre 2019

Flirt et Kiss : deux dossiers mis à jour

Cela ne fait pas de mal : transportrail a mis à jour de deux dossiers consacrés aux automotrices de Stadler, le Flirt et le Kiss, apparus d'abord sur les seules voies ferrées suisses, mais qui ont remporté depuis une décennie quelques succès à l'exportation. En particulier, le Flirt a même été décliné dans des versions adaptées aux liaisons intervilles : ce fut d'abord le cas du Leo Express et plus récemment du SOB suisse.

Le Flirt sera au passage l'une des vettes du grand événement qui se prépare dans un peu plus d'un mois du côté de Genève avec la mise en service de Léman Express, le RER franco-genevois, dont nous reparlerons évidemment en prélude à cette inauguration.

5 novembre 2019

Arc languedocien : un cas de vulnérabilité du réseau

L'exploitation ferroviaire a été interrompue sur l'arc languedocien, entre Béziers et Sète pour les TER, entre Montpellier et Narbonne pour les TGV et TET, après l'épisode cévenol de la semaine du 21 octobre. L'infrastructure a été en plusieurs points emportée par des précipitations importantes après une longue période sèche et plusieurs fois caniculaire : le rétablissement complet est prévu au début du mois de décembre. Une coupure d'une telle durée sur un axe principal est assez inédite sur le réseau ferroviaire français et pose plusieurs questions.

D'abord, celle de la vulnérabilité du réseau face à de tels événements. La plaine littorale a été considérablement urbanisée, souvent en zone inondable, amplifiant les effets de ces précipitations très courantes en début d'automne et dont les effets sont parfois dévastateurs. La voie ferrée se joue du cordon littoral, entre Montpellier et Sète, le long de l'étang de Thau, puis au sud de Narbonne. La plaine biterroise est une zone sensible, avec la vallée de l'Orb, et c'est précisément dans ce secteur que les dégâts ferroviaires sont les plus conséquents.

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Béziers - 28 février 2019 - L'Orb fait partie de ces cours d'eau dont les crues peuvent aussi soudaines que violentes. Ce cours d'eau vient une nouvelle fois prouver les fragilités du réseau ferroviaire face à des événements météorologiques qui sont certes ponctuels, mais dont la fréquence est malgré tout relativement importante. © R. Behrborm

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Leucate - 28 février 2019 - Plus au sud, la voie ferrée longe le trait de côte. L'impact d'un élévation du niveau de la mer doit être étudiée car c'est une hypothèse qui ne peut plus être considérée comme irréaliste. © R. Behrborm

Elle interroge ensuite la capacité à proposer des alternatives : les voyageurs pris au dépourvu, comme les équipes de la SNCF, ont critiqué l'opérateur pour le faible nombre d'autocars, mais il est évident qu'on ne trouve pas 500 véhicules de 50 places d'un claquement de doigt. Evidemment, Flixbus, Blablabus et les offres de covoiturage ont été prises d'assaut, avec des tarifs à la hausse, rejoignant ceux du train. Du côté de la SNCF, la mise en place d'un plan de transport alternatif n'est pas évidente, surtout avec le conflit local à l'atelier TGV de Châtillon, bloquant fortement les possibilités de liaisons via Bordeaux. Il aura fallu près de 2 semaines pour que le train de nuit Paris - Cerbère, qui transite via Limoges, Toulouse et Narbonne, soit rendu quotidien pour permettre une continuité ferroviaire nord-sud. Un retour en grâce temporaire, mais qui illustre la complémentarité des offres.

La transversale Bordeaux - Marseille est évidemment impossible à assurer de bout en bout et l'alternative consiste soit à passer par Paris, soit à effectuer une partie du trajet par autocar entre Narbonne et Montpellier... avec tous les aléas que cela comporte. Dans le cas présent, une liaison Bordeaux - Lyon n'aurait été que d'un faible intérêt, compte tenu du temps de parcours de l'ordre de 7 heures sur cette seule section. Quant à l'axe POLT, avec la multiplication des travaux de renouvellement, la réserve capacitaire est assez inégale selon les jours, en particulier entre la semaine et le week-end.

Sur le plan politique, cette interruption donne un argument de plus aux partisans de la réalisation de la ligne nouvelle Montpellier - Perpignan. Mais, comme ce fut le cas cet été après l'interception de la ligne de la Maurienne pour des raisons comparables, la ficelle semble un peu grosse : est-on certain que la ligne nouvelle n'aurait pas été elle aussi touchée par les intermpéries ?

Et puisqu'on parle de cette ligne nouvelle, il faut peut-être aussi voir plus loin. Ce phénomène conjoncturel pourrait être de nature à reposer certaines questions :

  • sur le maillage entre cette infrastructure à créer et le réseau exisant, avec en tête des préoccupations, la gare nouvelle de Béziers, connectée à l'autoroute... mais pas à la voie ferrée classique, et dans la foulée, sur celle de Narbonne, placée en aval de la bifurcation rejoignant la ligne classique vers Toulouse ;
  • sur le devenir de certaines sections du réseau actuel, dont la vulnérabilité aux effets des évolutions climatiques est assez nette, notamment les sections les plus proches de la mer et surtout de quasi plain-pied : LNMP ne résout en rien la question de la desserte de Sète et de Agde, qui demeure liée à la ligne existante et à la section comprise entre l'étang de Thau et la mer Méditerranée. Indépendamment du devenir de LNMP, il faudra bien se résoudre à plancher sur la protection de la ligne existante entre Montpellier et Béziers ;
  • sur les stratégies modales et d'usage de ces infrastructures, qui ne doivent pas être conçues à travers le seul prisme parisien mais dans une optique plus large : même avec une continuité de lignes rapides ou à grande vitesse de Paris jusqu'en Espagne, le trajet diurne Paris - Barcelone en 5h45 sera moyennement attractif, et donc de nature à privilégier une offre par trains de nuit. En revanche, pour Lyon, Genève, Marseille, Toulouse et l'arc languedocien, les connexions vers l'Espagne seraient sensiblement améliorées à condition de prévoir un haut niveau de connexion aux lignes existantes pour la desserte des villes du littoral. Bref, sortir d'un parisiano-centrisme serait plutôt favorable à LNMP... dont il ne faut pas non plus négliger l'intérêt pour le transport de marchandises, si une convergence européenne pour un report modal de grande ampleur passait du discours aux actes. La pénurie actuelle de chauffeurs de poids-lourds est un signal intéressant mais qui pour l'instant semble bien peu perçu...
2 novembre 2019

Perpignan - Villefranche de Conflent : des trains en mars ?

Enfin. La justice a rendu à SNCF Réseau l'infrastructure entre Perpignan et Villefranche de Conflent, qui va maintenant pouvoir procéder aux travaux - conséquents - pour que les trains puissent à nouveau circuler. En deux ans, les installations se sont notoirement dégradées et la végétation a bien poussé comme nous le montrions récemment.

De son côté, la Région Occitanie a accordé 1 M€ pour procéder à quelques travaux de court terme sur la ligne. Elle souhaite une refonte de la desserte mais à court terme, il semble difficile de procéder à des évolutions significatives. Qui plus est, le schéma de desserte du territoire devrait être entièrement repensé, en faisant du train l'épine dorsale de l'offre dans la vallée du Têt, et en organisant les autocars en rabattement. D'ailleurs, le pôle d'échanges de Prades constitue un des maillons de cette stratégie.

Avec un temps de parcours potentiel de 48 à 51 minutes avec 8 arrêts intermédiaires, une seule rame pourrait assurer une trame de base cadencée aux 2 heures, avec une exploitation en navette. Cependant, le schéma préexistant s'approchait d'une fréquence horaire sur les heures de pointes et qu'il faut maintenir... voire même de généraliser car le trafic routier sur la RN116 est important : 10 000 au comptage de Ria, entre Villefranche de Conflent et Prades, près de 16 000 à celui de Bouleternère, à l'ouest d'Ile sur Têt et 22 000 à Saint Féliou.

Il faudrait alors 2 rames et un point de croisement... au bon endroit. A première vue, ce n'est pas le cas : celui d'Ile sur Têt comme celui de Prades, qui a été déposé, semblent tous les deux trop proches des terminus. Il faudrait aussi abandonner le cantonnement téléphonique assisté par ordinateur et signaliser la partie aval de la ligne, entre Perpignan et le point de croisement, le reste étant géré sous le régime de la navette.

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Au passage, si on examine le tracé, la section Perpignan - Prades, apte en principe à 100 km/h, pourrait admettre des vitesses plus élevées, mais le gain de temps serait relativement modeste compte tenu d'arrêts relativements rapprochés.

De la sorte, il serait possible d'améliorer significativement les correspondances avec le Train Jaune et de pouvoir organiser une complémentarité entre la ligne de la basse vallée et celle de la haute vallée, sachant que la cité de Villefranche de Conflent mérite aussi qu'on s'y arrête pour son patrimoine touristique... Bref, le train au service des territoires !

31 octobre 2019

Madrid : réouverture en vue du tunnel de Recoletos

Si, en Ile de France, le RER A a connu 4 étés d'interception du trafic sur le tronçon central, le tunnel madrilène de Recoletos, le premier ouvrage reliant les gares de Chamartin et d'Atocha, a quant à lui été fermé en juin dernier pour renouveler l'ensemble de la voie, de la caténaire, de la signalisation et rénover les gares.

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Madrid Recoletos - 17 février 2013 - Avec l'ouverture du deuxième tunnel Chamartin - Atocha, le tunnel de Recoletos est moins intensément utilisé. L'interception a duré 4 mois pour la remise à neuf des 7 kilomètres du parcours. © transportrail

Mis en service en 1967 après des travaux qui se sont étalés sur plus de 30 ans, il accueille 250 trains par jour, essentiellement des Cercanias, l'ouvrage dispose désormais d'une voie sur dalle, d'un modèle différent de celle adoptée sur le tunnel plus récent via la plaza del Sol, puisqu'elle n'est pas accessible aux véhicules routiers de secours. La caténaire 3000 V a été remplacée par un profilé aérien de contact plus fiable. Enfin, le trafic est désormais géré par ERTMS comme le second tunnel. Ces opérations représentent 432 M€ d'investissement s'inscrivant dans le plan de modernisation des Cercanias.

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