La SNCF planche sur le devenir des dessertes TGV
"Majorer - Minorer - Encadrer" : telle pourrait être la synthèse des trois scénarios d'avenir pour le TGV. La SNCF voit la marge opérationnelle réalisée sur les liaisons à grande vitesse fondre depuis plusieurs années, du fait de plusieurs facteurs : la hausse des coûts d'exploitation, péages inclus, du fait de la réalité des coûts de maintenance des lignes à grande vitesse, la stagnation voire la diminution du trafic, par la conjoncture économique et par la plus forte sensibilité des clients au prix, mais aussi la simple illustration du principe de la rentabilité décroissante des lignes.
Perdant environ 10 à 11 % par an, le taux de la marge opérationnelle du TGV a poussé la direction de la SNCF à se pencher sur les solutions possibles pour enrayer cette situation.
Deux scénarios extrêmes ont été étudiés : le premier consiste à faire du volume, c'est à dire à utiliser à plein régime la totalité de la flotte TGV et attirer le trafic par une politique tarifaire plus basse. Ce scénario suppose toutefois l'acceptation de coûts d'exploitation supplémentaires, du fait de l'offre créée, de l'ordre de 400 M€ annuels. Il supposerait aussi d'augmenter la capacité du réseau, en ligne et dans les gares de correspondances. Le risque serait d'avoir trop de TGV en circulation avec un faible taux de remplissage.
Le second scénario consiste à l'inverse à contracter l'offre sur les seules liaisons principales en limitant le nombre de villes desservies à 40 au lieu de 180 actuellement. C'est un peu la version moderne du plan Guillomat. Les TGV ne circuleraient que sur les lignes à grande vitesse et les sections terminales "immédiates" pour accéder aux grandes villes : au-delà, correspondance sur des Intercités ou des TER. Ce scénario limiterait le besoin de parc aux seules rames Duplex. La SNCF ne ferait plus usage de la LGV Rhin-Rhône, mise en service en 2011, ce qui montre la rudesse de ce scénario, mais aussi sa très faible probabilité. Il impliquerait aussi de réaménager nombre de gares pour assurer les terminus et les correspondances. Le coût de cette orientation n'est pas connu mais il pourrait lui aussi se chiffrer en centaines de millions d'euros. Assurément un repoussoir - on imagine déjà la fronde des élus locaux et le scandale financier d'une LGV désertée par l'opérateur - mais aussi le moyen de faire prendre conscience de la nécessité d'arbitrer.
Car le troisième scénario, au fil de l'eau, consiste à poursuivre la politique actuelle et à chercher des gains de productivité en capitalisant sur les expériences menées par IDTGV et Ouigo, avec une globale stagnation de l'offre, même si des suppressions ne sont pas à exclure, comme les 8 sillons disparus de la LN1 en décembre dernier, afin d'éliminer des TGV pas assez remplis. Assurément, le scénario le plus probable, du moins à court terme, même s'il ne traite pas les questions de fond du modèle économique du TGV et des conséquences des commandes politiques aboutissant à un sureffectif estimé à 150 rames.