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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
3 avril 2014

Les défis du nouveau ministère

Propulsée Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie par Manuel Valls prenant ses quartiers à Matignon, Ségolène Royal devrait être flanquée mardi d'un Secrétaire d'Etat aux transports qui aura fort à faire.

L'écotaxe, c'est pour quand ?

Le bilan des deux années écoulées n'est guère fameux puisque dominé par l'échec retentissant de l'écotaxe suite aux manifestations en Bretagne, territoire privilégié puisque bénéficiant d'autoroutes gratuites. Le recul du gouvernement a été particulièrement douloureux pour le réseau ferroviaire français, puisque l'AFITTF a été privée de 800 M€ de recettes, qui étaient principalement destinées à maintenir l'effort de rénovation des infrastructures. La reculade - pathétique - d'un gouvernement tétanisé à l'idée de prendre une décision ferme, a conduit RFF à rogner sur des investissements et à accroître sa dette.

Décidée au plan national, une régionalisation de l'écotaxe, dans le cadre d'une nouvelle étape de décentralisation - dont on parle un peu mais qu'on ne voit pas avancer significativement - aurait probablement permis d'être un peu plus incitative, en rognant les dotations de fonctionnement des Régions qui ne montreraient réticentes par électoralisme primaire, avec en contrepartie l'affectation directe d'une recette bénéficiant aux infrastructures ferroviaires. Reste que dans ce schéma, la légitimité du caractère national de nombre de lignes ferroviaires, où ne circulent que des TER ,et de surcroît si leur rénovation incombait à des fonds régionaux (c'est déjà globalement le cas) pourrait être questionnée.

Marteler la priorité au réseau existant

Le nouveau duo ministériel aura donc fort à faire pour faire oublier cette tragicomédie politique de l'écotaxe, tout comme les louvoiements sur les conclusions du rapport Mobilités 21 : on avait vu Frédéric Cuvillier aller rassurer nombre d'élus locaux inquiets de l'abandon de "leur" projet de TGV, en dépit de leur intérêt éminemment disctuable dans le contexte de manque de ressources et d'obsolescence du réseau existant. Il ne suffit pas de proclamer que la modernisation du réseau existant est la priorité : il faut la concrétiser.

L'urgence est telle que les élus admettent qu'il faudra employer les grands moyens et interrompre durablement le service pour rénover l'ensemble des composants d'une infrastructure (assise, voie, alimentation, signalisation, ouvrages). Le spectre des fermetures massives de ligne doit être éviter, même s'il ne faudra probablement pas se battre pour quelques lignes de ci de là qui semblent aujourd'hui des causes perdues. Les Plans Rail ont montré le chemin et on ne pourra jamais assez souligner le courage politique de Midi-Pyrénées... même si en retour, le monde ferroviaire ne lui est guère reconnaissant en ne facilitant pas l'optimisation de l'usage de ces nouvelles infrastructures ! Enfin, le rythme des réouvertures doit être maintenu, notamment dans les bassins urbains et sur certaines liaisons intervilles (on pensera par exemple à Chartres - Orléans).

La réforme ferroviaire : et le client dans tout ça ?

Quant à la réforme ferroviaire, la première lecture est prévue à l'Assemblée Nationale le 16 juin prochain soit 3 semaines après des élections européennes qui pourraient a minima reproduire la tendance des municipales. Rendue tellement politiquement correcte - "on revient comme avant" - pour ne pas faire poser les sacoches à la SNCF, nombre de questions pas vraiment arbitrées et d'orientations ambiguës interrogent sur la réelle capacité de cette réforme à rendre plus simple et plus efficace un système ferroviaire français caractérisé par des coûts élevés d'autant moins acceptables que les ressources sont rares, des besoins colossaux et surtout la nécessité d'insuffler une nouvelle dynamique pour moderniser non seulement l'infrastructure mais surtout proposer un service décent à celui qui a été trop souvent mis de côté dans les débats : le client !

Les voyageurs veulent savoir si leur train circulera de façon plus ponctuelle et si les employés du chemin de fer - peu importe leur étiquette - arrêteront de renvoyer la responsabilité sur l'autre. Les chargeurs attendent des sillons fiables, même s'ils admettent qu'avec la rénovation du réseau, ce ne sera pas chose facile. 

L'ouverture du marché ?

Et enfin, quid de l'ouverture du marché ferroviaire, plus que jamais seul véritable levier non pas d'éliminer la SNCF comme se plaisent à le dire les tenants acharnés d'un monopole intégriste, mais pour l'aiguillonner afin de se recentrer sur ses véritables missions à un coût acceptable pour les autorités organisatrices et in fine pour le contribuable, tantôt usager, tantôt électeur. La question n'est plus de savoir s'il faut ouvrir le marché : même les présidents de Régions l'ont admis. Il reste à savoir quand et selon quelles modalités.

Bref, le nouvel éxécutif a du pain sur la planche. Saura-t-il affronter les défis ?

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Commentaires
M
Contrairement aux Suisses la France n'a jamais eu de politique ferroviaire cohérente, en France on préfère la route et l'automobile. D'ailleurs la SNCF n'est t'elle pas le premier transporteur routier en France ? Tant que la tutelle ne sera pas pro ferroviaire on ne pourra pas espérer un développement du ferroviaire en France.
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T
Certes tout serait plus simple pour tout le monde si la SNCF était gérait comme une entreprise dynamique à la recherche de clients et de productivité et non comme une administration gérée de manière technocratique. Bref si elle était géré comme les CFF , personne ne songerait à demander la concurrence....qui est source de complication par ailleurs, j'en conviens<br /> <br /> <br /> <br /> Mais c'est quoi le plus important?Que le ferroviaire se développe ou que la SNCF reste en monopole sur le réseau en déclin?peut-on se résoudre à voir les couts de l'entreprise dériver tous les ans, le trafic fret s'effondrer, les grandes lignes pérécliter et les lignes les plus fragiles fermer.....c'est cela le modèle ferroviaire qu'on veut défendre?<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu'il faudrait aussi attérir....la concurrence permet l'innovation, l'imagination et la productivité...elle a fait ses preuves dans les télécom,le transport aérien, le transport urbain et le transport ferroviaire dans tous les pays européens....et même en France, c'est quand meme les compagnies privés qui ont construit 45000 km de voies ferré, pas la SNCF...<br /> <br /> La nationalisation de 1937 a été une erreur , faite pour de mauvaises raisons d'ailleurs (financer les lignes déficitaires par les lignes bénéficiaires), ce qui ne s'est jamais produit...la SNCF ayant elle même fermé 30% du réseau... A l'échelle de l'histoire, l'organisation actuelle du système ferroviaire français relève désormais plus de l'anachronisme que d'un "modèle" que personne de toute façon ne cherche à copier....<br /> <br /> J'ajoute qu'on a réussi pour l'instant à cumuler tous les inconvénients éventuels de la concurrence en désintégrant la SNCF avec ceux du monopole en empêchant d'autres opérateurs de proposer leurs services...
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S
Ce n'est pas moi qui fait cette comparaison, mais tattoin dans son post précédent prétend qu'il faut la concurrence, car cela marche dans tel et tel pays sur le modèle de la concession...(ce qui relèverait de la balkanisation) sachant que ce qui est proposé ici, c'est plusieurs opérateurs sur le même réseau, ce qui relèverait de l'absurdité élémentaire.<br /> <br /> <br /> <br /> La volonté technique fait défaut à l'opérateur ? Eh bien que l'Etat change sa direction : il en a le contrôle, non ? Ainsi, pour que les choses changent, l'Etat pourrait avoir la volonté d'introduire de nouveaux opérateurs (que par ailleurs il ne controlera pas) mais serait incapable de faire changer le sien... Vous ne trouvez pas qu'il y a là un problème démocratique évident ? A fortiori quand d'autres éléments montre que la volonté de cet Etat n'est pas particulièrement de favoriser le rail<br /> <br /> <br /> <br /> Les citoyens s'expriment majoritairement contre la "concurrence libre et non faussée" (et ça finira d'ailleurs mal de ne jamais l'écouter, on l'a vu aux dernières élections, et ça promet d'être joli aux prochaines européenes, la tromperie étant que c'est bien un parlement européen d'extreme droite qui pourra faire voter une concurrence intégriste totalement débridée).... mais pourtant, cela reste la position de l'Etat, et pour forcer la main des citoyens et les faire changer d'avis, organise la "non-volonté technique" de son opérateur de faire du ferroviaire de service public. <br /> <br /> <br /> <br /> La SNCF n'a PAS à être un opérateur de mobilité; c'est là encore un choix non-démocratique de l'Etat d'en arriver là. Ce n'est pas non plus d'aller empiéter sur les plates bandes d'opérateurs étranger. Son role devrait être de développer le service public ferroviaire en France, dans le cadre d'un monopole intégré de l'exploitation à l'infra, contrôlé par les usagers, l'Etat et les salariés (car un monopole ne peut pas être sans contrepartie), de coopérer avec les opérateurs étrangers, à la fois en terme de services internationaux et de diffusion (dans les 2 sens), des bonnes pratiques et techniques. Ce doit aussi être un opérateur qui mêt en pratique la GRATUITE des relations ferroviaires de proximité<br /> <br /> <br /> <br /> C'est à cette condition qu'il sera possible de développer le ferroviaire en France, de lancer un plan massif d'investissement à la fois dans la regénération du réseau existant et son amélioration, la rouveture de ligne, et la construction de Ligne Nouvelle, tant à Grande Vitesse, que de proximité là où le besoin le justifie. Cela ne se fera JAMAIS avec l'ampleur nécessaire dans le cadre d'un réseau privatisé ou balkanisé ou exploités par différents opérateurs privés, car cela reviendrait à subventionner les opérateurs sur une part indéterminé de leurs dividendes (car il est impossible de savoir à l'avance de façon suffisament fiable, les trafics sur une ligne, l'effet réseau, la part imputable à tel ou tel investissement etc...)<br /> <br /> <br /> <br /> Je trouve inoui de ne pas analyser cette manoeuvre, de la part de l'auteur d'un site par ailleurs particulièrement bien documenté sur les dossiers ferroviaires. <br /> <br /> Dernier point : pourquoi un tel acharnement des autorités à vouloir la concurrence ? Avec des arguments spécieux selon lequel c'est la seule solution pour développer le ferroviaire (et avoir organiser le dégout des autres solutions). Arrêtons de se cacher derrière le petit doigt : l'objectif est de sacrifier les conditions de travail des salariés du secteur, diminuer les salaires, augmenter les temps de travail, de ceux que la doxa dominante considère comme des privilégiés. <br /> <br /> Croit-on vraiment que c'est dans des conditions de désastre social qu'on fera la transition écologique de la société ? C'est tellement contradictoire que cela ne peut pas marcher.
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S
En PACA, la ligne Cannes-Grasse a bien été rouverte. Les CP mis à niveau. C'est une question de volonté des élus !<br /> <br /> <br /> <br /> Je note que vous approuvez le système intégré. Alors pourquoi vendre une "autre" concurrence ?<br /> <br /> Après c'est une question d'organisation du territoire et d'équité, et d'égalité... et in fine de République. Vous êtes en droit de la souhaiter balkanisée... Mais qui opérera un TGV Marseille Lille ?<br /> <br /> Le système que vous vantez a fait faillite en France en 1937...
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T
le bilan est vite fait....pendant qu'en Angleterre, en Allemagne, en Suisse le trafic fret et voyageur se développe, les lignes réouvrent , en France c'est l'inverse.....<br /> <br /> <br /> <br /> Après le système ferroviaire est intégré, c'est vrai mais c'est pas pour cela qu'on doit avoir une seule compagnie...On peut avoir de multiples compagnies intégrées qui se partagent le territoire comme en Angleterre, en Suisse et dans la plupart des pays Européens. C'est d'ailleurs comme cela que s'est construit le chemin de fer partout dans le monde.
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S
" La question n'est plus de savoir s'il faut ouvrir le marché : même les présidents de Régions l'ont admis."<br /> <br /> Les électeurs l'ont refusé en 2005... les électeurs doivent être des intégristes.<br /> <br /> Au fait, c'est pour quand un vrai bilan de la libéralisation ferroviaire depuis les 1eres directives rail de 1990 ?<br /> <br /> Tout le monde admet le caractère naturel du monopole concernant le réseau ferroviaire.<br /> <br /> Et tout le monde admet que séparer l'exploitation de la roue de l'infrastructure du rail.... fait dérailler le système.<br /> <br /> Alors, on invente quand les conditions d'un monopole qui fonctionne plutôt que l'intégrisme de la libéralisation ?
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T
Malheureusement c'est le plus probable....la continuité dans la regression du service et l'explosion des coûts...<br /> <br /> <br /> <br /> La position de l'Etat et des Régions vis à vis de la SNCF peut se résumer à cette formule de Clemenceau: "Peu importe que l'empire disparaisse, pourvu que les principes restent..."
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M
Bonsoir,<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce que le gouvernement est volontaire comme en Suisse pour développer le ferroviaire ? Non, il fera comme les précédents il préfère les routes et les autoroutes et que la SNCF développe les transports par autocar, d'ailleurs il ne connait rien au transport ferroviaire. Pour les élus le TGV est un jouet..<br /> <br /> <br /> <br /> A lire et à méditer : http://www.contrepoints.org/2013/09/11/138638-sncf-faire-detester-train
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