Officiellement, depuis le 15 mars dernier, le trafic ferroviaire peut reprendre sur la section Serqueux - Gisors, après l'achèvement des travaux de la seconde phase du projet de modernisation, maillon de la constitution d'un itinéraire bis entre le port du Havre et la région parisienne. La ligne est désormais électrifiée en 25 kV, équipée en ERTMS niveau 1 (en plus du BAPR) et le raccordement sud de Serqueux a été reconstruit pour supprimer le rebroussement de trains dans ce nouveau rôle dévolu à cette section. Une opération d'un coût de 246 M€ financée à 90 M€ par l'Etat, 90 M€ par la Région Normandie et 66 M€ par l'Union Européenne.
La capacité pour le fret est estimée à 25 trains par jour, sachant qu'il faut tenir compte des capacités disponibles entre Le Havre et Motteville, puis entre Monterrolier et Serqueux et évidemment entre Gisors et la Grande Ceinture, récupérée au Val d'Argenteuil, moyennant un transit pas des plus faciles sur le groupe VI entre Pontoise, Conflans Saint Honorine et Val d'Argenteuil. Ajoutez à cela une fronde des élus et riverains du Val d'Oise du fait de l'augmentation du trafic et surtout des nuisances sonores puisqu'une partie du trafic fret circulera la nuit : manifestement, quand le fret passe par les autoroutes et voies rapides franciliennes (y compris dans le Val d'Oise), cela ne dérange pas grand monde...
Pour le trafic voyageurs, la fin de la modernisation de la ligne ne semble pas changer la donne et c'est un peu dommage. Le retour des circulations voyageurs a eu lieu le 29 mars avec 4 allers-retours Serqueux - Gisors... comme avant et qui n'ont guère d'intérêt. Le service reste majoritairement routier avec 6 allers-retours par jour en semaine et 5 le week-end, où aucun train ne circule. Bref, une desserte symbolique. Qui plus est, manque la desserte de Forges les Eaux...
Il faudrait donc regarder un peu plus loin. La restauration du raccordement sud est de nature à faciliter la création d'une liaison directe depuis Gisors vers Rouen, sachant que la desserte de Serqueux peut être assurée par les trains Rouen - Amiens. Le point sensible serait l'insertion dans le noeud de Rouen et plus particulièrement en gare. 36 minutes de Rouen à Serqueux et 38 minutes de Serqueux à Gisors donneraient une relation en 1h10 à 1h15, d'une performance équivalente au temps de parcours routier.
Un prolongement à Pontoise amènerait à une liaison en 1h50 à 2 heures (selon la politique d'arrêt), soit entre 15 et 20 minutes de plus qu'un trajet routier, mais le sujet le plus complexe serait la réception d'un train régional avec un matériel à plancher bas dans une gare dont les voies sont très spécialisées entre les différentes lignes (C, H, J) avec un fort rôle de terminus (voir le dossier de transportparis sur ce sujet).
En revanche, la configuration retenue à Serqueux pour accéder au raccordement direct est pour le moins déroutante, puisqu'il est accessible à chaque extrémité (côté Rouen et côté Gisors) par un tronc commun à voie unique de 350 m, alors que le raccordement en lui-même est à double voie : 2 aiguillages et 2 traversées obliques économisées... pour une configuration qui n'est évidemment pas optimale pour le débit. Ou alors, il fallait réaliser le raccordement à voie unique ?