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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
25 février 2021

Loi Climat : un texte décevant

Le moins que l'on puisse dire, c'est que, communication gouvernementale mise à part, le projet de loi Climat ne suscite guère d'enthousiasme. Ce n'est pas seulement l'avis de mouvements associatifs ou de membres de la Convention Citoyenne, mais c'est d'abord celui du Haut Conseil pour le Climat : le projet de loi est jugé trop limité dans ses actions et dans les délais de mise en oeuvre. Il ne permet pas de respecter l'engagement de la France de réduire en 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport au niveau de 1990. Bref, les objectifs de l'accord de Paris ne sont pas respectés : à vrai dire, ce n'est pas une surprise !

Cette mise en garde du HCC intervient alors que l'Etat a été reconnu responsable dans l'insuffisance de la lutte contre la pollution. Autant dire que pour étoffer le bilan écologique de ce quinquennat, il va falloir accélérer.

La FNAUT juge elle aussi ce projet trop édulcoré dans ses ambitions et trop conservateur sous certains aspects : ainsi, le texte conforte le primat du transport individuel, avec en tête d'affiche la voiture électrique mais aussi l'essor du vélo. En revanche, l'amélioration des transports en commun urbains et interurbains, épine dorsale d'un nouveau partage de la voirie dont bénéficieront aussi les piétons et les cyclistes, reste mal considérée dans ce texte et ne permet pas de donner un coup d'accélérateur : celui-ci serait d'ailleurs parfaitement compatible avec un soutien puissant à l'activité économique pour compenser les dégâts de la crise sanitaire.

Ainsi, l'Etat est très conservateur dans son hostilité à abaisser la TVA à 5,5% sur l'ensemble des transports en commun, comme l'a fait l'Allemagne il y a plusieurs mois. Il est particulièrement frileux sur le report du trafic aérien vers le train, en maintenant un seuil à 2h30 qui ne concerne que quelques liaisons où le TGV a de longue date pris une position dominante. Ne pas aligner le projet de loi sur une vision pragmatique est incompréhensible : le train est déjà le mode de transport dominant sur des trajets de 3 heures et même 3h30. Il serait donc assez cohérent de s'aligner sur ce seuil, concernant évidemment la plupart des liaisons au départ de Paris (Nice, Toulouse, Perpignan, Bayonne, Pau et Tarbes étant les principales exceptions), mais aussi des liaisons transversales (Lille - Lyon ou Strasbourg - Lyon).

Le projet de loi se focalise sur la création d'une nouvelle forme d'écotaxe, gérée à l'échelon régional, ce qui pourrait s'avérer assez délicat : ce serait rejeter la responsabilité du manque de ressources pour financer des projets de transports plus propres sur les Régions (à l'approche des élections régionales, c'est malin !) mais aussi un risque de pagaille si chaque Région décide de son propre système (les collectionneurs de vignettes, en manque de créativité sur leur pare-brise seront en revanche satisfaits).

Autre point que l'on peut souligner : l'objectif de division par 2 de l'artificialisation des sols est un premier pas, mais il est lui aussi timide car, pour les zones commerciales, une franchise a été établie, en-deçà de laquelle les promoteurs peuvent continuer leurs activités : elle correspond à environ 80% des cas d'extensions !

En revanche, les zones à faibles émissions seraient généralisées à partir de 2025 pour toute agglomération d'au moins 150 000 habitants : il faudra juger des moyens que ces collectivités mettront en oeuvre pour développer des solutions alternatives, notamment pour les transports en commun, mais on ne peut nier que ce projet tend à accroître le clivage entre les citadins d'une part, les rurbains ensuite (ces habitants de communes rurales qui travaillent en ville quitte à faire des grands trajets) et les ruraux enfin (ceux qui vivent hors des grands centres urbains... mais qui en sont de plus en plus dépendants).

Voir également le dossier de transporturbain Urbanisme, déplacements et choix modaux.

Reste donc à voir quelles améliorations seront proposées par le Parlement... et celles qui seront acceptées par le gouvernement. Mais après une LOM assez timorée, critiquée par le HCC, la loi Climat ne semble pas sur les bons rails...

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Commentaires
O
Chose intéressante : dans les personnalités invitées par la CCC, avez-vous vu des professionnels du transport public ? de la logistique ?<br /> <br /> <br /> <br /> En regardant sur le site de la CCC, on trouve le patron d'ADP dans la 1ère séance et celui de Fret SNCF à la 5ème. Et c'est tout. Personne du GART, de l'UTP, de SNCF Voyages, de la RATP, de Transdev, de Keolis etc... Personne de l'AFRA.<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/intervenants/<br /> <br /> <br /> <br /> C'est curieux... mais très révélateur de l'orientation qui a été donnée ! Dans l'atelier sur les déplacements, on avait un chercheur, le patron du conseil de surveillance de PSA (OK, Louis Gallois a aussi présidé la SNCF), une gilet jaune et le rapporteur de l'avant-projet de la LOM.
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B
J'ai lu l'analyse de Carbone4 et concernant les transports, ils mettent clairement en évidence que le compte n'y est pas sur les transports. <br /> <br /> Au passage, ils critiquent la faible ambition de part modale vélo que l'État s'est donné pour objectif. Par comparaison avec les autres pays européens, ils considèrent qu'il y a du potentiel à faire plus, avec un fort gain en terme d'effet de serre (le vélo est à quasi 0g CO2/km).
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B
Vouloir parler d' écologie, sans aborder les transports collectifs, c' est pitoyable ! Et, en même temps, cela ne me surprends pas : fin 2018, peu avant les Gilets Jaunes, il y avait déjà eu des débats pour "plus d' écologie" en France................et quasiment aucun des intervenants (EELV compris) n' évoquait les transports - par contre, la voiture électrique, les vélos................et repas végétarien (quel rapport ?), là ça y allait !
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