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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
sncf
28 avril 2014

TER : contrôleur systématique ou ponctuel ?

Ce fut le feuilleton ferroviaire de la semaine écoulée : l'annonce par deux radios de l'intention de la SNCF de supprimer les contrôleurs - officiellement les Agents du Service Commercial Trains - dans tous les TER comme c'est le cas sur les lignes de banlieue parisienne.

Sans attendre, les organisations syndicales ont plaidé l'atteinte au service public, la sécurité, l'emploi et l'intérêt des usagers. Rien de bien nouveau dans le discours. Certaines sont même allées jusqu'à souligner que la suppression des contrôleurs dans les trains de banlieue a entrainé l'apparition de vols en réunion et la surcharge des trains. Il convient tout de même de préciser que dans 99,9% des cas, le voyage à bord d'un RER ou d'un train Transilien s'effectue sans le moindre problème pour les voyageurs et que la saturation du réseau est un phénomène complètement indépendant de la présence ou non d'agents commerciaux. De l'art des grandes confusions...

La SNCF se défend en rectifiant les propos de la presse : il s'agit d'abord de permettre le départ d'un train quand l'ASCT est absent de façon inopinée ou programmée (mouvement social catégoriel). Pour une fois, la SNCF se soucie de ses clients - c'est suffisamment rare pour être souligné - et prend en compte le fait que les Régions ont permis d'équiper progressivement le parc TER pour la conduite à agent seul.

Celle-ci pourrait être appliquée sur des lignes régionales afin d'abaisser la facture imputée aux Régions : si des RER circulent sans problèmes avec 2500 personnes à bord et le seul agent de conduite, pourquoi ne serait-ce pas possible avec un TER transportant 100 à 200 personnes à bord ?

Il existe quelques raisons parfaitement recevables : les procédures lors d'un arrêt en pleine voie ne sont pas identiques. Ecart de trafic aidant, les infrastructures ne sont pas équipées de la même façon et la présence d'un second agent apparaît nécessaire sur des lignes régionales à trafic moyen ou faible. L'exploitation à agent seul impliquerait donc la mise en place de systèmes de communication et de protection des circulations plus évoluées que les dispostifs actuels.

En revanche, on sera plus précis quant au rôle réel de l'ASCT dans les TER. Sur les liaisons de type intervilles, où une part significative de voyageurs est en correspondance avec des trains nationaux, l'ASCT constitue un service à bord, notamment pour l'assurance de la correspondance et, inversement, la prise en charge de la suite du trajet en cas de perturbation. Sur les liaisons rurales ou périurbaines, le trafic est essentiellement fait d'abonnés, salariés ou scolaires, pour lesquels les attentes sont différentes et plus proches de celles d'une exploitation urbaine, d'autant que sur des dessertes à arrêt fréquent, l'agent ne peut pas repasser dans tout le train entre deux gares parfois séparées d'à peine un kilomètre.

Reste que pour valoriser le rôle des ASCT dans tous les trains, encore faudrait-il faire disparaître des comportements peu compatibles avec la notion de service public derrière laquelle un certain nombre se retranche un peu trop facilement : le taux de non contrôle dans les TGV augmente. A bord des TER, il est très disparate selon les Régions et selon les lignes : il est courant de voir l'agent lire le journal en cabine arrière. Autant de situations qui nuisent à l'image de la profession, y compris pour ceux qui font très correctement leur travail.

En Bourgogne sur les lignes du Morvan, le contrôle a été rendu mobile avec vente à bord des autorails X73500. Malheureusement, la SNCF ne parvient pas à concentrer les engins équipés à ces lignes et le personnel de contrôle est insuffisamment mobilisé. La Région Bourgogne déplore une hausse de la fraude. En Région Centre, l'évolution de l'offre sur Tours - Chinon avait été conditionné à la suppression du contrôleur permanent sur les X73500, mais avec des problèmes ponctuels avec certains lycéens de l'agglomération.

Hors de nos frontières, l'exploitation à agent seul existe, en Suisse et en Allemagne, notamment sur les liaisons régionales et de type RER. Les contrôles se font à l'improviste par des brigades mobiles comme sur les réseaux urbains. Le tarif des amendes est très dissuasif, ce qui n'est pas encore le cas en France, où de surcroît le taux de recouvrement des amendes reste insuffisant. Aux CFF, l'amende de base est de 90 CHF soit 73,5 €, passe à 130 € à la première récidive et à 160 à la troisième. Elle est de 35 € en France. Le travail d'intérêt général est alors peut être une solution (nettoyage, détagage, sensibilisation du jeune public...).

Sur certaines lignes  suisses "sensibles", l'agent commercial a été rétabli, au moins à certaines heures. Cependant, l'équipement des lignes pour la gestion des arrêts en pleine voie n'est pas celui des petites lignes françaises. Quant à la clientèle, il est courant d'entendre dire que le suisse moyen est un peu plus respectueux des règles que le français moyen : c'est un peu vrai... mais de moins en moins.

 

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22 avril 2014

La DB fait du low-cost ferroviaire... et en France ?

Alors que la SNCF met en avant ses autocars IDBUS dans le segment du transport low coast, oubliant qu'elle est d'abord une entreprise ferroviaire dont des centaines de voitures et de locomotives sont inutilisées, la DB a lancé le 15 avril sa première liaison ferroviaire à bas prix entre Berlin et Hambourg, sous la bannière DB Regio. Avec un billet à 19,90 €, elle propose une offre concurrentielle avec les opérateurs routiers, en comparaison des 78 € du billet de l'ICE. Le trajet dure un peu plus de 3 heures contre 1h45 en ICE.

Hamburg - Harbor - 14 avril 2014 - La rame de l'Interregio Express (IRE) Berlin - Hambourg surprise en acheminement avant son lancement commercial. La rame de DB Regio est formée de voitures Grandes Lignes déclassées et redécorées, et emmenée par une Taurus louée auprès de MRCE. © Torsten Bätge - Railcolor

En France, la SNCF se refuse à lancer des dessertes ferroviaires économiques sur des axes parallèles au TGV avec des trains Corail. Pourtant, les Intercités Paris Austerlitz - Tours rencontrent un succès croissant car envion 40% moins cher que les TGV et ne mettent que 45 minutes de plus (2h au lieu de 1h15), perte pouvant être neutralisée si les voyageurs vont dans l'est parisien en réduisant les parcours dans Paris.

Une desserte Paris - Lille avec un arrêt à Longueau ne serait pas dépourvue d'intérêt, en réponse aux récriminations de la Région Nord Pas de Calais sur le coût des billets de TGV. En 1976, la SNCF proposait des Paris - Lille en 2 heures avec arrêt à Arras et Douai.  Une composition allégée à 6 ou 7 voitures avec une BB22200 et un seul arrêt intermédiaire à Longueau pour la desserte de l'agglomération amiénoise devrait permettre de rester dans cette enveloppe malgré la tension accrue sur la capacité des complexes ferroviaires de Paris et de Lille. Un billet à tarif fixe de 15 ou 20 € aurait assurément du succès, même en heures creuses.

Sur Paris - Lyon, un service avec arrêt à Dijon aurait du sens : toujours en 1976, la SNCF affichait un temps de 3h45 environ sur le Mistral, dont la composition était bien plus lourde qu'une rame Corail de 7 voitures. La liaison Paris - Dijon serait proposée en 2h20 soit 40 min de plus que le TGV. Il  y aurait aussi un intérêt certain à proposer plus de trains directs Dijon - Lyon en 1h25 à 1h30.

D'autres liaisons pourraient être assurées de cette façon : on peut penser à Paris - Nantes (3h12 par la ligne classique avec arrêt au Mans et Angers en 1976), ou encore Paris - Rennes (3h), mais où la baisse du temps de trajet par la mise en service en 2017 de la LGV BPL pourrait réduire l'intérêt du fait d'un temps de parcours très supérieur au TGV... à moins que la conjoncture économique ne renforce la sensibilité au prix.

Il est temps de prendre conscience que la notion de prix devient déterminante dans le choix du mode de transport puisque le covoiturage devrait représenter cette année 10% du trafic national de la SNCF avec une prévision à 30% pour 2016 : dans ces conditions, l'économie des moyennes et longues distances ferroviaires pourrait s'en trouver bouleversée... et on comprend pourquoi la SNCF, qui n'est plus une compagnie ferroviaire mais un "opérateur de mobilité" a pris part dans blablacar, le premier site français d'offre de covoiturage. Un moyen d'afficher de bons résultats de groupe à défaut d'une efficacité dans le domaine historique qu'elle délaisse...

9 avril 2014

La SNCF tente l'apaisement avec les Régions

La SNCF tente d'apaiser les mouvements d'humeur de nombre de Présidents de conseils régionaux qui depuis plusieurs mois, haussent le ton sur la qualité de service de l'opérateur ferroviaire sur les TER et sur les factures sans cesse croissantes qui sont présentées, avec parfois des taux d'inflation à offre constante approchant les 9%.

Le nouveau directeur Proximités de la SNCF n'est autre que l'ancien Président de la Région Haute Normandie : une stratégie étonnante et un discours qui est martelé : "s'il y a quelques raisons de protester, il y a un bruit de fond injuste". Et la SNCF de jouer encore une fois l'autruche en se bornant à aligner des statistiques de régularité qui, pour la plupart, sont inférieures aux objectifs contractuels définis avec les Régions. Faut-il en outre rappeler que ces chiffres ne prennent pas en compte les trains qui n'ont pas circulé, représentant parfois jusqu'à 15% de l'offre journalière ?

Pour donner des signes positifs, la SNCF annonce une réorganisation de la maintenance de l'ensemble des flottes TER, afin d'augmenter la productivité des technicentres d'environ 12% en 5 ans, en tirant profit de l'expérience menée sur la mini-flotte TGV Ouigo, qui, à défaut d'augmenter la part de marché du rail, constitue un laboratoire d'évolution des méthodes de travail. Elle prépare également un renforcement net de l'autorité des directeurs TER dans chaque Région et une plus grande transparence des comptes, Région par Région... mais exclut de présenter des chiffres à la baisse malgré les efforts de productivité.

Enfin, la SNCF conteste toujours l'audit réalisé par la Région Lorraine qui concluait à 25 M€ de coûts non justifiés sur une facture annuelle de 165 M€...

Conclusion : des annonces sans surprise, destinées à réagir à chaud plutôt qu'à agir véritablement sur le fond : les suppressions de train, les compositions de train non respectées, la cause "exploitant" des retards, l'information des clients et la justification des coûts dans une période de forte tension budgétaire qui amènera à des coupes sombres si la SNCF ne se met pas au diapason des capacités financières des Régions qui constituent aujourd'hui sa principale source de bénéfices... un comble !

3 avril 2014

Les défis du nouveau ministère

Propulsée Ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie par Manuel Valls prenant ses quartiers à Matignon, Ségolène Royal devrait être flanquée mardi d'un Secrétaire d'Etat aux transports qui aura fort à faire.

L'écotaxe, c'est pour quand ?

Le bilan des deux années écoulées n'est guère fameux puisque dominé par l'échec retentissant de l'écotaxe suite aux manifestations en Bretagne, territoire privilégié puisque bénéficiant d'autoroutes gratuites. Le recul du gouvernement a été particulièrement douloureux pour le réseau ferroviaire français, puisque l'AFITTF a été privée de 800 M€ de recettes, qui étaient principalement destinées à maintenir l'effort de rénovation des infrastructures. La reculade - pathétique - d'un gouvernement tétanisé à l'idée de prendre une décision ferme, a conduit RFF à rogner sur des investissements et à accroître sa dette.

Décidée au plan national, une régionalisation de l'écotaxe, dans le cadre d'une nouvelle étape de décentralisation - dont on parle un peu mais qu'on ne voit pas avancer significativement - aurait probablement permis d'être un peu plus incitative, en rognant les dotations de fonctionnement des Régions qui ne montreraient réticentes par électoralisme primaire, avec en contrepartie l'affectation directe d'une recette bénéficiant aux infrastructures ferroviaires. Reste que dans ce schéma, la légitimité du caractère national de nombre de lignes ferroviaires, où ne circulent que des TER ,et de surcroît si leur rénovation incombait à des fonds régionaux (c'est déjà globalement le cas) pourrait être questionnée.

Marteler la priorité au réseau existant

Le nouveau duo ministériel aura donc fort à faire pour faire oublier cette tragicomédie politique de l'écotaxe, tout comme les louvoiements sur les conclusions du rapport Mobilités 21 : on avait vu Frédéric Cuvillier aller rassurer nombre d'élus locaux inquiets de l'abandon de "leur" projet de TGV, en dépit de leur intérêt éminemment disctuable dans le contexte de manque de ressources et d'obsolescence du réseau existant. Il ne suffit pas de proclamer que la modernisation du réseau existant est la priorité : il faut la concrétiser.

L'urgence est telle que les élus admettent qu'il faudra employer les grands moyens et interrompre durablement le service pour rénover l'ensemble des composants d'une infrastructure (assise, voie, alimentation, signalisation, ouvrages). Le spectre des fermetures massives de ligne doit être éviter, même s'il ne faudra probablement pas se battre pour quelques lignes de ci de là qui semblent aujourd'hui des causes perdues. Les Plans Rail ont montré le chemin et on ne pourra jamais assez souligner le courage politique de Midi-Pyrénées... même si en retour, le monde ferroviaire ne lui est guère reconnaissant en ne facilitant pas l'optimisation de l'usage de ces nouvelles infrastructures ! Enfin, le rythme des réouvertures doit être maintenu, notamment dans les bassins urbains et sur certaines liaisons intervilles (on pensera par exemple à Chartres - Orléans).

La réforme ferroviaire : et le client dans tout ça ?

Quant à la réforme ferroviaire, la première lecture est prévue à l'Assemblée Nationale le 16 juin prochain soit 3 semaines après des élections européennes qui pourraient a minima reproduire la tendance des municipales. Rendue tellement politiquement correcte - "on revient comme avant" - pour ne pas faire poser les sacoches à la SNCF, nombre de questions pas vraiment arbitrées et d'orientations ambiguës interrogent sur la réelle capacité de cette réforme à rendre plus simple et plus efficace un système ferroviaire français caractérisé par des coûts élevés d'autant moins acceptables que les ressources sont rares, des besoins colossaux et surtout la nécessité d'insuffler une nouvelle dynamique pour moderniser non seulement l'infrastructure mais surtout proposer un service décent à celui qui a été trop souvent mis de côté dans les débats : le client !

Les voyageurs veulent savoir si leur train circulera de façon plus ponctuelle et si les employés du chemin de fer - peu importe leur étiquette - arrêteront de renvoyer la responsabilité sur l'autre. Les chargeurs attendent des sillons fiables, même s'ils admettent qu'avec la rénovation du réseau, ce ne sera pas chose facile. 

L'ouverture du marché ?

Et enfin, quid de l'ouverture du marché ferroviaire, plus que jamais seul véritable levier non pas d'éliminer la SNCF comme se plaisent à le dire les tenants acharnés d'un monopole intégriste, mais pour l'aiguillonner afin de se recentrer sur ses véritables missions à un coût acceptable pour les autorités organisatrices et in fine pour le contribuable, tantôt usager, tantôt électeur. La question n'est plus de savoir s'il faut ouvrir le marché : même les présidents de Régions l'ont admis. Il reste à savoir quand et selon quelles modalités.

Bref, le nouvel éxécutif a du pain sur la planche. Saura-t-il affronter les défis ?

11 mars 2014

Régions : un manifeste pour le ferroviaire

L'Association des Régions de France a publié son manifeste pour le renouveau du système ferroviaire. Les autorités organisatrices se montrent prudentes sur la question de l'ouverture à la concurrence considérant qu'il ne faut rien modifier avant l'échéance de 2019. Néanmoins, dans Les Echos, son Président se montre extrêmement critique à l'égard du comportement de la SNCF.

Il souligne que les coûts d'exploitation de l'opérateur ont augmenté de 90% en 12 ans soit 4 fois plus vite que l'évolution de l'offre. Alain Rousset demande où sont passées les promesses d'amélioration de la productivité, c'est à dire de la saine utilisation de l'argent du contribuable (qui peut être cheminot !). Le Président de la Région Aquitaine en rajoute en disant que les Régions "financent tout mais ne contrôlent rien".  Elles ne veulent plus être un guichet à subventions mais souhaitent pouvoir vérifier l'usage des subventions versées à la SNCF, d'où l'exigence, maintes fois renouvelée, de la présentation de comptes transparents par ligne.

L'ARF ne ferme pas la porte à l'ouverture du marché mais considère que la SNCF doit préalablement ouvrir en totalité ses livres de compte pour que les Régions puissent connaître la réalité de l'usage de leurs subventions, avant de pouvoir engager une comparaison avec d'autres opérateurs. En conclusion, Alain Rousset est très clair : si la SNCF refuse d'être transparente, elle poussera les Régions dans les bras de la concurrence. Une manière très claire de renvoyer l'accusation sur l'opérateur.

Du point de vue de la gouvernance, l'ARF demande à l'Etat de jouer pleinement son rôle d'autorité organisatrice sur les liaisons nationales (TGV et TET), d'arbitrer en faveur de l'intégration des gares dans le nouveau gestionnaire d'infrastructures et de donner au réseau les moyens de sa rénovation en priorisant les lignes existantes sur le développement de lignes nouvelles.

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3 mars 2014

2015 : généralisation du TER à 1€ en Languedoc Roussillon

C'est l'annonce de la Région Languedoc Roussillon, et assurément un élément fort de la campagne électorale des régionales 2015. Le 5 janvier 2015, tous les TER seront accessibles au prix d'un euro. Depuis 3 ans, ce prix minimal pour l'emprunt des trains régionaux a été expérimenté, d'abord sur Nîmes - Le Grau du Roi, puis Perpignan - Villefrance de Conflent, Carcassonne - Quillan et Béziers - Ceilhes. Du point de vue statistique, l'effet a été immédiat avec des hausses de fréquentation de 145 à 170% selon les axes. Il n'a d'ailleurs été qu'immédiat car l'année dernière, les hausses de trafic ont été similaires à celles des lignes à tarification classique.  On rappellera aussi qu'il a fallu gérer les mouvements de foule et recourir aux forces de l'ordre, car la capacité des trains n'a pas été adaptée à l'évolution du tarif, notamment sur Nîmes - Le Grau du Roi.

Le coût de la mesure coûtera 3,5 M€ par an à la Région... seulement pourrait-on dire de prime abord, mais en réalité, le système a évolué. Il faudra réserver son billet à l'avance sur Internet et uniquement par ce biais et le nombre de billets à 1 € sera limité, selon les jours, entre 2000 et 4000, afin de ne pas provoquer la thrombose. A noter quand meme qu'il s'agira d'une division par 30 du prix du billet pour relier Nîmes à Perpignan.

Ainsi, la généralisation du TER à 1 € est un raccourci : toutes les places ne seront pas forcément à 1 €. Le voyageur achetant son billet au guichet continuera de payer le tarif habituel. Qu'en sera-t-il pour les billets vendus sur les distributeurs ? En tous cas, si le sujet continue de poser question sur la valeur du service, la mise en oeuvre d'une réservation obligatoire par Internet sur le TER est une première qui ne manquera pas d'être suivie. Peut-être un des moyens d'acquisition des titres de transport dans le futur ?

27 février 2014

Europe : le lobbying de la DB et de la SNCF a payé

Le Parlement Européen a fortement révisé le projet de 4ème paquet ferroviaire préparé par la Commission Européenne. Celle-ci voulait cloisonner hermétiquement le système ferroviaire entre les gestionnaires d'infrastructure d'un côté et les exploitants de l'autre. Objectif : procurer la transparence nécessaire à la fin du régime monopolistique de bien des réseaux ferroviaires européens, à commencer par celui de la France.

Ainsi, la "muraille de Chine" a été abattu et le modèle allemand, repris par la France dans son projet de réforme ferroviaire, est sorti vainqueur. Il sera donc possible d'avoir le gestionnaire d'infrastructure au sein d'un groupe dominé par l'exploitant. Satisfaction à Berlin évidemment, à Paris aussi, mais également à Rome, où les conditions d'ouverture du marché animent déjà les débats, notamment entre Trenitalia et NTV.

Inquiétude évidemment en France, puisque si cette orientation conforte la SNCF en tant que leader du système ferroviaire, rien ne dit que le modèle retenu ne conforte la stabilité du réseau et son avenir avec une entreprise qui s'occupe plus de conquérir des marchés à l'étranger et faire rouler des autocars chez elle plutôt que de s'occuper de la qualité de ses prestations ferroviaires sur son territoire. Interdire à des entreprises reconnues de faire rouler des trains en France pour permettre à l'exploitant historique de saborder nombre de dessertes avec sa promotion outrancière de l'autocar : étrange façon de se proclamer "exploitant ferroviaire de référence mondiale".

Les élus régionaux haussent le ton, le tiers du réseau régional français est en danger de mort à un horizon de moins de 10 ans, mais la SNCF conserve son pré carré et les élus n'auront qu'à avaler des couleuvres. A moins que le résultat des élections europénnes en mai prochain ne vienne à nouveau remettre le sujet au menu des débats...

On notera enfin que les italiens et allemands ont fait passé un amendement demandant la réciprocité, visant clairement la SNCF, afin d'empêcher la filiale d'une entreprise de concourir à des appels d'offres en Europe si son marché d'origine n'est pas ouvert au moins à 50%. Adepte du "faites ce que je dis et pas ce que je fais", la SNCF ne devrait pas manquer de réagir...

24 février 2014

La SNCF juge les critiques des Régions injustifiées

Voila qui ne manque pas de piquant. La SNCF monte au créneau face à la fronde de certaines Régions qui ont décidé de suspendre leurs paiements face à la dégradation de la qualité du service (ponctualité, suppressions de trains, conformité des compositions de train, propreté...), et, pour certaines, de se lancer dans une nouvelle stratégie d'acquisition du matériel roulant en se dispensant du passage obligé par la case SNCF.

Pour répondre, la SNCF a fait appel à... un ancien Président du Conseil Régional, donc autorité organisatrice du TER, passé de l'autre côté de la barrière. Alain Le Vern était Président du Conseil Régional de Haute Normandie. Il est désormais Directeur Général TER et Intercités à la SNCF et diffuse désormais la parole officielle qu'il écoutait il y a peu non sans être dubitatif ou critique...

Selon lui, le discours des Régions est exagéré et annonce un chiffre de 92% de régularité des TER en moyenne nationale sur l'année 2013. On rappellera quand même que ce chiffre écarte les trains supprimés de la statistique, puisqu'un train supprimé ne peut pas être en retard vu qu'il n'a pas circulé. En tenant compte de ce que remontent les associations d'usagers, la régularité perçue par les voyageurs, qui eux tiennent compte des trains supprimés, se situe selon les Régions entre 70 et 80%. Des chiffres nettement moins flatteurs, mais qui ne bénéficient pas de la même visibilité médiatique que ceux annoncés par la SNCF et transmis à l'Autorité de la Qualité de Service dans les Transports.

Et de déclarer à l'Agence France Presse que le coût de production des TER en France à la SNCF est inférieur à celui des pays voisins, et que l'attractivité du service français est meilleur qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni : ou quand la communication d'entreprise clairement sur la sellette et sur la défensive se transforme en désinformation du citoyen...

14 février 2014

La concurrence pas avant 2023 : mauvaise nouvelle pour la rail français ?

Initialement prévue en 2019, l'ouverture du marché intérieur de voyageurs serait repoussée en 2023 par le Parlement Européen. La mise en oeuvre du "quatrième paquet ferroviaire" n'aurait pas lieu avant 2015, c'est à dire probablement après la loi française portant sur la réorganisation du secteur ferroviaire, dont on sait déjà qu'elle n'est que très partiellement compatible avec les règles européennes. La France tente l'alliance avec l'Allemagne pour porter un modèle intégré entre l'exploitant et le gestionnaire d'infrastructures alors que l'Europe souhaite une partition étanche, préalable indispensable selon elle pour une mise en concurrence transparente.

La situation sera complexe pour la France car le 4ème paquet ferroviaire prévoit une clause de réciprocité sur l'ouverture des marchés. Or le marché français est aujourd'hui fermé sur le transport intérieur de voyageurs... alors que la SNCF par le biais de ses filiales (Keolis notamment) ou de prises de participation (avec l'italien NTV par exemple), ne se prive pas d'aller concurrencer les opérateurs historiques étrangers. "Faites ce que je dis et non ce que je fais".

Du côté de la SNCF, le discours officiel est celui de la préparation à l'ouverture du marché et à la mise en appel d'offres de l'exploitation du réseau, notamment au travers de son plan "Excellence 2020" qui prévoit une réduction des coûts de 2 MM€ d'ici 2020. Or on sait que la tentation de la SNCF est d'appliquer une politique de terre brûlée par le développement de dessertes routières. En mettant en place ou en faisant la promotion des relations par autocars sur les axes où le train n'est aujourd'hui pas compétitif, elle ne cherche pas tant à proposer un service meilleur que la voiture, mais à occuper le marché avec un service aux faibles coûts de production qui la placent dans une position stratégique par rapport aux concurrents.

En asséchant la possibilité de faire jouer les prix, la SNCF et sa politique de l'autocar adoptent une stratégie de produit plus que de prix : il s'agit d'accaparer des parts de marché et plus vraiment de faire du chemin de fer. Pour l'instant, IDBUS se limite à quelques liaisons internationales, mais la SNCF active méticuleusement ses cercles d'influence pour proposer la mise sur route de certaines liaisons TER voire Intercités (on pense à Lyon - Bordeaux par exemple) pour garder la main... et empêcher Arriva, Transdev ou autre de venir faire du train en France à sa place.

Bref, plus la perspective de l'ouverture du marché intérieur français s'éloigne, plus l'avenir du chemin de fer en France s'ennuage...

11 février 2014

Midi-Pyrénées ne paie plus la SNCF

Une nouvelle fois, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées exprime sa colère à la SNCF. En dépit des investissements colossaux de la Région pour renouveler les 3/4 du matériel roulant et remettre à neuf les infrastructures ferroviaires au travers d'un Plan Rail de 800 M€, la Région constate que la qualité de service ne cesse de se dégrader. Selon elle, la SNCF dispose des moyens budgétaires pour accomplir le service commandé. Dans ces conditions, les élus régionaux sanctionnent leur prestataire en bloquant le paiement des prestations réalisées.

Ce n'est pas la première fois... et ce n'est certainement pas la dernière. On peut quand même s'étonner, pour rester modéré, de l'incapacité de l'entreprise qui se qualifie elle-même d'exploitant ferroviaire de référence mondiale ("à l'exclusion de tous les autres" dirait Clémenceau !), à exploiter correctement des infrastructures qui ont été remises à neuf tant sur la voie que sur la signalisation, avec des rames elles aussi renouvelées par des séries atteignant de bons niveaux de fiabilité. Les usagers ont supporté vaille que vaille des années de travaux avec des fermetures et une exploitation par autocars, dans la perspective d'une progression significative de la qualité du service. Le résultat n'est non seulement pas à la hauteur des attentes... mais s'avère finalement pire que la situation antérieure avant les travaux.

Alors évidemment, on attend une envolée de la présidence de la SNCF qui ne manquera pas de sortir du chapeau magique un nouveau concept de plan de redressement, comme en PACA, mais comme d'habitude, sorti du four, le soufflé se dégonflera bien vite et les voyageurs continueront de subir la médiocrité d'un service négligé et qui coûte cher à la collectivité eu égard aux prestations. L'autocar a de l'avenir devant lui : ça tombe bien, c'est le nouvel Eldorado de la SNCF...

 

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