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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
1 juin 2020

San Sebastian : un tunnel pour la taupe

La Taupe, en espagnol El Topo. C'est le surnom donné au chemin de fer à voie métrique reliant Hendaye à San Sebastian, en raison des nombreux tunnels... et leur nombre augmente encore car, au début des années 2010, une partie du tracé avait déjà été mis en tunnel. Cette fois-ci, l'objectif est plus ambitieux car il ouvre la voie à un important projet d'urbanisme. Les trains pour Lasarte doivent rebrousser dans la gare d'Amara. La création d'un tunnel de 4200 m, comprenant 3 gares souterraines (Bentaberri, Centro et d'Easo, sous l'actuelle gare d'Amara), a été engagée pour supprimer ce rebroussement et accélérer les liaisons de part et d'autre de l'agglomération, renforçant son rôle urbain, le Metro Donostia.

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L'excavation de la première section du tunnel, longue de 2140 m entre Lugaritz et Miraconcha, a été achevée le 20 mai dernier. La seconde section, entre Miraconcha et Easo, est percée aux deux tiers. La gare d'Easo, qui remplacera celle d'Amara, a été percée en janvier dernier. Celle de Bentarrabi a été achevée en mars 2019. Celle de Centro sera réalisée avec la jonction des deux tunnels.

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San Sebastian Amara - 1er juiller 2016 - Les UT900 à voie métrique constituent le matériel le plus moderne d'Euskotren : il est assez nettement typé pour les services urbains avec 12 portes sur 4 voitures, pour des échanges rapides. Cet espace va être reconverti pour créer un nouvel ensemble urbain, les trains étant reportés dans le tunnel. © transportrail

Ce tunnel en forme de fer à cheval vient furtivement passer sous la mer, plus exactement sous La Concha, cette plage en demi-lune de la baie de San Sebastian, qui en fait une de ses renommées. Le projet prévoit une cadence soutenue, toutes les 7 min 30 sur le tronc commun, intégrant la desserte au quart d'heure jusqu'à Hendaye, d'où les travaux d'agrandissement de la gare Euskotren, déjà aujourd'hui trop étriquée.

Tracé à 30 mètres sous terre en moyenne, ce tunnel va entrainer la disparition de la gare d'Amara : les 21 000 m² vont être rendus à la ville, avec la construction de 500 logements, d'un parc de plus de 6100 m², l'installation de commerces et de locaux pour accueillir des entreprises.

Le coût de percement de ce tunnel est de 180 M€, hors équipements ferroviaires et hors réalisation des 3 gares. Il est intégralement financé par le gouvernement basque. La mise en service était initialement envisagée en 2022.

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9 mai 2020

Espagne : Atocha - Chamartin en AVE en fin d'année ?

C’est en principe au second semestre 2020 que doit ouvrir le troisième tunnel ferroviaire entre les gares madrilènes de Chamartin et Atocha. Un nouveau décalage n’est pas à exclure, conséquence des mesures de confinement liée à la pandémie du covid-19.

Les deux premiers souterrains, à écartement ibérique, sont destinés aux dessertes suburbaines Cercanías soit par l’ouvrage historique via Recoletos, qui vient d’être remis à neuf, soit par l’ouvrage moderne via la plaza del Sol. Le troisième et dernier ouvrage est à écartement européen et destiné aux dessertes à grande vitesse pour – enfin – créer une vraie continuité entre les lignes du nord et du sud du pays.

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Madrid - Station Sol - 16 février 2012 - Quelques trains Grandes Lignes empruntent le second tunnel percé entre Chamartin et Atocha... comme ici cette rame Talgo tractée par une locomotive Diesel Euro4000 série 334 de la RENFE. Assurément cela ne passe pas inaperçu... même si c'est très rare. Imaginez un Corail Amiens - Paris - Dijon passant par le tunnel du RER D ! Extrait d'un film (d'où la qualité moyenne du cliché pris en arrêt sur image). © transportrail

Le percement de l’ouvrage a été achevé le 11 février 2011. Long de 7,3 km et apte à 120 km/h il est établi à une profondeur moyenne de 40 mètres. Les travaux d’équipement du tunnel ont été arrêtés du fait de la crise économique et du retard pris dans le déploiement d’ERTMS niveau 2.

Le coût total de cette nouvelle liaison avoisine 1,3 MM€ dont un peu plus de 322 M€ pour le tunnel en lui-même, 350 M€ pour l’adaptation des gares de Chamartin et Atocha, incluant la transformation de 2 voies dans la première, passant de l’écartement ibérique à l’écartement européen. Enfin, ADIF a procédé à la mise à 4 voies de la section Atocha – Torrejon de Velasco, tronc commun à l’ensemble des lignes à grande vitesse vers le sud de l’Espagne pour un coût d’environ 646 M€.

Par ailleurs, l’Union Européenne a annoncé une contribution supplémentaire de 265 M€ pour l’achèvement des 192 km de la ligne nouvelle entre Plasencia et Badajoz, partie intégrante du grand projet de 715 km reliant Madrid à Lisbonne. Dans un premier temps, une seule voie va être aménagée à écartement ibérique mais avec des traverses à double écartement. Elle sera électrifiée. Cette première phase sera apte à 200 km/h, avec les systèmes de signalisation espagnol et portugais. Dans un second temps, l’infrastructure sera mise à double voie à écartement européen, tout en gardant le troisième rail ibérique pour le fret. La future ligne à grande vitesse entre Mérida et Badajoz sera parallèle à la ligne classique. Les travaux de terrassement sont engagés.

La liaison ferroviaire Madrid – Lisbonne revêt un caractère particulièrement structurant pour l’ensemble de la péninsule ibérique, et pourrait ainsi renforcer le rôle du train face à l’avion.

Il faudra être patient. Initialement, ADIF espérait une liaison Madrid – Badajoz par train à grande vitesse bimodes et à écartement variable en 2014 : ce ne sera pas avant 2023.

A cette échéance, devrait peut-être pouvoir être mis en service les lignes nouvelles du Y basque et le double écartement entre Hendaye et San Sebastian. Côté français, l’évolution de la configuration du site de Hendaye reste à préciser pour fluidifier le trafic de fret et amorcer également la perspective de dessertes voyageurs transfrontalières, qu’il s’agisse d’offres longue distance (comme un Bordeaux – Madrid) ou régionales (comme un Bayonne – San Sebastian).

30 novembre 2019

Espagne : les lauréats de la grande vitesse sont...

... dans l'ordre de cette compétition : la RENFE, Trenitalia et la SNCF.

Sans réelle surprise, la RENFE a été désigné par ADIF pour exploiter le lot A qui comprend le plus de circulations, représentant environ les deux tiers de la future desserte à grande vitesse en Espagne. Il comprend 3 sillons par heure et par sens sur l'ensemble des lignes à grande vitesse espagnoles. Intéressons-nous donc à ses nouveaux compétiteurs.

Trenitalia confirme ses intentions de développement en Europe. En faisant alliance avec ILSA, qui n'avait pas réussi à se lancer seule dans une aventure franco-espagnole entre Montpellier et Madrid, l'opérateur italien va être très visible et à une échéance très rapprochée puise les premiers trains devraient circuler dès janvier 2022 grâce aux livraisons supplémentaires de rames ETR400. Entre Madrid et Barcelone, ILSA proposera 32 allers-retours par jour entre Madrid et Barcelone, soit un train toutes les demi-heures toute la journée. 8 allers-retours seront proposés sur Madrid - Valence, 7 entre Madrid et l'Andalousie, alternant les liaisons vers Séville et Malaga. Vers Alicante, ILSA assurera une offre de base de 4 allers-retours, renforcée en période estivale.

La SNCF a créé une filiale baptisée Rielsfera qui proposera sur 3 lignes, Madrid - Barcelone, Madrid - Séville et Madrid - Valence, 5 allers-retours dont on sait déjà qu'ils seront estampillés low-cost. La SNCF va donc exporter le modèle économique de Ouigo. Reste à savoir avec quel matériel roulant : miserait-elle sur le nouveau TGV2020 ou sur la transformation par décalage de rames existantes ?

Au total, la desserte sur ces premières lignes ouvertes à la concurrence devrait être accrue de 65% par rapport à son niveau actuel. ADIF n'a pas ouvert le marché des liaisons vers le nord-ouest de l'Espagne, soit parce que la relation est trop récente, soit parce que l'infrastructure n'est pas encore réalisée (cas du Pays Basque).

Pour ILSA comme pour Rielsfera, la principale question va être désormais d'organiser la production et surtout la maintenance du matériel roulant.

31 octobre 2019

Madrid : réouverture en vue du tunnel de Recoletos

Si, en Ile de France, le RER A a connu 4 étés d'interception du trafic sur le tronçon central, le tunnel madrilène de Recoletos, le premier ouvrage reliant les gares de Chamartin et d'Atocha, a quant à lui été fermé en juin dernier pour renouveler l'ensemble de la voie, de la caténaire, de la signalisation et rénover les gares.

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Madrid Recoletos - 17 février 2013 - Avec l'ouverture du deuxième tunnel Chamartin - Atocha, le tunnel de Recoletos est moins intensément utilisé. L'interception a duré 4 mois pour la remise à neuf des 7 kilomètres du parcours. © transportrail

Mis en service en 1967 après des travaux qui se sont étalés sur plus de 30 ans, il accueille 250 trains par jour, essentiellement des Cercanias, l'ouvrage dispose désormais d'une voie sur dalle, d'un modèle différent de celle adoptée sur le tunnel plus récent via la plaza del Sol, puisqu'elle n'est pas accessible aux véhicules routiers de secours. La caténaire 3000 V a été remplacée par un profilé aérien de contact plus fiable. Enfin, le trafic est désormais géré par ERTMS comme le second tunnel. Ces opérations représentent 432 M€ d'investissement s'inscrivant dans le plan de modernisation des Cercanias.

20 août 2019

Espagne : appels d'offres

La RENFE avait lancé en mars dernier un premier appel d'offres pour 211 rames Cercanias à 2 niveaux dont 176 de 100 mètres et 35 de 200 mètres, avec une jauge à 900 places (assis + debout) sur la version de 100 m.

L'opérateur espagnol doit aussi faire face à la fin de vie de la moitié du matériel roulant engagé sur les liaisons régionales interurbaines hors des grandes agglomérations.

En mai, elle publiait un appel d'offres pour 105 rames régionales électriques et bimodes, dont 43 en tranche ferme. Ces rames devront être aptes à 200 km/h en mode électrique et à 160 km/h en traction Diesel. Le contrat pourrait intégrer en supplément la maintenance pour 11 ans.

Deux mois plus tard, elle ouvrait un troisième volet à cette politique de renouvellement du matériel régional en recherchant 38 rames bimodes à écartement variable, dont 29 en tranche ferme. Ces rames devront pouvoir circuler à 160 km/h en mode électrique et à 140 km/h en traction Diesel.

On peut s'étonner du lancement de deux procédures distinctes pour des produits qui semblent moins éloignés qu'il n'y parait au premier abord. Point commun : une plateforme bimode. La différence de vitesse maximale ne semble pas rédhibitoire, pas plus que la notion d'écartement variable, qui auraient pu être considérés comme des options dans un marché unique. A moins que la RENFE ait enviee de faire jouer la concurrence ?

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27 juin 2019

Espagne : la grande vitesse atteint Grenade

La ligne à écartement européen de 122 km entre Antequera et Grenade a été – enfin - inaugurée le 25 juin, autorisant une vitesse de 300 km/h. Elle rejoint à Antequera la branche Cordoba – Malaga qui se greffe sur l’axe principal Madrid – Séville.

Sa réalisation aura été un feuilleton politico-technique espagnol entamé en 2006. Le projet a d'abord fait les frais des tensions politiques nationales et régionales du fait de divergences entre le gouvernement espagnol et la province d’Andalousie sur la consistance du projet. La difficulté des travaux a été largement sous-estimée : il aura quand même fallu revoir le tracé après approbation du projet et différer la réalisation de l'évitement de Loja. Ce maillon était à l'origine d'une interruption de la desserte de Grenade qui devait durer initialement 6 mois... et qui aura duré finalement plus de 4 ans à coup de reports successifs du fait d'enlisements techniques, politiques et financiers du projet.

Sur le plan technique, 81 km d'infrastructures nouvelles ont été mises en service, comrprenant une première section de la bifurcation de Bobadilla à Archidonda établie à double voie. La ligne nouvelle passe ensuite à voie unique jusqu'à Quejigares où elle rejoint la ligne historique, transformée pour le double écartement et électrifiée en 25 kV, sur 27 km, parcourus à 100 km/h incluant la desserte de Loja. Enfin, de Tocon à Grenade, la ligne est établie à voie unique jusqu'à l'arrivée en gare avec 2 km à double écartement. Les marchés pour la section contournant Loja et l'achèvement de la ligne à double voie ont été attribués en juin dernier.

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Les sections nouvelles comportent 6 tunnels (dont le plus long atteint 3355 m), 31 viaducs (dont 2 de plus de 2,5 km). Les trains desservent 2 gares intermédiaires à Antequera et Loja. L'intégralité du parcours est électrifié en 25 kV, équipée en ERTMS niveau 2 tandis que le système espagnol ASFA équipe la section de 27 km entre Quedigares et Tocon. 

Le coût de réalisation de cette ligne nouvelle et des aménagements sur le réseau classique atteint 1,675 MM€ et bénéficie d’un financement européen de 724,9 M€.

L’accélération de l’accès à Grenade revêt, comme dans toute la Région un enjeu économique et notamment touristique, couplé à une réflexion environnementale par un report modal potentiel vers le rail. Les liaisons Avant vers Séville amélioreront nettement les relations entre les principales villes d'Andalousie : elles seront mises en service en septembre. En attendant, la desserte établie par la RENFE se limite à 3 allers-retours Madrid – Grenade en 3h05 et un aller-retour Barcelone – Madrid – Grenade en 6h20.

Cependant, l’autorité de régulation ferroviaire déplore qu’à l’approche de l’ouverture du marché de la grande vitesse espagnole, l’usage des lignes nouvelles reste relativement faible en Espagne. La question de la tarification de l’infrastructure devrait assurément s’inviter dans les débats dans les prochaines mois…

3 mai 2019

Espagne : la SNCF se positionne sur le marché de la grande vitesse

La SNCF ne cache plus son intention de concurrencer la RENFE à partir de 2020 sur les liaisons à grande vitesse espagnoles, à commencer par la relation Madrid - Barcelone. Elle souhaite prendre le contrôle de ILSA Levante, projet d'opérateur alternatif filiale d'Air Nostrum, appuyé sur le groupe financier Anuncia. ILSA envisageait de concurrencer la RENFE sur la liaison Madrid - Barcelone, mais comme jusqu'en 2020, seules les liaisons internationales peuvent être exploitées en open-access, ILSA avait conçu un projet de liaison transfrontalière Madrid - Barcelone - Perpignan - Montpellier, qui aurait concurrencé la SNCF avait des horaires assez attractifs pour les languedociens souhaitant aller passer la journée ou le week-end à Barcelone.

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Ricla - 21 août 2016 - Sur Madrid - Barcelone, la RENFE utilise majoritairement les rames S103 type Velaro, qui constituent un peu la vitrine de la flotte AVE, mais dont le confort germanique est assurément surclasé par les S112 Talgo disposant d'un meilleur siège et surtout d'un accès et d'un centre de gravité plus bas. © J. Lourenço

L'ouverture du marché est organisée par ADIF, le gestionnaire d'infrastructures ferroviaires. Trois lots ont été définis, qui feront l'objet de contrats de 10 ans. Le paquet A accorderait 3 sillons par heure et par sens entre Madrid et Barcelone durant 16 heures par jour... mais avec une condition : proposer au moins un train par heure et par sens au départ de Madrid vers Valence et Séville. Si une seule de ces deux destinations était proposée, la capacité allouée sur la juteuse liaison Madrid - Barcelone serait réduite à 2 sillons par heure et par sens. Le paquet B n'accorderait qu'un sillon par heure sur chacune des trois relations. Le paquet C limiterait la capacité allouée à 4 ou 5 allers-retours par jour. Enfin, ADIF fait se la liaison Barcelone - Valence un cas particulier avec une capacité de 16 allers-retours par jour. On notera que les liaisons vers le sud de l'Andalousie ou le nord-ouest de l'Espagne ne sont pas encore concernées, d'autant que tous les investissements ne sont pas encore achevés.

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Viaduc de Contreras - 3 juin 2012 - Franchissant le lac artificiel d'un des principaux barrages, cette rame S103 assure une liaison Madrid - Valence. ADIF organise un appel d'offres assez particulier qui impose aux compétiteurs de ne pas se concentrer sur la seule liaison Madrid - Barcelone pour dynamiser d'autres relations à grande vitesse moins en vue... © P. Nieblo-Abad

La SNCF, par la voix de Guillaume Pépy, considère  d'abord que l'Espagne a le meilleur réseau à grande vitesse d'Europe (le coq français en prend un coup)... mais qu'il est sous-utilisé. Selon lui, ADIF met un peu trop de traverses sur les rails pour freiner l'arrivée de nouveaux opérateurs (une déclaration qui ne manque pas de piquant, est-il besoin de le souligner ?). Qui plus est, la bataille porte non seulement sur la capacité mais aussi sur le matériel roulant. Mystérieusement, la flotte de la filiale RENFE Alquilar (location de matériel) est passée en 2018 de 31 à 3 rames AVE. Cependant, la SNCF ne semble pas effrayée par cette situation et se dit prête à acquérir du matériel pour conquérir le marché espagnol. En attendant, on peut supposer que les rames Duplex 3UH vont être redéployées pour se concentrer sur le domaine pour lequel elles ont été configurées (H pour Hispanique). Et on ne peut pas écarter la piste de rames Avelia (alias TGV2020). Quant au positionnement sur le marché, Guillaume Pépy semble vouloir pousser Ouigo sur les rails espagnols, quoique les tarifs de la RENFE aient déjà baissé par le passé.

Pour autant, la SNCF maintiendrait pour l'instant son partenariat avec la RENFE sur les relations Barcelone - Toulouse / Lyon / Marseille. Mais pour combien de temps ? Car la RENFE pourrait rendre la monnaie de la pièce à la SNCF en partant, avec les rames S100, à la conquête du marché français...

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Port la Nouvelle - 25 août 2015 - Une rame S100, dérivée des TGV Atlantique, sur une liaison Toulouse - Barcelone, sur l'isthme entre mer et étang. Un matériel ciblé par les compétiteurs de la RENFE, en particulier la SNCF, puisque ce matériel est déjà autorisé à circuler en France. © L. Hopp

De son côté, la RENFE annonce lancer une offre low-cost Eva entre Madrid et Barcelone pour Pâques 2020. Elle prépare aussi ses munitions puisque de nouvelles rames sont attendues à commencer par 13 rames type S107 obtenues par reconversion des 13 coupons Talgo Trenhotels qui seront associés à 26 locomotives à grande vitesse à écartement variable, qui pourront circuler sur les lignes à voie normale et à voie large, sous 3000 V continu et sous 25 kV 50 Hz. La RENFE devrait aussi recevoir cette année les premières rames Avril de Talgo, commandées à 15 exemplaires.

26 avril 2019

Espagne : vaste appel d'offres pour les Cercanias

La RENFE a publié un appel d'offres qui ne manquera pas de susciter l'intérêt de la plupart des constructeurs ferroviaires européens et peut-être d'autres continents (suivez notre regard...). Destiné aux Cercanias de Madrid, Barcelone et Valence, il porte, en tranche ferme, sur 211 rames : 176 unités de 100 m de long et 35 unités de 200 m de long. La tranche optionnelle prévoit jusqu'à 96 rames courtes et 24 rames longues. La capacité des rames de 100 m devra atteindre au moins 900 places (assis + debout avec 4 personnes debout au m²) et les rames de 200 m devront proposer au moins 1000 places assises. Le marché intègre également 15 années de maintenance. Le montant total du marché est évalué à 2,76 MM€.

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Madrid Delicias - 17 février 2013 - Les éléments à 3 caisses série 447 pourraient être concernées par l'arrivée des nouvelles automotrices prévues dans l'appel d'offres, alors que ces rames font actuellement l'objet d'une opération de rénovation. © transportrail

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Viladecans - 15 février 2012 - Les Civia constituent aujourd'hui le matériel le plus récent des Cercanias... et des Rodalies en Catalogne. Le nouveau matériel devrait proposer une capacité accrue de 20% à iso-longueur. On peut espérer que la nouvelle génération sera aussi un peu plus commode d'accès : 2 portes par face et 2 hautes marches d'accès, on a connu mieux... © transportrail

On notera dans cet appel d'offres la singularité de ces rames extra-longues de 200 m de long en unité simple. Aujourd'hui, les éléments les plus longs sont composés de 6 voitures à 2 niveaux dérivées des Z20500 françaises, d'une longueur d'environ 150 m.

En revanche, interrogation sur la hauteur des accès. Les quais des gares espagnoles sont à 550, 760 voire 920 mm : quelle sera la hauteur retenue, sachant que la RENFE attend un matériel plus accessible que les Civia, conçue avec un plancher très haut comme la série 446-447, mais avec une voiture surbaissée. Une situation bien connue en France, singulièrement en région parisienne ! Si l'un de nos lecteurs pour éclairer notre lanterne sur ce point particulier, nous lui en saurons gré !

Cet appel d'offres survient alors que la RENFE est assurée de conserver l'exploitation des Cercanias jusqu'en 2028, l'Etat assurant une dotation minimale annuelle de 1 MM€ pour l'exploitation de ces dessertes.

Il est probable que les séries 446-447 et 470 soient en ligne de mire de ce marché. Les 446 sont pénalisées par leur vitesse maximale de 100 km/h. Les 447 seront probablement les dernières à partir d'autant qu'elles sont concernées par un programme de rénovation. Alors ce marché sera-t-il l'occasion d'une compétition ouverte avec les régionaux de l'étape (CAF, Talgo) et les européens (Alstom, Bombardier, Siemens, Stadler)... et peut-être d'autres ? Quoi qu'il en soit, compte tenu des objectifs capacitaires, l'hypothèse de rames partiellement ou totalement à deux niveaux semble plausible : une architecture type RERng ou Desiro HC, avec deux voitures d'extrémité à un seul niveau et les modules centraux à deux niveaux.

29 mars 2019

Espagne : ILSA très convoitée

Guillaume Pépy l'avait dit : la SNCF va pleinement s'engager dans l'ouverture du marché ferroviaire. Dans le domaine du fret, Captrain est déjà bien implanté dans plusieurs pays européens, notamment en Italie et en Allemagne. Mais elle s'intéresse aussi au transport de voyageurs, et pas seulement avec Keolis.

En Espagne, la création de ILSA (Intermodalidad de Levante SA) résultait de la volonté d'Air Nostrum de concurrencer la RENFE sur les lignes à grande vitesse et d'abord entre Madrid et Barcelone. En attendant l'ouverture du marché espagnol, la société Levante s'était positionnée sur une liaison Madrid - Montpellier, puisque les liaisons transfrontalières sont déjà libéralisées. Des difficultés techniques avaient retardé la création de ces relations l'année dernière, puisque la RENFE avait dissous sa filiale de location de matériel, et en particulier des S100 devenus surnuméraires, et homologués pour circuler en France. La création des 2 allers-retours avait donc été différée.

La SNCF a indiqué être en discussion avec ILSA... mais elle n'est pas la seule : la DB et NTV sont aussi sur les rangs. L'opérateur français met en avant sa connaissance technique et commerciale, le succès de Ouigo (histoire d'allécher le gouvernement avec une offre à bas coût)... et la disponiblité d'un nombre important de rames TGV, qui devront être cependant adaptées pour la circulation en Espagne (modulo l'installation des équipements de signalisation adaptés). La SNCF pourrait cependant se lancer seule sur le marché espagnol si les relations avec ILSA n'aboutissaient pas à un accord.

On espère que la SNCF sera aussi conquérante pour proposer les meilleurs services dans les appels d'offres français et pour réagir à l'arrivée plus que probable de nouveaux opérateurs en open-access, d'autant que SNCF Réseau a révélé cette semaine que deux candidats ont pris contact avec le gestionnaire d'infrastructures en vue de se lancer sur les rails français...

27 décembre 2018

Souvenirs à bord du trenhotel Paris - Barcelone

Pour compléter notre série de reportages sur les trains de nuit (vous le savez, c'est une de nos marottes), nous avons puisé dans les souvenirs pour évoquer les relations France - Espagne assurées sous l'appellation Elipos, à l'aide des rames Talgo trenhotels : jusqu'en 2013, lorsque la SNCF et la RENFE ont mis en service les 2 allers-retours de TGV de Paris à Barcelone, existaient deux relations nocturnes assurées avec le confortable matériel espagnol, vers Barcelone d'une part et Madrid d'autre part.

Nous avions embarqué à l'époque pour Barcelone, en préférant évidemment le rail à l'avion... même avec un prix significativement plus élevé, même en intégrant l'économie de 2 nuits d'hôtel sur place. Depuis la disparition de l'offre Elipsos, le voyageur a le choix entre le TGV en 6h27 ou l'avion, deux fois plus rapide de centre à centre... Autant dire que le retrait des trains de nuit a précipité les derniers voyageurs hésitants vers l'avion. Si le portefeuille apprécie à court terme, les poumons font un peu la soupe à la grimace.

Retour sur l'offre Trenhotel Paris - Barcelone, disparue voici 5 ans, dans ce nouveau dossier de transportrail...

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