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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
21 mars 2022

Bourgogne – Franche-Comté : concurrence et questions

C’est peu dire que les annonces de la Région ont été accueillies avec surprise, puisqu’on se souvient que les précédents épisodes avaient été quelque peu brouillons, amenant à des clivages au sein de la majorité régionale. Bourgogne – Franche-Comté révèle donc son intention de mettre en appel d’offres l’ensemble des dessertes ferroviaires aujourd’hui contractualisées avec la SNCF à l’issue de l’actuelle convention se terminant en fin d’année 2025.

La surprise est d’autant plus forte que la Région a eu ces dernières années l’habitude de prendre des décisions allant plutôt dans le sens de l’affaiblissement du service :

  • réduction de l’offre sur les lignes du Morvan qui venaient d’être renouvelées grâce à un important effort de financement régional ;
  • arrêt de l’exploitation de la ligne Oyonnax – Saint Claude, privant la ligne des Hirondelles de son débouché sud pourtant le plus porteur, avec maintien d’une desserte squelettique ;
  • arrêt de l’exploitation de l’antenne Autun – Etang sur Arroux (alors que la fermeture Avallon – Autun était plutôt justifiée du fait du très faible potentiel) et la promotion de « concepts innovants » à la probabilité non avérée ;
  • desserte de la ligne des Horlogers maintenue a minima en dépit du potentiel conséquent ;
  • desserte Belfort – Delle fragmentée et peu attractive du fait de correspondances très inégales avec les TGV ;
  • engagement « tête baissée » dans le train à hydrogène, plus cher que l’électrification Laroche-Migennes – Auxerre (il est vrai peu soutenue par SNCF Réseau) et faisant courir le risque de suppression des liaisons directes Paris – Auxerre, remplacées par des correspondances ;
  • scission à Montereau des actuelles missions Paris – Sens / Laroche-Migennes partagées avec Ile de France Mobilités, supprimant la desserte de proximité entre le nord de l’Yonne et le sud francilien.

54511dijon-ville

Parmi les nouveautés de la Région Bourgogne - Franche-Comté, la récente présentation de la première rame Régiolis Grand Parcours (RGP : une allusion historique ?) destinée à remplacer les Corail sur les dessertes Paris - Dijon - Lyon. Un matériel ne proposant que des places en seconde classe, avec une capacité équivalente à un peu plus de 4 voitures, ce qui nécessitera de circuler souvent en UM2. (cliché X)

En revanche, la Région avait rappelé à sa voisine du Grand Est que la desserte Epinal – Belfort était de son ressort, ce qui avait permis d’éviter l’arrêt d’exploitation. Pour autant, le service reste limité.

Interrogé par Villes, Rail et Transport, le vice-président de la Région, Michel Neugnot, se frise déjà ses célèbres moustaches, annonçant que le réseau régional intéresse de nombreux potentiels candidats. Si l’axe Paris – Dijon – Lyon et dans une moindre mesure l’axe Dijon – Besançon – Belfort peuvent revêtir un attrait certain, quelle sera sa réaction si ces candidats proposent des sauts quantitatifs importants sur certains axes négligés dans le Morvan, le Charolais (l’axe Moulins – Paray – Lyon, partagé avec Auvergne – Rhône-Alpes par exemple) ou sur les plateaux jurassiens ? Une étude réalisée à la demande de la Région par SNCF Réseau montre que les étoiles de Dijon et de Besançon disposent d’une capacité résiduelle encore importante, de l’ordre de 50 trains par jour à infrastructures constantes.

Entre 4 et 8 lots sont actuellement étudiés avec une durée des marchés de 7 à 10 ans. Les appels d’offres seront donc probablement centrés sur le couple consistance de l’offre – coût des prestations, en gardant quand même en perspectives que des coûts trop bas pourraient poser problème à terme, comme certains Länders allemands en font l’expérience après le retrait d’Abellio et de Keolis. En revanche, on suivra avec intérêt les réactions de la Région face aux propositions de desserte des candidats, au moins dans un premier temps pour consommer les capacités disponibles, notamment sur les lignes de desserte fine du territoire.

En revanche, M. Neugnot écarte l’hypothèse de reprise de gestion directe de certaines infrastructures à la place de SNCF Réseau. C'est une approche empreinte d'une prudence bienvenue.

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Commentaires
S
Petit détail sur les Regiolis Grand Parcours, il semblerait que les projecteurs principaux soient commutables blanc rouge et que le projecteur rouge ait disparu, comme sur les récentes Z2N rénovées en IDF.<br /> <br /> Après avoir traîné des pieds sur le renouvellement des Corail, dommage que l'ambition et la capacité du nouveau matériel soit faible. Mais il faut voir s'il ne va pas y avoir un effet de report de certains usagers de TER Paris - Dijon - Lyon vers les Ouigo classiques. A condition que cette nouvelle offre soit pérennisée bien-sûr, contrairement aux éphémères Intercités 100% Eco qui n'ont duré que quelques mois sur d'autres axes.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas ce que vaut ce site, les informations ne sont pas réellement étayées, mais il semble que les hausses de prix des carburants aient déjà des effets sur le report modal qui exigeraient, à plus forte raison, un retour vers plus d'ambition pour le TER : https://www.infos-dijon.com/news/bourgogne-franche-comte/bourgogne-franche-comte/sncf-avec-la-hausse-du-prix-du-carburant-la-frequentation-est-en-forte-augmentation-sur-la-ligne-nevers-dijon.html<br /> <br /> <br /> <br /> Qu'il est loin le temps de "TER x 4", le plan lancé en 2008 suite, là aussi, à une hausse des prix à la pompe (https://www.lesechos.fr/2008/06/la-sncf-veut-quadrupler-la-frequentation-des-ter-dici-a-2030-511455).
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D
Attention à la manière dont vont être découpés les lots. Côté Franche Comté le moins que l'on puisse dire c'est que l'offre gagnerait à être moins segmentée (TER Lyon Belfort réguliers tout au long de la journée en lieu et place de trajets partiels, trains Epinal Belfort et Vesoul Belfort qui pourraient être amorcés à Meroux, refaire des Dijon Belfort directs, oser prolonger les trains jusqu'à Bourg sur la ligne de Bresse...)<br /> <br /> De toute manière, la concurrence peut parfois apporter un plus avec une manière d'exploiter différente, mais sans infrastructure ni signalisation performantes les exploitants alternatifs ne pourront pas faire de miracle.<br /> <br /> Quand au Morvan, il y a vraiment un chantier. D'un côté le fret est en mode survie à cause de l'état des voies alors que le potentiel entre bois, carrières et produits agricoles est énorme; de l'autre côté le TER est sacrifié : offre squelettique sur Avallon et Clamecy sans parler deCorbigny, abandon de la desserte d'Autun, absence de considération du potentiel de Clamecy Nevers...<br /> <br /> On entend parler de test de bidules légers sur l'antenne d'Autun, mais vu le potentiel fret, il faudrait refaire la voie avec un armement standard. Dans ce cas le bénéfice d'un train très léger est discutable.
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S
Tiens, concernant la concurrence dans le ferroviaire : il est à noter que la région Bourgogne Franche-Comté exerce systématiquement des recours aux services librement organisés lorsque qu'ils desservent des gares de la région. C'est le cas des Ouigo vitesse classique et des projets de lignes Railcoop.<br /> <br /> <br /> <br /> Les autres régions sont généralement moins hostiles car conscientes contribuent à augmenter l'offre !
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B
Belfort - Besançon - Dijon...............et son antenne Jurassienne du Revermont, dont tous les semi-directs devraient être prolongés jusqu' à Bourg, au moins, et non "seulement" 5 dans la journée.
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