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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
13 mars 2020

Un plan de relance post-coronavirus... avec les transports ?

Dans son allocution radio-télévisée hier soir, le Président de la République a annoncé qu'un plan de relance de l'activité économique serait mis en oeuvre pour soutenir l'activité et l'emploi après la propagation du coronavirus, combinée à un regain de tension pétrolière entre les pays du Moyen Orient et la Russie. Les places boursières se sont effondrées, l'économie est lourdement impactée, la vie quotidienne le devient à son tour. Cette secousse qui se révèle d'une violence d'autant plus intense qu'elle mélange un phénomène sanitaire, des enjeux géo-stratégiques et les conséquences d'hyper-dépendances tant énergétiques qu'industrielles.

Il est évidemment trop tôt pour définir le contenu de ce plan de relance mais il y a fort à penser qu'il va falloir agir à grande échelle pour encaisser les conséquences de cette crise inédite. Sans modération ne veut pas dire sans intelligence.

La rénovation du réseau ferroviaire français pourrait ici trouver une opportunité inattendue. Plus que jamais, le chemin de fer semble cocher pas mal de cases dans ce qui devrait constituer la matrice d'évaluation des actions d'un tel plan de relance :

  • on peut produire des rails, des traverses et du ballast, du matériel roulant en France et en Europe ;
  • il s'agit d'une industrie non délocalisable : non seulement les matières premières sont locales (France / Europe) mais elles seront utilisées en France par des salariés d'entreprises françaises (la SNCF en tête de file, mais aussi toutes les entreprises de la filière qui travaillent déjà pour elle) ;
  • c'est un levier de réduction de transition énergétique pour réduire la consommation d'énergies fossiles non seulement pour les voyageurs mais aussi pour les marchandises ;
  • c'est un puissant outil de connexion entre les territoires à plusieurs échelles, au sein des grandes métropoles, entre elles, avec les territoires moins denses et entre ces derniers, redonnant ses lettres de noblesse à un aménagement du territoire trop négligé depuis au moins 25 ans.

Reste un point délicat, et non des moindres : nombre de composants mécaniques, électriques et électroniques sont aujourd'hui tributaires de sites de production en Asie, pour des raisons économiques et financières. Se pose donc, à l'échelle européenne, la question d'une ré-industrialisation du continent de sorte à ne pas dépendre uniquement de fournisseurs concentrés. On a plusieurs fois entendu parler d'un Airbus du rail pour évoquer la fusion d'Alstom, tantôt avec Siemens tantôt avec Bombardier : il serait probablement plus porteur d'envisager un projet européen sur la signalisation ferroviaire avec ERTMS en tête d'affiche.

Voilà néanmoins qui devrait en principe donner de sérieux arguments à l'augmentation des moyens alloués au réseau ferroviaire non seulement pour préserver sa consistance mais aussi pour le moderniser et en faire réellement la colonne vertébrale de l'organisation des transports sur le territoire. Entre le réseau structurant, avec un déficit annuel d'au moins 500 M€ par an (d'après l'audit actualisé en 2018) et les lignes de desserte fine du territoire, nécessitant au moins 700 M€ par an (confirmés par la mission du préfet Philizot), un investissement sur ces deux postes totalisant entre 1,2 et 1,5 MM€ par an resterait relativement modeste mais aurait des retombées économiques significatives si elles étaient accompagnées de mesures favorables au report modal. Evidemment, avec l'effondrement du baril de pétrole, la concurrence est rude... mais on sait que cette situation demeure conjoncturelle.

Enfin, certains pourront voir, non sans quelques bonnes raisons, l'opportunité d'accélérer certains projets qui font plutôt consensus. On pensera à LNPN, du moins les sections francilienne et rouennaise, à la LGV Bordeaux - Toulouse, à LNPCA et peut-être à une partie de LNMP sur l'arc languedocien.

Mais le ferroviaire sera-t-il reconnu à sa juste place dans ce futur plan de relance ?

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Commentaires
R
Malheureusement, je crains que le rail soit absent, une nouvelle fois, de ce plan de relance. <br /> <br /> Aujourd’hui on fait l’apologie du monde routier, seul à même de ravitailler les français (ce qui n’est pas faux, avec la disparition du mode ferroviaire pour, entre autre, le transport des produits alimentaires (voir le cas du fameux train Perpignan – Rungis) !), en concédant quelques adaptations sur les conditions de travail au passage (possibilité d’augmenter la durée journalière de conduite jusqu’à 10 heures par jour et même 11 heures 2 fois par semaine). Des loueurs de voitures mettent en avant leur offre comme alternative aux transports publics (comprenez, vous prenez moins de risque sanitaire en voiture que dans les transports en commun), et des malades d’Alsace et de Corse sont évacués par avion ou par bateau vers des régions plus à même de les soigner.<br /> <br /> Il ne s’agit bien évidemment pas de critiquer le choix de ces mesures urgentes et indispensables, mais plutôt de se demander comment, une fois cette crise passée dont on espère qu’elle sera la plus courte et la moins dramatique possible, le chemin de fer et les transports publics en général , pourront trouver leur place dans ce plan de relance.
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R
Le plan de relance.. c'est facile d'en parler.<br /> <br /> <br /> <br /> On s'oriente pour l'instant vers une grosse récession au niveau mondial.<br /> <br /> <br /> <br /> Et si la Chine aura sûrement les capacités de redémarrer "comme avant" en tapant dans son charbon, l'Europe va avoir des difficultés croissantes à importer de l'énergie et donc à se relancer..<br /> <br /> <br /> <br /> Il est cependant évident que nous n'allons plus vivre comme avant.<br /> <br /> Nos modes de vie vont changer, que nous le voulions ou non.<br /> <br /> Et la démondialisation va réduire nos besoins de transport.<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, avec des milliards gratis, le politique ne voudra-t-il pas relancer l'industrie automobile et la construction en payant des autoroutes ?
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A
En Rhône-Alpes, il va falloir prier très fort pour que le plan de relance ne soit pas surtout autoroutier avec l'élargissement de l'A46, le shunt de Manissieux, l'anneau des Sciences, l'élargissement de l'A43 de la Tour du Pin jusqu'au projet de contournement autoroutier de Chambéry, le doublement du tunnel routier du Mont-Blanc,etc .<br /> <br /> Espérons que la priorité sera donnée au CFAL nord, au passage à 4 voies entre Grenay et Saint-Fons, aux accès au tunnel de base du Lyon-Turin et au doublement de la ligne entre Aix les Bains et Annecy.
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B
Article très intéressant, juste . Mais un des commentaire(s) a raison aussi : les gens risque de redouter la promiscuité..........ce qui ne fera l' affaire que de la voiture individuelle !
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K
Excellent article! <br /> <br /> Mais: rails, traverses et/ou matériels roulants sont des productions malgré tout délocalisables. L'acier qui entre totalement ou en grande partie dans ces fabrications est produit par des aciéries qu'on approvisionne en minerai de fer et en coke. Or il reste en France deux sites: Fos sur mer et Dunkerque pour l'acier et une seule usine à rail: Hayange en Lorraine, laquelle, curieusement, importe ses blooms d'Angleterre.<br /> <br /> Par ailleurs, en France, on ne veut plus entendre parler de charbon!<br /> <br /> Donc, s'il est vrai que le chemin de fer est un mode de transport très peu polluant et respectueux de l'environnement, il est fait principalement d'acier et roule sur des rails en acier.
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D
C'est sûr que vis à vis des considérations environnementales, un plan de relance permettant de moderniser le transport ferroviaire a toute sa place. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais au delà de la modernisation des infrastructures, il va surtout falloir que le transport se réoriente. La pandémie va probablement inscrire le télétravail dans les habitudes ce qui va lisser les pics de trafics pendulaires. Les trains seront un peu moins chargés, ce qui sera également rassurant pour les voyageurs. Mais pour les opérateurs, la baisse du trafic pendulaire signifie qu'il faudra aller capter les voyageurs occasionnels et touristiques.<br /> <br /> Pour le fret (hormis les trafics pondéreux et chimie) il s'est majoritairement recentré sur le trafic portuaire. Or il risque d'y a voir une certaine diminution de ce trafic à moyen terme si pour des raisons sanitaires les pays européens décidaient de jouer la relocalisation de la production d'un certain nombre de biens de consommation. D'où la nécessité d'aller dès maintenant se replacer sur des créneaux alternatifs. Voire une approche différente de la concurrence: on pourrait imaginer d'avoir descoopérations entre opérateurs, certains se spécialisant dans la traction de rames à longue distance avec des OFP sur les parties terminales.
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G
Ce serait une bonne chose. Malheureusement je crains aussi que la pandémie donne une mauvaise image au transport en commun, à cause de la promiscuité et de sa perception comme un lieu de contagion…
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G
Je ne peux qu'être d'accord avec vous... Mais je ne serais pas aussi optimiste sur la teneur de cet hypothétique « plan de relance ». Souvenons-nous qu'en 2008, d'après tous les commentateurs et tous les hommes politiques, le capitalisme financier était mort, il fallait repartir sur des bases saines, etc. Deux ans plus tard, tout était oublié.
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S
Espérons que l'entretien, la modernisation et le développement du réseau ferroviaire, avec les grands projets, et des réouverture ou non fermetures de ligne feront partie de cette relance !<br /> <br /> <br /> <br /> A ceux qui objecteront que ce sont des dizaines de milliards d'euros brulés pour rien, il pourra être objectés que dans le réseau électrique, des dizaines de milliards sont bien investi en pure perte, sans aucun gain de CO2 pour la France, ni la moindre sécurisation des lignes. Ce n'est peut être plus là qu'il faut s'épuiser !
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