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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
17 février 2020

Vers une fusion Alstom - Bombardier Transport ?

Le mariage avec Siemens ayant capoté au risque de placer l'ensemble formé avec Alstom en situation particulièrement dominante, sur la grande vitesse et la signalisation d'abord, sur le secteur régional ensuite, Alstom envisage un rapprochement avec la branche Transport de Bombardier et aurait, selon la presse allemande, évoqué un montant de 7 MM€ pour en prendre le contrôle. La branche - allemande - du groupe canadien représente aujourd'hui les deux tiers de ses activités mais le secteur aéronautique est en difficultés et Bombardier avec une dette de 9 MM£, envisagerait de réduire la voilure en cédant des actifs majeurs.

Cependant, Bombardier Transport connaît quelques revers dans le domaine du transport : après plus de 15 ans de domination du secteur des locomotives électriques avec la Traxx, Siemens prend depuis plusieurs années une longueur d'avance avec sa Vectron. Les relations avec la DB sont tendues en Allemagne et les commandes sur ce marché sont devenues très faibles. La DB tire les oreilles de Bombardier sur les rames 69 rames IC2 en cours de livraison. Les 25 premières compositions de 5 voitures à 2 niveaux avec une Traxx série 146.5 ont certes vu progresser leur fiabilité et leur comportement dynamique, notamment en pousse. En revanche, les 44 formations suivantes associées à la nouvelle génération Traxx série 147.5 souffre non seulement d'un retard de livraison mais aussi de déboires informatiques répétés mais aussi de difficultés de compatibilité avec les équipements ERTMS déployés en Suisse, d'où une suspension des réceptions puisqu'une partie de cette seconde tranche est destinée à la relation Stuttgart - Singen - Zurich. Ajoutons aussi les retards annoncés pour la livraison de Talent2 dans le Bade-Wurtemberg et, chez le voisin suisse, le passif sur les  rames Twindexx Vario. Côté français, la situation semble tout de même meilleure : le Francilien ne pose pas de soucis et les tracas rencontrés sur les Régio2N sont plutôt à torts partagés (dans des proportions à déterminer) entre l'infrastructure, le cahier des charges et l'industriel.

En France, le carnet de commandes est encore relativement garni et le plan de charge de l'usine de Crespin est assuré pour au moins 3 à 4 ans... en attendant la suite, et notamment le marché du renouvellement des trains du RER B (MIng)... ce qui sous-entend que, jusqu'à présent, Bombardier envisageait de se présenter indépendamment d'Alstom.

Mais après le rejet par la Commission Européenne de la fusion Alstom - Siemens, quel crédit donner à la perspective d'une fusion Alstom - Bombardier ? Une meilleure complémentarité sur la production de matériel roulant, avec un risque de quasi-monopole globalement limité au territoire français. Sur le domaine de la signalisation, les deux industriels sont en position secondaire par rapport à Siemens, et la fusion pourrait peut-être dégager des synergies pour proposer une offre concurrente crédible... ou de le délaisser complètement. Un second refus européen pourrait passer pour de l'entêtement, mais il faudra que les deux industriels, si le projet se confirmait, précise leur stratégie pour en évaluer la compatibilité avec le droit européen.

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Commentaires
R
D'après Oddo BHF : "Alstom est intéressé par les actifs et le positionnement de Bombardier pour plusieurs raisons. Le groupe possède certains produits complémentaires, au moins régionalement, ainsi que des clients importants dans des pays comme l'Allemagne ou l'Angleterre. Il apporte un complément d'activité en signalisation, qui (...) représente tout de même 800 millions d'euros de chiffre d'affaires. Enfin il occupe une position significative en Chine, et gère des usines en Europe de l'Est et au Mexique."<br /> <br /> <br /> <br /> Je pensais que la Chine était fermée aux acteurs ferroviaires étrangers.
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R
Un facteur à prendre en compte aussi dans l'appréciation de la fusion Alstom Bombardier par la Commission Européenne est que cette commission a changé depuis son refus de la fusion avec Siemens, même si la commissaire à la concurence elle est restée la même dans la nouvelle commission.
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F
Où, soit en Allemagne, soit à Vienne en Autriche
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F
Et Siemens n'a pas de site de fabrication en France, ne pourrait il pas être intéressé lui aussi?
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R
Je parie un gros sac de cacahouètes qu'Alstom ne pourra pas reprendre Crespin en entier (voire du tout ?) et je parie que CAF en prendra un bout.
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J
Merci d'avoir rappelé que Bombardier Transport est davantage allemand que canadien (hormis les capitaux, justement le problème que la maison mère essaye de régler en vendant soit la branche Transport, soit les avions d'affaires - autrement dit l'une ou l'autre de ses moitiés, rien de moins !).<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant le "quasi-monopole globalement limité au territoire français", je ne serais pas surpris qu'Alstom se voie obligé de céder une usine à un concurrent afin d'éviter cette situation.<br /> <br /> Il y a une autre différence avec le refus sur la fusion avec Siemens, c'est qu'entre-temps CRRC a pris pied en Allemagne avec son rachat de Vossloh.
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