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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
14 février 2021

AGV : quand Alstom s’est essayé à la motorisation répartie

Quand on parle d'Alstom - hormis peut-être depuis quelques jours... - on pense évidemment d'abord au TGV, dont il a été le constructeur, mais à une époque où l'ingénierie de conception était d'abord à la SNCF.

Le TGV est certes un champion du rail, mais il l'est avant tout sur le plan français. A l'exportation, il a été vendu d'abord en Espagne, puis en Corée du Sud et plus récemment au Maroc. D'autres dossiers furent plus douloureux, comme Taïwan ou les Etats-Unis.

Le TGV est un produit donc essentiellement adapté au marché français. Alstom a tenté de s'affranchir de ce cadre un peu étroit : la rame Duplex n'a pas forcément les faveurs des opérateurs surtout quand les arrêts sont relativement fréquents et la question de la motorisation (répartie ou concentrée ?) semble aller vers un rééquilibrage, amorcé avec l'ICE3 de Siemens et amplifié plus récemment avec le Zefiro (désormais commercialisé uniquement par Hitachi). Alstom a voulu concilier la motorisation répartie avec la rame articulée, ce qui est aujourd'hui une des forces du TGV. Ainsi est né l'AGV, mais dont la commercialisation n'est pas allée au-delà des 25 unités commandées par Italo, le concurrent de Trenitalia.

Pour en savoir plus sur l'AGV, consultez le nouveau dossier que transportrail lui consacre.

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12 février 2021

Les danseuses ont quitté le réseau

Non, les petits rats de l'Opéra de Paris, fermé pour les raisons que l'on sait, n'ont pas décidé de faire des pointes sur le ballast. En langage cheminot, les danseuses, ce sont ces locomotives construites par Alsthom (avec un H à l'époque) de 1958 à 1974, donnant naissance aux séries 8500 (à courant continu), 16500 et 17000 (en 25 kV), 20200 (bifréquences 25 kV 50 Hz et 15 kV 16 2/3 Hz) et 25500 (bicourants). Leur dessin très simplifié, très parallélépipédique, n'en faisait pas un premier prix d'élégance ou d'aérodynamisme. En outre, leurs bogies à empattement court leur procurait un comportement dynamique prenant assez peu soin du dos des mécaniciens, qui ont fait preuve de modération en leur donnant ce surnom.

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Strasbourg - 15 mars 2019 - La BB25606, avec la caisse longue caractérisant les 8500 et 25500 de seconde série, a terminé sa carrière avec des RRR en Alsace. Sa livrée trahit son passé francilien, puisque ces machines de la banlieue Montparnasse avait été repeintes avec les VB2N dans les années 1990. © transportrail

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Strasbourg - Juin 2001 - Les BB25500 ont succédé aux BB16500 qui, à l'époque, étaient associées à des rames inox type RIO. Un ensemble très parisien d'apparence, mais ici, les voyageurs avaient droit à des sièges individuels. L'illustration des débuts de la régionalisation avec les moyens disponibles en attendant les grands investissements sur le matériel roulant. © transportrail

Au total, 752 locomotives ont été construites. Les BB16500, premières du genre, ont été livrées en 1958 et ont accompagné l'électrification en courant alternatif du nord-est du réseau. Les autres séries ont fait leur apparition en 1964-1965, tant pour remplacer d'anciennes locomotives électriques pionnières (notamment les BB Midi) que pour desservir les nouveaux axes électrifiées (notamment la Normandie). Aptes à 140 km/h, ces locomotives avaient été conçues d'abord pour la traction des trains de marchandises et pour assurer des omnibus et des express en service voyageurs. Cependant, leurs prestations en tête de grands trains ont été généralement limitées : du fait de leur vitesse maximale, les grands rapides n'étaient pas vraiment dans leurs roulements, sauf pour des besoins précis, comme par exemple sur la bosse de Vallorbe, où on put les voir en tête de trains de nuit pour la Suisse et l'Italie, voire sur le Lutetia, où leurs capacités de remorquage en rampe était tout de même appréciable à l'époque.

Ces locomotives étaient aussi très présentes en banlieue parisienne, où elles ont participé à l'élimination de la traction vapeur au Nord, à l'Est et à l'Ouest, que ce soit avec le matériel d'origine (voitures Nord-PLM, voitures Talbot, voitures Ouest à étage) qu'avec la série en acier inoxydable des RIB et RIO. Elles furent évidemment aussi associées aux VB2N dès leur arrivée en 1975.

Les BB Alsthom ont aussi profité, dès la fin des années 1970, des effets de l'implication des Régions dans le transport régional : Métrolor, Métrazur et Stélyrail puis la démarche Transport Collectif Régional en Nord Pas de Calais à compter de 1979 également avec des segments RIO, puis avec les VR2N. Par la suite, elles furent évidemment associées aux RRR livrées à partir de 1986, marquant l'essor du rôle des Régions, profitant d'un trafic fret qui avait déjà commencé à perdre de sa consistance.

L'arrivée des différentes générations de matériel TER à partir de 1997 a progresssivement rogné leurs prestations, dans un contexte de développement de l'offre, amenant à les utilliser encore à bon rythme, d'autant que leurs performances sur ces missions étaient tout de même honorables.

Mais toute chose a une fin et ces vaillantes locomotives ont quitté le réseau : les 6 dernières représentantes de cette famille, des BB25500, ont cessé leurs prestations courant janvier sur des TER Strasbourg - Sélestat encore confiés à des RRR.

7 février 2021

Walendeburg : la fin d'une exception

Unique chemin de fer secondaire établi à l'écartement insolite de 750 mm, la ligne de Liestal à Waldenburg sera fermée à compter du 6 avril prochain pour transformation. L'exploitation a déjà été reprise par le BLT, qui gère déjà les lignes suburbaines des tramways de Bâle (sauf celle de Pratteln, confiée au BVB), qui va mener la conversion à la voie métrique, couplée au renouvellement du matériel roulant avec l'introduction de tramways. En 2018, Stadler a été désigné lauréat d'un appel d'offres commun avec le futur tramway de la vallée de la Limmat à Zurich : la ligne de Waldenburg sera dotée de 10 rames Tramlink de 44 m, au gabarit 2,40 m. Elles disposeront de 72 places assises, 16 strapontins et d'une capacité totale de 263 places.

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Oberdorf - 15 février 2017 - Le chemin de fer se mue en tramway dans la traversée du bourg d'Oberdorf comme c'est le cas de nombreuses lignes secondaires en Suisse. La transformation du WB va débuter, mettant fin à la singularité de l'écartement de la voie. (cliché X)

Le BLT expérimentera sur cette ligne un système de pilotage automatique des tramways, d'abord avec conducteur, puis sans conducteur à compter de 2027 (un agent commercial sera présent pour gérer les modes dégradés) et, en principe, de façon totalement autonome à horizon 2032.

6 février 2021

Du mieux cette année pour les Horlogers

La ligne Besançon - Le Locle, surnommée ligne des Horlogers, sera mise à l'arrêt à partir du 1er mars et jusqu'au 21 octobre pour procéder à des travaux de renouvellement qui porteront sur 35 km du parcours, avec à la clé la mise en accessibilité des gares du Valdahon et de Morteau. L'investissement sur ce point est de 49 M€. Ces chantiers permettront de lever les ralentissements et de procéder à quelques ajustements à la hausse des vitesses en étendant le domaine parcourable à 90 km/h, alors que la vitesse actuelle descend jusqu'à 50 km/h.

En outre, pour assurer la continuité des dessertes transfrontalières, la Suisse a finalement accepté la solution consistant à installer le KVB (quelle modernité !) entre Le Locle et La Chaux de Fonds pour que les X73500 puissent circuler malgré la dépose des équipements Signum, du fait de la généralisation de l'ERTMS niveau 1 sur la ligne. Cet investissement de 5,5 M€ permettra ainsi de temporiser, dans l'attente d'un matériel français équipé ERTMS... et de l'équipement de la ligne, au moins sur sa section frontalière depuis Morteau.

Au total, les 55 M€ sont financés par l'Etat (40,8 %), la Région Bourgogne Franche-Comté (40,8% aussi), l'Union Européenne (10,8 %) et SNCF Réseau (7,6 %).

Les travaux ne prévoient pas d'investissements pour augmenter la capacité de la ligne, différés à une phase ultérieure, probablement au-delà de 2024, du fait des budgets nécessaires, et de discussions à poursuivre sur la future organisation entre Morteau et la Suisse : le besoin est là (jusqu'à 15 000 véhicules par jour au col des Roches) mais il faudra une convergence entre les collectivités en charge des transports, et probablement des Etats, pour la mettre en oeuvre. Côté Suisse, la confirmation du projet de ligne nouvelle entre La Chaux de Fonds et Neuchâtel pourrait être l'occasion d'envisager, outre des navettes locales entre Morteau et La Chaux de Fonds, des dessertes franco-suisse de Besançon à Neuchâtel. Mais il faudrait pour cela utiliser la traction électrique de bout en bout...

3 février 2021

Décarbonation : le panel de solutions se complète

Après les annonces sur le Régiolis hybride et l'AGC à batteries, la SNCF continue de déployer la stratégie du plan PlaneTER présentée l'année dernière pour décarboner le transport régional.

En Normandie, 15 Régiolis engagés sur Paris - Granville vont tester entre avril et juin prochains le remplacement du gasoil par un biocarburant issu des résidus de la filière colza (type B100) qui devrait réduire de 60% des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif est d'évaluer les éventuels impacts sur les performances et le cycle de maintenance des moteurs, sachant que ce type de carburant est déjà utilisé par certains opérateurs de fret.

Toujours avec le Régiolis, l'Etat donne un coup de pouce financier à l'expérimentation de 14 Régiolis bimodes transformés pour fonctionner, outre via la caténaire, à l'aide d'une pile à combustible alimentée par de l'hydrogène. L'Etat investit 47 M€ sur un coût total de 130 M€. Le reliquat sera financé par les Régions, dont 42 M€ par la Région Occitanie, intéressée pour la ligne Montréjeau - Luchon. Les rames seront équipées de 2 piles à combustibles, de réservoirs à hydrogène d'une capacité de 160 à 180 kg (contre 260 kg sur les Coradia i-Lint). Restent à définir les autres territoires : il était question de

  • Bourgogne Franche-Comté pour Laroche-Migennes - Auxerre (avec perte des liaisons directes pour Paris...) ;
  • Auvergne Rhône-Alpes sur un axe à préciser (mais ce ne sera pas facile compte tenu des profils parfois sévères sur les lignes non électrifiées)
  • Grand Est également sur un périmètre à définir.

En outre, il semblerait qu'une autre réflexion s'engage sur le recours à l'hydrogène, par un principe plus classique de combution interne dans des moteurs thermiques, sans pile à combustible.

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2 février 2021

Trains de nuit français : des nouveautés dès cette année ?

Encenser aujourd'hui ce qu'on a porté au bûcher hier : il n'y a pas pas si longtemps, c'était dans le « monde d’avant », le train de nuit était jugé dépassé, inutile et dispendieux en argent public. Résultat, un élagage sévère des dessertes au point de se priver de relations vers la montagne (Saint Gervais, Bourg Saint Maurice) et vers la mer (Port-Bou, Nice, Hendaye). Heureusement, la Région Occitanie a sauvé la liaison la concernant, mais il a fallu mettre la main à la poche.

Le mouvement de soutien aux trains de nuit n'a pas baissé les bras, d'autant qu'il a été aidé par le succès autrichien et par un contexte sociétal remettant en question l'usage de l'avion sur de courtes distances, promoteur d'une mobilité à vitesse raisonnée. En guise de slogan : « le train de nuit, c'est le moyen de mettre Paris à une heure de Perpignan » (ce qui est forcément porteur car, vous le savez bien, la gare de Perpignan est le centre du monde !).

En visite à Périgueux dans les ateliers de la SNCF où a débuté l'année dernière un chantier de rénovation des voitures Corail de nuit, le ministre délégué aux Transports a dévoilé les modalités de renouveau des trains de nuit français.

Ainsi, cette année, seront restaurées les relations Paris - Nice (en avril) et Paris - Tarbes (en décembre). La rénovation du matériel roulant portera sur 93 voitures dont 35 pour Briançon, 36 pour Latour de Carol et Rodez, 22 pour Tarbes et Nice. Il y avait donc de la réserve, et toutes les voitures « mises au tas » n'ont pas été la proie des chalumeaux.

Le retour du Paris - Nice semble profiter de la mise à l'arrêt du Paris - Briançon pour cause de travaux sur Livron - Veynes et de l'arrêt des circulations sur la ligne des Alpes (au sud de Clelles), et du rejet par l'Etat du tracé alternatif proposé par les associations, via Avignon, Cavaillon et Pertuis.

L'Etat a aussi confirmé l'étude de 4 troncs communs pour développer de nouvelles relations :

  • Paris - Toulouse : il existe déjà, puisque cet axe accueille aujourd'hui les tranches de Rodez, Latour de Carol et de Port-Bou ;
  • Dijon - Marseille, qui laisse entrevoir le retour des liaisons type Alsace / Lorraine - Méditerranée ;
  • Bordeaux - Marseille, avec la perspective de retour d'un Nantes - Méditerranée ;
  • Tours - Lyon, mais via l'Ile de France (Grande Ceinture) comme c'était le cas dans les derniers temps du Lyon - Nantes / Bordeaux nocturne.

Il est étonnant de ne pas voir dans ces perspectives un axe au départ de Paris vers le sud-est, puisqu'il y a déjà les liaisons vers Briançon et Nice, et que le potentiel élevé vers les Alpes (Evian, Saint Gervais, Bourg Saint Maurice) devrait être pris en considération.

Ces nouvelles liaisons impliquent évidemment l'acquisition de nouvelles voitures, car le charme « vintage » des voitures Corail, même rénovées, aura ses limites sur le plan commercial, et que le parc restant ne pourra pas couvrir toues les besoins. Cette interrogation rejoint celle de la forme juridique de ces trains. Le modèle autrichien montre qu'une exploitation aux risques et périls (open-access) est possible, mais il s'agit pour large partie de liaisons internationales. Les actuelles liaisons françaises sont intégrées aux Trains d'Equilibre du Territoire, conventionnés par l'Etat qui prend fin en 2022. Quelle sera sa stratégie ? Appel d'offres ou attribution directe ? Portage du matériel par l'Etat ou par l'opérateur ? Car s'il faut des voitures, il faudra aussi des locomotives !

Suite au prochain épisode... et en attendant, vous pouvez relire les pages de transportrail consacrées aux trains de nuit français...

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