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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

Liaisons transfrontalières : un marché sous-estimé

La grande vitesse... oui mais au-delà ?

Les dessertes ferroviaires entre la France et les pays voisins connaissent des fortunes diverses. Au premier plan, la grande vitesse a facilité le développement de liaisons européennes :

  • Thalys entre la France, la Belgique, les Pays Bas et l’Allemagne (Paris – Bruxelles – Amsterdam / Cologne) par la LGV Nord et les lignes nouvelles de Belgique et des Pays Bas ;
  • Eurostar entre le Royaume Uni, la Belgique et la France (Londres – Paris / Bruxelles) par la LGV Nord, le tunnel sous la Manche et la HSL1 ;
  • Alleo entre la France et l’Allemagne (Paris – Francfort / Stuttgart / Munich) par la LGV Est
  • Lyria entre la France et la Suisse (Paris – Genève / Lausanne / Zurich) ;
  • Les liaisons franco-espagnoles depuis Barcelone vers Toulouse, Marseille, Lyon et Paris, articulées autour des LGV Sud-Est et Méditerranée ;
  • la liaison Paris – Luxembourg sur le TGV Est ;
  • la liaison Paris – Milan circulant sur la LGV Sud-Est.

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Chelles - 13 avril 2013 - La circulation des ICE3 en France et des TGV Euroduplex en Allemagne est une des illustrations du rôle bénéfique de la grande vitesse sur l'amélioration des liaisons ferroviaires internationales. © transportrail

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Saint Denis - 30 septembre 2011 - Thalys, peut-être une des plus belles réalisations internationales, lointaine descendance des Trans Europ Express, jusqu'à ce clin d'oeil sur la livrée, avec ce rouge qui avait alors fait sensation en 1957. Une même rame pour circuler en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. © transportrail

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Nimes - 30 décembre 2014 - Un partenariat qui mériterait d'être développé : les liaisons entre l'arc languedocien et l'Espagne sont encore trop modestes. La RENFE assure les quelques liaisons depuis Barcelone vers Marseille, Lyon et Toulouse. Air Nostrum viendra bousculer cette offre avec des relations Montpellier - Madrid, en louant des AVE S100 à la RENFE. © E. Fouvreaux

Ajoutons au chapitre des liaisons Grandes Lignes, les trains Eurocity assurés par Thello, que ce soit le train de nuit Paris - Venise ou les liaisons diurnes entre Marseille, Nice et Milan.

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Cannes - 1er octobre 2017 - Grâce à Thello, la Côte d'Azur dispose de 3 allers-retours Eurocity entre Nice et Milan via Gênes. L'un deux est prolongé à Marseille. Hormis le train de nuit Nice - Moscou, ce sont les seuls trains à aller plus loin que Vintimille depuis la France. © transportrail

Quel marché ?

La carte ci-dessous, issue d'une étude du Commissariat Général à l'Egalité des Territoires (drôle d'appellation, un brin connotée planification centralisatrice), illustre l'importance des migrations pendulaires de salariés français allant travailler dans les pays voisins sur les frontières du nord-est. On y remarque évidemment la densité de flux quotidiens et surtout la diversité des distances. Luxembourg, Bâle et Genève sont évidemment des pôles très attractifs, mais on notera la forte porosité entre Lille et les communes belges alentours, notamment Mouscron, Courtrai, Tournai, Mons et Charleroi. En Alsace, les agglomérations de Karlsruhe, Offenburg, Freiburg génèrent d'importants flux depuis la France. On notera aussi que les flux depuis la Franche-Comté sont plus longs, de Belfort jusqu'à Bienne voire même Berne, de Morteau vers La Chaux de Fonds et Neuchâtel, de Pontarlier vers Neuchâtel et surtout Lausanne et évidemment de toute la Haute Savoie vers l'arc lémanique.

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Trafic ferroviaire régional : l'indigence est de règle, la densité reste l'exception

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Les frontières restent tenaces, avec notamment 11 points frontières qui accueillent moins de 10 circulations par jour. Parmi ceux-ci, deux sont en travaux et connaîtront prochainement un nouvel élan : il s’agit de Delle, pour lequel sont prévus au moins 10 allers-retours venant de Suisse et bien entendu de CEVA, avec une desserte qui devrait atteindre 6 trains par heure.

A l’opposé, 7 points frontières accueillent sur une journée plus de 40 circulations voyageurs par sens : il s’agit de la LN3 vers la Belgique, de Metz – Thionville – Luxembourg et de Mulhouse – Bâle.

Dans les axes à capillarité correcte, on notera qu’ils sont majoritairement sinon exclusivement le fait des opérateurs voisins : les CFF entre Bellegarde et Genève, SWEG sur la liaison Strasbourg – Offenburg et l’opérateur du tram-train de Sarrebruck – Sarreguemines.

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 Bellegarde sur Valserine - 31 mars 2017 - Les Flirt des CFF assurent la relation Bellegarde - Genève intégrée au RER genevois. La densité urbaine et l'attractivité économique et industrielle du bassin genevois a milité pour le développement de longue date des relations ferroviaires entre ces deux villes. L'essor du RER devrait encore les intensifier. © transportrail

A l’opposé, on notera l’extrême faiblesse des liaisons franco-espagnoles et franco-italiennes, exception faite du passage par Vintimille. Dans ce tableau, n’a pas été intégré l’Euskotren Hendaye – Liserta via San Sebastian qui assure un service à la demi-heure toute la journée, et fait donc exception. La ligne nouvelle Perpignan – Figueras est désespérément vide, faute d’avoir misé sur le bon segment de marché. La longue distance demeurera durablement l’apanage de l’avion : c’est donc sur les liaisons entre Pays d’Oc et Occitanie qu’il faudrait plutôt miser.

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La Tour de Carol - 9 juillet 2015 - Au coeur des Pyrénées, le franchissement de ce point frontière relève le plus souvent du coup de chance car les trains français et espagnols sont relativement peu nombreux et pas forcément bien coordonnés. Cette automotrice série 447 de la RENFE est à destination de Barcelone, au terme d'un parcours de plus de 3 heures. © transportrail

On notera aussi que, malgré les récents efforts, le développement de la desserte franco-belge depuis Lille reste en deçà de son potentiel, avec au mieux un train par heure.

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Lille Flandres - 2 juin 2017 - La densité urbaine de la Flandre, qu'elle soit française ou belge, justifie le développement des offres ferroviaires transfrontalières, depuis Lille vers Gand et Namur. Elles sont majoritairement assurées par la SNCB avec ses AM96 à l'allure étonnante : cabine escamotable comme sur les RGP jadis et intercirculation étanche grâce au bourrelet en caoutchouc. © transportrail

Les relations avec l’Allemagne sont encore lacunaires : les lignes françaises de Wissembourg et de Lauterbourg restent des « culs de sac commerciaux », généralement moins bien desservis en France. Hormis les TGV et ICE, en nombre limités, il n’existe aucune offre régionale directe entre Strasbourg et la rive droite du Rhin, vers Karlsruhe, Mannheim ou Freiburg. Les autocars se frottent les pneus !

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Sarreguemines - 2 mars 2017 - Le tram-train de Sarrebrück dessert Sarreguemines toutes les demi-heures. A l'inverse, rares sont les TER à assurer une desserte Strasbourg - Sarreguemines - Sarrebrück. Réunir les deux sur un même cliché n'est donc pas chose facile. Ce fut fait ! © transportrail

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Strasbourg - 30 janvier 2015 - Les RS1 Ortenau S-Bahn assurent une bonne partie de la desserte Strasbourg - Kehl - Offenburg. Une desserte qui a vocation à intégrer un futur RER strasbourgeois. © transportrail

Côté Suisse, le service au travers du Jura est très restreint : le Jura suisse s’intéresse à la ligne des Horlogers, mais la liaison entre Pontarlier et la Suisse semble menacée compte tenu de son extrême faiblesse. Et pourtant, il est de notoriété publique que le Hauts-Doubs entretient des relations économiques anciennes avec le Canton de Neuchâtel...

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Morteau - 12 août 2017 - Un trafic routier conséquent dans une région assez rurale, conséquence de l'attractivité économique du Jura suisse et de son tissu industriel. Cependant, l'offre ferroviaire est rachitique. Les autorités suisses n'apprécient guère l'afflux quotidien de voitures françaises alors que la voie ferrée est sous-utilisée... © transportrail

A noter enfin que cette analyse ne porte pas sur le fret, sachant que certains points frontière, comme Quévy, Modane, Hendaye ou Cerbère sont justement plutôt empruntés par les convois de marchandises.

Conclusion : les liaisons transfrontalières, ce n'est pas que l'Europe des grandes métropoles, c'est aussi des transports du quotidien, un peu plus anonyme, moins rapides mais au moins aussi essentielles !

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