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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
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2 décembre 2010

RFF pose la question de l'avenir du réseau

On pourrait presque croire que l'histoire a des hoquets, ou qu'une machine à remonter le temps nous a ramenés six ans en arrière. RFF tire le signal d'alarme : les recettes du gestionnaire d'infrastructures ne couvre que 83% des dépenses d'entretien et de renouvellement du réseau national. Si RFF augmente ses péages pour faire financer l'entretien du réseau aux trains qui l'empruntent, les investissements de renouvellement ne seraient pas couverts par ces recettes... tandis que l'Etat réduit sa dotation au fur et à mesure de la réévaluation des péages, et la SNCF de réduire parfois ses ambitions sur les créations de nouvelles relations ferroviaires.

Aujourd'hui, en moyenne, les péages représentent le tiers du prix d'un billet vendu aux voyageurs. RFF estime qu'il faudrait dépasser les 40% pour que le TGV paie le coût complet d'utilisation de l'infrastructure.

Pourtant, de vastes plans de modernisation sont engagés surtout à l'initiative des Régions, dès lors que la situation est telle que le statu quo entraînerait la mise en péril de certaines sections du réseau. Or les Régions ne bénéficient pas d'une remise sur les péages, même quand l'investissement permet une diminution des coûts de maintenance des installations.

Il est vrai qu'on s'est beaucoup focalisé sur la voie, le rail, le ballast, les traverses, mais il ne faut pas oublier que le rapport du Professeur Rivier de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne avait en 2004 pointé aussi la situation des ouvrages d'art, viaducs, tunnels, remblais, qui, dans certains cas, présentaient déjà un état de vieillissement prononcé.

Dans un scénario au fil de l'eau, RFF considère qu'un cinquième du réseau pourrait faire les frais de cette situation, se traduisant donc par des fermetures de ligne et des mises sur route des dessertes.

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Pomas - 23 juillet 2010 - Carcassonne - Quillan : une ligne à l'infrastructure surannée dont l'avenir pourrait être menacé faute de moyens nouveaux pour régénérer le réseau ferroviaire...  © transportrail

Pour RFF, la question des recettes est prioritaire, mais celle des dépenses l'est tout autant : or aujourd'hui, RFF délègue la maintenance du réseau à la SNCF. RFF déplore ne pas avoir les coudées franches sur les coûts d'opération, et la SNCF réplique qu'elle perd de l'argent sur l'activité, mais RFF aussi puisque le coût de la convention de gestion sur l'infrastructure est supérieur aux recettes de péages, plafonné pour ne pas trop impacter l'opérateur historique. D'un côté, 2,6 MM€ et de l'autre, 2,1MM€ : résultat, ce sont 500 M€ de manque à gagner qui se répercutent chaque année dans le budget de RFF, et qui vont gonfler la dette.

Une fois de plus, il apparaît que la réforme de 1997 fut partielle et n'a pas permis de garantir la pérennité d'un réseau ferroviaire préservé dans son intégrité et qui puisse servir de socle solide au développement du rôle du rail dans la mobilité contemporaine des hommes et des biens.

L'augmentation des péages risque d'être contreproductive puisqu'elle incite les opérateurs à modérer leur consommation de sillons. Dans cette logique, RFF voudrait surtaxer les trains à deux niveaux, plus productifs pour les opérateurs, mais la mesure pourrait être perçue comme une volonté de faire payer au prix fort un service d'une utilité difficilement contestable et RFF endosserait alors le mauvais rôle.

On n'échappera pas à une réflexion sur la délégation de la gestion de l'entretien du réseau et sur la recherche de solutions plus productives, et à un regard sur trente ans d'une politique ferroviaire qui s'est trop souvent limitée au seul développement de lignes TGV, dont personne ne conteste l'utilité, mais dont on peut constater qu'elles ont consommé l'ensemble des crédits disponibles...

Mais comment également ne pas reprocher à l'autorité de tutelle du monde ferroviaire - l'Etat - de ne pas avoir eu la présence d'esprit de faire de la modernisation en profondeur du réseau ferroviaire un axe essentiel - premier ! - de la politique environnementale nationale au travers du Grenelle de l'Environnement d'une part, mais aussi du programme de soutien à l'économie nationale. Le ferroviaire, c'est du BTP, et "quand le BTP va..."

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28 septembre 2010

Le modèle économique de la SNCF bousculé

Au cours d'un récent séminaire, l'état major de la SNCF a présenté une nouvelle stratégie de recentrage sur les activités de proximité, le TER et l'Ile-de-France. Selon Le Monde, on a entendu que "le TGV est une niche dont le modèle économique est à reconstruire". Rien de moins ! Certes, face à la hausse des péages et à un pouvoir d'achat en berne, le TGV n'arrive plus à financer ses propres opérations, comme la rénovation du parc ou l'acquisition de nouvelles rames, et ne contribue plus comme auparavant à mettre les comptes du TGV dans le vert. Selon la branche Voyages, 20% des dessertes TGV ne seraient pas rentables et la démultiplication des dessertes en bout de ligne sur le réseau classique serait en ligne de mire. Premier exemple, le Cherbourg - Dijon passe de vie à trépas au prochain changement de service.

La SNCF mise aussi sur ses filiales et notamment par Keolis, bien implantée dans le domaine du transport urbain, et qui part à la conquête de marchés ferroviaires régionaux à l'étranger : c'est une des pommes de discorde avec certains de nos voisins européens, notamment avec l'Allemagne. Le développement à l'international de la SNCF est probablement indissociable avec une ouverture sur le marché intérieur.

Il n'en demeure pas moins que le modèle économique du TER est aussi en difficulté : d'abord parce que l'Etat prive les Régions d'une ressource importante avec la réforme fiscale marquée par la suppression de la taxe professionnelle, mais ensuite parce que le réseau nécessite d'importants investissements pour pouvoir franchir le cap de la croissance soutenue et durable du trafic. Or RFF a des marges de manoeuvre plus que limitées, et parler de productivité dans l'entreprise pour faire en sorte que chaque denier public soit plus justement utilisé provoque, notamment dans le monde syndical, des réactions épidermiques bien connues des usagers. Pourtant, sans une transformation en profondeur du fonctionnement de l'entreprise et une transparence irréprochable dans ses relations avec les Régions, le transport public régional ne pourra franchir un nouveau cap.

En Ile-de-France, le grand sujet est évidemment la fiabilisation du réseau et l'amélioration du service rendu, mais la SNCF veut aussi s'inviter au bal du Grand Paris. Peut-être n'a-t-elle pas encore compris que la partie était déjà jouée...

Quant au fret... ni fleurs ni couronne ?

5 septembre 2010

Midi-Pyrénées : RFF inquiet après le Plan Rail

Midi-Pyrénées revient de loin : si la Région n'avait pas décidé un plan de sauvetage du réseau ferroviaire secondaire, il y a fort à parier qu'on commencerait aujourd'hui à fermer plusieurs sections de ligne. La Région s'est endettée de 500 M€ pour financer le maintien de ce qu'il reste du réseau ferroviaire, dont une bonne partie a déjà disparu entre 1938 et les années 1990. D'ici trois ans, le gros du programme sera terminé mais certaines lignes sont restées hors du périmètre du Plan Rail.

La direction de RFF ne voit d'autres issues que la fermeture de certaines lignes, comme l'antenne de Luchon, la ligne des Causses ou Rodez - Séverac, sur lesquelles le nombre de trains quotidiens se compte sur une seule main et dont l'état nécessiterait plusieurs centaines de millions d'euros pour restaurer les installations, principalement pour la ligne des Causses.

La suppression de la taxe professionnelle va priver les Régions d'une ressource importante, qui alimentait la politique d'investissements des collectivités. Il y a fort à parier que le tarissement de cette source de recettes mais aussi les effets de la conjoncture économique vont réduire les marges de manoeuvre pour lancer de nouveaux projets de rénovation du réseau ferroviaire. 

En matière de ressources, ne pas oublier qu'en Allemagne, la taxe poids lourds rapporte 4 MM€ par an. En quatre années seulement, la somme nécessaire à la modernisation de l'intégralité du réseau ferroviaire français serait recueillie. Qui osera mettre en place une "écotaxe"?

2 juillet 2010

Haut Bugey : les suisses font leurs comptes

Alors que la ligne du Haut-Bugey s'apprête à renaître après cinq années de fermeture entre Bourg-en-Bresse et La Cluse et plus de vingt ans d'abandon entre La Cluse et Bellegarde, la Suisse vient d'exprimer son mécontentement après l'annonce des temps de trajet des TGV Paris - Genève qui ne transiteront plus par Culoz à compter du 12 décembre.

L'objectif était simple : en passant par La Cluse et Nantua par la ligne existante modernisée et électrifiée, les TGV devaient gagner 30 minutes et mettre ainsi Paris à 3 heures de Genève. La Suisse a investi 110 M€ dans l'opération, soit le tiers du coût du projet, ce qui lui donne naturellement voix au chapitre pour exprimer son point de vue.

Les horaires annoncés font état de temps de trajet oscillant entre 3h05 et 3h17, soit une moyenne de 3h10, rognant d'un tiers le gain de temps envisagé à l'origine du projet et qui avait motivé la participation de nos voisins. La Communauté d'Intérêt pour les Transports Publics (CITRAP) de Genève déplore cette situation, partagée par les associations françaises.

RFF explique ces écarts par rapport à l'objectif par les courbes prononcées dont certaines n'ont pu être rectifiées, et par l'augmentation du trafic sur le réseau ferroviaire : l'argument est délicat puisqu'en particulier sur les lignes iques parcourues par les TGV Paris - Genève, la section Mâcon - Bourg est essentiellement parcourue par des trains de fret (dont la situation n'est pas florissante), tandis que de Bourg à La Cluse, les TGV ne cohabiteront qu'avec un service TER qui n'a rien d'exceptionnel (si 10 allers-retours par jour pénalisent le débit d'une voie unique, autant confier l'exploitation au CFF qui s'en sortent très convenablement avec une offre cadencée à la demi-heure !). De La Cluse à Bellegarde, les TGV seront seuls, puisque la Région Rhône-Alpes a préféré maintenir l'offre routière plus adaptée à la desserte du territoire (trafic essentiellement scolaire). Seule la section Bellegarde - Genève est "un peu" contrainte mais ce n'est pas le tronçon central du RER A...

30 juin 2010

Vers la centralisation de la commande du réseau

1700 postes d'aiguillages gèrent aujourd'hui le réseau ferroviaire français. Demain, l'objectif de RFF est de se limiter à 17 commandes centralisées dont le périmètre sera plus vaste et les outils de régulation plus vastes qu'aujourd'hui. Le 14 juin dernier, le Secrétaire d'Etat aux transports inaugurait la première "CCR" (commande centralisée du réseau) à Lyon, dont la montée en puissance s'étalera sur 4 ans, le temps de rendre compatibles tous les équipements qui seront sous sa commande. La CCR de Dijon ouvrira en août prochain.

La logique des CCR s'inspire évidemment des réalisations des pays voisins, à commencer par la Suisse, mais aussi des Postes de Commandement Centralisé de la RATP pour les lignes A et B du RER. Centraliser les compétences et les lieux de décision permet en principe d'améliorer la chaîne opérationnelle et de réduire les délais d'incidents lors des perturbations. Un fort enjeu qu'avait souligné l'audit Rivier en 2005, face à l'obsolescence de nombreux postes de signalisation qui engendrait d'importants coûts de maintenance et une fiabilité limitée.

L'investissement total sur le réseau français d'ici 2030 s'élève à 5 MM€  financés par RFF : 500 M€ ont été investis sur la seule opération lyonnaise dont la seule première phase a été inaugurée.

Manque de chance, la commande a eu des ratés et l'après-midi du 28 juin fut calamiteuse sur l'ensemble du réseau Sud-Est du fait d'importantes difficultés techniques engendrant quantités de suppressions et des retards pouvant dépasser 1h30...

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13 juin 2010

Pas assez de trains en France !

Interrogé par la revue Infrastructures et mobilité, Hubert du Mesnil, Président de RFF déclare : "Le meilleur moyen d'atteindre l'équilibre économique serait d'augmenter le nombre de trains. La grande différence avec nos voisins allemands et suisses, et c'est une particularité française, est qu'il n'y a pas assez de trains sur le réseau français hors Ile-de-France".

Autant dire que dans ces conditions, plaider la saturation du réseau sera de plus en plus difficile : si trouver un sillon dans certains noeuds ferroviaires à l'heure de pointe relève de l'exercice impossible, il n'en reste pas moins que le réseau français est nettement moins utilisé que ceux de ses voisins immédiats, où les lignes parcourues par moins de 50 trains par jour sont rares, sinon rarissimes, alors qu'elles constituent le tiers du réseau français. Et dans ce cas, c'est le résultat d'une densité démographique plus faible (d'où une offre potentielle inférieure), d'une infrastructure obsolète (avec des outils d'exploitation limitant fortement le débit) et de coûts d'exploitation élevés (limitant le volume d'offre par une capacité de financement des Régions non extensible à merci).

8 mai 2010

Fret : des trains de 850 m

RFF, le Groupement National des Transports Combinés, l'UTP et le cercle Optimodalité Europe ont signé le protocole d'accord qui va permettre la circulation expérimentale des premiers trains commerciaux de fret longs de 850 m au lieu de 750 m sur le réseau français. Estimé à 10%, le gain de productivité devrait d'abord bénéficier à l'axe Paris - Marseille.

La quête du train long a été entamée de longue date et on se souvient, voici une dizaine d'années, de l'essai de trains de 1500 m. Néanmoins, au-delà de 850 m, les tampons iques et l'attelage à vis deviennent insuffisants et de nouvelles solutions pour l'assemblage des wagons devront être imaginées, tandis que les infrastructures devront être adaptées, notamment les garages en ligne et les installations de triage.

Reste qu'on aurait pu engager plus tôt cette démarche qui contribuera à améliorer l'efficacité d'un fret ferroviaire bien mal en point...

10 janvier 2010

Rouvrir une ligne : tout un labeur

Les réouvertures de voies ferrées sont rares : depuis 1990, les sections ayant retrouvé leur vocation ferroviaire sont plutôt rares et n'ont pu aboutir qu'avec beaucoup de ténacité des financeurs. Citons quand même Tassin - Brignais et L'Arbresle - Sain Bel en région lyonnaise, le barreau de Jussy en Picardie, l'embryon de tangentielle ouest du côté de Saint-Germain-en-Laye, l'antenne de Pertuis du côté d'Aix-en-Provence, Cannes - Grasse, Motteville - Monterrolier en Normandie... bref des "petits bouts" disséminés et qu'il a fallu soutenir à bout de bras.

Depuis quelques années, outre certains freins de ceux qui considèrent encore que les investissements ferroviaires restent un gaspillage par rapport à l'amélioration de la capacité du réseau routier, l'opposition des riverains se fait de plus en plus vigoureuse, puisque leur bien perdrait de la valeur à cause des nuisances engendrées par le passage des trains. Sans tomber dans la caricature des opposants au TGV Méditerrannée voici 20 ans, il ne faut pas passer sous silence les considérations pour le moins partiales de ces contestations qui oublient les avantages d'un service de transport ferroviaire fréquent et régulier dans les bassins urbanisés... et les conséquences néfastes de la domination du seul transport individuel...

Dernier exemple : certains élus de Loire-Atlantique soutiennent l'idée de rouvrir la section Montoir-de-Bretagne - Pontchâteau, achevant le "triangle" de Savenay, ville dans laquelle se séparent les axes Nantes - Rennes et Nantes - Le Croisic. Il s'agirait donc d'améliorer l'accès à l'estuaire de la Loire depuis Rennes. Mais voilà, les riverains ne voient pas d'un bon oeil ces réflexions encore très embryonnaires, considérées déplacées compte tenu du coût d'une telle réouverture. Et de proposer de transformer en voie verte l'emprise ferroviaire : idée totalement conforme à la quiétude pavillonnaire, mais le gazouillis des petits zoziaux n'a jamais empêché le trafic automobile de pulluler...

21 août 2009

L'ouverture... même au ferroviaire !

On le sait, le chef de l'Etat est un adepte de l'ouverture et ça ne fait pas que des heureux, même dans sa famille politique. Nouvelle application du concept en vue les 21 et 22 septembre prochain avec l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi relatif à la création de l'autorité de régulation ferroviaire, chapeautant la SNCF et RFF (et quid de l'EPSF ?) dans le cadre de l'ouverture du marché ferroviaire fret et longue distance voyageurs.

Plusieurs amendements ont été déposés par la majorité pour autoriser les Régions à expérimenter l'ouverture du marché ferroviaire régional. Le 13 décembre prochain, entre en vigueur le règlement européen sur les obligations de service public et la période de transition de 10 ans pour l'harmonisation européenne commence. En résumé, le règlement européen consacre le principe de la délégation de service public selon des formes très proches de celles aujourd'hui connues en France pour l'exploitation des réseaux urbains et pérennise les régies internes et les droits exclusifs à condition que l'opérateur ne candidate pas sur d'autres réseaux. Stricto sensu, le règlement OSP n'oblige pas à mettre en concurrence ou à privatiser, mais élargit le champ des possibles et incite certains grands opérateurs (la RATP et la SNCF au hasard...) à clarifier leur position entre la préservation d'un domaine exclusif et la compétition internationale.

Certains y voient, non sans de bonnes raisons, une habile manoeuvre politique destinée à lancer la campagne des élections régionales sur le thème des transports, en poussant les Régions à prendre position sur la question. Jusqu'à présent, seule l'Alsace se disait intéressée par une expérimentation.

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