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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
rff
15 décembre 2011

Assises du ferroviaire : premières décisions

Premières décisions du gouvernement à la suite de la parution des rapports des différentes commissions des Assises du Ferroviaire, concernant l'ouverture du marché, la gouvernance du système ferroviaire français, l'économie du réseau et la filière industrielle.

Premièrement : priorité à la modernisation du réseau classique. Sous couvert de la mise en place d'une instance d'évaluation des projets, une "règle d'or" est adoptée pour les nouveaux projets de développement ferroviaire : pas d'accroissement de la dette du système ferroviaire. Comprendre à mots couverts que les projets de LGV hors Tours - Bordeaux, Le Mans - Rennes, Nîmes - Montpellier et Est phase 2, déjà en travaux ou financés, sont en ligne de mire. Villes et Transports y voit, probablement avec justesse, l'enterrement des projets Normandie, PACA, POCL, Sud-Ouest et la poursuite du projet Rhin-Rhône. Accessoirement, l'offre TGV devrait être concentrée sur les sections parcourables à grande vitesse, ce qui sous-entend que les pénétrations sur le réseau classique pour des raisons d'affichage politique plus que des nécessités commerciales, risquent d'être sérieusement réduites du fait des coûts inhérents à l'exploitation du produit TGV.

Deuxièment : la possibilité de mettre en appel d'offres ouvert à la concurrence les trains de l'activité Proximités, sauf en Ile-de-France (pour l'instant). Pour les Trains d'Equilibre du Territoire, c'était un secret de polichinelle car la convention Etat-SNCF s'arrête en 2014. Pour les TER, l'Etat proposera aux Régions une expérimentation. Cette ouverture se ferait après l'adoption d'une convention collective sur le transport ferroviaire de voyageurs.

Troisièmement : la réunification de la gestion de l'infrastructure aujourd'hui morcelée entre RFF, SNCF Infrastructures et la Direction des Circulations Ferroviaires. Mais le sens de cette réunification (vers SNCF ou vers RFF) n'est pas encore précisé. Le sujet est socialement et "européennement" complexe et sensible. Entre la stratégie de lobbying ouvert de la SNCF et celle plus feutrée de RFF, laquelle l'emportera ?

Quatrièmement : la création d'un organisme de promotion de la filière industrielle ferroviaire française : constructeurs, ingénieurs, gestionnaires d'infrastructures, exploitants, autorités organisatrices, réunis comme pour l'aérien dans une structure de développement de nouvelles stratégies et de nouvelles solutions ferroviaires.

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29 novembre 2011

Cadencement : les amalgames

A quinze jours de la mise en place de l'horaire cadencé 2012, les critiques sur les nouveaux horaires, notamment sur les liaisons domicile-travail, font feu de tous bois, donnant ainsi du pain sur la place de la médiatrice des nouveaux horaires, dont la marge de négociation sera particulièrement mince.

Il y a aussi quelques amalgames destinés à politiser le dossier et à le placer sur un terrain déjà largement balayé par les discussions ferroviaires, celui de la privatisation.

Qu'il faille adapter les horaires des trains du fait du lancement de nombreux chantiers de rénovation du réseau et de constructions de LGV, personne ne peut le contester dans le principe : les conséquences sont parfois discutables quand les horaires se retrouvent inadaptés aux déplacements du quotidien, point difficilement contestable puisque la SNCF prévoit déjà de rembourser des abonnements à des voyageurs qui ne pourraient plus prendre le train en raison d'incompatibilités horaires.

En revanche, certains arguments lancés dans la presse peuvent prêter à sourire. Ainsi, on voit apparaître dans les journaux depuis plusieurs semaines des articles expliquant que le réel objectif du cadencement est de faire de la place pour des trains privés, ce qui n'est pas totalement faux, mais pas entièrement exact : il s'agit de créer les conditions d'une équité d'accès. Le monde étant ce qu'il est, le réseau ferroviaire est désormais ouvert et le monopole de l'exploitation a été aboli. Gestionnaire d'infrastructures, RFF se doit d'être équitable dans le traitement des demandes et rendre lisible son offre de sillons. Finalement, on serait tenté de dire que même en situation de monopole, rendre le produit lisible reste un objectif essentiel, sauf à rester dans l'embrouillaminis de dessertes empiriques assemblées parfois de façon alambiquée par superpositions de strates historiques jamais dépoussiérées (comme si la vapeur ou les autorails d'après-guerre étaient toujours en service).

Quant à expliquer que la date du 11 décembre a été choisie pour le cadencement parce qu'est lancé un train privé sur Paris - Venise, on entre dans la mauvaise foi évidente puisque depuis maintenant près de quinze ans, le changement de service s'effectue une fois par an le deuxième dimanche de décembre, en application d'une règle dictée par l'Union Internationale des Chemins de Fer. Donc ce n'est pas parce que Veolia lance son Paris - Venise que le cadencement a été mis en oeuvre, mais l'inverse.

Et de là à justifier que 85% des horaires de train changeront en France pour faire circuler un train de nuit Veolia sur Paris - Venise, en remplacement d'un train SNCF-FS, il y a un pas que les esprits raisonnés ne s'embarqueront pas à franchir !

En revanche, pour le fret, la situation est plus difficile : la SNCF comme les opérateurs privés ont du mal à être fixés sur les sillons qui leur sont attribués. La marge d'incertitude atteindrait, selon Les Echos, 49% chez ECR et 20% à la SNCF, l'écart entre ces taux étant aussi lié au nombre total de sillons commandés par chacun des transporteurs. Pas de quoi faciliter le travail des opérateurs dans une conjoncture économique qui n'est guère favorable au fret.

23 octobre 2011

Nuages au-dessus de la vallée de Chamonix

En janvier 2011, avait été signée la convention de financement de la modernisation de la ligne Saint Gervais - Vallorcine et du tunnel des Montets. Faisant partie du quatuor des lignes à voie métrique rescapée du démantèlement en règle intervenu après guerre, la ligne de la vallée de Chamonix constitue un axe important à plus d'un titre : même si elle n'assure qu'un trafic voyageurs, elle allie une réelle vocation de service public local dans la vallée, et l'accès des touristes, été comme hiver, à la vallée du Mont Blanc. Constituant l'une des plus belles lignes, dans un cadre ô combien prestigieux, la ligne a bénéficié d'importants efforts de la part de la Région, notamment par le renouvellement du matériel roulant, d'abord avec les Z800 Vevey, équipées de crémaillère pour l'interconnexion avec le Martigny - Châtelard, puis avec les Z850 Stadler cantonées à la partie française.

Pour réaliser les travaux de voie, de signalisation et d'alimentation électrique permettant de développer une offre à deux trains par heure et par sens au lieu d'un seul, une convention portant sur plus de 31 millions d'euros a été signée entre la Région, RFF, le Département de Haute-Savoie, l'agglomération de Chamonix et la société des autoroutes et tunnel du Mont-Blanc.

Pour le tunnel des Montets, présentant la particularité de pouvoir accueillir les véhicules routiers lors de l'interruption pour cause de neige de la route du col, la modernisation destinée à améliorer la sécurité des circulations a été évaluée à 17 M€ , financés par le Département, la Région et RFF.

Cependant, le 6 octobre 2011, RFF a annoncé que le budget prévu serait insuffisant pour assurer l'ensemble des travaux programmés, ce qui peut surprendre seulement dix mois après la signature de la convention ! Toutefois, les dépassements viennent pour large partie du résultat de la consultation des entreprises pour la modernisation du tunnel des Montets. RFF a proposé d'engager les montants prévus dans la convention à l'entretien de la ligne à voie métrique : refus de la Région qui, en tant que principal financeur et autorité organisatrice, réclame que les accords du mois de janvier soient respectés et que soit engagée la modernisation de la ligne telle qu'elle a été décidée par l'ensemble des financeurs : la vice-présidente aux transports de la Région rappelle en effet que l'entretien du réseau ne doit être payé que par les seuls péages acquittés par la Région via la SNCF et les charges d'exploitation des dessertes.

Cet épisode reflète une situation difficile pour les lignes hors des grands courants : certes, il n'y a pas de TGV sur la ligne, pas plus que de fret. Certes, la tâche n'est pas mince pour mettre au niveau du voisin suisse une ligne à voie métrique, électrifiée en 850 V par troisième rail et il ne peut s'agit avant tout que de préserver un service public local de voyageurs : cela dit, on pourra remarquer non sans malice que la ligne vit aussi de la correspondance avec les TGV notamment en hiver. Y aurait-il autant de monde dans les TGV Paris - Saint-Gervais s'il n'y avait pas ensuite la ligne à voie métrique ?

Dans une vallée de haute montagne, encore marquée par la tragédie du tunnel du Mont Blanc, on sait mieux que quiconque que l'avenir ne peut passer par un véritable rééquilibrage entre les modes de transport : fut-elle rustique, la ligne Saint-Gervais - Vallorcine - Martigny, peut être le moyen de réduire la part de la voiture dans les déplacements, tant de la population locale ou des touristes, à condition de monter le niveau de qualité de l'infrastructure pour développer l'offre, en tirant profit des récents investissements sur le matériel roulant. A posteriori, on peut dresser le constat qu'on a investi sur la partie visible (le matériel) avant d'agir sur le fond dont la situation n'a réellement été révélée que tardivement...

Enfin, pourquoi, comme chez le voisin suisse, n'existe-t-il pas une vraie démarche de "produit ferroviaire touristique" tant pour les amateurs de montagne, quelle que soit la saison, que les ferrovipathes, deux clientèles certes "niche" mais qui sont, dans une certaine mesure, prêts à payer un peu plus que la tarif "service public" pour prendre du plaisir en train ?

Plus d'infos sur le site de l'ARDSL

16 septembre 2011

Le tarif des péages en débat

RFF a présenté ses orientations sur la tarification des péages en 2013. L'année 2012 verra les redevances d'utilisation du réseau augmenter de 1,5% en 2012 pour les TGV et de 2,5% pour les TER. Pour 2013 donc, la hausse serait de 7,4% pour les TGV et de 5% pour les TER, ces derniers pouvant en revanche bénéficier d'une baisse de 5% de la redevance de réservation pour les sillons cadencés. En moyenne, la hausse sur 2013 atteindrait 4,5%. RFF indique que cette hausse reste inférieure à celle des coûts d'entretien du réseau ferroviaire, évalués à 5,8%.

Sans surprise, la SNCF considère que cette hausse pénalise les résultats de son activité TGV, en proie ces derniers temps à quelques turbulences économiques, la marge dégagée par l'activité se réduisant d'année en année. Pour certains observateurs, c'est le signe que le modèle économique du TGV atteint ses limites, pas seulement du point de vue de son attractivité commerciale, mais aussi par la réalité des coûts de maintenance des lignes à grande vitesse. D'autres remarqueront que la hausse des péages est en partie liée à la hausse des coûts de maintenance demandés par la SNCF, gestionnaire d'infrastructures délégué. Mais le problème de fond est aussi une question de volume : le réseau ferroviaire reste globalement peu utilisé (bien moins qu'en Allemagne, en Suisse ou au Royaume-Uni), notamment en raison d'un trafic fret désespérément faible.

C'est l'abritre du rail, l'Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires, qui se prononcera in fine sur le niveau de la hausse des péages.

27 juillet 2011

Fret : maintenance adaptée pour les OFP

De nombreuses lignes du réseau ferroviaire français ne sont utilisées que pour des circulations de fret pour desservir des installations agricoles ou industrielles : 3500 km de lignes classées dans les catégories UIC 7 à 9 "SV" c'est à dire sans voyageurs. Pour elles, nul besoin de vitesse et de performance du débit, mais simplement assurer la pérennité des infrastructures avec des vitesses de l'ordre de 40 km/h pour rejoindre le réseau principal.

RFF a élaboré un nouveau référentiel de maintenance des infrastructures de ces lignes non circulées par des trains de voyageurs, dans l'objectif de réduire les coûts de maintenance à environ 300 000 € / km, soit trois à quatre fois moins que les lignes iques. Utilisation de rails de réemploi venant de lignes principales régénérées (où les exigences de qualité du profil sont supérieures), adaptation de l'épaisseur de ballast, priorité au confortement de l'assise, et recours à des méthodes de travail adaptées à des lignes voyant passer quelques trains par semaine tout au plus.

La première application a lieu en Bourgogne, entre Cercy-la-Tour et Corbigny, qui dessert notamment une importante carrière fournissant du ballast pour les chantiers ferroviaires. La ligne de 57 km est exploitée par un Opérateur Ferroviaire de Proximité, la Compagnie Ferroviaire Régionale, qui vient d'obtenir l'agrément de RFF et de la SNCF pour être prestataire de gestion de l'infrastructure, c'est à dire pour maintenir la voie sur laquelle elle circule, pour le compte de RFF. La compagnie opère également entre Tamnay-Châtillon et Château-Chinon, soit 21 km.

Le nouveau référentiel va être utilisé également sur deux lignes bourguignonnes, entre Nuits-sous-Ravières et Châtillon-sur-Seine et entre Les Laumes et Epoisses, récemment mises en appel d'offre pour la création d'un nouvel OFP sur lequel le trafic pourrait atteindre entre 300 000 et 600 000 tonnes par an. Des travaux préliminaires ont été réalisés avec 600 m de voie renouvelée et 3000 traverses neuves : 15 km seront renouvelés avec le nouveau référentiel en 2013.

De même, les nouvelles méthodes d'entretien seront adoptées sur une section de 21 km de l'ancienne ligne Poitiers - Parthenay où un potentiel de trafic ferroviaire a été révélé : 15 km de voies et 8 aiguillages seront ainsi remplacés en 2013.

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8 avril 2011

RFF : priorité à la modernisation du réseau existant

Le bénéfice de RFF en 2010 a reculé de 35% par rapport à 2009 et le résultat courant a régressé de 6% : pour son président, la capacité de financement du gestionnaire d'infrastructures reste une difficulté d'autant plus forte que les besoins du réseau classique sont inversement proportionnels. Or du côté des Régions, outre les réticences à financer des investissements que l'Etat n'a pas consenti à réaliser, les budgets sont aussi de plus en plus serrés.

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Viviers - 3 août 2010 - Des caisses de camions sur les wagons : le combiné et l'autoroute ferroviaire sont deux solutions complémentaires et indispensables pour augmenter le trafic ferroviaire qui lui donnera les moyens de financer la modernisation du réseau...  © transportrail

Selon RFF, il manque un 1MM€ par an pour assurer le financement de la modernisation du réseau et ce milliard pêche pour bonne partie d'un usage modeste du réseau : comprenez qu'il n'y a pas assez de trains de fret en France ! Autre piste, les péages avec une nouvelle augmentation prévue pour la période 2013 - 2017 et, forcément, améliorer la productivité de chaque euro dépensé : comprenez que la prochaine convention entre RFF et SNCF infras, gestionnaire opérationnel du réseau, devra passer d'une logique de moyens à une logique de résultat. Finalement, après leurs échanges interposés dans les colonnes des Echos, les présidents de RFF et de la SNCF semblent toutefois converger sur le fait que la réforme de 1997 n'a pas résolu toutes les questions et constitue un équilibre délicat qu'il faudra peut-être revoir à terme. Il est vrai qu'être propriétaire du réseau et d'avoir l'obligation d'en confier la maintenance à un tiers (fut-il bien connu) n'est pas un modèle de simplicité. De là à dire que la partition est un échec, il y a un pas qu'on ne franchira pas : disons qu'il a fallu ménager les esprits et qu'avec le temps, de nouvelles évolutions devront pouvoir entrer dans le registre du possible... on verra ce qu'en pense le législateur, par ailleurs actionnaire commun et unique de ces deux établissements !

Pour autant, RFF maintient le cap de son projet de commande centralisée du réseau qui à long terme, permet de notables économies, ce qui explique l'auto-financement par l'anticipation des futures économies.

En revanche, RFF semble calmer les ardeurs des partisans du TGV à toutes les sauces en rappelant que la priorité reste la modernisation et la préservation du réseau classique et que les nouvelles lignes TGV ne seront réalisées que si elles sont financées ce qui est loin d'être le cas de nombreux projets faciles à mettre sur le papier...

7 avril 2011

Le Blanc-Argent en quête de moyens

C'est une histoire presque banale pour les petites lignes du réseau ferroviaire français, avec cette petite singularité qu'est la voie métrique, faisant de la ligne du Blanc-Argent un isolat dans le réseau ferroviaire solognot. Limitée à 40 km/h depuis une inspection de l'infrastructure que certains jugeront peut-être un brin tâtillone, la ligne du Blanc-Argent entre Salbris et Luçay-le-Mâle a déjà été limitée à Valençay, la section Valençay - Luçay-le-Mâle n'étant plus jugée apte à la circulation. La dégradation des performances de la ligne a déjà entraîné une perte considérable du trafic, d'au moins 20%.

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La Ferté Imbault - 21 juillet 2006 - L'X241 dans la petite gare solognote : les renouvellements de rails opérés grâce au financement de la Région Centre n'ont pas permis de pérenniser la ligne qui a besoin de nouveaux investissements pour préserver ses performances... © transportrail

12 M€ sont nécessaires pour retrouver les performances initiales de la ligne. La Région a accepté d'en prendre quatre à sa charge, et RFF autant. Il reste donc un troisième tiers à trouver : la Région a sollicité le Département et les collectivités locales qui ont rétorqué que la compétence ferroviaire était régionale et qu'il n'était pas d'actualité de les solliciter...

23 mars 2011

Les équivoques du cadencement 2012

C'était l'occasion qui devait faire le larron, mais aujourd'hui, rien n'est moins sûr : la mise en service du TGV Rhin-Rhône devait aussi concrétiser le souhait de RFF de cadencer l'ensemble du réseau ferroviaire national le 11 décembre prochain. Une démarche colossale puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de reprendre l'intégralité des horaires des trains circulant sur le réseau national afin de proposer une structuration théorique répétée d'heure en heure des trains assurant des missions plus homogènes selon le principe "une minute de passage dans une gare = une politique de desserte". Système bien connu du monde ferroviaire puisqu'appliqué dans de nombreux pays européens, germains et scandinaves notamment, avec succès, mais aussi en Ile-de-France où le principe fut initié sur la petite banlieue Saint-Lazare lors de son électrification dans les années 1920.

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Lilles-Flandres, 1er juin 2010 - L'heure c'est l'heure et RFF souhaite donner un nouveau tempo aux transports ferroviaires français : un objectif auquel tout le monde adhère, mais la mesure n'est-elle pas un peu trop rapide pour un réseau dont la robustesse est de plus en plus mise en défaut ? © transportrail

Reste que cadencer plusieurs dizaines de milliers de circulation n'est pas un exercice simple surtout sur un réseau aux capacités réduites et aux performances atténuées par des infrastructures ayant un net besoin de renouvellement. Cadencer en pleine période d'investissements de rénovation du réseau : c'est à ce sujet que la SNCF a émis le premier doute sur l'opportunité de l'opération à la date prévue et le risque sur la robustesse de l'exploitation.

Ensuite, les Régions sont entrées dans la réflexion : les propositions faites par les services horaires n'ont guère suscité l'enthousiasme et, dans de nombreux cas, une franche opposition puisque l'offre proposée est en décalage avec les demandes des autorités organisatrices : moins de trains, moindre performance mais coût en hausse dans plusieurs cas, comme l'exemple du Haut-Bugey mis en oeuvre l'an dernier. Or il est de notoriété publique que les récentes réformes fiscales n'ont pas arrangé la situation budgétaire des Régions dont les marges de manoeuvre sont de plus en plus réduites. Par conséquent, payer plus, oui mais à condition que le plus soit raisonnable et équitable, c'est à dire accompagné d'un mieux. Discours déjà pratiqué en Rhône-Alpes qui demande à la SNCF de passer d'une culture de moyens à une culture de résultat.

Le gouvernement a rendu son arbitrage : la priorité doit aller à l'amélioration de la robustesse de l'exploitation ferroviaire, mais sans renoncer au principe du cadencement généralisé dont la mise en oeuvre, quoique confirmée, se veut désormais plus progressive. Formulation évasive, qui peut être interprétée comme chacun voudra l'entendre : l'Etat souhaite toutefois que la mise en oeuvre de grands projets TGV soit accompagnée d'un cadencement sur le secteur concerné.

Reste maintenant à voir selon quelle logique le cadencement sera appliqué, sachant que l'ARF et le STIF ont clairement exprimés leurs réticences sur une démarche imposée dont les conséquences ne sont pas toujours positives pour les voyageurs et les finances publiques. Bref, le cadencement oui, mais dans une démarche choisie et avec des impacts équitablement répartis entre les intérêts de RFF (rationaliser l'offre de sillons et optimiser la capacité disponible ainsi que l'organisation des travaux), de la SNCF (une exploitation plus fiable) et des Régions (une meilleure qualité de service et une dépense au juste euro).

N'oublions pas enfin que les CFF ont entamé leur démarche en 1982 avant de la voir aboutir en 2008 après avoir réalisé notamment plus de 120 grands chantiers de modernisation du réseau pour augmenter sa capacité et sa fiabilité, et rénouveler une large partie du matériel ferroviaire pour gagner en performance ! Songez enfin que la Suisse planche depuis plusieurs mois sur l'horizon 2030, ce qui en dit long sur les délais de préparation sereins d'un projet qui ne concerne que 5000 km de voies ferrées... contre six fois plus en France !

20 mars 2011

Fret ferroviaire : la faute aux sillons ?

Pour Fret SNCF, le redressement du fret ferroviaire français, et singulièrement celui assuré par la SNCF, se heurte au problème de qualité et de performance des sillons octroyés par RFF. RFF, confronté à la nécessité de moderniser un réseau vieillissant et en proie à la saturation à l'approche des grandes agglomérations et à la faiblesse de ses moyens par rapport à l'ampleur de la tâche, à la croissance du trafic voyageurs, notamment régional, et à un projet de cadencement qui ne fait pas que des heureux dans les Régions : il y a probablement du vrai dans la difficulté à proposer des sillons toujours au meilleur des performances ferroviaires, mais on ne peut nier non plus que la politique française en matière de transport de marchandises, tant de la part de l'Etat que de la SNCF, n'a pas vraiment encouragé les clients à recourir au rail. Aujourd'hui, le fret, c'est d'abord un déficit plus qu'un outil de développement économique et écologique.

Pendant ce temps, les camions de 44 tonnes se préparent à arriver sur nos routes...

6 février 2011

Péages : l'ARAF sort son sifflet

L'autorité de régulation des activités ferroviaires, l'ARAF, s'est prononcée sur les désaccords entre RFF et la SNCF sur le niveau des péages acquittés par les exploitants ferroviaires. L'ARAF a donc validé le principe d'une augmentation des péages en 2012, de 4,7% pour les TGV et de 2,5% pour les trains régionaux, mais elle a considéré inappropriée le projet de surtaxe envisagée pour les trains à deux niveaux, tout comme la distinction sur le réseau ique entre les niveaux de péages appliqués aux TER, aux liaisons nationales et aux trains internationaux.

L'ARAF va plus loin et considère que la coordination de l'organisation des travaux de maintenance et de rénovation des infrastructures peut et doit encore progresser, y compris sur la productivité des moyens alloués. En outre, le "gendarme du rail" préconise de rapprocher RFF et les techniciens en charge des sillons et des circulations ferroviaires de la toute récente Direction des Circulations Ferroviaires, aujourd'hui séparée des activités de la SNCF et pilotée par un fonctionnaire nommé par l'Etat. Une préconisation fondée mais socialement délicate quand on sait qu'elle concerne 14000 agents de la SNCF.

L'année prochaine, l'ARAF préconisera-t-elle l'intégration de l'activité Infrastructures de la SNCF dans RFF, comme l'Etat l'avait déjà suggéré voici quelques années ? Autre sujet socialement délicat, mais les relations entre RFF, propriétaire du réseau ferroviaire, et SNCF-infra, gestionnaire délégué pour le compte de RFF, ne sont pas des plus simples ni des plus efficaces pour gérer un réseau en grande partie vieillissant et dont les grands carrefours saturent...

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