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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
16 mars 2019

Un appel d'opérateurs européens pour le fret

Constatant que la COP21 n’a guère été suivie d’effets, sinon la hausse des émissions de gaz nocifs, et que les 3 conférences qui ont suivi l’accord de Paris ont été toutes à peu près le même fiasco, le groupement Rail Freight Forward a été constitué le 14 décembre 2018 à l’initiative de plusieurs opérateurs européens, parmi lesquels la SNCF, la DB, les CFF, les CFL, les ÖBB, les FS, les PKP, les CD et Lineas.

Ils proposent un objectif ambitieux : porter la part de marché du fret ferroviaire à 30% en 2030, soit un doublement du volume de marchandises transportées par le rail par rapport à 2018. C’est ambitieux, et ce n’est malheureusement pas la première fois que de telles intentions – si louables soient-elles, en restent à ce stade. N’allons même pas jusqu’à évoquer un ancien ministre des Transports Français qui annonçait en 1998 un doublement du trafic fret en 20 ans. On sait ce qu’il en est advenu (du résultat, et du ministre).

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Collioure - 9 mars 2019 - Le trafic combiné semble reprendre des couleurs avec la pénurie de conducteurs de poids lourds dans l'Union Européenne. Pour autant, les circulations fret sur les grands axes stratégiques européens restent, du moins en France, rares car devant composer avec un réseau d'une capacité et d'une disponibilité insuffisante. Dans le cas présent, les trains de fret peuvent emprunter la ligne nouvelle Perpignan - Figueras et bénéficier d'un itinéraire à voie normale jusqu'à Barcelone, mais la plupart continuent d'emprunter la ligne classique avec changement d'écartement à Cerbère - Port-Bou. Une affaire de coût du sillon ? © transportrail

Ces opérateurs mettent en avant la nécessité d’infrastructures ferroviaires fiables, disponibles et adaptées au marché, avec un appel indirect à l’homogénéisation des gabarits, notamment autour du fameux « P400 » qui suscite pas mal d’agitations chez les différents gestionnaires d’infrastructures, surtout ceux qui, comme la France, ont des infrastructures souvent de dimensions assez contraintes. A ce sujet, les CFF sont en train de plancher sur une méthode aboutissant à une configuration à peu près comparable avec des modalités a priori plus économiques que des opérations de dégagement classique du gabarit (soit abaissant la voie, soit en relevant les obstacles).

L’enjeu n’est tout de même pas mince : 75% des marchandises en Europe transitent par la voie routière rejetant 275 Mt de CO² (et autres gaz ou particules) dans l’atmosphère (et donc nos poumons).

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Müllheim - 1er août 2011 - Pour la traversée de la Suisse, une autoroute ferroviaire transfrontalière a été mise en place depuis l'Allemagne avec une origine à Freiburg im Breisgau. Sur ce cliché, c'est une Re 485 du BLS qui en assure la traction. ©  N. Hoffmann

Rail Freight Forward note que les Etats qui ont mis en place un dispositif de rééquilibrage des coûts entre le rail et la route sont ceux qui ont le plus accru le rôle du rail dans le transport de marchandises. C’est le cas de l’Autriche, où 32% des marchandises utilisent le train, et naturellement de la Suisse, avec 37%.

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Wiener Neustadt - 6 juin 2018 - Champion de la part de marché du fret, l'Autriche profite de sa position géographique, à la fois sur les axes est-ouest et nord-sud. Le trafic y est intense et les investissements quasi continus pour développer la capacité du réseau ferroviaire. © transportrail

La conjoncture est plutôt favorable, car, dans le domaine du transport routier, on assiste à un mouvement de fond lié à la croissance économique dans les pays d’Europe centrale. Le secteur du transport routier est très sollicité au sein des Etats et plus globalement sur des liaisons de courte et moyenne distance difficilement captables par le rail. Conséquence, les transporteurs routiers ont de plus en plus de mal à répondre à la demande sur des longues distances au sein de l’Union Européenne, ce qui redonne de la vigueur au marché ferroviaire et notamment au transport combiné.

Pour autant, cet appel risque de rester sans effet notoire : c’est une déclaration de principe et un lobbying de portée limitée. Les signataires demandent in fine des décisions politiques dans chacun des pays en faveur du rail. Certains ont réellement pris de l’avance. D’autres, dont la France, accumulent un retard considérable, amplifié par le scandale politico-financier de l’abandon de l’écotaxe. L’Union Européenne doit également prendre sa part de responsabilité du fait de son processus de décision qui favorise le statu quo.

La réorientation de certaines politiques nationales et de l’action européenne en faveur du transport ferroviaire de marchandises n’est malheureusement pas pour demain. Il y a pourtant de plus en plus urgence…

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Commentaires
R
En transport intermodal / combiné, on dépasse les 1200t avec un train de 400m ou moins? Si non, on peut remanier le train à Perpignan pour s'affranchir de la limite de 1200t sur la LGV transfrontalière et répondre aux contraintes de longueur à 400m en Espagne. <br /> <br /> <br /> <br /> La LGV HS1 entre le Chunnel et Londres présente le même genre de contrainte pour une utilisation fret. De mémoire les trains de fret sont limités à 1000t du fait du profil de la ligne.
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C
Alors plusieurs explications. Le profil en long de Perpignan-Figueras-Barcelone (contrairement au CNM) ne permet pas d'emmener des trains de plus de 1200 tonnes sur la ligne.<br /> <br /> Autre point. Quand on regarde les trains DB (majorité de ce qui franchi la frontière), ils se dirigent vers les usines espagnoles à Valence, Grisen ou encore Saragosse et Tarragone. Et là, le passage par la ligne classique est obligatoire.<br /> <br /> 3e point : la longueur des trains de marchandises est limitée à 400m en Espagne donc les trains sont remaniés à Cerbère.<br /> <br /> Cependant l'Adif est en train de développer deux types d'essieux OGI à écartement variable avec AZVI avec transition à au moins 30 km/h sur des cambiador. Un essieu avec des roues de 760mm supportant la charge C pour le transport de voitures et un essieu avec des roues de 920mm supportant la charge D pour le transport de conteneur.<br /> <br /> Les essais pour homologation sont en cours et les deux premières phases ont été accomplies avec plus de 100000 km parcourus sur le réseau ibérique. La phase 3 permettra d'atteindre les 150000 km et 20% de ces 150000 km devront avoir lieu en écartement UIC.<br /> <br /> https://youtu.be/Qekr4sKfpMo
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T
La taxe carbonne n'a pas été abandonnée mais l'état a juste stoppé momentanément l'augmentation de son tarif
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S
Bonne idée, ça redorerait le blason de la ligne historique(et des deux gares-frontières). D'après une carte ADIF de 2013, il y a déja 3 files de rails de Figueres-Villafant à la ligne classique et de là à Girona-Mercaderies. De toutes façons, à terme, le corridor méditerranéen tout entier est prévu d'être équipé du fameux 'Tercer Carril', y compris jusqu'à Algésiras si le 'chaînon manquant' entre le Levant et l'Andalousie(bêtement supprimé dans la dernière décennie du siècle précédent)était enfin rétabli.
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V
A propos de Perpignan-Figueras, la désaffection en Fret ne s'explique pas uniquement par le coût du sillon (la rupture de charge à Cerbère/Portbou a aussi son coût). Avec des rampes de 20%o, cette LGV se prêt mal à un emploi en trafic Fret, avec des TAGV qui au Sud de Figueras commencent à être plus nombreux, sachant qu'entre Figueras et Barcelone, il n'y a que 2 évitements-garages pour le Fret.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant que TP Ferro et son contrat de concession sont morts, une mise en UIC de Portbou à Gérone, et à 3 files de rails ensuite serait encore la moins mauvaise des solutions.
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S
Pardon, KkStB, j'avais postė ce commentaire en réponse à Promeneur, et le vôtre est venu se glisser entre les deux entre temps, du coup le lien était beaucoup moins clair! Je vous rassure, pour moi l'Autriche n'est pas un pays totalitaire, et j'apprécie vos interventions dans ce blog. Et surtout, je bave d'envie devant vos chemins de fer...
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K
Champion de la part de marché du fret, l'Autriche profite de sa position géographique, à la fois sur les axes est-ouest et nord-sud. Le trafic y est intense et les investissements quasi continus pour développer la capacité du réseau ferroviaire.<br /> <br /> <br /> <br /> La répartition modale des transports ferroviaires en transit n'est pas mieux que le moyen en Union Européen. L'Autriche dévient un champion des transports ferroviaires notamment grâce aux transports domestiques. Et ces transports sont très suivant des transports industrielles en distance court, veut dire moins que 100km.
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S
Dans un monde idéal, oui. Dans la vraie vie : hėlas...En plus, à énoncer de tels arguments, les chantres de la 'concurrence libre et non faussėe' vont crier au nostalgique de l'ère soviétique ! Comme l'ėcrit M. Ortf, l'urgence devient de plus en plus urgente, et pourtant, du point de vue des décideurs, il est urgent d'aller dans le mur...
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P
Devant ce lancinant problème, on en parle depuis ci-longtemps.<br /> <br /> <br /> <br /> - il faut une règlementation et des taxes pour faire basculer le fret vers le ferroviaire à hauteur de 30 %. Les mécanismes du marché sont impuissant à le faire.<br /> <br /> - il faut que l'état finance la construction de voies strictement réservées au fret ferroviaire comme on l'a fait pour le TGV.
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