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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
4 septembre 2015

L'offensive low-cost et la fin du train ?

IDBUS est mort, vive Ouibus ! La SNCF ne veut pas rester inactive face au développement des liaisons nationales par autocar libéralisées par la loi Macron. Ainsi, Starshipper, Megabus, Flixbus, Isilines sont déjà en train de placer leurs pions (enfin... leurs autocars !) sur le réseau autoroutier français. Loin des beaux discours du gouvernement sur la parfaite et naturelle complémentarité entre le train et l'autocar, il s'agit d'une concurrence frontale et la plus agressive qui soit. Ainsi par exemple, Flixbus propose une liaison Paris - Bourges - Clermont Ferrand en 5h30 pour seulement 1 € ou une ligne Paris - Lille en 3 heures pour 9 €. Pour la "presse du coeur", l'autocar est une alternative au co-voiturage. Dans les faits, c'est le train qui déguste avec une érosion accélérée de sa fréquentation.

Les mesures de la SNCF mises en oeuvre cet été, avec les "Happy Hours" sur Intercités et le concept TGV "Pop" ont certes permis de limiter la casse et même de faire mieux qu'en 2014 côté trafic, mais l'opérateur s'est bien gardé de parler du résultat comptable.

Ouibus marque l'entrée de la SNCF dans le cortège des autocaristes pour le trafic intérieur avec pas moins de 85 allers-retours, desservant 26 villes, qui seront mis en service d'ici la fin de l'année. L'objectif est de transporter par autocar pas moins de 4 millions de voyageurs l'année prochaine et 8 millions en 2018. Elle mise sur le développement de partenariats avec des autocaristes régionaux pour mettre rapidement en ligne ces nouveaux services. Il s'agit de faire vite puisque les concurrents procèdent de même, notamment Starshipper et Flixbus.

Ainsi, seront desservies par Ouibus :

  • Paris - Rouen - Le Havre
  • Paris - Caen
  • Paris - Le Mans - Rennes - Saint Brieuc - Brest
  • Paris - Le Mans - Rennes - Lorient - Quimper - Brest
  • Paris - Le Mans - Angers - Nantes
  • Paris - Bordeaux (avec une variante de cabotage desservant Orléans, Tours et Poitiers et un service direct)
  • Paris - Orléans - Bourges - Clermont Ferrand
  • Paris - Toulouse (une ligne avec arrêt à Limoges, une ligne avec arrêt à Brive)
  • Paris - Amiens - Lille - Dunkerque
  • Paris - Strasbourg via Reims et Metz ou via Nancy
  • Paris - Lyon - Grenoble
  • Paris - Lyon - Marseille 
  • Lyon - Marseille - Nice
  • Bordeaux - Toulouse - Montpellier - Nîmes - Marseille

S'ajoutent évidemment les liaisons actuelles d'IDBUS vers Londres, Amsterdam, Barcelone et Milan.

La SNCF consent quand même encore - mais pour combien de temps ? - à faire du train en développant également Ouigo, l'offre à grande vitesse mais à petits prix avec de nouvelles destinations : Tourcoing (pour la desserte de l'agglomération lilloise), Haute Picardie, Angers, Nantes, Rennes, Roissy et Massy-Palaiseau. Il est aussi question d'une liaison Intercités de fin de semaine Paris - Strasbourg sur le modèle de Paris - Bordeaux.

Aux Echos, le président de la SNCF s'est dit prêt à faire perdre des clients au train pour les conserver sous le giron SNCF, par le développement de modes alternatifs au chemin de fer. Au moins c'est dit. Plus précis encore, il estime que le train perdra 10% de clientèle.

Avec une telle évasion de la clientèle, jamais vue jusqu'à présent, que restera-t-il du chemin de fer en France dans 5 ans ? Quelles seront les conséquences pour l'économie des dessertes ferroviaires, qu'elles soient nationales ou régionales ? Que la SNCF tourne le dos au train n'est pas une surprise quand on se proclame opérateur de "mobilités". L'atonie des Régions est étrange mais les élections approchent et qu'il ne faut pas jeter de l'huile sur le feu.

La concurrence débridée sur la route au détriment du rail est une injure aux intentions écologiques, mais les écologistes préfèrent jouer au règlement de comptes par médias interposés. Pour faire bien, les congressistes de la COP21 seront transportés par train pour entretenir les illusions, probablement avant une cure de fermeture de lignes qui se comptera en milliers de kilomètres et qui est déjà en préparation... Le démantèlement du réseau ferroviaire pourra-t-il être stoppé à temps ?

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Commentaires
T
Malheureusement aucun parti politique ne porte une vision et un discours transport public/aménagement du territoire<br /> <br /> <br /> <br /> La libéralisation du transport par autocar conduit à la balkanisation du système de transport là où il faudrait de la cohérence, une hiérarchisation des réseaux et une planification. C'est le grand nivellement par le bas<br /> <br /> <br /> <br /> Et la SNCF, enfermée dans son monopole avec qui plus est une stratégie de sabotage du rail et du développement de ses lignes de bus empêche toute libération d'énergie et innovation positive pour le rail. Elle empêche aussi la constitution d'un lobby ferroviaire actif.<br /> <br /> <br /> <br /> Triste paysage ferroviaire français
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T
En termes de temps de parcours, le train est toujours plus rapide (2h35 contre 3h15~3h30 en bus), sachant que les jours de grands départ et l'été, les autocars seront beaucoup plus gênés. Mais apparemment OUIBUS annonce 2h30 de trajet (pour un trajet en décembre...peu crédible tout de même ! (Eurolines/Isilines annonce toujours 3h30)<br /> <br /> Evidemment niveau prix, on est sur d'autres termes : 9 euros pour le plus bas tarif (hors prix "découverte") pour Ouibus contre 28,50 euros pour un TGV (le TER est à 35 euros)...mais il n'y a plus un seul tarif Prem's ! Thello annonce 15 euros au plus bas, et 20 euros en 1ère classe !<br /> <br /> <br /> <br /> Evidemment que la concurrence est complètement déloyal...mais bon l'écologie on s'en fout, c'est bien connu ! Ce n'est pas comme si la survie même de l'humanité n'était pas en jeu !
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O
Oui, le car peut concurrencer le train sur des liaisons courtes : on voit déjà du Bordeaux - Hendaye et se préparent des possibilités sur Dijon - Auxerre, Lyon - Grenoble. La loi fixe à 100 km le seuil minimal entre deux arrêts des lignes d'autocars. Autant dire qu'il est parfaitement possible de tailler des croupières au train !
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S
Avec 4 AR entre Marseille et Nice, y a-t-il un autre segment régional de si courte distance aussi attaqué par l'autocar ?<br /> <br /> Dont en outre, les temps de parcours sont compétitifs du train ?<br /> <br /> Evidemment, les autocars se garderont bien de desservir Toulon, ce qui est imposé au train, tant maintenant que pour tout futur projet ferroviaire... de fait non rentable !<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, dans le concert d'hypocrisie actuel, quels partis, quels candidats aux régionales et à la présidentielle s'engage à remettre en cause cette aberration de la libéralisation des lignes d'autocar ? (et à virer la bande d'incapable dirigeant la SNCF pour la remettre sur les rails du service public)<br /> <br /> A priori, pas le PS. L'UMP/LR, à voir (mais il y a suffisament de fou libéraux dans ce parti, qui, s'ils n'ont su imposer leurs vue quand ils étaient au pouvoir, sauront bloquer tout retour à une saine situation de complémentarité des modes).<br /> <br /> Le FN a des diatribes anti-train (Marechal Le Pen contre la ligne nouvelle Marseille Nice par exemple : nul doute que les autocars, ça soit mieux)<br /> <br /> Ca devient ambitieux de vouloir faire gagner ceux qu'il reste...
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D
Il n'y a pas non plus d'arrêts à Nîmes.
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D
Attention il y a des erreurs ou des approximations dans les lignes Ouibus.<br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas de ligne Paris - Genève, mais une ligne Paris - Milan via Genève (de nuit) qui ne relève pas de la loi Macron.<br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas de ligne Paris - Montpellier.<br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas de ligne Paris - Nice. L'offre réelle sera d'un AR Paris - Marseille et de 4 AR Lyon - Nice via Marseille.<br /> <br /> <br /> <br /> Pas de ligne Toulouse - Nice, mais une ligne Bordeaux - Marseille (2 AR) via Toulouse et Montpellier.<br /> <br /> <br /> <br /> La ligne Aix-en-Provence - Nice n'existe pas. C'est une ligne vers l'Italie. Ouibus ne veut pas de clientèle Aix - Nice. Elle préfère réserver les places pour des clients se rendant en Italie.
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T
globalement toutes les dessertes et lignes ferroviaires interrégionales sont en péril.Elles étaient déjà menacées par la désinvolture et l'absence de qualité de service de la SNCF, elles devront maintenant subir la concurrence frontale de lignes routières fiables et trois fois moins cher.
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T
C'est absolument effrayant...<br /> <br /> On peut espérer que mécaniquement le bus devienne de moins en moins attractif vu que leur développement induira de nombreux embouteillages dans les grandes villes (Lyon serait tout particulièrement concernée)...<br /> <br /> La concurrence des cars est déloyale, tout comme celle des avions (http://www.lepoint.fr/economie/transport-aerien-la-niche-fiscale-qui-enerve-les-ecologistes-04-09-2015-1961835_28.php), qui ne couvre pas la totalité de leurs coûts, tandis qu'on force les TGV à payer la totalité de ses coûts (mêmes externes)...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais la déconvenue niveau tarifs viendra vite : le Paris-Le Havre est annoncé à partir de 15 euros (c'est-à-dire quand l'offre "découverte"/leurre à 5 euros sera terminée), soit à peine 2,70 euros de moins que l'IC avec une carte de réduction en période bleue, ou encore l'équivalent des Prem's...pour un temps de trajet plus long d'une heure et un confort médiocre comparé au Corail !<br /> <br /> Par contre la SNCF viendra inévitablement montrer cette ligne pour empêcher tout investissement sur la ligne, pour réduire les fréquences...une catastrophe.<br /> <br /> <br /> <br /> En attendant ne peut-on pas attaquer la SNCF dont la raison sociale est bien de faire la promotion du train ?<br /> <br /> <br /> <br /> La SNCF ferait mieux de développer ses trains plutôt que de faire une politique de la terre brûlée...et c'est tout à fait possible...<br /> <br /> "Le progrès ne vaut que s'il profite à tous"/"A nous de vous faire préférer le train"... tout ça est malheureusement bien fini !'<br /> <br /> Même les TGV pourraient servir dans le cadre d'une "politique de l'offre", en faisant conjointement baisser les coûts (en virant des cadres inutiles qui sont légion...) et en les tarifs "de base"...mais bon c'est bien connu : le TGV est un train de riche !
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A
La place à 1 €, c'est de la com' ! Ou alors, il faudrait avoir un chauffeur bénévole !<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis aller voir ces jours derniers le prix d'un aller-retour Isilines Paris-Bordeaux pour les mois de septembre et octobre.<br /> <br /> <br /> <br /> Le moins cher : 27 €uros avec 3 possibilités de jours aller et jour retour . Sinon, on trouve en octobre des prix vers 30 à 40 € .<br /> <br /> <br /> <br /> Si on réserve pour septembre, on trouve vers 40 - 60 €. Ces prix se rapprochent d'un aller-retour Paris-Bordeaux en Intercité à 50 € à réserver pour le mois d'octobre.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui est sûr, c'est qu'il est impossible de proposer dans la durée des places à 1 € un AR en car.<br /> <br /> <br /> <br /> Qu'attend t-on pour lancer des IC Eco au moins déjà sur les grande radiales ?
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T
Ce qui est critiquable ce n'est pas que la SNCF développe les autocars puisque cela lui permet de conserver des client mais la libéralisation de ce mode de transport !!<br /> <br /> La politique des transports en France c’est 0 hormis quelques décisions régionales ou l’intérêt du transport ferroviaire à été comprit !<br /> <br /> Au faite parlera-t- on des transports dans la COP21 parce que là ce n'est pas un très bon exemple (en plus des intercites ou du fret...) !<br /> <br /> Sinon pourquoi ne pas développer les intercites éco encore plus ou les autres lignes intercités parallèles aux TGV, baisser les coûts de productions pour baisser les tarifs...<br /> <br /> Les trains vous connaissez encore ?<br /> <br /> En attendant ce sont des intercites qui disparissent ou se dégradent d'années en années, aucune décisions prise pour leur avenir, des réductions d'offres TGV dans le Sud Est (http://transportrail.canalblog.com/archives/2015/09/01/32567832.html) et une bataille pour maintenir des dessertes sur la LGV SEA<br /> <br /> Heureusement l'offre OUIGO se développe !<br /> <br /> Si au moins cela pouvait concurrencer le covoiturage (seule espoir)..
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D
Et combien de place à 1 € ? 2 places par Bus ?<br /> <br /> La SNCF pourrait faire de même : 2 places à 1 € par train.<br /> <br /> Le tout est que le voyageur potentiel soit capté par le site de réservation en ligne.<br /> <br /> Dans 80% des cas il continue sa navigation sur ce site et achète sur celui ci.
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B
Les billets en autocar à 1€, j'y crois moyen... Pour avoir essayé de prendre un Megabus au Canada (ne me tombez pas tous dessus... un billet aller-retour Montréal-Toronto en train type corail peut coûter jusqu'à 250€ aller-retour en 2ème classe avec le "super yield management"!), les prix montent très vite à 35-50€ aller-simple, et pourtant le coût d'opération des autocars est bien plus faible (pas de péage, carburant meilleur marché...). En tout cas, on n'en serait pas arrivé à cette loi si on avait libéralisé le transport de voyageurs longue distance, les concurrents de la SNCF seraient sur les rails, pas sur la route...
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B
Pas grave , Paris organise le COP 21 au mois de décembre prochain ... La façade est sauve sauf que le reste se lézarde !
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