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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
22 décembre 2012

VFCEA : un colloque à Dijon

Le 22 novembre dernier, la Région Bourgogne et l'association Rhône Alpes Centre Océan (RACO) tenait colloque à Dijon sur le projet de Voie Ferrée Centre Europe Atlantique, dont nous vous avions déjà parlé notamment le 22 décembre 2011, en particulier pour ses aspects voyageurs.

Pour l'instant en marge des grands projets, quelque peu focalisés sur les lignes à grande vitesse, en attendant l'exercice de "hiérarchisation" des projets par une commission ad hoc, la VFCEA se place dans une logique un peu plus raisonnable, peut-être d'un niveau d'ambition moins médiatique qu'un nouveau TGV... mais qui part d'un constant difficilement réfutable : l'absence d'infrastructures d'orientation est-ouest performantes pour le fret et les voyageurs entre la Grande Ceinture de Paris et l'axe Marseille - Narbonne - Toulouse - Bordeaux situé 800 km plus au sud.

VFCEALa section à électrifier et à moderniser : Nevers - Chagny, pour achever la continuité électrique entre l'Atlantique et l'axe Saône - Rhône sans passer par la région parisienne. (fond cartographique RFF)

VFCEA2La transversale VFCEA, depuis le porte de Saint Nazaire et l'irrigation d'un vaste hinterland : à Chagny, les trains pourrait remonter vers l'Allemagne soit par l'axe Dijon - Luxembourg, soit par l'axe Dijon - Bâle. Vers le sud, l'accès aux Alpes et à la vallée du Rhône, sans passer par Lyon, valorisant le projet de contournement. (fond cartographique RFF)

La VFCEA pourrait ainsi constituer un axe stratégique pour le fret, en utilisant des infrastructures disposant d'une capacité résiduelle importante, et susceptible de proposer une meilleure fiabilité des sillons. Cependant, la VFCEA a aussi besoin d'une vision nationale cohérente pour le fret, avec la valorisation des installations portuaires, du réseau ferroviaire, et d'une politique plus restrictive à l'égard du trafic routier de longue distance. Avec une part de marché de l'ordre de 89%, le trafic routier, subventionné par la prise en compte par la collectivité des coûts d'infrastructures, n'a jamais véritablement été remis en question quant à la place qu'il occupe sur les parcours traversants, notamment en raison de l'absence d'une alternative ferroviaire claire et efficace, et d'une propension de la SNCF à concentrer ses trafics sur l'agglomération parisienne.

La VFCEA, utilisant des lignes moins fréquentées, pourrait en outre être plus attractive pour les chargeurs grâce à une tarification des sillons plus avantageuse que par les radiales convergeant vers la Grande Ceinture de Paris, et alors même que la croissance des besoins de Transilien en Ile de France s'avère de moins en moins compatible avec le maintien de sillons fret en heures de pointe.

Elle placerait Dijon comme le carrefour naturel des axes stratégiques européens, au croisement de l'axe est-ouest et des liaisons nord-sud. A l'ouest, la VFCEA pourrait être le moyen de relancer une activité sur le site tourangeau de Saint Pierre des Corps, surtout si la VFCEA faisait germer l'idée d'une liaison améliorée vers le port du Havre, via Le Mans, Mézidon et Rouen, hypothèse qui ne semble réaliste qu'à la condition de réaliser le nouvel itinéraire voyageur et la gare Saint Sever pour délester le noeud de Rouen.

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20 décembre 2012

Barcelone : ouverture de la liaison Sants - Sagrera

Après 20 000 km d'essais réalisés par l'ADIF, l'agence des infrastructures ferroviaires espagnoles, permettant de valider la voie, la signalisation (ETCS) et les communications sol-bord (GSM-R), la RENFE a lancé le 19 décembre ses propres trains pour procéder aux dernières marches d'essai dans le nouveau tunnel sous Barcelone, reliant la nouvelle gare de La Sagrera et la gare existante de Sants, achevant la liaison nord-sud en reliant la ligne à grande vitesse Perpignan - Barcelone à la ligne Barcelone - Madrid.

Dans une première étape, ce sont 9 allers-retours qui seront proposés entre Barcelone et Figueras Villafant, avec un temps de trajet de 55 minutes au lieu de 1h44. Deux seront en correspondance avec les TGV pour Paris, en attendant l'exploitation de bout en bout. La RENFE fait actuellement procéder à la modification de ses rames S-100, type TGV Atlantique, pour circulation sur le réseau ferroviaire français. Les rames franco-espagnoles perdent leur équipement en 3000 V, au profit de l'équipement en 1500 V français, permis par la réélectrification en 25 000 V de la partie "UIC" gare de Madrid Atocha. Une première rame est actuellement en essais en France jusqu'à la mi-mars.

Cependant, la date d'ouverture de ces liaisons TGV n'est pas encore connue et pourrait fortement dériver... alors qu'elle était attendue en décembre !

20 décembre 2012

La rive droite du Rhin accélère

C'est une des sections les plus circulées du réseau ferroviaire allemand : la rive droite du Rhin écoule un important trafic fret, dispose d'une trame régionale dense tant côté Bâle que côté Karlsruhe, et les circulations Intercity sont également nombreuses. Avec une moyenne de 300 à 350 trains par jour, la ligne Karlsruhe - Bâle a fait l'objet d'un programme d'augmentation de capacité avec la création de deux voies supplémentaires, aptes à des vitesses variant entre 200 et 250 km/h.

L'inauguration du tunnel du Katzenberg, long de 9,4 km, parachève l'opération "ABS" (ligne adaptée) Karlsruhe - Bâle, en supprimant le hiatus sinueux et lent de la ligne initiale. Ainsi, les IC et ICE gagnent 10 minutes en empuntant cet ouvrage autorisé à 250 km/h. Le trafic régional reste lui sur la ligne classique afin d'assurer la desserte locale de la vallée du Rhin. Le décroisement des dessertes favorisera l'étoffement de l'offre entre Bâle, Freiburg et Offenburg.

Le coût de ce tunnel est de 610 millions d'euros.

Le concept d'ABS complète celui des NBS, les lignes nouvelles du réseau allemand, autorisant des vitesses de 250 à 300 km/h. Néanmoins, à ce jour, seule la NBS Cologne - Francfort est dédiée aux ICE : les autres lignes acceptent les trains classiques à 200 km/h et le fret, d'où des profils moins sévères nécessitant plus d'ouvrages, alors que les LGV françaises, avec leurs rampes pouvant atteindre 35 pour mille, excluent le fret.

Toutefois, le contournement Nîmes-Montpellier est similaire au principe des ABS allemandes : il sera apte à 220 km/h, autorisant le fret et les voyageurs, C'est peut-être vers ce type de nouvelles infrastructures, moins rapides mais aussi moins coûteuses que devrait se tourner la France plutôt que de courir après un SNIT infinançable et, dans certains cas, injustifiable.

19 décembre 2012

Fret - concurrence déloyale : la SNCF sanctionnée

L'Autorité de la concurrence inflige à la SNCF une amende de 60,9 millions d'euros pour pratiques anticoncurrentielles sur le fret. Révélée en septembre dernier (voir notre article du 25 septembre 2012), l'instruction faisait suite à une autosaisine de cette instance en janvier 2008 et une plainte d'ECR en octobre 2009. Il était question de dumping sur les prix, inférieurs aux coûts, de surréservation de sillons et de wagons pour tarir le marché, et d'usage d'informations confidentielles pour contrer la concurrence.

Dans ses conclusions, l'Autorité de la concurrence demande également à l'entreprise ferroviaire de dresser une comptabilité analytique par marché.

Il est intéressant de remarquer que malgré ces pratiques, Fret SNCF n'a cessé de reculer, certes dans un contexte économique difficile, mais alors même que les autres prestataires maintiennent leur cap.

18 décembre 2012

Marseille - Aubagne : la 3ème voie banalisée

Du 14 au 16 décembre, la section de ligne Marseille - Aubagne a été fermée à tout trafic pendant 70 heures afin de procéder à une importante modification de la signalisation ferroviaire. Les travaux ont consisté en la mise en place de la signalisation de voie banalisée sur la troisième voie créée sur cet itinéraire et le raccordement aux deux nouveaux postes d'aiguillages informatisé de Marseille Blancarde et de Marseille Chartreux, qui seront à terme reliés au poste principal de Marseille Saint Charles.

Cette troisième voie sera utilisée dans les deux sens par la desserte omnibus au sein du bassin urbain Marseille - Aubagne, et permettra par ricochet de limiter fortement les imbrications entre les TER omnibus et les circulations TER, Intercités et TGV sans arrêts. Elle contribue à la mise en oeuvre d'une desserte qui comprendra trois trains omnibus par heure et par sens entre Marseille et Aubagne, complétés par une desserte directe à destination de Toulon et Hyères.

Cette nouvelle offre, qui sera mise en oeuvre fin 2014, viendra conforter notamment la gare de Marseille Blancarde, dont les aménagements mériteraient d'être mis au goût du jour : en correspondance avec la ligne 1 du métro et les deux lignes de tramway, elle offre une alternative à la gare Saint Charles, encombrée et dont les accès au métro sont moins commodes.  Du côté d'Aubagne, la création de la première section de tramway, entre la gare et le quartier Le Charrel, est prévue début 2014. Autant de leviers permettant l'intégration de la nouvelle desserte TER dans un ensemble d'amélioration de l'offre de transports en commun dans un secteur miné par la circulation automobile.

Parallèlement, un accord tarifaire est en passe d'être signé entre la Région PACA, la SNCF, Cartreize et la RTM pour proposer des tarifs multimodaux plus avantageux que la seule juxtaposition de titres à la seule initiative du voyageur : on est décidément encore loin des communautés tarifaires de nos voisins européens, rendant complètement transparente la frontière entre les différentes compétences.

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18 décembre 2012

Pau - Canfranc : des travaux dès 2013 ?

Ce projet, serpent de mer depuis quarante ans, va-t-il cette fois-ci aboutir ? Depuis qu'un train de marchandises en dérive a entrainé la destruction d'un pont sur un cours d'eau, la ligne, fermée à tout trafic, fait l'objet de nombreuses études en vue de créer une liaison à travers les Pyrénées pour favoriser la circulation du fret, en complément des itinéraires côtiers par Hendaye et Cerbère. Il s'agissait aussi de lutter contre le projet de tunnel routier du Somport. Celui-ci a bien été construit et est aujourd'hui exploité, mais le projet ferroviaire est resté à quai.

RFF annonce le début des travaux de réouverture de la section Oloron Sainte Marie - Bedous en 2013. Des travaux financés intégralement à 100% par la Région Aquitaine et dont le montant atteint 105 millions d'euros. Le coût des travaux est à la mesure de l'ampleur du chantier : outre le fait qu'il faut reposer la voie, la caténaire, les installations électrique, la signalisation, recréer trois haltes et modifier la gare d'Oloron, la réactivation de la ligne implique la remise en état de 28 ponts, 46 ouvrages hydrauliques, 7 tunnels et le traitement de 28 passages à niveau dont 9 seront supprimés et 16 automatisés.

Au-delà, la section internationale vers Canfranc est toujours en étude, et il s'agit notamment de savoir comment assurer les fonctions de sécurité du tunnel routier, aujourd'hui assurées via l'ancien tunnel ferroviaire.

Reste à savoir quels trafics peuvent être intéressés par cet itinéraire et quelles projections de volumes transportés pourraient être captés par cette ligne.

9 décembre 2012

Ouest Lyonnais : le tram-train atteint Brignais

Hier 8 décembre 2012, la desserte Lyon - Brignais par tram-train a été inaugurée et sera désormais assurée par un service cadencé à la demi-heure en 25 minutes. Fermée en 1939, et ne renouant avec le service voyageurs qu'en septembre 1991, sous l'impulsion du Département du Rhône, la desserte ferroviaire Lyon - Brignais n'avait jamais véritablement trouvé son public compte tenu d'une offre limitée - au mieux un train par heure) - et d'un temps de parcours peu attractif du fait de l'emploi d'autorails poussifs et d'un rebroussement à Tassin. Avec l'arrivée du tram-train plus performant et la création du raccordement direct de Tassin, le service devient plus attractif puisqu'il faut moins d'une demi-heure pour relier Brignais au terminus de Lyon Saint Paul.

Il reste donc désormais à régler le cas de la branche de Lozanne, qui demeure la moins porteuse de trafic, du moins pour l'instant. En effet, malgré un tracé en fond de vallée entre Tassin et Dardilly, la ligne peut constituer une solution intéressante de desserte de la zone d'emplois de Techlid en travaillant l'interface avec la voirie et une correspondance judicieuse avec la desserte par bus.

4 décembre 2012

Lyon - Turin au menu du sommet franco-italien

Tenu hier à Lyon, le sommet franco-italien a abouti à la conclusion d'un accord sur le principe de poursuivre le projet de traversée ferroviaire des Alpes entre Lyon. Lancé en 1991, le projet n'a cessé de dériver dans les coûts et les échéances. A l'issue du sommet d'hier, l'engagement des deux Etats a été confirmé, mais la question du financement reste en suspens. Sur 8,5 milliards d'euros, le coût du tunnel de 57 km sous les Alpes serait pris en charge à hauteur de 2,9 milliards par l'Italie et 2,2 milliards par la France. Le solde est attendu de l'Union Européenne. Quant à la mise en service, on ne l'espère plus avant 2028.

Côté français, il faut en outre ajouter la liaison depuis Lyon, comprenant une ligne à grande vitesse pour le trafic voyageurs, via Chambéry, et un itinéraire fret qui rejoint la ligne ique Lyon - Chambéry via Saint André le Gaz, avant d'emprunter un autre tunnel qui, lui, évite Chambéry en passant sous le massif de la Chartreuse. Les deux itinéraires fusionnent ensuite pour une liaison mixte où les trains de voyageurs pourraient circuler à 220 km/h sous les Alpes jusque vers Bussoleno.

http://img227.imageshack.us/img227/3220/lyonturincle75e187wg6.jpgSchéma général du projet Lyon Turin Ferroviaire

En marge du sommet, les partisans et les adversaires du projet ont donné de la voix dans les rues de Lyon. Les premiers expliquaient qu'on ne pouvait développer un service performant de fret sur une ligne à profil difficile nécessitant trois locomotives pour hisser un train de fret de 1800 tonnes. Les seconds répondaient que le niveau de trafic dans le tunnel existant est très loin de la saturation.

Si l'analyse des premiers n'est pas totalement fausse sur le plan économique, puisqu'il est évident que le rail serait plus rapide et donc économiquement plus performant avec la réalisation de ce tunnel réduisant la durée de franchissement des Alpes, celle des seconds n'est pas dénuée de fondements. En effet, côté Suisse, on n'a pas attendu la réalisation des nouvelles liaisons ferroviaires alpines comme le tunnel du Lotschberg pour développer un corridor fret performant, malgré les tunnels hélicoïdaux, une rampe de 27 pour mille (celle de la Maurienne atteint 33 pour mille) et malgré la voie unique subsistante sur une partie de la ligne jusqu'en 1992 !

Le nouveau tunnel, partiellement mis en service le 15 juin 2007, long de 34,6 km : seul un tube est aujourd'hui en exploitation avec tronc commun sur 22 km, exploité en voie unique et en batteries de trains, où cohabitent des circulations de fret pouvant atteindre 3250 t à 80 km/h, des Intercity à 200 km/h et des ETR610 aptes à 250 km/h dans ce tunnel équipé en ETCS de niveau 2.

Fichier:LBT map.pngSchéma fonctionnel actuel du tunnel du Lotschberg

En attendant donc, il y a probablement matière à développer l'usage du réseau existant entre la France et l'Italie d'autant que plusieurs sections se prêtent assez naturellement à une priorité au fret. Il s'agit notamment de la section Toul - Dijon - Bourg en Bresse - Ambérieu, où le trafic voyageur est modeste. L'accès au sillon mosellan a été facilité par la mise en service du TGV Est, et la section Pagny sur Moselle - frontière luxembourgeoise est majoritairement à trois voies ce qui permet au fret de cohabiter correctement avec l'importante desserte régionale en Lorraine.

Certes, la réalisation du Lyon Turin Ferroviaire permettait de faire mieux : mais n'oublions pas qu'actuellement, 89% du trafic de marchandises entre la France et l'Italie passe par la route.

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