Régiolis : un matériel fiable au confort inégal

L’affaire des quais

Fortement médiatisée à dessein polémique en pleine réforme ferroviaire en 2014, cette affaire repose pourtant sur de simples constatations. Les anciens matériels ferroviaires formés de caisses longues et par conséquent plus étroites n’utilisaient pas le gabarit maximal permis par le réseau. Le Régiolis cherche à utiliser les tolérances maximales, notamment en partie basse.

Pau - 3 juillet 2016 - Deux Z51500 quadricaisses Aquitaine quittent Pau en direction de Dax. La conception du Régiolis avec des faces latérales droites et non pas convexes comme sur l'AGC n'a pas été simple à gérer du point de vue du gagarit car la partie basse est plus encombrante que celle du prédécesseur... et la maintenance de l'infrastructure (et encore plus des quais) a trop longtemps laissé à désirer. Il a fallu raboter nombre de quais pour assurer le passage des Régiolis. © transportrail

Résultat, les non conformités de l’infrastructure, notamment au niveau de la tenue dans le temps des bordures de quais, et les légers défauts de géométrie de la voie, qui étaient « transparents » pour le matériel ancien, ne le sont plus pour ces matériels modernes qui demandent une infrastructure réellement au gabarit annoncé aux constructeurs. Conséquence : une noria de travaux souvent réalisés en urgence pour rectifier les bordures de quais et rectifier le dressage de la voie.

Gros plan sur ces équipements déportés hors de la caisse. Si le quai visible au premier plan est en bon état, sur nombre de lignes, les tolérances habituelles de positionnement de la voie, d'entretien des quais, ont donné quelques sueurs à l'arrivée de ces nouvelles rames, en dépit d'une largeur de caisse inférieure à celle de l'AGC. Table de conversion : si AGC et Z2 passent, alors Régiolis doit passer ! © transportrail

Confort et accessibilité

Profitant d'un accès direct, le Régiolis s'inscrit dans la continuité amorcée avec les X73500. Cependant, la configuration intérieure a curieusement rendu moins commode l'accès à de nombreuses places assises en installant de très longues rampes dans les salles pour passer au-dessus des bogies. Pourtant, le couloir ne permet pas le passage d'un fauteuil roulant...

Sur cette rame version TET (sur Paris - Belfort depuis régionalisée), gros plan sur la porte dotée d'un comble-lacune pour l'accès des fauteuils roulants. Les Coradia Liner série B85000 ont été les premiers engins à plancher bas engagés sur des liaisons longue distance. © transportrail

Les rampes font la renommée du Régiolis et de sa version TET ici illustrée (en première puis en seconde classe). Il faut prendre garde lorsqu'on retire un bagage situé sur le rayonnage supérieur, car immanquablement, le talon vient buter contre la rampe... et ce peut se solder par une chute. Les sièges sur cette version sont un peu plus cossus même s'ils reposent sur la même structure que la version Régiolis. Le confort est correct sur des trajets n'excédant pas 2 heures mais devient un peu juste au-delà. A noter que ces rampes (encore elles) compliquent l'aménagement de la première classe d'où ces espaces en 1+1 avec disposition en quinconces des sièges, diminuant la capacité d'emport de la rame. © transportrail

Les versions régionales du Régiolis confirment la tendance à la diminution du niveau de confort de voyage : l'assise est ferme et courte, ce qui peut être acceptable sur des trajets courts en périurbain par exemple, mais nettement moins sur des relations qui peuvent atteindre voire dépasser 2 heures : c'st notamment le cas sur les liaisons Paris - Granville (plus de 3 heures) et sur Bordeaux - Hendaye / Tarbes.

L'aménagement intérieur des rames présente d'une Région à l'autre certaines différences, notamment dans le choix des couleurs (sur ce cliché, le bleu aquitain) : il est vrai que la dominante blanche du plafond et des parois a besoin d'être égayée, d'autant que l'éclairage est assez froid et peut-être un peu trop puissant. © transportrail

Intérieur du Régiolis aquitain : les bagageries ont été un des sujets de discussion entre les Régions et la SNCF. On note donc la présence de racks au sol et au-dessus des sièges, ce qui permet notamment de répondre aux besoins des étudiants en fin de semaine ou de relever correctement des correspondances TGV. (document Alstom)

Il ne s'agit pas d'une version TET mais d'une des 24 rames bourguignonnes engagées sur Paris - Lyon : c'est la plus longue relation confiée à un Régiolis (plus de 5 heures). Les rames de 6 voitures sont configurées en classe unique à 4 places de front pour maximiser la capacité d'emport. Le confort sur des parcours de cabotage est correct. Evidemment, la comparaison avec les Corail est difficile ! © transportrail

Le niveau sonore à bord des Régiolis est bien maîtrisé, même en traction thermique. Néanmoins, il y a moins d'écart entre l'espace situé derrière la cabine et le centre de la voiture, alors que dans l'AGC, le moteur est plus discret quand on s'en éloigne. Surtout, l'oreille n'est pas habituée à ce que le bruit de la motorisation vienne d'en haut.

En revanche, les grincements peuvent être assez désagréables et le report d'une partie de la masse en toiture se ressent dans le comportement de la caisse, surtout sur voies moyennes.

Sur la version Paris - Lyon, on peut souligner l'effet significatif des portes de salle sur le niveau sonore mais il est dommage - et curieux - que celles au droit des intercirculations restent, comme sur tous les Régiolis, en position ouverte.

Performances

En mode Diesel, le Régiolis avec ses moteurs en toiture est un peu plus silencieux que l'AGC. Les performances au démarrage, en mode Diesel, sont comparables à celle de l'AGC. En mode électrique, le niveau sonore est très réduit et la nervosité des éléments 4 caisses est, compte tenu du dimensionnement souvent limité de l'alimentation, de bon niveau, tout est restant dans la moyenne française (inférieure à 1 m/s², contre 1,2 m/s² pour le Flirt de Stadler, son homologue suisse). D'ailleurs, le Régiolis peut aussi être comparé à celui-ci compte tenu de leur cohabitation sur Léman Express (mais lors de notre dernier passage à Genève, nous n'avions voyagé qu'en Flirt).

Marseille Saint-Charles - 20 janvier 2020 - Décoration colorée pour les B84500 méridionaux : 15 exemplaires bimodes ont été acquis par la Région PACA notamment pour la ligne de la Côte Bleue, succédant avantageusement aux rames inox associées à des BB67400 à bout de souffle. © transportrail

Angers Saint-Laud - 2 octobre 2019 - Museau légèrement différent pour la version Intercités et un bloc-optique surmonté d'un coup d'eyeliner (diront certains) qui a donné quelques sueurs pour l'admission de cette version alors que le nez régional avait déjà été complexe à valider. Le B85051/2 arrive à Angers et profite de ses bonnes performances pour rattraper ce jour-là un retard assez net. L'arrêt commercial ne durera que 40 secondes, grâce aux 6 portes de plain-pied ! © transportrail

Quant aux bogies, il est difficile de se prononcer car la qualité de la voie joue pour beaucoup. Il semble cette fois-ci que la SNCF ait bien pris en compte l'état réel des voies. A voir au fur et à mesure de l'usure ordinaire des organes de roulement et de suspension. Sur ces rames ayant peu roulé, le roulement est donc de bon niveau. Néanmoins, avec des bogies à grand empattement, le Régiolis sollicite plus le rail que l'AGC, surtout sur les lignes comprenant des courbes de faible rayon.

En complément voici le point de vue du site connaissance-du-rail.com. 

Enfin, transportrail vous propose une comparaison entre l'AGC et le Régiolis pour mesurer les évolutions entre ces deux générations de matériel aux vocations assez semblables.