Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
9 avril 2023

La Ferté-Macé, une étrange configuration

Le 26 mai 1991, l’antenne Briouze – Bagnoles-de-l’Orne perdait sa desserte voyageurs, prisée des curistes de la petite station thermale du sud normand. Disparaissait également une étrange configuration.

La section de Briouze à La Ferté-Macé avait été concédée en tant que chemin de fer d’intérêt local le 24 juin 1868 et réalisée par une compagnie locale qui la mettait en service le 6 décembre 1869. La section de La Ferté-Macé à Couterne, rejoignant la ligne d’Alençon à Domfront avait été considérée comme chemin de fer d’intérêt général et concédée aux Chemins de fer de l’Ouest : la compagnie ne manifesta pas un grand empressement à la réaliser puisqu’elle ne fut mise en service qu’en 1881.

affiche-train-bagnoles-de-l'orne

CP-bagnoles

En dépit de la taille très modeste de la ville, de nombreux taxis et voitures d'hôtel attendaient les voyageurs devant la gare pour rejoindre leur hébergement : il est vrai qu'ils étaient généralement lourdement chargés de valises pour leur séjour thermal.

La première compagnie avait installé sa gare au plus près du bourg, si bien que l’autre ligne ne pouvait s’y raccorder directement : à partir de 1881, la gare de La Ferté Macé se retrouva comme une courte antenne, imposant aux trains d’effectuer une manœuvre en Z pour atteindre Bagnoles de l’Orne, elle-même devenue terminus en 1941 après la fermeture de la section vers Couterne.

schema-la-ferte-macé

CP-gare-la-ferté-macé

La gare de La Ferté-Macé ne donne pas l'impression sur cette carte postale d'avoir cette configuration si particulière, qui finit par devenir un handicap pour l'exploitation, déjà passablement compliquée.

Le développement des autorails n’y changea pas grand-chose, même quand arrivèrent les X4790 Basse-Normandie avec leur livrée jaune, perdant moins de temps que les rames tractées tout de même.

Conjugué au déclin du thermalisme normand, cette singularité ferroviaire précipita la fermeture de la ligne, désormais transformée en voie verte sur l’essentiel du parcours, à l’exception d’un court tronçon au départ de Bagnoles-de-l’Orne, où subsiste encore la voie pour un petit trajet en vélo-rail.

La gare de La Ferté-Macé accueille désormais des services du Département de l’Orne. Celle de Bagnoles-de-l’Orne intègre un projet de requalification de l’ensemble de l’espace de l’ancienne gare avec notamment le terminus des autocars régionaux venant de Briouze.

250722_BVla-ferte-mace

La Ferté-Macé - 25 juillet 2022 - La gare est toujours là mais n'a plus aucune fonction liée aux transports en commun. Les autocars y marquent l'arrêt bien qu'elle soit assez excentrée. © transportrail

Publicité
Publicité
Commentaires
D
A Barentin, je crois qu'il s'agissait aussi de rattraper une importante dénivellation.<br /> <br /> Je ne sais pas si tel est le cas à la Ferté Macé.
Répondre
R
Une configuration similaire se trouve à Killarney (Irlande), sur la ligne Mallow-Tralee.
Répondre
K
Merci pour cet article très enrichissant !<br /> <br /> Avec les images satellites, on voit sans problème la marque en forme de Z laissée sur le sol. Une vraie curiosité ferroviaire ! GPS: 48.598536, -0.354941 Il me semble qu'on pouvait trouver une situation similaire dans l'Eure ? Me souviens plus de la localité....
Répondre
D
C'est dommage car on pouvait facilement mettre fin au rebroussement: soit en déplaçant la gare vers le nord (au niveau du tiroir), soit vers l'est au croisement de la rue d'Alençon (D908) ou même au sud près de la D20.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans le premier cas, on aurait éloigné la gare du bourg de quelques centaines de mètres: cependant, des gares un peu éloignées du centre, c'est assez courant sur le RFN.<br /> <br /> Dans les autres cas, on est peu ou prou à égale distance du centre.<br /> <br /> <br /> <br /> Il aurait probablement fallu dans tous les cas reniveler la plateforme pour ne pas avoir une gare en pente, et sacrifier l'évitement: il est préférable de sacrifier celui-ci, de toute façon pas indispensable vu le trafic et la proximité du terminus, plutôt que la ligne entière !
Répondre
D
C'est vrai que l'exploitation avec une rame tractée pouvait être pénalisée, la desserte des années 70 faisant appel aux bonnes vieilles 63500.<br /> <br /> C'est moins dramatique avec un matériel automoteur type 73500, qui doit être suffisant pour la desserte habituelle de la ligne.<br /> <br /> 1991 cela correspond au début de la seconde vague de fercamisation, la desserte saisonnière a-t-elle été supprimée en même temps qu'une desserte fret déclinante?<br /> <br /> La disparition de cette antenne montre que la desserte de ces petites lignes à vocation thermale ou touristique n'est souvent pas viable si elle ne s'accompagne pas d'une desserte régulière à l'année (quitte à s'adapter en période haute, qui correspond souvent à des vacances scolaires durant lesquelles du matériel est disponible ailleurs). En effet tant que l'infrastructure est en état, ça passe. Quand il faut justifier l'investissement d'un RVB pour juste quelques dizaines de jours de circulation annuels et un nombre de passagers forcément faible ramené à l'année, l'option fermeture est celle qui coche les cases de l'analyse socio économique.<br /> <br /> A noter que Trouville Dives (en grande partie renouvelée) ou Auray Quiberon entrent également dans cette catégorie de lignes à desserte saisonnière et toutes deux mériteraient une desserte à l'année.
Répondre
T
Un bâtiment sur lequel on a greffé 2 extensions hideuses<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà comment est traité le patrimoine ferroviaire…
Répondre
Publicité