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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
7 avril 2017

France : 20 ans de régionalisation ferroviaire

Depuis l'expérimentation de 1997, 20 ans ont passé. A la sortie des grèves de 1995, deux réformes avait été engagées. La première portait sur la séparation entre l'opérateur ferroviaire et le gestionnaire d'infrastructures, aboutissant en 1997 à la création de RFF. Les subtilités politiques françaises avait donné naissance à une organisation bâtarde : RFF était initialement d'abord censé héberger la dette ferroviaire pour soulager la SNCF avant d'être un étrange gestionnaire d'infrastructures qui avait obligation de confier toute la conception et l'exécution des travaux d'entretien et de renouvellement du réseau à la branche Infrastructure de la SNCF.

L'autre réforme portait sur la gestion de l'offre de transport. Déjà, les Régions depuis le début des années 1980, finançaient certaines dessertes en plus du programme de base défini par la SNCF et validé par l'Etat seul. Elles s'étaient aussi engagées dans des investissements sur le matériel roulant, avec la rénovation de certains autorails puis l'acquisition de nouvelles rames, comme les X72500.

Alors que la SNCF menaçait de supprimer au moins 6500 km de lignes déficitaires et qu'elle considérait sans intérêt, la voie choisie par l'Etat fut alors de confier aux Régions la gestion de l'organisation des dessertes. Dans un premier temps, 7 Régions ont été volontaires pour expérimenter cette mission, l'Etat prenant en charge le socle du déficit en 1997 et les Régions les écarts liés à leurs propres orientations sur la consistance du service. Une démarche assez avantageuse, qui s'est immédiatement traduit non seulement par le renforcement des services Transports dans les Régions (en faisant notamment appel à des fonctionnaires territoriaux amateurs de trains, dont certains lecteurs avisés de notre site...), mais aussi par un puissant essor de l'offre embarquant ensuite des investissements sur le renouvellement du matériel roulant (X73500, TER2N, AGC, Régiolis, Régio2N, sans compter les rénovations diverses), sur la modernisation des gares et la tarification.

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La Rochefoucauld - 26 septembre 2015 - Matériel moderne, performant, confortable, certes un peu lourd, mais une infrastructure à bout de souffle, des ralentissements parsemant l'itinéraire et une signalisation qui certes faisant joli sur la photo mais peu compatible avec un chemin de fer en phase avec les aspirations du 21ème siècle. 20 ans de régionalisation... mais il reste tant à faire : qui en a la volonté ? les moyens ? © transportrail

Vingt ans après le lancement de cette phase expérimentale, qui prit fin en 2002 avec l'adoption de la loi SRU généralisant le rôle d'autorité organisatrice à toutes les Régions, un premier bilan peut être fait. Avant tout, il est évident que sans cette régionalisation, le transport ferroviaire en France aurait été réduit à peau de chagrin. Mais pour autant, l'avenir n'est pas serein. Les Régions ont dû investir sur le renouvellement des infrastructures, au-delà de leur compétence, puisque l'Etat se défile et que RFF puis SNCF Réseau ne reçoit pas de l'Etat les moyens nécessaires. Il y a bien quelques "danseuses" contestables, caprices politiques inapproprié alors que la crise sur la pérennité du réseau, trop longtemps relégué au second plan derrière des investissements plus visibles et électoralement plus payants, ne s'est pas éteinte et connait une nouvelle poussée de fièvre avec le Contrat de Performances.

Le mur d'investissement est devant elles alors qu'elles n'ont quasiment plus aucune liberté budgétaire quant à leurs ressources. Il sera d'autant plus difficile à franchir que le coût de production du train régional reste parmi les plus élevés d'Europe, que la contribution publique par voyageur transporté donne des arguments aux partisans de la route, et qu'en conséquence, le réseau reste sous-utilisé même sur des lignes desservant des territoires périurbains ou du moins positionnés sur des corridors où les flux de déplacements sont conséquents. Et comme si la barque n'était déjà pas suffisamment remplie, une nouvelle étape a été franchie en 2016 en imposant aux Régions de récupérer le déficit d'exploitation des TET.

Le nouveau dossier de transportrail revient sur 20 ans de régionalisation et s'interroge sur les défis de la décennie à venir. A vos commentaires !

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Commentaires
S
Bonjour,<br /> <br /> je m'interroge toujours pourquoi nous adoptons en France (mais peut-être ailleurs) la cogestion : la Région et la SNCF, par exemple. C'est une manie. Comme pour l'éducation nationale qui cogère les établissements avec les régions ou les départements ou les communes. Résultat : le chef d'établissement n'est pas le référent hiérarchique des enseignants = perte d'efficacité. Pour la santé, c'est pareil, avec l'ARS (Etat) et les départements ...<br /> <br /> Pour les trains TER, quand ça dysfonctionnait trop, j'ai écrit à la SNCF qui m'a renvoyé vers la région qui m'a répondu de m'adresser à la SNCF. Comment voulez vous piloter un truc pareil avec 2 organisations si grosses ? Croyez-vous que les amendes émises par la région aient un quelconque effet ou soient dissuasives pour les agents ou l'organisation de la SNCF ? Quelle est la crédibilité des régions, à part d'être financeurs ? Je m'interroge vraiment sur l'efficacité de ce partage. Si vous avez des idées...
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T
le transport régional ne se hasbenise que dans la tête des dirigeants de la SNCF et des services de l'Etat Parisien qui malheureusement portent ce discours et qui est relayé par certains élus régionaux...<br /> <br /> <br /> <br /> Les besoins de déplacements régionaux n'ont pas disparu comme par enchantement ni toutes les personnes non motorisées...<br /> <br /> <br /> <br /> Partout où on offre un service de qualité , les clients sont là...mais encore faut-il faire l'effort....
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I
Cet article déclenche en moi des sentiments mitigés. Un peu de fierté pour ce qui a été accompli par la SNCF et les Régions, et Dieu sait que ce ne fut pas un long chemin tranquille. Et aussi des inquiétudes et des espoirs pour l'avenir. Des inquiétudes parce qu'il faut se dire les choses franchement, le TER est en train de se "has-beeniser grave", et que la SNCF et les Régions sont désemparés devant cette situation. Des espoirs, mais sur un mode parfaitement égoïste : ça va permettre à des gens dans mon genre de continuer à sévir pendant 20 ans (ou plus) ! :p
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B
Après lecture de cet excellent article , une seule question : à quand une plus grande diversification des ressources financières du système ferroviaire afin de donner la lisibilité à une infrastructure de plus en plus mal au point ?<br /> <br /> A ce sujet , il serait intéressant de faire un parallèle avec les autres infrastructures contribuant à la bonne marche de l'économie : établissements scolaires/Hôpitaux , routes, lignes à haute tension/très haute tension , eau potable/assainissement,...<br /> <br /> Sans préjuger des constats qui pourraient en être dressés , je pense qu'il y a des similitudes certes à des échelles de valeur différentes puisque le rail traîne une histoire qui date de 150 ans mais je pense que certains signes ne trompent pas.<br /> <br /> Ce qui me permet de dire que les comparaisons pourraient être faites avec d'autres pays Européens.<br /> <br /> Le Royaume-Uni (UNI...pour l'instant) si décrié met à contribution financièrement les acteurs de l'immobilier lorsque les nouvelles performances de transport sont revues à la hausse.<br /> <br /> La mise en service commerciale de la LGV SEA le 2 juillet prochain a entraîné une flambée des prix de l'immobilier en région Aquitaine ( allez voir les prix aux abords du bassin d'Arcachon alors que dans le même temps les installations de la ligne Bordeaux Arcachon donnent des signes de vieillissement alarmants).<br /> <br /> A l'instar de ce qui s'est passé avec l'inauguration de la LN5 ( TGV Med) en 2001 où les belles demeures du Luberon sont devenues l'enjeu de toutes les spéculations ( le ciel bleu de Provence à 2h40 de Paris !) , une partie de notre économie ( l'immobilier par exemple) se nourrit de la dette d'autres acteurs de l'économie (les transports par exemple) !!!<br /> <br /> Va-t'on continuer longtemps à entretenir une situation qui devient explosive pour le bon équilibre économique de la maison France ? <br /> <br /> Un réel état des lieux s'impose avec en face une nouvelle STRATÉGIE de financements (vous remarquerez que j'ai mis au PLURIEL ce dernier mot).<br /> <br /> La France du ferroviaire d'aujourd'hui ressemble plus à celle du Roi soleil avec cette phrase : "sous les dorures ( les lignes TGV ) ... la misère (les lignes UIC 7 à 9 ) ".<br /> <br /> L'histoire serait-elle un éternel recommencement faute de stratèges ?
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M
à ce sujet, il y a eu un reportage relativement intéressant de Capital sur M6 il y a quelques semaines. On y apprend, sans trop d'explications, que la ligne de tram-train de l'ouest lyonnais un modèle pour la direction régionale de la sncf (désormais implantée à Lyon): apparemment la ligne connait un trafic en hausse, un faible nombre de fraudeurs et est bénéficiaire, avez-vous plus d'infos à ce sujet?
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M
je remarque tout de même un point très positif: j'ai l'impression que les régions sont plutôt du coté du rail, quel que soit le bord politique.<br /> <br /> en tout cas c'est l'impression que j'ai en lisant les articles de votre site. On peut même imaginer que le gain sur les budgets avec la mise en concurrence soit partiellement réinvestis dans le réseau. J'espère que certains projets de RER dans les grands villes vont enfin pouvoir voir le jour
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