Toulouse - Auch : une périurbanisation grandissante
Reprenons le cycle de nos études de ligne. Toulouse - Auch est un cas intéressant à bien des égards. La ligne a survécu aux vagues de fermeture du réseau secondaire de l'après-guerre, ce qui n'est déjà pas mal. Elle a profité d'un effet d'aubaine lié à la création du métro de Toulouse pour créer une première desserte périurbaine avec une intégration tarifaire qui a donné un puissant coup d'accélérateur à la fréquentation. Ensuite, elle bénéficia des crédits du Plan Rail Midi-Pyrénées non seulement pour en assurer la pérennité mais aussi la moderniser. Résultat, avec plus de 11 000 voyageurs par jour, et environ 80 circulations quotidiennes en semaine, c'est une ligne de desserte fine du territoire atypique (qui prouve une fois de plus les limites de la méthode de classement). On aimerait bien que toutes soit dans pareille situation !
L'Isle Jourdain - 26 septembre 2021 - Entrée en gare d'un Régiolis venant de Toulouse en direction d'Auch. Il s'agit de l'unique liaison ferroviaire ouverte aux voyageurs dans le département du Gers. Ce matériel plutôt capacitaire n'est pas surdimensionné par rapport à la demande, contrairement à la petite musique régulièrement jouée à propos des lignes hors des grands centres urbains. © transportrail
Mais ce n'est pas tout : l'augmentation de la population de la métropole toulousaine et la périurbanisation (excessive à bien des égards) font de cette ligne un atout non négligeable dans la mise en oeuvre de nouvelles offres pour contenir l'autosolisme. Le nouveau cap est à nouveau associé au métro, avec la troisième ligne qui arrivera à Colomiers, créant un appel d'air à l'ouest de cette gare. Il s'agit donc de définir le nouveau périmètre de la desserte cadencée au quart d'heure... sans oublier l'amélioration de l'accessibilité du Gers, le tout en intégrant une dimension énergétique, car avec plus de 80 trains par jour en semaine, le recours à la traction Diesel en zone dense est de moins en moins acceptable (doux euphémisme).
Effectuant le grand écart entre un maillon majeur du RER toulousain et de la desserte du réseau de villes autour de Toulouse, elle méritait donc amplement d'être l'objet d'un dossier de transportrail. C'est chose faite !
Occitanie : un nouveau Plan Rail
« Il est dommage que le rail ne soit pas une priorité de l’État. C’est pourtant ce qui fait le lien entre les territoires et c’est le mode de transport le plus sûr et le plus écologique. » : une petite amabilité de la présidente de la Région Occitanie à l'égard du gouvernement en guise d'introduction, et ensuite, une annonce de taille. La Région va adopter un plan d'investissement de 800 M€ sur 10 ans, qui devrait principalement porter sur les lignes de desserte fine du territoire, soit plus de la moitié du réseau ferroviaire régional. La Région espère obtenir un engagement similaire de l'Etat mais il semble d'ores et déjà peu probable qu'il puisse s'aligner à ce niveau sur ce qui ressemble fort à un nouveau Plan Rail.
Autre dossier majeur en Occitanie, la ligne nouvelle Bordeaux - Toulouse : la Région mise beaucoup sur la création d'une société de projet dédiée pour débloquer la question du financement, mais il faudra quand même se plonger - et l'eau est bien froide - dans la question délicate de la coordination entre cette LGV et les aménagements des entrées à Bordeaux et Toulouse : AFSB (Aménagements Ferroviaires du Sud Bordelais) et AFNT (Aménagements Ferroviaires du Nord Toulousain) répondent tout autant à l'arrivée de la ligne à grande vitesse qu'à la nécessité d'augmenter la capacité pour le RER bordelais et le RER toulousain. Sauf qu'entre une facture qui approche le milliard d'euros et des fonctionnalités pas forcément compatibles avec les ambititions de desserte, il va falloir réviser la copie, et il n'est jamais bon d'être celui qui recasse le vase de Soissons.
Quant à LNMP sur l'arc languedocien, l'hypothèse d'un premier pas jusqu'à Béziers semble faire son chemin mais il faudra statuer formellement sur un report poli de la gare nouvelle de Béziers, qui, s'il devenait définitif (et c'est souhaitable), impliquerait une évolution non négligeable du projet entre Béziers et Narbonne.
La Région cherche aussi à surfer sur la vague du retour du train de nuit et semble s'intéresser à 3 liaisons. La première, entre Strasbourg et Cerbère ne fait guère de doutes quant à son intérêt. En revanche, un Paris - Millau / Nîmes via Clermont-Ferrand, transitant par les lignes de l'Aubrac pour la première et des Cévennes pour la seconde n'est pas sans poser questions quant à leur bénéfice réel. L'intérêt est limité pour les destinations finales (accessibles efficacement par TGV de jour même avec un départ après 20 heures). La chalandise intermédiaire semble limitée : une arrivée à Paris vers 6h30 implique un passage à Clermont-Ferrand vers 2h30 et donc un départ de Nîmes et de Millau autour de 20h30... Attraper la clientèle clermontoise (la plus conséquente), supposerait une desserte avant 23 heures, avec une arrivée bien trop hâtive à Paris et inversement un départ en fin d'après-midi de Millau et Nîmes...
Enfin, la Région annonce que la rénovation d'une partie de son parc AGC sera assurée par l'entreprise albigeoise SAFRA : la tranche ferme concernera 19 rames et 10 unités supplémentaires pourraient suivre en tranche conditionnelle.
Aigues-Mortes - 30 décembre 2014 - Un B81500 tricaisse aux couleurs de l'ancienne Région Languedoc-Roussillon vient de franchir le canal sur son étonnant pont pivotant pour entrer en gare. L'occasion d'illustrer à la fois le besoin de renouvellement de l'infrastructure la prochaine rénovation du matériel roulant. © transportrail
Midi-Pyrénées ne paie plus la SNCF
Une nouvelle fois, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées exprime sa colère à la SNCF. En dépit des investissements colossaux de la Région pour renouveler les 3/4 du matériel roulant et remettre à neuf les infrastructures ferroviaires au travers d'un Plan Rail de 800 M€, la Région constate que la qualité de service ne cesse de se dégrader. Selon elle, la SNCF dispose des moyens budgétaires pour accomplir le service commandé. Dans ces conditions, les élus régionaux sanctionnent leur prestataire en bloquant le paiement des prestations réalisées.
Ce n'est pas la première fois... et ce n'est certainement pas la dernière. On peut quand même s'étonner, pour rester modéré, de l'incapacité de l'entreprise qui se qualifie elle-même d'exploitant ferroviaire de référence mondiale ("à l'exclusion de tous les autres" dirait Clémenceau !), à exploiter correctement des infrastructures qui ont été remises à neuf tant sur la voie que sur la signalisation, avec des rames elles aussi renouvelées par des séries atteignant de bons niveaux de fiabilité. Les usagers ont supporté vaille que vaille des années de travaux avec des fermetures et une exploitation par autocars, dans la perspective d'une progression significative de la qualité du service. Le résultat n'est non seulement pas à la hauteur des attentes... mais s'avère finalement pire que la situation antérieure avant les travaux.
Alors évidemment, on attend une envolée de la présidence de la SNCF qui ne manquera pas de sortir du chapeau magique un nouveau concept de plan de redressement, comme en PACA, mais comme d'habitude, sorti du four, le soufflé se dégonflera bien vite et les voyageurs continueront de subir la médiocrité d'un service négligé et qui coûte cher à la collectivité eu égard aux prestations. L'autocar a de l'avenir devant lui : ça tombe bien, c'est le nouvel Eldorado de la SNCF...
Le Plan Rail Midi-Pyrénées achevé
Satisfaction en Midi-Pyrénées : le Plan Rail est enfin achevé après 5 années de travaux de modernisation d'un réseau ferroviaire mal en point et qui, selon le rapport de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, aurait risqué d'être menacé dans son intégrité à très court terme faute d'investissement. La Région Midi-Pyrénées accepta alors - il est vrai un peu contrainte par le risque de voir disparaître 75% des voies ferrées à horizon 2020 - de s'engager massivement sur la rénovation des lignes empruntées par les TER : 820 M€ dont 400 par la Région, 193 M€ par l'Etat, 179 M€ par RFF et 48 M€ par les fonds européens.
Cependant, avec la mise en service de la dernière opération, l'emblématique mise à double voie (partielle, hors tunnels) de la ligne Toulouse - Saint Sulpice, commune aux axes de Rodez, Capdenac et Mazamet, la Région déplore les coûts présentés par la SNCF pour le renforcement de la desserte. Il était notamment prévu un aller-retour rapide entre Toulouse et Rodez, un autre entre Toulouse et Figeac ainsi que 4 navettes Toulouse - Saint Sulpice. Or le devis présenté par la SNCF aboutissait à des coûts au km de plus de 25 € alors que la moyenne régionale, déjà jugée très élevée, atteint 17 €. La Région a donc refusé ce devis et demandé à la SNCF de lui présenter un coût plus acceptable et compatible avec la dépense par voyageur qu'elle peut consentir.
A noter enfin que l'axe Rodez - Séverac est resté hors du champ du Plan Rail, de même que l'antenne de Luchon, signe d'une fin proche pour ces lignes à faible trafic, et que RFF engage 300 M€ sur l'axe Toulouse - Tarbes.
transportrail vous propose son dossier sur le Plan Rail Midi Pyrénées. A vos commentaires !
Plan Rail Midi-Pyrénées : Toulouse - La Tour de Carol en chantier
La Région Midi-Pyrénées avait lancé son Plan Rail en 2008 face à l'impasse du financement de la remise en état du réseau ferroviaire régional, avec un investissement exceptionnel de 500 millions d'euros. Les travaux ont déjà concerné les lignes Toulouse - Auch, Toulouse - Rodez et Saint-Sulpice - Mazamet ainsi que l'étoile de Capdenac (lignes Brive - Rodez, Capdenac - Tessonnières) concerne à présent la ligne Toulouse - La Tour de Carol, alors que les travaux de mise à double voie de la section Toulouse - Saint-Sulpice (Tarn) ont débuté en fin d'année dernière.
Travaux de rénovation restant à réaliser dans le cadre du Plan Rail
Calendrier des travaux de développement de la capacité du réseau à réaliser
Du 1er avril au 30 juin, la ligne de Latour de Carol, longue de 163 km, sera donc fermée et exploitée par autocar. Les travaux porteront sur 49 km de voies à renouveler, mais aussi - et surtout serait-on tenté de dire - les ouvrages d'art et les talus. L'opération d'un montant de 31 millions d'euros est financée selon un règle de trois tiers : Etat, Région, RFF.
Parallèlement, le Plan Rail porte sur la modernisation de la signalisation, pour améliorer le débit et la fluidité des circulations, et ainsi diminuer l'irrégularité des circulations, mais aussi développer une véritable offre périurbaine autour de la ville rose.
- terminus de Boussens et mise en place du BAPR Muret - Boussens (ligne Toulouse - Bayonne)
- BAPR entre Colomiers et Auch
- Doublement Toulouse - Saint-Sulpice, équipée en BAL, et installation d'une commande centralisée de voie banalisée
- BAPR entre Tessonnières et Carmaux (ligne de Rodez) et entre Tessonnières et Lavaur (ligne de Mazamet)
- Redécoupages du BAL entre Toulouse et Escalquens, ainsi qu'entre Toulouse et Empalot
Il est encore trop tôt pour dresser le bilan de ce programme, mais on ne peut qu'espérer une amélioration de l'exploitation de ces lignes, notamment sur le nord-est toulousain, où à la rénovation des voies s'ajoute l'adoption d'une signalisation automatique, le doublement de la section la plus fréquentée et l'amélioration des points de croisement sur les sections en voie unique.
Bref, on évaluera avec intérêt la performance des investissements financés par la Région et réalisés par la SNCF pour le compte de RFF au nombre de minutes gagnées par les voyageurs par rapport à la situation initiale.
Midi-Pyrénées : RFF inquiet après le Plan Rail
Midi-Pyrénées revient de loin : si la Région n'avait pas décidé un plan de sauvetage du réseau ferroviaire secondaire, il y a fort à parier qu'on commencerait aujourd'hui à fermer plusieurs sections de ligne. La Région s'est endettée de 500 M€ pour financer le maintien de ce qu'il reste du réseau ferroviaire, dont une bonne partie a déjà disparu entre 1938 et les années 1990. D'ici trois ans, le gros du programme sera terminé mais certaines lignes sont restées hors du périmètre du Plan Rail.
La direction de RFF ne voit d'autres issues que la fermeture de certaines lignes, comme l'antenne de Luchon, la ligne des Causses ou Rodez - Séverac, sur lesquelles le nombre de trains quotidiens se compte sur une seule main et dont l'état nécessiterait plusieurs centaines de millions d'euros pour restaurer les installations, principalement pour la ligne des Causses.
La suppression de la taxe professionnelle va priver les Régions d'une ressource importante, qui alimentait la politique d'investissements des collectivités. Il y a fort à parier que le tarissement de cette source de recettes mais aussi les effets de la conjoncture économique vont réduire les marges de manoeuvre pour lancer de nouveaux projets de rénovation du réseau ferroviaire.
En matière de ressources, ne pas oublier qu'en Allemagne, la taxe poids lourds rapporte 4 MM€ par an. En quatre années seulement, la somme nécessaire à la modernisation de l'intégralité du réseau ferroviaire français serait recueillie. Qui osera mettre en place une "écotaxe"?
Plan Rail Midi Pyrénées : pendant l'été, il continue
Cette période estivale est mise à profit pour continuer le chantier de rénovation du réseau ferroviaire régional. Jusqu'à la fin du mois de juillet, la ligne des gorges de l'Aveyron, entre Figeac et Capdenac par Villefranche-de-Rouergue est en travaux. Le service est reporté sur route jusqu'au 30 juillet. Même chose pour la section Capdenac - Rodez jusqu'au 1er août, tandis que la ligne sera intégralement fermée pendant les trois premières semaines d'août.
Midi-Pyrénées : le Plan Rail continue
Le Plan Rail Midi-Pyrénées continue son chemin (de fer, évidemment...). A partir du 15 juin et jusqu'au 16 octobre, la desserte ferroviaire est interrompue entre Tessonnières et Rodez. 37 M€ pour 47 km de voie, première étape des travaux de l'axe Toulouse - Rodez, dont la signalisation sera modernisée par adoption du Block Automatique à Permissivité Restreinte sur la voie unique et du Block Automatique Lumineux sur le tronc commun qui devrait être doublé entre Saint-Sulpice et Toulouse.
La modernisation de la ligne Toulouse - Rodez nous garantira de toujours pouvoir franchir le si élégant viaduc du Viaur, l'un des ouvrages les plus réputés de France...
Le viaduc du Viaur, vu voici 40 ans, en 1969. © J.H. Manara
Autre info, à Toulouse, une nouvelle halte sera construire sur la ligne Toulouse - Colomiers - Auch, entre les actuelles gares de Saint-Agne et des Arènes, à proximité du lycée Galliéni. Coût de l'opération, 900 000 €. Mise en service à la fin de cette année.