Ouigo tente l'Italie
Ce devrait être la réponse de SNCF Voyageurs à la percée - encore modeste - de Trenitalia en France : Ouigo s'installerait en 2026 sur le réseau à grande vitesse italien. Le projet révélé par Le Parisien, porterait sur 9 allers-retours sur l'axe Milan - Rome, dont 2 amorcés à Turin et 4 prolongés à Naples, et 4 allers-retours Turin - Venise.
Les dessertes devraient être confiées à des rames TGV-M, probablement les 15 commandes additionnelles récentes. Le positionnement de l'opérateur français est motivé par les prestations haut de gamme de Trenitalia et Italo : une analyse surprenante puisque leurs trains comprennent tous 3 à 4 niveaux de prestations. Qui plus est, ils sont déjà bien implantés (doux euphémisme) :
- Trenitalia aligne 16 Turin - Milan, 14 Milan - Venise, 40 Milan - Rome et 27 Rome - Naples ;
- Italo n'est pas en reste avec 32 allers-retours sur Milan - Rome, 13 sur Turin - Milan, 21 entre Rome et Naples et 6 entre Milan et Venise.
Autant dire qu'il ne sera pas facile d'exister en face de tels services, même avec des prix très bas : par exemple sur Milan - Rome dans un mois (26 avril), 54 à 95 € l'aller par Trenitalia, 27 à 70 € par Italo.
En revanche, la desserte Paris - Milan de SNCF Voyageurs passerait alors de 3 à 2 allers-retours.
Italie : ouverture de la LGV Turin - Milan
La ligne à grande vitesse Turin - Milan a été inaugurée par Trenitalia et RFI - le gestionnaire d'infrastructures italien - le 5 décembre dernier : ses 145 km sont avalés en 50 minutes, contribuant à rapprocher les deux villes du piémont reliées à 300 km/h. Turin est désormais à moins de 4 heures de la capitale italienne grâce aux Frecciarossa. Le réseau à grande vitesse italien dépasse maintenant le seuil des 1000 km. Rappelons que l'Italie fut pionnière en Europe avec sa Direttissima ouverte avant-guerre. Elle est alimentée en 25 000 V - 50 Hz et exploitée sous ETCS niveau 2. Son coût a tout de même dépassé 62 M€ du kilomètre en raison de la protection indispensable de la plaine rizicole du Pô car au reste, la ligne est plane.
Pendant ce temps, les nuages se font plus nombreux sur l'avenir des relations avec la France puisque la SNCF a indiqué que Trenitalia s'apprêtait (probablement à l'été 2010) à lancer deux relations en accès libre entre la France et l'Italie sur l'axe Paris - Gênes (avec desserte de Nice, Marseille, Aix et Avignon) et Paris - Milan (avec desserte de Modane et Chambéry). Cette information est révélée alors même que dimanche 13 décembre, la desserte par TGV sera limitée à un unique aller-retour Paris - Turin du fait d'une modification de la réglementation italienne qui n'autoriserait plus qu'à titre exceptionnel et avec des contraintes sévères la circulation des TGV Réseau.
Autant dire qu'avec les difficultés rencontrées côté italien pour les travaux de la Transalpine, l'Europe ferroviaire a encore quelques progrès à faire. Si côté français, les galeries de reconnaissance sont achevées, les travaux n'ont pas encore commencé côté italien, où la fronde anti-TGV n'est pas négligeable et fait pression sur le gouvernement. Selon les autorités françaises, le projet serait sur le chemin critique...