13 septembre 2023

Neuchâtel - La Chaux-de-Fonds : plus vite mais patience

Le tracé de la ligne nouvelle entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds a été approuvé le 7 septembre dernier, parmi 14 variantes. Le projet Transrun avait été retoqué en 2015, mais a finalement été relancé en 2015, et intégré à l'échéance 2035 de la stratégie du réseau ferroviaire en Suisse.

Longue de 16 km, la future infrastructure ne comprendra que 1400 m à l'air libre et intègrera une gare à Cernier. Il s'agira d'un itinéraire à une seule voie, avec un seul point de croisement, dans la gare nouvelle : les études d'exploitation ont démontré que cette configuration répondait à l'objectif de service, soit un cadencement au quart d'heure entre les deux villes, aujourd'hui reliées toutes les demi-heures, en alternance par un train régional (assuré par les CFF) et un Interregio (assuré par le BLS).

Elle se singularisera par ses caractéristiques techniques : la longueur du parcours est assez limitée et le dénivelé est assez important, de l'ordre de 600 m. Le parcours sortira de l'ordinaire avec une rampe de 50 ‰ qui devra être parcourue à 130 km/h : des essais ont été effectués pour simuler ce profil avec une automotrice Flirt retenue par une locomotive Re460 utisant son frein électrique pour reconstituer la sollicitation non seulement de la traction mais aussi du freinage.

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Neuchâtel - 7 septembre 2023 - Une automotrice Flirt du BLS, baptisée MIKA, assurant la relation Interregio entre Berne et La Chaux-de-Fonds. Les RABe 528 à 6 caisses proposent un aménagement intérieur de qualité supérieure à la version régionale. La présence du BLS sur cette ligne constitue la traduction de la volonté de cet opérateur d'étendre son domaine mais les CFF ne l'entendent pas de cette oreille. © transportrail

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La Chaux-de-Fonds - 7 septembre 2023 -  Plan de voie bien occupé en gare après l'arrivée du train régional Neuchâtel - Le Locle, aux couleurs de TransN, mais bien assuré par les CFF. © transportrail

Cette ligne nouvelle répond aussi à un objectif capacitaire puisque 3 lignes convergent vers Neuchâtel par l'ouest, avec un tronc commun à terme en limite de capacité en additionnant l'ensemble des évolutions de desserte sur la ligne du pied du Jura et ses affluents. Cette ligne nouvelle, arrivant à Neuchâtel par l'est, devrait donc rééquilibrer les flux et délester le tronc commun entre Auvernier et Neuchâtel.

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Le coût de la ligne nouvelle, d'environ 1,5 milliards CHF, si on intègre la gare nouvelle de Cernier (payée par le Canton, alors que la ligne sera à la charge de la Confédéraiton), doit être comparé au coût des aménagements sur le réseau existant. Il aurait fallu compter au moins 800 millions CHF pour augmenter la capacité de la ligne existante et s'affranchir du rebroussement de Chambrelien, et au moins 200 millions CHF pour augmenter la capacité à l'entrée ouest de Neuchâtel, où les bifurcations sont à niveau dans un environnement assez urbanisé mais aussi très viticole.

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Chambrelien - 7 septembre 2023 - Sur la ligne existante, les trains doivent rebrousser pour prendre de l'altitude (point besoin d'aller en Amérique latine). Le temps de stationnement est cependant très court : 3 minutes ! © transportrail

A la mise en service de la ligne nouvelle, entre 2035 et 2040, la ligne existante sera délaissée, et la desserte des bourgs reportée sur des services routiers, ce qui est la contrepartie du projet, ciblant surtout l'amélioration de la liaison intervilles.

Une autre section nouvelle est aussi envisagée : un raccordement entre les gares de Bôle et de Corcelles-Peseux, pour reporter les circulations des lignes du val de Travers, venant de Buttes et de France (Frasne) sur la partie basse de la future ex-ligne de La Chaux-de-Fonds, ce qui devrait réduire encore un peu plus la pression sur la section entre Auvernier et bifurcation de Vauseyon de l'axe Lausanne - Bienne.

Il est assez difficile de ne pas tenter une comparaison avec la situation française dans les Alpes, notamment sur Aix-les-Bains - Annecy voire jusqu'à Annemasse, où les solutions d'amélioration de l'infrastructure existante n'auraient qu'un impact assez modeste sur le débit et la performance des dessertes.

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08 décembre 2021

Le cadencement : l'horlogerie ferroviaire suisse

Alors qu'en France, le changement d'horaire 2012 instaurant une trame cadencée aura 10 ans dans quelques jour, et avant que transportrail n'y consacre un dossier, il fallait préalablement rappeler les origines de ce concept. Lorsque les Régions françaises ont pris la compétence sur les transports ferroviaires à partir de 1997, les regards ont souvent convergé vers le réseau ferroviaire suisse engagé depuis la fin des années 1970 dans une démarche systémique de construction de l'horaire, étroitement coordonné avec les caractéristiques de l'infrastructure et du matériel roulant.

La singularité suisse réside dans la constance dans la durée du projet durant plus de 30 ans, avec des étapes successives, parachevées récemment avec les derniers tunnels des Nouvelles Liaisons Ferroviaires Alpines, mais aussi quantité d'investissements destinés à augmenter la capacité du réseau et surtout définir le niveau de performance utile pour répondre aux objectifs de l'horaire et à l'organisation des grands noeuds de correspondance.

Revenons donc sur cette horlogerie ferroviaire suisse dans le nouveau dossier de transportrail, et rendez-vous dans quelques jours pour notre étude sur les 10 ans du cadencement à la française...

 

18 octobre 2021

Suisse : début des travaux du tunnel de Gléresse-Douanne

Sur la section Lausanne - Bienne de la ligne du pied du Jura, demeure une section à une seule voie qui constitue naturellement un important goulet d'étranglement du trafic. Le doublement était étudié de longue date (la première en 1966) et a été intégré dans les projets éligibles au finalement par le Fonds pour l'Aménagement des Infrastructures Ferroviaires adopté en 2014. Moyennnant 431 MCHF, un tunnel de 2130 m à double voie va être construit entre Gléresse et Douanne : les travaux débutent ce 18 octobre. La ligne actuelle, ouverte en 1861, sera fermée et déposée à la mise en service de cette déviation souterraine. Pour réduire l'impact du nouvel ouvrage sur le paysage et les espaces naturels, la galerie de secours sera mutualisée avec celle existante du tunnel routier.

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Ligerz - 13 juillet 2013 - Cet ICN série RABDe500 emprunte la section à voie unique longeant le lac de Bienne. La création d'un tunnel supprimera ce point dur sur l'un des grands axes suisses : l'infrastructure sera reconvertie en promenade piétonne. Pour les photographes, il va falloir se dépêcher ! © N. Horv

Les CFF annoncent un gain de temps de parcours de 25 secondes (la précision suisse...) mais surtout une notable amélioration de la régularité sur cet axe avec également l'instauration d'une desserte régionale cadencée à la demi-heure sans pénaliser la circulation du fret et des relations Intercity. La mise en service est annoncée en 2026.

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26 octobre 2020

Suisse : un tunnel de plus

Si les traversées alpines sont désormais réalisées, d'autres grands projets ferroviaires se poursuivent en Suisse. Le tunnel d'Eppenberg, long de 3114 m, participe à la mise à 4 voies de la section Olten - Aarau, l'un des plus importants goulets du réseau, accueillant habituellement 550 circulations par jour. Les travaux de ce tunnel contournant la localité de Schönenwerd ont débuté il y a un peu plus de 5 ans et l'excavation de l'ouvrage a été achevée en 2018. Evalué à 885 MCHF, l'ouvrage devrait finalement coûter un peu moins cher. L'ensemble des aménagements sera mis en service le 12 décembre prochain.

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Un autre projet devrait à son tour débuter : entre Zurich et Winterthur, plus de 670 trains circulent chaque jour et empruntent la section Effretikon - Winterthur. La réalisation d'un nouveau tunnel de 9 km entre Dietikon et Winterthur devrait ainsi soulager considérablement l'exploitation en dissociant les trafics (RER de Zurich et régional d'un côté, Intercity de l'autre). Des aménagements sont déjà en cours de réalisation, notamment en gare de Dietikon avec la création d'un quai supplémentaire pour desservir de nouvelles voies.

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18 juin 2019

Suisse : un pas décisif pour l'achèvement du tunnel du Lötschberg

Première des Nouvelles Liaisons Ferroviaires Alpines en Suisse, la ligne nouvelle empruntant le tunnel du Lötschberg n'est pas totalement achevée : mis en service en 2007, un seul des deux tubes est complétement équipé sur 35 km mais le tube ouest n'est entièrement réalisé et exploité que sur 14 km. Pour le reste, 14 km sont à l'état de gros oeuvre (génie civil achevé mais pas d'équipement ferroviaire) et 7 km ne sont pas du tout percés. 

Compte tenu de l'augmentation du trafic et des perspectives à horizon de 15 ans, l'intégration de l'achèvement du tunnel à horizon 2035 a fait l'objet d'une demande de financement via le PRODES issu du Fonds pour l'Aménagement des Infrastructures Ferroviaires. L'issue sera probablement favorable, impliquant la mobilisation de 900M CHF pour cette opération. De quoi augmenter encore un peu plus la performance du corridor entre la Mer du Nord et la Méditerranée via la Suisse... mais aussi mettre la pression sur l'Allemagne pour que l'achèvement de la mise à 4 voies entre Karlsruhe et Bâle soit réalisé à la même échéance, sinon, cela risque de bouchonner un peu !

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31 mars 2019

Suisse : Prodes 2035 bientôt adopté

C’est un pas aussi important que la concrétisation de Rail2000 en 2008, qui avait consacré la cadence horaire sur toutes les lignes de Suisse. L’année 2019 devrait être marquée par l’adoption de l’Etape d’Aménagement 2035, déclinaison de moyen terme du projet à horizon 2050 adopté voici maintenant 5 ans par votation. Les études sont quasiment terminées et une première trame de l’horaire 2035 est aujourd’hui stabilisée. Le Conseil Fédéral va proposer le dossier au Parlement qui statuera sur les modalités d’adoption, éventuellement par votation.

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Sur les coteaux du Lavaux - 17 octobre 2017 - Entre le lac Léman et la montagne, le train. Cette composition de VU IV est intéressante puisqu'elle comprend un segment de base de 9 voitures avec une Re460, ayant reçu le renfort d'un coupon de 3 voitures pour l'heure de pointe... avec une seconde Re460 pour tenir l'horaire conçu pour la formation de base. © J. Vernet

Sans surprise, ce programme d’investissement de 11,9 MMCHF comprend près de 200 opérations sur l’ensemble du réseau ferroviaire, et réaffirme encore un peu plus la volonté de la Suisse d’organiser l’ensemble de l’offre de transports publics dans le pays autour du chemin de fer, également présenté comme un élément central de la cohésion du territoire. Les CFF se donnent pour objectif de transporter 2 millions de voyageurs par jour sur leurs lignes, soit le double du trafic en 2018.

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Rupperswil - 21 mars 2019 - Elles en font couler de l'encre (et de la salive), les nouvelles automotrices FV-Dosto de Bombardier. Une mise au point manifestement délicate sur un projet qui a pris beaucoup de retard... et en grande partie pour des motifs extérieurs au processus industriel. Elles sont cependant très attendues par les CFF pour augmenter la capacité de ses trains. © J. Vernet

La cadence à la demi-heure sera généralisée sur l’ensemble des dessertes voyageurs et la cadence 15 minutes sera introduite sur les missions les plus fréquentées autour des grandes villes, notamment Bâle, Zurich et Genève. Ce n’est pas tout : les sillons fret sur l’axe Est-Ouest seront eux aussi mis en cadence 30 minutes, y compris en heures de pointe, afin de standardiser au maximum les circulations de marchandises à travers le pays et renforcer encore un peu plus le rôle du train, qui atteint déjà une part de marché de 32%.

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Pratteln - 4 octobre 2018 - Pour renforcer encore l'attractivité du chemin de fer pour le transport de marchandises, le principe de sanctuarisation de 2 sillons par heure et par sens est prévu dans l'horaire 2035, qui seront intégrées dans la trame cadencée au même titre que les liaisons Intercity. © J. Vernet

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Rupperswil - 21 mars 2019 - Les Re6/6 série 620 sont toujours fidèles au poste : voici un UM (Re12/12) sur cet axe est-ouest sur lequel les aménagements de capacité sur l'infrastructure devront ménager un peu plus de place pour le fret. Les trains étant un peu plus courts que dans les autres pays européens, les circulations sont un peu plus faciles à insérer dans la trame. © J. Vernet

Les investissements seront prioritairement destinés au traitement des principaux points de congestion. Mais le PRODES 2035 (Programme de Développement Stratégique) garantit aussi les ressources pour l’exploitation, la maintenance et le renouvellement du réseau.

Le nouveau schéma de desserte prévoit d’augmenter le nombre de gares desservies par les missions Interregio, qui se rapprocheront un peu plus des missions Régionales, ce qui, outre l’affichage de meilleures connexions, facilitera la construction horaire.

Les CFF mettent en avant dans leur synthèse du projet certaines opérations, comme la deuxième phase du tunnel du Zimmerberg pour gagner 5 minutes sur les Intercity circulant entre Zurich et Zug, la réalisation du tunnel de Brüttener (entre Zurich et Winterthur) pour gagner 8 minutes entre Zurich et Saint Gall, mais aussi la réduction du temps de parcours de 5 minutes entre Genève et Neuchâtel, en évitant Lausanne, bénéficiant d’une desserte suffisamment dense sur l’arc lémanique à cette échéance.

L’étape 2035 mise aussi sur la connexion air-fer avec l’amélioration de la desserte des aéroports de Genève et de Zurich et la création de la desserte de l’EuroAiport de Bâle-Mulhouse-Freiburg

Les CFF demandent aussi intégration de l’allongement des quais à Olten pour assurer une capacité suffisante aux trains, la réalisation ligne nouvelle Neuchâtel – La Chaux de Fonds et l’optimisation du positionnement de la relation Genève – Zurich Aéroport pour une insertion à Berne et Zurich aux minutes 15 et 45 afin de maximiser correspondances accessibles dans le quart d’heure suivant.

Il est donc possible que quelques ajustements soient intégrés au programme après l’adoption finale du programme.

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01 décembre 2017

Suisse : la cadence 30 minutes confirmée pour 2035

En février 2014, la votation sur le Fonds d'Aménagement de l'Infrastructure Ferroviaire validait près de 50 MMCHF d'investissements sur le réseau ferroviaire suisse avec 2 objectifs fonctionnels :

  • instauration en 2030 de la cadence 30 minutes sur les liaisons Grandes Lignes et développement de la cadence 15 minutes sur les principales liaisons RER ;
  • instauration en 2050 de la cadence 15 minutes sur l'ensemble des liaisons Grandes Lignes et RER.

Une abondante documentation est en ligne sur le site de l'Office Fédéral des Transports tant sur les principes généraux que l'évolution des besoins de transport à horizon 2040 et, sur le site de l'Office Fédéral du Développement Territorial concernant le projet d'aménagement du territoire suisse.

Une telle complétude ne peut que faire écho à la situation française où une vision à 5 ans est déjà difficile sinon impossible à construire devant le niveau d'incertitudes qui plane sur la question ferroviaire.

En synthèse, l'objectif de cette étape 2035 est de traiter en priorité les secteurs présentant les plus fortes congestions notamment autour des grands bassins urbains, sur les grands corridors fret et notamment sur l'axe est-ouest, mais aussi sur certains chemins de fer privés qui, eux aussi, arrivent en limite de capacité face à une demande toujours en augmentation. La confédération tablant sur une augmentation de 51% de la demande voyageurs et de 45% pour le fret d'ici 2040, elle a préconisé une évolution du scénario initial.

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Roggwill - 28 août 2017 - Les nouvelles automotrices à 2 niveaux de Bombardier poursuivent leurs essais, notamment avec le pantographe adapté à la pendulation dont sont équipées ces rames (ici la version courte destinée aux InterRegio). L'augmentation de capacité des trains fait partie de l'étape 2025 et constitue le socle indispensable en vue d'accomplir une nouvelle phase de développement en 2035. © G.Trub

Il était à l'origine prévu une étape en 2030, pour un montant inférieur, de l'ordre de 7 MMCHF mais un scénario intermédiaire, décalé de 5 ans mais consolidé à 11,5 MMCHF a été jugé plus efficace quant au rapport coût-utilité et fonctionnellement plus stable (exploitation plus fiable).

L'enveloppe de 11,5 MMCHF est en outre jugée compatible avec le maintien d'un bon niveau de maintenance du réseau ferroviaire qui, avec la succession de programmes d'investissement et l'augmentation de trafic qui en découle, nécessite une évolution de la productivité pour conserver un bon niveau de fiabilité des installations en dépit d'une nouvelle augmentation de leur sollicitation.

Nous vous invitons à retrouver notre dossier déjà constitué à l'occasion de la votation sur le FAIF.

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01 mai 2017

Suisse : débats sur la répartition du FAIF

L'utilisation du FAIF, le fonds pour l'aménagement des infrastructures ferroviaires, sur la période 2020-2035, fait l'objet d'arbitrages fédéraux pour sélectionner les projets qui seront financés à cette échéance. Les premières orientations suscitent des critiques en Suisse romande, singulièrement dans les cantons de Genève et de Vaud. Les projets ne seront définitivement choisis qu'en 2019, ce qui laisse donc plus de 18 mois pour aboutir à une liste faisant consensus. L'OFT est chargé de proposer deux trajectoires, à 7MM CHF et à 12MM CHF.

Pour l'instant, la Suisse alémanique semble privilégiée dans la première maquette, avec environ 40% du budget concentré sur le secteur de Zurich. Les élus de l'arc lémanique demande l'affectation de 40% du budget à ce territoire pour obtenir les moyens nécessaires au financement d'aménagements pour les dessertes régionales et la poursuite du RER lémanique. Cependant, il faut toutefois souligner que les investissements permettant de mettre en oeuvre une liaison Intercity Genève - Lausanne tous les quarts d'heure et non plus toutes les demi-heures. En revanche, le cadencement au quart d'heure entre Genève et La Plaine est pour l'instant écarté.

Si les genevois sont aussi critiques, c'est surtout parce que cette non-sélection pourrait signifier que la participation fédérale à la gare souterraine de Genève Cornavin pourrait être remise en cause.

La Suisse alémanique est plutôt bien lôtie, et l'OFT justifie sa première moutoure par une analyse de la criticité de l'exploitation. Ainsi, Zurich pourrait obtenir les crédits pour le percement du tunnel du Brütten entre Zurich et Winterthur. Les liaisons Berne - Zurich, Lucerne - Zurich (avec le tunnel de base du Zimmerberg) et Bienne - Bâle bénéficieraient de nouvelles augmentations de capacité. Etrangement, même l'achèvement du second tube du tunnel du Lötschberg ne figure pas sur les tablettes de l'OFT. Les bâlois sont également critiques, puisque le RER trinational ne figure pas dans la version à 7MM CHF. Les jurassiens aussi, avec l'absence de la liaison rapide Neuchâtel - La Chaux de Fonds. Le projet de nouvelle gare à Lucerne pour supprimer le rebroussement n'est pas non plus retenu.

L'OFT considère que les 18 mois à venir permettront d'affiner les deux hypothèses, tout en soulignant que le cumul des investissements "souhaités" atteint 19MM CHF, soit 50% de plus que l'enveloppe maximale affectée à la période 2020-2035.

Les français sont indirectement concernés par ces débats car, pour l'instant, le projet de réouverture de la section Evian - Saint Gingolph n'est pas retenu dans la première maquette financière.

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16 mai 2016

Lötschberg : la deuxième voie à l'étude

Mis en service en 2007, le tunnel du Lötschberg sur le réseau du BLS n'est cependant pas totalement achevé. Un seul des deux tubes est complétement équipé sur 35 km. En revanche, le tube ouest n'est pas totalement réalisé puisque seuls 14 km sont exploités. Pour le reste, 14 km sont à l'état de gros oeuvre (génie civil achevé mais pas d'équipement ferroviaire) et 7 km ne sont pas du tout percés.

En 2016, le tunnel du Lötschberg est exploité à 80% de sa capacité, ce qui motive le lancement, par le BLS et le groupement d'ingénierie du tunnel, d'études pour une nouvelle tranche de travaux. Le BLS souhaiterait planifier l'équipement ferroviaire des 14 km aujourd'hui percés ce qui réduirait la section à voie unique à seulement 7 km, détendant ainsi les contraintes d'exploitation. Le projet serait soumis au Conseil Fédéral en 2018 et financé par le FAIF.

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Vue du tube ouest sur sa partie percée mais non exploitée, objet des études destinées à augmenter la capacité de transport du tunnel du Lotschberg. (cliché BLS)

Le centre de supervision du trafic à Spiez est équipé d'outils de régulation prédictive du trafic, qui permettent différents niveaux de supervision du trafic : il est possible de laisser le système gérer seul la succession de trains, y compris envoyer aux conducteurs une préconisation de modulation de la vitesse pour éviter l'arrêt de lourds convois de marchandises dans le tunnel, afin d'optimiser la consommation énergétique. Le système peut aussi fonctionner en mode suggestif, avec validation de l'agent régulateur, ou devenir complètement passif pour une exploitation "manuelle". Un système d'autant plus nécessaire que le tunnel accueille des trains aux comportements hétérogènes, de l'Eurocity assuré en ETR610 montant jusqu'à 250 km/h dans le tunnel, aux trains de fret de 2400 tonnes lancés à 120 km/h.

Avec un tunnel du Lötschberg à la capacité augmentée probablement entre 2025 et 2030 et un ensemble Gothard - Ceneri à forte capacité, l'avenir du fret européen entre la mer du Nord et l'Italie passe plus que jamais par la vallée du Rhin et la Suisse. Encore ça de moins pour le Lyon - Turin...

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01 mars 2016

Suisse : résultats contrastés pour les votations

Douche écossaise ! Les deux premières votations sur le doublement du tunnel routier du Gothard, fortement soutenu par le lobby automobile, avaient échoué en 1994 et 2004. La troisième a donné le résultat inverse. Une votation d’autant moins compréhensible que le tunnel ferroviaire de base ouvrira en juin prochain, procurant une capacité de 290 trains de marchandises par jour, soit une capacité de 50 millions de tonnes de marchandises potentiellement transportables alors que le flux total actuel tous modes confondus à travers les Alpes plafonne à 38,5 millions de tonnes.

Les opposants au second tunnel routier avaient aussi mis en avant la capacité à abaisser le quota de camions autorisés à transiter par les Alpes, soutenant un seuil de 650 000 tonnes par an contre un million actuellement. Les partisans du projet soulignaient la nécessité de conserver un axe routier pendant les travaux de mise aux normes du tunnel existant, à 2 fois une voie dans un seul tube, mis en service en 1980.

Bref, une votation empreinte d’une certaine démagogie routière qui nous rappelle que si la Suisse est le réseau ferroviaire de référence au plan mondial, les défenseurs du trafic routier sont aussi très puissants…

Néanmoins, l’honneur est sauf puisque cinq ans après le rejet du Transrun, le projet Mobilité 2030, approuvé à plus de 80%, valide le projet de liaison rapide entre La Chaux de Fonds et Neuchâtel, dans un cadre élargi destiné à rapprocher le Jura suisse de Neuchâtel. Mobilité 2030 est probablement passé grâce à l’intégration du contournement routier du Locle et de La Chaux de Fonds réclamé de longue date par le haut du canton. A horizon 2030, Neuchâtel et La Chaux de Fonds devraient bénéficier d’une liaison en 14 minutes à raison d’un train toutes les 15 minutes.

Le financement de Mobilité 2030 sera assuré d’abord par le canton, qui fera l’avance des 1,9 MMCHF, avant le remboursement partiel par la confédération puisque l’objectif est d’obtenir des crédits du FAIF (pour les projets ferroviaires totalisant 900 MCHF) et du FORTA (pour les routes à hauteur de 1 MMCHF). Cependant, il faudra attendre 2019 et une ultime validation, déterminante, des instances fédérales, faute de quoi le projet retournera à la case départ.

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