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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

Omneo Premium : la version longue distance

Confort, capacité, accessibilité... et longueur réduite

Face à la question de la succession des voitures Corail sur les Trains d’Equilibre du Territoire, Bombardier a planché sur une évolution du Régio2N, sous l’appellation Omnéo Premium. La grande largeur des caisses facilite la conception générale du train pour maximiser les espaces à deux niveaux et pouvoir aménager des places assises d’un confort au moins équivalent aux voitures Corail.

Préalablement, la Région Normandie avait essayé d'utiliser des TER2Nng en version pentacaisse, avec des sièges améliorés : d'abord envisagées pour des liaisons régionales vers Vernon, Rouen et Evreux, elles ont été rapidement utilisées sur des Intercités, moyennant un accord avec la Région. Problème, leur exiguïté, leurs espaces de 1ère classe sans différence de confort (hormis la couleur des sièges) et les bagageries plus que limitées ont rapidement suscité la critique presque unanime des voyageurs.

Les contraintes énoncés en sous-titre ne sont pas minces, puisque pour la Normandie, il faut être compatible avec une longueur maximale de 270 m, correspondant aux quais de Rouen Rive Droite et de certains de ceux de Paris Saint-Lazare, tout en faisant mieux que les compositions de 10 voitures Corail (740 à 760 places).

Première application : la Normandie

Les commandes d'Omneo Premium ont coïncidé avec la concrétisation d'accords entre l'Etat et les Régions du Bassin Parisien pour leur transférer les TET, jusqu'alors financés par l'Etat, considérant que ces trains, majoritairement utilisés par des voyageurs quotidiens, relevaient de leur compétence.

Première servie, la Normandie, pour équiper les radiales vers Cherbourg, Le Havre et Deauville. Une version apte à 200 km/h a été logiquement retenue, puisque 88 km du parcours Paris - Cherbourg sont aptes à cette vitesse en 3 zones de Bernay à Valognes et pour anticiper la future section francilienne de LNPN. Pour maximiser la capacité, les rames adoptent la longueur de 135 m, avec une capacité de 430 places assises : en UM2, le gain sera donc de 100 places par rapport aux rames Corail.  L'accord Etat - Région portait sur 40 rames.

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Buchelay - 1er mars 2021 - Le nouveau visage des liaisons Paris - Normandie, illustrant la capacité de la plateforme développée par Bombardier à répondre à une grande diversité de besoins... mais cette version semble assez aboutie. © L. Merliaud

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Martinvast - 25 mars 2022 - La Z56637/8 approche de Cherbourg. L'aptitude à 200 km/h est utilisée sur les 3 zones totalisant 88 km entre Bernay et Valognes. Cependant, la géométrie de la voie et de la plateforme est souvent assez limite, et comme les rames sont relativement lourdes, le confort dynamique peut être assez sérieusement altéré. © transportrail

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Focus sur la première classe des rames normandes, car elle est unique pour l'instant dans cette déclinaison longue distance : 3 places de front d'un gabarit généreux, et un couloir large très pratique. En revanche, quelques choix de disposition des sièges peuvent être critiqués car la proportion de places face à un trumeau est assez élevée. © transportrail

Par la suite, la Région, sur ses deniers, a commandé 27 rames supplémentaires destinées à éliminer les voitures VO2N, V2N, vouées à la réforme et les 16 automotrices TER2Nng, cédées à la Région Grand Est. Ces rames proposeront une capacité accrue (467 places). Elles se distinguent à l'extérieur par un filet jaune et non plus rouge. Ainsi, toutes les dessertes de Paris vers la Normandie (sauf évidemment la ligne Paris - Granville) seront assurées avec un unique matériel, avec à la clé d'intéressants gains de productivité, couplés à la création d'un nouvel atelier de maintenance à Sotteville.

Les 40 premières rames ont été livrées en 2020 (série 56600) tandis que la première des 27 unités supplémentaires (série 56800) a été réceptionnée en fin d'année 2023.

La Région Centre ensuite

Dans la même logique de transfert de compétence aux Régions des Intercités du Bassin Parisien, la Région Centre a récupéré les liaisons vers Orléans, Tours, Bourges, Montluçon (au départ de la gare d'Austerlitz) mais aussi des Paris - Nevers (au départ de la gare de Bercy). On aurait pu penser que la version normande fasse école, puisque, à l'exception de la dernière liaison, l'aptitude à 200 km/h est également requise... et pour le coup, il n'y a pas de contrainte de longueur. Il aurait donc été logique d'acquérir des rames de 135 m, mais les 32 rames commandées ne font que 110 m (avec 373 places). Manifestement, la Région s'est basé sur les besoins liés au projet de réouverture Orléans - Châteauneuf-sur-Loire. Une explication surprenante, puisqu'on imagne assez mal un matériel avec un confort Intervilles sur une liaison périurbaine.

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Orléans - 15 décembre 2022 - La Z56703/4 vient d'achever son trajet depuis Paris. La livrée est plutôt claire, malgré la prédominance de gris. Elles peuvent circuler à 200 km/h, du moins quand l'état de la voie le permet : les signaux au vert clignotant se font plus présents entre Guillerval et Cercottes. © transportrail

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Trouvez la différence entre la première et la seconde classe... Seule la couleur de la têtière distingue les deux espaces : elle est gris foncé dans le premier cas, et gris clair dans le second. Pas pratique pour les voyageurs et surtout l'impression de duper ceux qui paient un billet de première classe puisqu'ils ont le même niveau de confort, reproduisant l'erreur déjà commise sur les TER2Nng. © transportrail

C'est au début de l'année 2021 que les Omneo Premium ont fait leurs débuts en Région Centre, là aussi en remplacement des voitures Corail. D'une capacité de 380 places sur 110 m, elles offrent un niveau de confort en retrait par rapport aux normandes car, s'il y a officiellement 2 classes, elles sont aménagées à 4 places de front.

Au tour des Hauts-de-France

Troisième Région bénéficiaire selon le même schéma, les Hauts de France et plus particulièrement les liaisons Paris - Picardie : comme en Normandie, le parc de référence est un peu hétéroclite, avec des rames Corail, des V2N et des TER2Nng, mais aussi quelques Régio2N en version périurbaine. L'accord prévoit la livraison de 19 rames de 135 m, similaires à celles de Normandie, mais avec une aptitude à 160 km/h, vitesse maximale des lignes empruntées.

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Saint-Quentin - 7 décembre 2023 - Les 19 rames succédant aux voitures Corail se distinguent extérieurement par une différence dans la livrée, avec des portes blanches à bande verte alors que les rames en aménagement périurbain ont des portes bleues. © transportrail

En parallèle, il faut noter que la Région a commandé 33 Régio2N supplémentaires pour remplacer le matériel ancien, et redistribuer les rames dans un souci de rationalisation : les TER2Nng enagagés sur Paris - Beauvais et Paris - Amiens / Compiègne partiront à Lille, tandis que les Régio2N les remplaceront dans le Bassin Parisien.

Ces rames sont aménagées en classe unique à 4 places de front : contrairement à la Région Centre, les Hauts-de-France assument ce choix. Elles disposent de 467 places comme leurs homologues normandes.

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Trois clichés des aménagements en salle basse, à hauteur de l'intercirculation et en salle haute. Grâce à la largeur de caisse de 2,99 m, la configuration en classe unique à 4 places de front est plutôt agréable. Seules les places situées de part et d'autre des plateformes ont un siège de type périurbain, ce qui est un peu dommage, même pour les voyageurs effectuant un trajet court comme Paris - Creil. © transportrail

Et au-delà ?

Ainsi donc, 118 Omneo Premium avaient été commandés. Il ne faut pas écarter d'autres commandes complémentaires dans les 3 Régions déjà concernées.

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Sur l'axe Marseille - Nice, Transdev a remporté l'appel d'offres pour l'exploitation de cette relation à compter de mi-2025, avec 16 rames Omneo Premium de 110 m de long, proposant 352 places assises, avec 2 classes. Le nombre total commandé s'élève donc à ce stade à 134.

En Normandie, les réflexions de transportrail suggèrent, par l'électrification de la section Elbeuf - Serquigny, la création de trains régionaux Rouen - Caen aptes à 200 km/h qui pourraient être assurés avec des Omneo Premium. Cependant, compte tenu du délai pour initier et réaliser un tel projet, il est peu probable que le marché soit encore ouvert. Sauf à anticiper et à acter le principe. Malheureusement peu probable à ce stade malgré d'évidents intérêts pour les voyageurs et le fret.

En Picardie, là encore moyennant une électrification, entre Amiens et Rang-du-Fliers, il serait possible d'assurer les Paris - Calais avec ces rames plutôt qu'en Régiolis, de sorte à recomposer l'offre et augmenter la capacité entre Paris et Amiens, ainsi que transportrail le propose dans ce dossier.

Enfin, en Région Centre, il faudrait probablement quelques rames supplémentaires pour améliorer la desserte et tirer profit des opportunités offertes par l'emploi d'automotrices comme transportrail le propose dans ce dossier.

Au-delà, les Omneo Premium pourraient être une solution pour remplacer les voitures Corail officiant encore en 2021 sur certaines liaisons régionales Intervilles :

  • dans le Grand Est, d'abord sur la plaine d'Alsace entre Strasbourg et Bâle, et potentiellement sur les Paris - Vallée de la Marne et Paris - Strasbourg ;
  • en Bourgogne - Franche-Comté, sur l'axe Paris - Dijon - Lyon, mais la Région a choisi des Régiolis ;
  • en Auvergne - Rhône-Alpes pour assurer notamment les liaisons au départ de Lyon vers Genève, Annecy, Chambéry, Grenoble, Marseille et sur le sillon alpin. Une version apte à 200 km/h serait justifiée afin d'envisager la circulation de ces rames sur la future ligne nouvelle Lyon - Chambéry. Ce pourrait être une commande conséquente, de l'ordre de 70 unités. Compte tenu des besoins capacitaires, une version 135 m serait probablement justifiée pour se cantonner au mieux à des UM2.
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