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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

Le Puy de Dôme sans voiture et sans fatigue

Il a donné son nom à un Département. Il surplombe Clermont-Ferrand et c’est le plus connu des volcans d’Auvergne. Le Puy de Dôme. Il est classé au Patrimoine mondial par l’UNESCO depuis juillet 2018.

Par Mercure, le train est revenu !

Classique escapade pour les citadins auvergnats amateurs de randonnée ou de VTT, le Puy de Dôme est aussi un site archéologique inattendu puisque les Romains y ont érigé voici 20 siècles un temple à la gloire de Mercure. On en retrouva trace à la fin de 19ème siècle lors de la construction de l’observatoire météorologique. Par la suite, lors de la construction du relais hertzien pour la télévision, réalisé sans fouilles préalables, un trésor monétaire fut découvert par les ouvriers du chantier… mais on dit pudiquement qu’il s’est « dispersé » !

L’accès au sommet fut d’abord humain et animal. Devenant un site touristique à l’orée du 20ème siècle, le Puy de Dôme fut d’abord doté d’un chemin de fer.

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Petite composition avec une voiture fermée et une voiture ouverte pour les plus courageux. On notera que même pour aller au sommet de la montagne, on s'habille avec les tenues de ville ! L'aménagement de la gare haute est ici réduit à sa plus simple expression !

D’une longueur de 14,7 km, la ligne partait de la place Lamartine à Clermont-Ferrand. Elle fut exploitée de 1907 à 1926. Elle avait adoptée l’étonnant système Hanscotte. Cette technologie particulière fonctionnait avec un circuit d’air comprimé, réglant la pression de roues horizontales sur un rail central, assurant les fonctions principales d’adhérence et de freinage. Les roues verticales assuraient une fonction complémentaire de traction et de stabilité des locomotives. Certains y verront, avec le monorail Larmanjat, l’un des ancêtres de certains errements urbains pneumatiques…

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Deux rails pour le roulement, d'armement très léger et reposant sur la terre, et un troisième central pour l'adhérence : un étrange système, pour aider les petites locomotives à vapeur.

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L'auteur de cette carte postale a quand même incliné son appareil photo pour accentuer l'impression de raideur de la pente.

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Affluence au sommet du Puy de Dôme, probablement aux beaux jours car deux voitures ouvertes ont été engagées, avec une voiture fermée... Les citadins sont allés respirer l'air des hauteurs grâce au tramway à vapeur, qui accédait directement à Clermont-Ferrand. C'était une sortie pour certains curistes des thermes de Royat.

Le train disparut en 1926, en raison de son déficit élevé, malgré la desserte de Royat, Chamalières et Durtol. Dès lors, la voie ferrée démontée laissa la place à une route.

Le retour du train a été décidé en 2008 par le Département, dans le but de réduire drastiquement la circulation automobile sur cette route. Trop de voitures, trop d’autocars d’excursion sur cet itinéraire unique. Il fallait préserver aussi le site : si le volcan est endormi, la relance des fouilles sur le Temple de Mercure et un souci de préservation environnemental ont conduit à l’interdiction du trafic routier de tourisme. Le train circule donc sur l’ancienne route. La plateforme ballastée a été directement posée sur le bitume. Il reste une voie de circulation pour les secours et les besoins logistiques de Météo France et des équipements installés au sommet, notamment la boutique, la cafétéria et l’espace archéologique.

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - Vestige de l'époque routière, les panneaux Michelin en béton ont été conservés pour indiquer aux conducteurs la valeur de la rampe et sa longueur. Michelin dans un référentiel ferroviaire, on aura tout vu ! © transportrail

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - Croisement à hauteur du chemin des Muletiers, que nous vous recommandons pour l'ascension. Tiens, encore une pancarte Michelin ! © transportrail

Une mise en service quelque peu difficile

La conception, la réalisation et l’exploitation ont été concédés pour une durée de 35 ans au groupe canadien SNC Lavalin, et sa filiale créée pour l’occasion avec la Caisse des Dépôts et Consignations, TC Dôme.

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - La gare basse à Orcines, dans un environnement très verdoyant. La voie traverse l'arrière du bâtiment pour accéder à l'atelier d'entretien des automotrices. © transportrail

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - Clermont-Ferrand vu d'en haut avec une rame qui s'apprête à rejoindre la gare basse. La gare haute est essentiellement souterraine pour abriter les voyageurs. © transportrail

Les travaux ont débuté à l’été 2010 et ont duré un peu moins de 2 ans pour créer une ligne de 5,1 km à voie métrique, avec un point de croisement intermédiaire, et les deux bâtiments des terminus haut et bas. Stadler a été chargé de fournir le matériel roulant. Le coût du projet atteint 86 M€, financé par le Département (30 M€), la Région (6 M€), la Métropole clermontoise (6 M€), l’Union Européenne (12 M€) l’Etat (5 M€) ainsi que SNC Lavalin pour 27,6 M€ au titre du partenariat public-privé.

L’exploitation a été d’abord confiée à Transdev Auvergne, avant d’être remplacée par CFTA, une autre filiale du groupe, rompue à la chose ferroviaire car exploitant des lignes Guingamp – Carhaix et Guingamp – Paimpol pour le compte de la SNCF et de la Région Bretagne, mais aussi de certaines lignes touristiques de montagne.

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Inauguré le 26 mai 2012, le nouveau chemin de fer à crémaillère, baptisé « Panoramique des Dômes », connut une mise en service douloureuse. L’après-midi même de son ouverture, la circulation des trains fut interrompue par une coulée de boue. Le trafic ne put reprendre que le 16 juin. Quatre mois plus tard, une rame déraille au croisement des Muletiers. L’audit réalisé par les Transports de Martigny et Régions impute l’accident à une erreur humaine. Transdev Auvergne fut alors remplacée par CFTA. L’exploitation reprit le 2 mai 2013, avant de connaître un nouveau déraillement le 6 juillet suivant.

Depuis, le chemin de fer fonctionne parfaitement et transporte en moyenne 400 000 voyageurs durant les 7 mois d’exploitation. Nouveauté en 2019, le train a même ouvert en février, pendant les vacances scolaires, profitant d’une météo exceptionnellement clémente : le train a même enregistré un record de fréquentation : 13 000 voyageurs sur une seule journée. Il faisait 16 degrés au sommet contre -10 degrés habituellement…

Matériel roulant : Stadler évidemment

Stadler a livré 4 automotrices GTW 2/6, composées de 3 caisses dont l’élément central repose sur son propre bogie : il regroupe toute la chaîne de traction. D’une longueur de 36,5 m, ces rames ont une capacité de 200 places dont 112 assises. A voie métrique avec une crémaillère type Strub, elles circulent à 24 km/h dans le sens de la descente et jusqu’à 30 km/h dans le sens de la montée sur ce parcours en rampe de 15 à 17%, alimenté en 1500 V continu.

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - La gare basse avec des automotrices Stadler : un petit air de Suisse pour un volcan d'Auvergne. © transportrail

Largement vitrées, ces automotrices disposent d’une « place de l’amateur » à côté du poste de conduite, qui n’occupe que la moitié de la largeur de la rame. Cependant, pour vraiment profiter du paysage, privilégiez les places côté extérieur (puisque le train tourne toujours dans le même sens) à proximité des plateformes d’accès.

Accéder au Panoramique des Dômes

Deux solutions : la voiture ou l’autocar. Sans surprise, transportrail a testé la seconde formule. Du premier week-end d’avril à la Toussaint, un service d’autocars est proposé, accessible avec un titre de transport urbain T2C. La ligne part de la station 1er mai à Montferrand, dessert la gare puis la place de Jaude. Le trajet dure une vingtaine de minutes depuis le centre-ville.

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Chemin de fer du Puy de Dôme - 8 septembre 2019 - Monter en train pour descendre à pied, c'est un peu facile, alors nous vous proposons de faire l'inverse ! © transportrail

Seul défaut, le service comprend seulement 8 allers-retours par jour, avec une cadence aux 2 heures. Autant dire que vous devrez calculer finement votre excursion pour éviter une trop longue correspondance, surtout au retour, car le Panoramique des Dômes circule avec une fréquence de 20 à 40 minutes selon la saison. Une cadence à l’heure du service d’autocars serait donc souhaitable mais elle nécessiterait un second autocar compte tenu de la durée totale du trajet.

De même, achetez plutôt vos billets à l’avance sur le site Internet Panoramique des Dômes : outre une petite économie, vous vous éviterez la file d’attente qui peut être conséquente certains jours.

Pour l’excursion, transportrail, soucieux d’entretenir votre forme, vous recommande l’ascension par le chemin des Muletiers (fléchage jaune), d’une difficulté moyenne et qui vous prendra entre 1h30 et 2 heures selon votre rythme. Après avoir visité l’espace archéologique, vous pourrez éventuellement utiliser les services de la cafétéria (où le décompte avant le prochain départ du train est affiché) ou compléter votre collection d’objets souvenirs avant de redescendre en train… en une quinzaine de minutes, et sans fatigue !

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