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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires

Le Pont du Gard et autres vestiges... ferroviaires

Rassurez-vous, on n’a pas trouvé de preuve que les romains auraient inventé le chemin de fer…

Un site bordé par le rail mais accessible… par la route

L’ancienne ligne de Beaucaire au Martinet via Remoulins et Uzès passe à proximité d’un des sites touristiques patrimoniaux les plus connus de France : le pont du Gard. Avec plus de 1,5 millions de visiteurs en 2019, il devrait entrer dans le Top 10 des sites les plus fréquentés du pays.

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Ils sont fous ces romains... mais ils savaient construire solide ! © transportrail

Et pourtant, l’accès à ce site mondialement connu (merci les Romains) s’effectue en voiture ou en autocar. Le réseau d’autocars de la Région Occitanie propose 2 lignes :

  • 115 Alès – Avignon, avec 6 allers-retours mettant le site à 35 minutes d’Avignon et 1h10 d’Alès.
  • 121 Nîmes – Pont Saint Esprit, avec également 6 allers-retours reliant Nîmes en 45 minutes

Concédée au PLM en 1875, la première section, Remoulins – Uzès, qui nous intéresse directement, fut mise en service en 1880 et ferma pour les trains de voyageurs en 1938, dans les premières suppressions décidées par la SNCF à sa création. Le trafic de marchandises subsista jusqu’en 1964 au nord d’Uzès et entre Remoulins et Beaucaire. Au cours des années 1990, seule fut conservée la section Remoulins – Vers Pont du Gard, pour la desserte d’une usine de production de traverses en béton. Cette antenne est en principe toujours accessible aux trains de marchandises.

L’accès au pont du Gard par le rail : rêvons un peu…

Mais la question, c’est bien évidemment d’examiner la faisabilité d’une desserte voyageurs du Pont du Gard, qui a attiré jusqu’à 1,5 millions de visiteurs au cours des 5 dernières années. Certes, la nouvelle gare nîmoise, à la jonction de la LGV Méditerranée et du Contournement de Nimes-Montpellier s’appelle « Nîmes Manduel – Pont du Gard », mais Manduel n’est pas précisément à côté du pont.

La Région Occitanie soutient la réouverture de la ligne de rive droite du Rhône entre Nîmes et Pont Saint Esprit, avec la desserte de Remoulins, depuis Avignon et Nîmes. C’est déjà mieux.

La création d’une desserte ferroviaire arrivant au plus près du site du Pont du Gard, c’est-à-dire en face du vaste parking, supposerait donc la réactivation de la section Remoulins – Vers. Suggestion audacieuse quand on connaît la complexité d’un tel processus et la complexité administrative légèrement dissuasive. Qui plus est, la ligne traverse une usine. Néanmoins, au plus court, la voie ferrée n'est qu'à 350 m du bâtiment d'accueil du public : 50 m de plus que la place de stationnement la plus éloignée.

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La Bégude vers Pont du Gard - 10 juillet 2019 - L'ancienne ligne de Remoulins à Uzès : difficile de photographier le site le plus proche qui est aujourd'hui cloturé. © transportrail

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La Bégude vers Pont du Gard - 10 juillet 2019 - Depuis le même endroit mais pris en direction de Remoulins. Les installations sont encore dans un état relativement correct pour une ligne qui n'est plus utilisée... © transportrail

 

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Castillon du Gard - 19 juillet 2019 - En se rapprochant de Remoulins, l'état de la ligne reste globalement le même. Evidemment, il faudra reconstruire si un jour un service régulier était instauré... Cliché pris en direction du pont du Gard. © transportrail

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Castillon du Gard - 19 juillet 2019 - En se rapprochant de Remoulins, l'état de la ligne reste globalement le même. Evidemment, il faudra reconstruire si un jour un service régulier était instauré... Cliché pris en direction de Remoulins. © transportrail

Dans pareil cas, imaginer une réouverture devrait poser la question du besoin d'interopérabilité de la ligne pour simplifier les installations et espérer un coût d'investissement un peu plus faible qu'une solution de chemin de fer conventionnel.

Première possibilité : un tramway Remoulins - Pont du Gard, avec aménagement d'un itinéraire indépendant en gare de Remoulins. Ce type de solution légère autoriserait même une sortie de l'emprise pour amener le service au plus près de l'entrée du site, quitte à réduire la capacité de stationnement qui serait largement compensée par le tramway. Avec un parcours depuis Remoulins en 10 minutes, il ne faudrait qu'une seule rame pour assurer un service à la demi-heure, bien plus que la desserte potentielle de Remoulins (8 à 9 allers-retours par jour pour le projet régional). Mais au moins, pour réduire le trafic routier touristique, la capacité ne manquerait pas et on pourrait imaginer un parking à Remoulins pour reporter une partie du flux touristique, le tramway pouvant alors faire partie intégrante du site touristique.

Deuxième possibilité : une liaison directe depuis Nîmes, en emprutant la section Remoulins - Nîmes de la rive droite du Rhône. Il s'agirait alors d'une desserte ferroviaire classique. Néanmoins, l'interopérabilité de la section Remoulins - Pont du Gard resterait facultative, mais dans ce cas, avec des trains classiques, il semble difficile d'envisager une arrivée au plus près du site du Pont du Gard. Compte tenu d'un temps de parcours limité, une desserte cadencée à l'heure serait envisageable avec une seule rame, et un service à la demi-heure mobiliserait un second élément. En revanche, il faudrait examiner la capacité de la rive droite du Rhône, en intégrant les circulations voyageurs envisagées vers Avignon et naturellement le fret, avec probablement un cisaillement à niveau en gare de Remoulins.

Dans les deux cas, les opérations sont relativement légères car le trajet est court et il n'y a pas d'ouvrage d'art majeur. La reprise du plan de voies de Remoulins, pour disposer d'une bifurcation à 60 km/h ou créer le terminus dans l'option tramway, serait la principale opération sur le réseau actuellement exploité.

Ainsi, le scénario léger a le mérite de la simplicité, avec une possibilité de réduire l'usage de la voiture (et des autocars) pour accéder au site. Le scénario ferroviaire ne proposerait pas un accès direct au site... mais à Nîmes, ce qui n'est quand même pas négligeable. La capacité en gare de Nîmes devrait être le talon d'Achille de ce scénario plus dépendant des autres évolutions d'usage du réseau, en particulier sur l'arc languedocien.

Aligner les sites touristiques du Gard ?

Pour limiter la consommation de capacité dans le noeud ferroviaire de Nîmes, la solution pourrait alors être la diamétralisation de la desserte du Pont du Gard avec celle du Grau du Roi (qui dessert la cité fortifiée d'Aigues-Mortes). L'évolution de l'offre sur Nîmes - Le Grau du Roi nécessitera à court terme la reprise de la bifurcation de Saint Césaire pour en améliorer les performances et limiter l'empreinte capacitaire des trains de cette ligne, cisaillant le sens Tarascon - Narbonne.

On peut aussi ajouter qu'en circulation en traction électrique de Saint Césaire à Remoulins, le scénario ferroviaire serait compatible avec une exploitation par trains munis de batteries pour les sections non électrifiées, avec un point de recharge au Grau du Roi.

Moyennant une bonne communication coordonnée avec l'Office de Tourisme, le scénario ferroviaire classique - modulo une section Remoulins - Pont du Gard sous un régime simpligié - avec connexion aux Grandes Lignes à Nîmes centre, ne serait pas dépourvue d'intérêt commercial et touristique !

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