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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
29 janvier 2017

Brexit : quels effets pour Eurostar ?

Eurostar a récemment exprimé, en termes choisis, les potentielles conséquences pour l'activité ferroviaire entre le Royaume-Uni et l'Europe continentale suite à la décision de Londres de quitter l'Union Européenne selon des options manifestement radicales. Compte tenu des termes dans lesquels sont abordées les modalités de sortie de l'Union, le rétablissement d'un tarif douanier et la rigidification des modalités de contrôle aux frontières, Eurostar n'a pas manqué d'exprimer ses craintes devant la sous-commission du marché intérieur de la Chambre des Lords. A la question qu'on pourrait résumer par "voyez-vous un avantage ou opportunités de croissance à la sortie du Royaume-Uni de l'UE ?", la direction d'Eurostar a répondu par un laconique "No !".

Et de préciser qu'Eurostar, société de droit anglais, comprend 40% de ressortissants de l'Union Européenne dans ses effectifs et emploie 1800 personnes sur le sol britannique. Rigidifier voire réduire les possibilités pour des collaborateurs européens de travailler au Royaume-Uni fragiliserait fortement l'entreprise Eurostar, sans compter les conséquences sur le trafic de conditions d'accès réduites, pour les travailleurs, pour les touristes et les liaisons générées par le rôle de place financière forte.

La direction d'Eurostar sait choisir ses illustrations : le renforcement des contrôles à l'embarquement et l'instauration d'un contrôle à l'arrivée entraînerait une perte de temps équivalente au bénéfice procuré par la construction de HS1, et donc de provoquer une baisse considérable du trafic, avec à la clé une hausse du coût du voyage et une diminution de l'offre. Bref, une spirale du déclin qui pourrait mettre en péril l'existence même de la relation.

On notera enfin que dès ce 30 janvier, Londres exige que les voyageurs utilisant les Eurostar Bruxelles - Londres entre Bruxelles et Lille Europe soient regroupés dans une seule voiture, soit 68 voyageurs seulement, dont 20 debout avec fermeture de l'intercirculation, pour éviter que des voyageurs munis d'un billet Bruxelles - Lille ne restent dans le train pour pénétrer frauduleusement au Royaume-Uni. Mais de quel droit un pays non-membre de l'espace Schengen peut s'immiscer dans l'organisation de la libre-circulation des personnes entre la France et la Belgique ? Quelles conséquences sur la sécurité d'un "enfermement" total des voyageurs ?

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21 septembre 2015

Royaume Uni : 75% de voyageurs en plus en 15 ans

1,65 milliards de déplacements au Royaume Uni  en 2014 : c'est le résultat annoncé par Rail Delivery Group. Ainsi, le nombre de trajets effectués en train de l'autre côté de la Manche a augmenté de 75% par rapport à 1996 soit en moyenne 4% par an, soit 10 fois plus qu'au cours de la décade 1986-1996. Les britanniques utilisent désormais le train aussi fréquemment que les allemands avec en moyenne 25 déplacements par an et par habitant contre 18 en France.

Des chiffres qui viennent malmener la tendance à considérer le chemin de fer outre-Manche comme l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. A la privatisation est associée l'image des accidents, de l'atteinte à la sécurité et de l'envolée des prix. Certes, la première étape de la libéralisation du rail a été une catastrophe et la "renationalisation" de l'infrastructure en fut la conséquence, après des accidents dramatiques. Néanmoins, la prise de conscience a été suivie d'effets immédiats avec l'augmentation des budgets destinés à la rénovation du réseau, si bien que l'investissement annuel moyen a très rapidement dépassé le niveau français.

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Southampton - 3 septembre 2013 - Intense activité ferroviaire avec au fond le chantier de transport combiné rail-route de Millbrook, situé le long de la baie de Southampton, un train de citernes et un autorail class 158, livrée entre 1989 et 1992 à 182 exmplaires par les usines britanniques de Derby. © Ph. Richards

La hausse du trafic résulte d'une politique de développement des dessertes : le nombre de trains circulant sur une journée a ainsi augmenté d'un quart entre 1997 et 2014. Ces quelques chiffres montrent que les britanniques font confiance aux opérateurs de chemin de fer, alors même que l'offre de transport est aussi libéralisée, de longue date, sur les routes avec plusieurs compagnies d'autocars longue distance. Ils tordent aussi le cou au discours sur la dangerosité du réseau britannique (à moins que la population soit inconsciente). Côté fret, le nombre de trains circulant a diminué de 20% mais le tonnage emporté a augmenté de 20% sur la même période.

De leur côté, les franchises avec les opérateurs ont évolué en demandant plus aux exploitants en matière d'investissement et de services aux clients. Elles doivent aussi reverser une part plus importante de leurs bénéfices à l'Etat afin d'alimenter les budgets alloués à l'évolution du réseau. Ainsi, en dégageant un éxcédent de 2,5 MM£ en 2014 contre 700M£ en 1998, les marges d'exploitation ont reculé d'un tiers sur la même période, passant de 3,6 à 2,3%. Autre chiffre assez emblématique, le réseau britannique générait 2 MM£ par an en 1997. Aujourd'hui, il couvre la totalité de ses coûts d'exploitation, qui, au cours de la même période, ont diminué d'un tiers.

Le réseau est aujourd'hui à l'équilibre financier et parvient à vivre sans subvention d'Etat hors des contrats de franchises. Les périmètres de ces dernières combinent des liaisons régionales et longue distance ce qui assure une forme de péréquation interne. L'Etat a également réussi à limiter les marges opérationnelles des franchises, qui plafonnent aujourd'hui à environ 2,5% par an, afin d'accélérer son désengagement.

En revanche, il ne faut pas nier que l'utilisation du chemin de fer est coûteuse au Royaume Uni, bien plus qu'en France, où globalement le yield management offre plus de possibilités de voyages à tarif réduit (mais évidemment avec des contraintes). Il est cependant possible de trouver des combinaisons pour réduire le coût du voyage quitte à multiplier les sections, notamment sur les longues distances en heure de pointe, afin de bénéficier des prix plus faibles pratiquées sur les sections moins fréquentées.

Autre point à souligner, la ponctualité : en dépit d'intenses investissements, la hausse du nombre de circulation a été inférieure à celle du trafic, ce qui se traduit par un accroissement des phénomènes de surcharge, impactant la régularité. En moyenne, le nombre d'événements-origine de retards a diminué de 40% en 10 ans grâce à la politique d'investissements sur le réseau, mais le nombre de trains touchés a lui augmenté de 35%, et ces trains sont nettement plus fréquentés qu'auparavant.

De ces chiffres, il ne faut évidemment pas tirer de conclusions hâtives et directement plaquées sur le réseau français. Du moins ont-ils l'avantage de démontrer que lorsqu'on s'occupe du réseau, de ses infrastructures, de l'offre de transport et des services aux voyageurs, le retour en terme de trafic est là. Il n'y a pas forcément de corrélation directe entre cette dynamique et le caractère public ou privé de (des) opérateurs. C'est avant tout une question de volonté. En revanche, l'expérience - européenne et pas seulement britannique - tend à montrer que des structures plus légères peuvent être plus réactives  pour proposer des services plus en phase avec les besoins des territoires. Autre élément à prendre en compte, les investissements sur le réseau routier britannique sont bien plus faibles et l'état du réseau n'est pas vraiment comparable à celui de la France.

Conclusion (provisoire) pour le cas français : dans la situation actuelle, est-il raisonnable pour le système ferroviaire d'écarter la possibilité d'une nouvelle dynamique par le biais de nouveaux opérateurs contrôlés par des autorités organisatrices de plein exercice ?

PS : merci à nos lecteurs et commentateurs pour leurs contributions dans la discussion ci-dessous, ce qui a permis d'enrichir le présent article !

12 août 2015

Thameslink : Siemens débute les livraisons

C'est l'été prochain que sera mise en service la première phase de la modernisation de Thameslink, le principal réseau nord-sud traversant la capitale britannique entre Bedford et Brighton via l'aéroport de Gatewick. Le marché porte sur 115 rames bicourant baptisées Class 700, alimentées soit en 25000 V par caténaire soit en 750 V par troisième rail. Capables d'atteindre 160 km/h, ces rames seront formées soit de 12 voitures (55 unités) de 666 places soit de 8 voitures de 427 places avec un niveau de confort régional. Le parc sera pleinement opérationnel en 2018 lorsque les travaux de la gare de London Bridge seront achevés et autoriseront un service comprenant 24 trains par heure et par sens, régulés par le système européen ERTMS de niveau 2.

siemens-class-700-desiro-city

Premiers essais sur le site de production de Siemens pour les nouvelles class 700 de Thameslink (photothèque Siemens).

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Niveau de confort régional pour Thameslink avec notamment des tables à toutes les places en vis à vis. (cliché X)

5 juin 2015

Londres : le tunnel de Crossrail est percé

12 Crossrail tunnelling machine Victoria breaks through into Farringdon May 2015_199321

C'est le 26 mai dernier que le tunnelier Victoria, qui travaillait dans le sens est-ouest (section jaune sur le schéma ci-dessous) a rejoint la "boîte" de la future gare de Farringdon. Les derniers mètres d'avancement de l'engin ont été salués par les équipes du projet. (cliché Crossrail)

Crossrail tunnelling drives diagram


Hier, le premier ministre britannique et le maire de Londres ont célébré la fin du percement des 23 km de tunnel sous Londres constituant le coeur de projet Crossrail, la première ligne de RER est-ouest londonnienne. Lancé en 2009, ce projet phare pour le système de transport de la mégapole est véritablement entré "dans le dur" avec le premier coup de pioche (symbolique) et surtout l'entrée en action du tunnelier Queen Victoria qui a travaillé durant plus de 3 ans à 40 m sous terre, en compagnie de 5 autres machines. En moyenne, la vitesse d'avancement était de 72 m par jour.

L'équipement des premières sections a débuté, évidemment par l'habillage de chaque boyau de 6,2 m de diamètre, puisque les 5 sections souterraines totalisent 23 km de tunnel bitube, précédant l'installation des équipements ferroviaires. La mise en service est prévue fin 2018.

14 novembre 2014

Eurostar présente ses Velaro

A l'occasion des 20 ans de la desserte à grande vitesse Paris / Bruxelles - Londres, Eurostar a présenté la première des 10 rames e320 livrée par Siemens sur plateforme Velaro. Longue de 398,92 m, comprenant 16 voitures, les nouvelles rames à motorisation répartie (16 MW) peuvent circuler sous 25 kV, 1500 et 3000 V. Elles ne pourront donc pas aller en Allemagne.

Ces rames offrent une capacité de 890 places, contre 728 pour les rames TMST d'Alstom. Les Velaro sont aussi plus larges avec 2,92 m contre 2,81 m, bénéficiant au confort des voyageurs et notamment au couloir, étriqué sur les TMST. Autre distinction qui a son importance : chaque élément comprend 20 portes contre 16 sur les TMST, améliorant les conditions d'embarquement. L'aménagement intérieur se met quant à lui au goût du jour et offre trois aménagements : Standard, Standard Premier et Business Premier.

Les 10 rames devraient être livrées d'ici mai 2016. D'ici là, les premiers engagements en service commercial devraient avoir lieu en décembre 2015. Eurostar a également annoncé la commande de 7 rames supplémentaires.

Quoique aptes à 320 km/h, Eurostar indique que les e320 seront exploités à 300 km/h, qui est de toute façon la vitesse maximale sur la majeure partie du parcourrs.

Présentation du premier Velaro e320 en gare de Londres Saint Pancras. (cliché X)

Parallèlement, la première rame TMST n'est toujours pas sortie de rénovation et Eurostar reconnaît du retard dans les ateliers SNCF de Hellemmes, chargés de l'opération portant sur 14 rames. La commande de 7 e320 supplémentaires pourrait interroger la suite de ces rénovations, à moins que l'exploration des opportunités de nouvelles dessertes, peut-être vers Bordeaux et Genève, aboutissent favorablement.

On se souvient que l'annonce de cette commande avait défrayé la chronique, le gouvernement français prenant fait et cause pour Alstom contre Siemens dès l'annonce de cette attribution du marché, en faisant valoir la supériorité du matériel français, "seul" à pouvoir emprunter le tunnel sous la Manche en respectant toutes les considérations sécuritaires. En 2011, l'Agence Ferroviaire Européenne avait rendu un avis favorable à la commande d'Eurostar auprès de Siemens.

Eurostar confirme enfin la création d'une relation Marseille - Londres à partir de mai 2015. Ces Eurostar desserviront Avignon, Lyon Part Dieu et Lille Europe. En direction du Royaume Uni, l'arrêt à Lille Europe durera 1h30 pour effectuer les formalités de contrôle des voyageurs avant l'entrée au Royaume Uni puisque les gares de Marseille, Avignon et Lyon sont dépourvus de sas d'embarquement. En revanche, au retour, les formalités seront bien sûr effectuées à Londres Saint Pancras. Les joies de l'espace Schenghen...

Enfin, en décembre 2016 sera lancée la liaison Londres - Amsterdam avec desserte de Anvers, Rotterdam et Schipol.

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4 août 2014

Crossrail : Hong Kong vainqueur

C'est l'opérateur de Hong-Kong qui a remporté le contrat d'exploitation du RER est-ouest de Londres, Crossrail. D'un montant de 1,4 MM£, la concession est d'une durée de 10 ans avec une option de 2 années supplémentaires. MTR l'a emporté devant Arriva, National Express et un consortium Keolis - Go Ahead. Dans un premier temps, à partir du 31 mai 2015, MTR va reprendre l'exploitation des actuelles lignes appelées à intégrer Crossrail dès l'achèvement des travaux de la liaison souterraine de 21 km entre Paddington à l'ouest, Stratford et Abbey Wood à l'est. MTR gèrera la mise en service progressive de la desserte entre décembre 2018 et décembre 2019.

MTR n'est pas à son premier succès londonien puisqu'il fait partie à parts égales avec Arriva, filiale de la DB, de l'un des exploitants du métro de Londres, mais c'est sa première victoire en solo.

23 avril 2012

Londres : premiers travaux pour Crossrail

Le percement du tunnel de 21 kilomètres sous Londres a débuté. La mise en service du RER est-ouest londonien est prévue en 2018. Le maire de Londres et la Secrétaire d'Etat aux transports ont inauguré ce chantier le 13 avril dernier.

Crossrail consiste en une ligne centrale nouvelle comprenant deux branches à chacune de ses extrémités, situées sur des lignes existantes. Le RER desservira 37 stations dont 9 nouvelles : deux seront situées à l'aéroport d'Heathrow, et six dans le centre de Londres, depuis Paddington et Whitechapel, et la dernière à Canary Wharf.

crossrail

Crossrail prépare son appel d'offres pour le matériel roulant, portant sur 60 rames à un niveau et plancher haut, longues de 200 m de long et offrant 1500 places dont 450 assises. Ces rames devront atteindre 145 km/h, disposer d'accélérations supérieures à 1 m/s². Les rames seront alimentées en 25 kV par caténaire, et seront prédisposées pour une exploitation sous 750 V par troisième rail. Leur masse devra être au plus de 350 tonnes et consommer moins de 24 kWh par kilomètre parcouru.

Elles seront équipées de deux systèmes de signalisation : ERTMS pour les branches, et un système intégré type CBTC (utilisé pour les métros automatiques) afin de gérer le tronçon central avec un niveau de service élevé.

La consultation des industriels a retenu quatre candidats : Bombardier, CAF, Siemens et Hitachi. Le vainqueur devra livrer ses premières rames en mai 2017 pour essais.

7 octobre 2010

Eurostar choisit Siemens pour augmenter son parc

10 rames Velaro de 400 m de longueur, représentant un investissement de 600 M€ viennent d'être commandés par la société Eurostar. C'est une nouvelle pomme de discorde franco-anglo-allemande. Franco-allemande d'abord, entre Alstom, qui avait poussé son AGV, et Siemens, qui cherchait à pénétrer le marché français. Franco-britannique ensuite car le gouvernement français reproche à la société Eurostar, majoritairement détenue par la SNCF mais de droit britannique, d'oublier les règles de sécurité auxquelles sont soumises le tunnel sous la Manche où trois incendies sont déjà survenus.

S'ajoutent ensuite évidemment les considérations françaises sur le soutien aux entreprises du cru de la part d'une entreprise ferroviaire majoritairement détenue par le groupe SNCF, et les conditions de passation de marché selon les règles britanniques.

D'autres reprochent le choix d'un matériel à grande vitesse non articulé, dont les voitures reposent chacune sur deux bogies, et de faire un parallèle avec certains accidents ferroviaires survenus avec des ICE en Allemagne. Si on ne peut nier l'avantage de la rame articulée de ce point de vue, peut-on pour autant exclure des candidats sur des a priori fondés au moins autant sur l'émotionnel que sur des réalités techniques objectives ? Nombre de Shinkansen japonais sont de classiques rames, et circulent à 250 km/h sans dommage particulier.

Bref, on est encore loin d'annoncer la naissance de l'Europe ferroviaire.

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