55 millions d'euros pour les chemins de fer de Provence
Souhaitée par la Région PACA, désormais autorité organisatrice de cette ligne exploitée par Veolia, une enveloppe de 55 M€ (dont 10 M€ des fonds européens) est prévue pour améliorer l'infrastructure de cette ligne mariant service public d'aménagement du territoire et vocation touristique.
Sur les 25 premiers kilomètres au départ de Nice, la ligne sera intégralement restaurée et laissera la porte ouverte à une éventuelle électrification pour la desserte de la basse vallée du Var. Les travaux sont prévus de février 2010 à février 2011. Dans un second temps, le débit de la ligne serait accru pour atteindre une fréquence de 15 minutes, avec une nouvelle étape de travaux (évitements, signalisation...)
26 novembre 2009, gare de Nice CP - Le matériel Soulé constitue la base du service en attendant l'arrivée de nouveaux autorails calqués sur le modèle Corse. Quant à la gare, elle est fonctionnelle à défaut d'être esthétique. Le recul des voies a malheureusement éloigné la ligne du Sud Provence du tramway... © transportrail
Les premiers kilomètres des Chemins de Fer de Provence sont noyés dans l'environnement urbain et peuvent susciter quelques questions sur l'insertion dans le cadre de l'évolution souhaitée du service à moyen terme. En attendant, le côté pittoresque est affirmée ! © transportrail
Sur la partie haute, les rails seront renouvelés, le travelage consolidé et les ouvrages d'arts consolidés d'ici 2012.
Côté matériel roulant, les CP reçoivent le soutien d'une rame des Chemins de fer Corses, pour compenser l'incendie d'une rame Soulé, et assurer la soudure avec l'arrivée des nouvelles rames, identiques aux AMG800 livrés en Corse. Le matériel existant sera rénové, représentant un investissement de 3 M€.
Ouest Lyonnais : en attendant le tram-train
Le 13 décembre prochain, l'Ouest Lyonnais voit sa desserte modifiée pour préparer la transformation en tram-train de ce réseau quasi-enclavé au départ de la gare Saint-Paul, qui interviendra fin 2011. Ainsi, cette année, les nouveautés sont de taille mais réserves quelques surprises.
Tassin - 6 novembre 2009 - Ambiance de soirée. A gauche, un EAD modernisé se hâte lentement vers Lyon tandis qu'à droite se prépare un UM comprenant - encore ! - un élément en version d'origine dont le démarrage crée un panache de fumées que seuls les amateurs d'autorails peuvent apprécier (les riverains... c'est moins sûr !). Notez que les deux voies principales (vers Lyon et Brignais) sont remises à neuf. © X. Vuillermoz
Les bonnes pour commencer :
- d'abord l'ouverture de la halte de Lentilly-Charpenay, destinée à la desserte d'une zone d'emplois grandissante;
- ensuite la disparition des Caravelles, inadaptées au service périurbain par des portes étroites, des performances anémiques et un plancher très haut : les X73500 vont prendre place sur le réseau pour donner un premier souffle de modernité avant le tram-train;
- enfin une offre cadencée facile à retenir avec une extension de la desserte ferroviaire en soirée, heures creuses et week-end, et le retour à la desserte de 2002 sur la branche de L'Arbresle avec une offre au quart d'heure en pointe;
- la branche de Lozanne gagne une desserte à la demi-heure en pointe et à l'heure en journée;
- la mise en place de nouveaux écrans d'information sur les quais.
Les neutres :
- Brignais va enfin disposer d'une vraie desserte ferroviaire à la demi-heure en pointe et à l'heure en journée, mais avec une correspondance systématique et quai à quai à Tassin, en attendant la liaison directe par le raccordement à créer. Reste que 7 minutes de battement pour une correspondance quai à quai... la SNCF ferait bien d'aller voir côté Suisse où de telles correspondances ne nécessitent guère plus de 3 minutes !
Les moins bien (ou progrès toujours en attente !) :
- Les temps de trajet. 40 min de L'Arbresle à Lyon, ce n'est guère brillant et les moteurs de 73500 ne vont pas être surmenés. On reste sur des bases autour de 35 km/h de vitesse commerciale. Plus cocasse, le temps de trajet entre Tassin et Lyon est supérieur d'une minute pour la branche de Sain Bel par rapport à la branche de Lozanne, qui doit pourtant composer avec les aiguilles de l'entrée en gare de Tassin. Bref, il faudra attendre le tram-train en espérant que ce matériel puisse donner la pleine mesure de ses performances pour accélérer significativement le temps de trajet. Néanmoins, c'est mieux que l'actuelle grille puisque les gains sont de 6 min sur Sain Bel, 4 min sur celle de Lozanne et 2 min sur celle de Brignais malgré la correspondance... mais on part de si loin (les marches actuelles étant proches de celles des 242BT et rame PLM de l'après-guerre !)
Tassin - 6 novembre 2009 - L'X4692, traqué par les ferroviphiles en tant que dernier représentant lyonnais de la livée rouge et crème. Les quais ont été remis à niveau en préfiguration des futurs tram-trains qui seront engagés à partir de décembre 2011. © X. Vuillermoz
Et voici le Régiolis !
Connu jusqu'alors sous le nom de code "porteur polyvalent", le successeur de l'AGC, dont la production cessera en 2011 après la livraison du 700ème élément, porte désormais le doux nom de Régiolis. Le marché a été signé le 27 octobre dernier et une première commande de 135 éléments a été passée à Alstom qui a remporté le marché qui pourrait aller jusqu'à 1000 rames. Si vous avez une overdose d'AGC, vous risquez l'embolie de Regiolis... mais une fois de plus, ce n'est pas avec les ruines des omnibus de nos grands-parents qu'on construira le TER de demain !
En résumé : une rame articulée, bimode bicourant ou électrique, composée de 3, 4 ou 6 voitures formant des rames de 54, 72 ou 110 m, avec trois niveaux de confort : périurbain, régional ou intervilles. Signe particulier de ce nouveau matériel : les rames périurbaines sont capables de transporter des voyageurs debout pour suivre l'évolution des besoins, le Régiolis allant circuler jusque vers 2040 voire 2050 !
Evidemment, il s'agit de rames à plancher bas, conçues pour respecter les spécifications sur l'accessibilité (parfois à la limite de l'intérêt général quand le commun des voyageurs y perd manifestement beaucoup...) et Alstom a cherché à améliorer le confort en utilisant au mieux les espaces.
Rendez-vous en 2013 pour les premières livraisons de ce matériel qui incarnera une nouvelle étape dans la nouvelle dynamique du TER, qui semble - enfin ! - ne plus être l'oublié de la politique de la SNCF : l'entreprise a visiblement compris qu'il y avait autant sinon plus à tirer de la réputation des TER du quotidien que de la flamboyance du TGV... Pour reprendre le propos d'un ancien Premier ministre : "la route est droite mais la pente est rude !"
TGV : toujours plus européen ?
Contrainte de réduire la voilure de ses intentions de commande compte tenu du tassement du trafic, la SNCF envisagerait de lancer un appel d'offres pour la fourniture de 35 rames internationales (et 65 en option) compatibles pour la circulation en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Un bon moyen assurément pour freiner les intentions de certains voisins de venir mordre sur les plates-bandes de la SNCF en France et conserver le leadership sur la grande vitesse ferroviaire européenne.
Reste qu'un marché restreint augmenterait le coût unitaire du matériel, et que la SNCF semble avoir compris que l'universalisme ferroviaire conduisait à des assemblages technologiques complexes. Une fragmentation des besoins entre le Nord-Europe, le marché germanique et le versant italien semble probable, mais les rames pourraient être facturées à un prix élevé (on parle de 34 M€ l'unité). D'où l'idée d'acheter sur étagère, ce qui semble limiter les choix : l'AGV d'Alstom, le Zefiro de Bombardier, l'ICE3 de Siemens... ou le TGV Duplex ?
Paris-Nord - 14 janvier 2008 - La gare du Nord est certainement la plus internationale des places ferroviaires parisiennes avec Londres, Bruxelles, Amsterdam et Cologne pour principales destinations. La flotte de Thalys, en cours de rénovation, est rudement sollicitée et l'apport de nouvelles rames devrait rehausser le standing de cette marque commerciale commune à la SNCF, à la SNCB, aux NS et à la DB. En arrière plan, une rame PBKA quadricourant, reconnaissable à la motrice type Duplex. © transportrail
Qui plus est, le 13 décembre prochain, la mise en service de la ligne à grande vitesse Anvers - Rotterdam abaissera le temps de trajet Paris - Amsterdam de 51 minutes, soit 3h18. La mise en service complète de la section Rotterdam - Amsterdam permettra de gagner encore un quart d'heuren, ce qui améliorera la rotation du parc Thalys.
Cannes - Grasse : déjà une remise à niveau
Il est pour le moins étonnant à première vue d'annoncer l'étude de travaux de capacité sur la ligne Cannes - Grasse rouverte voici trois ans. Pourtant, RFF et la SNCF planchent sur une augmentation globale de la capacité de la ligne, par la création d'un point de croisement supplémentaire pour porter la fréquence à 30 minutes, et l'allongement à 8 voitures des compositions TER desservant cet axe. Des mesures qui font un peu grincer des dents alors même que le béton est tout juste sec, et qui posent la question de l'étape d'après, à savoir une desserte au quart d'heure. La création d'une halte supplémentaire au Plan-de-Grasse et l'intégration tarifaire avec les réseaux urbains restent parmi les attentes des voyageurs. Autant dire que pour une jeune ligne ferroviaire, les sujets ne manquent pas !
Chartres - Orléans : premiers financements
Le 8 septembre, une première convention de financement de travaux sur Chartres - Orléans a été signée. Portant sur une enveloppe de 7,5 M€, elle est justifiée par l'amélioration des conditions de circulation des trains de fret sur cette ligne. Les travaux portent sur la section ouest, entre Chartres et Voves. Pour autant, le signal politique est assez fort, et peut être considéré comme une victoire par les promoteurs du projet qui n'auront pas manqué de patience. Le processus n'est pas encore irréversible, mais celui qui trainera des pieds sur le sujet sera à n'en pas douter accuser de vouloir "couler" un projet emblématique en Région Centre.
D'autres travaux sont programmés, d'un montant plus conséquent - 65 M€ - pour rouvrir aux voyageurs la section Chartres - Voves qui autoriserait la création de dessertes ferroviaires entre Chartres, Châteaudun, Vendôme et Tours. Pour cela, il faudra aussi supprimer le fameux PN 3BIS situé sur une 2x2 voies : un ouvrage souterrain pour les automobiles est étudié, mais son coût et sa complexité sont avérés.
Pour la section Voves - Orléans, il faudra encore traiter la question de la base aérienne de Bricy, des silos céréaliers, et des capacités d'entrée en gare d'Orléans.
La Région Centre espère pouvoir proposer des trains entre Chartres et Tours en 2013. Courage !
Intercités : quelles perspectives ?
En 2005, le projet de suppression de nombreux trains Corail Intercités avait suscité une fronde des élus régionaux qui avait contraint la SNCF à renoncer à une partie de ses plans. Le déficit de ces liaisons, évalué par un audit financé par l'Association des Régions de France, s'élevait alors à 124 M€, pour des trains dont le ratio recettes / dépenses s'élevait alors entre 50 et 75%.
Un plan de modernisation de certaines dessertes a été engagé, concernant principalement les deux axes normands, qui eux, dégagent un bénéfice. Le programme de modernisation de 150 voitures Corail pour l'axe Paris - Caen - Cherbourg a été mené et donne plutôt satisfaction aux voyageurs puisque l'ambiance des voitures a été rajeunie et de nouveaux équipements ajoutés (notamment les prises de courant en 2nde classe). Quelques voitures circulent également sur l'axe Paris - Nevers mais aussi sur Lyon - Tours.
Paris Saint Lazare - 15 avril 2009 - Les 150 voitures Corail affectées à la liaison Paris - Cherbourg / Deauville ont bénéficié d'une modernisation financée à partié entre la SNCF et la Région Basse Normandie. © transportrail
Dans la presse économique de ce 11 septembre, le ministre en charge de l'aménagement du territoire remarque que la SNCF va bénéficier de la suppression de la taxe professionnelle, ce qui pourrait lui offrir les moyens d'une nouvelle relance de ces relations interrégionales, qui demeurent encore dans une double incertitude quant au financement de l'exploitation et du renouvellement d'un matériel roulant vieillissant. Selon ce ministre, la manne pourrait être améliorée par un petit coup de pouce de l'Etat, qui porterait la marge d'actions à 250 M€.
Ouvrons donc le dossier Corail Intercités. La marque commerciale de la SNCF recouvre deux réalités assez tranchées.
D'une part, les liaisons entre Paris et le bassin parisien, régulièrement utilisées par des migrants pendulaires longue distance, venant de Normandie, du val de Loire, de Picardie et de Champagne. Des axes où l'offre est en général assez importante et où la fréquentation reste élevée, avec des trains pouvant aligner 11 à 14 voitures.
D'autre part, les liaisons transversales : Nantes - Bordeaux, Caen - Tours, Lyon - Nantes et Bordeaux - Lyon. Des dessertes bien moins riches (au mieux trois allers retours sur Nantes - Bordeaux, un seul sur Caen - Tours, deux sur Lyon - Tours et un sur Bordeaux - Lyon), marquées par un trafic de cabotage assez important (5% seulement des voyageurs vont de Bordeaux à Lyon par exemple) et des performances plus que modestes.
Sur les premières, le matériel Corail répond encore à peu près convenablement aux attentes des voyageurs, même si la conception des années 1970, un aménagement spartiate et uniforme, ainsi qu'un confort sonore daté. Moderato évidemment sur les voitures modernisées, mais qui trahissent malgré tout leur âge.
Sur les secondes, le matériel Corail assure Bordeaux - Nantes, Caen - Tours et Lyon - Tours mais les automoteurs ont mis un pied dans le bastion : Bordeaux - Lyon doit sa survie à l'engagement d'X72500 fournis par Rhône-Alpes, Limousin et Aquitaine. Ces rames ont permis de retrouver à peu près les performances obtenues par les RTG, même si le niveau de confort reste limite pour une relation longue distance : cependant, le trafic est assez segmenté et, comme déjà indiqué, le bout en bout reste très minoritaire.
L'emploi de matériels automoteurs est probablement de nature à relancer ces transversales, en jouant sur la modulation des compositions pour assurer les pointes du vendredi et du dimanche. Combiné à quelques opérations d'infrastructures, les gains de temps peuvent être assez significatifs. On peut ainsi suggérer que le futur porteur polyvalent, dans une version bimode et aménagé "confort" puisse assurer Nantes - Bordeaux, profitant de l'électrification réalisée par les Pays de la Loire entre Nantes et Les Sables d'Olonne (du moins pour la section Nantes - La Roche sur Yon).
De même, sur Lyon - Nantes, le lancement de l'électrification de la section Bourges - Saincaize offrira bientôt une continuité électrique sur les deux tiers du parcours. Enfin sur Caen - Tours, parcours de distance plus réduite, un système à quatre allers-retours de bout en bout complété par des dessertes autour du Mans vers Tours et Caen peut être imaginé avec des X72500, bien taillés pour ce genre de trajet. Les esprits les plus imaginatifs pourraient même oser une formation bitranche avec une rame venant de Rouen, marié à Mézidon ou à Alençon, de sorte à capter le trafic haut-normand, lui évitant ainsi de passer par Paris pour rejoindre le sud-ouest.
Sur le grand bassin parisien, les besoins de confort et de capacité pourraient porter la réflexion sur une version adaptée du porteur hyperdense en cours de définition. La formule automotrice pourrait être adaptée à une modulation des compositions, par exemple sur le val de Loire où un couplage de deux rames se scinderait à Orléans, l'une rejoignant Tours, l'autre alternativement Bourges ou Châteauroux, en mixant des sillons existants de TER.
Reste deux cas, plus complexes car à mi-chemin entre les deux cas : Paris - Troyes - Mulhouse. et Paris - Amiens - Boulogne. Les élus champardenais se mobilisent pour obtenir l'électrification jusqu'à Troyes, ce qui traiterait le cas des relations avec la capitale. Reste que l'effet de rupture pourrait être accru et marginaliserait la section Troyes - Mulhouse qui dessert une région relativement peu peuplée. Quant à l'axe picard, la tentation de la coupure pourra-t-elle être évitée ?
Abbeville - 25 avril 2009 - Entrée en gare d'Abbeville du Corail Boulogne - Paris : la question des moyens de traction devient essentielle pour assurer l'avenir de ces relations. Or les BB67400 ont plus de 35 ans et les voitures Corail également... © transportrail
Enfin, il ne faut pas oublier que se profile à très court terme une réforme du barème des péages et qu'une partie de la taxe professionnelle est acquittée par les Régions via les conventions d'exploitation des TER. Corail Intercités pourrait donc malgré tout s'inviter à la table de la campagne des élections régionales.
Paris Est - 20 septembre 2008 - Pour la liaison Paris - Troyes, la Région Champagne Ardenne s'est dotée la première de rames AGC bimodes bicourant. Une solution d'attente dans l'espoir d'une électrification ? © transportrail
Paris - Troyes s'invite à la LGV Rhin-Rhône
La convention de financement de la deuxième phase de la LGV Rhin-Rhône réserve une petite surprise que l'on commençait à entrevoir entre les lignes des dernières négociations. Dans le préliminaire, il est explicitement notifié que l'Etat s'engage sur le dossier de l'électrification de la section Gretz-Armainvilliers - Troyes, avec les deux Régions concernées et Réseau Ferré de France. Rebondissement pour un serpent de mer ferroviaire concernant la dernière "grande" radiale du réseau demeurant encore en traction Diesel (le qualificatif ayant pris du plomb dans l'aile depuis que le TGV a capté l'essentiel des flux longue distance de cet itinéraire). Reste à savoir ce qu'apporterait réellement cette électrification surtout avec la prochaine introduction des AGC bimodes sur la ligne...
LGV PACA : quand l'écologie déraille
Voilà que certains mouvements écologistes, pour le moins extrêmes, s'en prennent au transport ferroviaire et singulièrement au TGV pour dénoncer ses graves atteintes à l'environnement. Dans le grand quotidien français du soir, les arguments pleuvent sur l'éco-système et les émissions de CO² nécessaires à la construction du TGV. Grand sujet à la mode, on en sera peut-être bientôt à l'élimination des six milliards d'éléments, appelés êtres humains, qui par leur respiration rejettent du CO².
Plus sérieusement, ces réflexions aussi louables soient-elles, ne raisonnent que dans des vérités théoriques oubliant la réalité du quotidien. Faire de l'écologie absolutiste est certainement le meilleur moyen de décrédibiliser toute action pour engager la transition verte dont a besoin le pays pour diminuer sa dépendance quotidienne à l'égard des fluctuations des cours pétroliers et devenir un peu plus autonome énergétiquement parlant.
Certains en sont encore au schéma du "TGV pour les riches" en arguant que la grande vitesse génère de l'inégalité sociale. Argument de ceux qui ne doivent pas souvent voyager, car le melting pot social dans les TGV est une réalité sinon quotidienne, du moins assurément hebdomadaire. Quant aux TER, la hausse du trafic ne saurait être qualifiée d'origine purement "prolétaire" pour employer un jargon peu flatteur mais que certains devraient comprendre...
En alternative, ces groupes écologistes réclament la modernisation du réseau existant au lieu de développer le TGV sans distinction. Certes, avec la dépense considérable du TGV Côte d'Azur, on a probablement une enveloppe représentant l'investissement nécessaire à la modernisation de l'intégralité du réseau classique français.
On remarquera tout de même que sur le plan énergétique, le TGV mord à pleines dents dans le juteux marché du transport aérien et qu'il contribue donc d'une certaine façon à réduire l'empreinte énergétique du transport intérieur.
Certains, voulant probablement faire croire qu'ils ont une bonne connaissance du transport ferroviaire, rappellent qu'on a roulé "aussi vite qu'un TGV" sur la ligne des Landes. Qui se souvient de l'état de la voie après les records des CC7107 et BB9004 ? Ce n'était plus du rail, mais de la guimauve ! Oui, il est possible d'optimiser le réseau classique en vitesse, mais guère au-delà de 220 km/h, vitesse pratiquée entre Tours et Bordeaux. Rien à voir avec les 300 voire 320 km/h pratiqués sur une ligne nouvelle.
Il ne faut pas se tromper de "combat" ou plutôt de logique de raisonnement. La grande vitesse ferroviaire est un outil qui a démontré ses capacités techniques et géo-économiques sur l'évolution du territoire et les dynamiques entre les grands bassins urbains. Elle n'est pas la recette universelle que cherche sempiternellement la France dans la plupart des domaines. Elle est un levier qui doit être utilisé à bon escient : d'abord en la connectant systématiquement aux lignes existantes - et donc en cessant de faire des gares isolées - puisqu'un bon TGV ne fonctionne que par une bonne alimentation par les réseaux urbains et interurbains adjacents ; ensuite en concentrant les investissements sur les sections les plus utiles dans une vision débarrassée des visées électoralistes de quelques personnalités politiques en manque de rubans tricolores à couper.
Bref, il ne s'agit pas tant de choisir brutalement entre TGV et réseau classique que de composer un dosage subtil entre le développement de l'un et l'optimisation de l'autre. Dans le cas de PACA, le besoin d'une desserte métropolitaine autour de Marseille et de l'ensemble Cannes - Nice - Monaco - Menton, pose assurément la question de la création d'une nouvelle infrastructure. Reste à définir le bon scénario.
L'ouverture... même au ferroviaire !
On le sait, le chef de l'Etat est un adepte de l'ouverture et ça ne fait pas que des heureux, même dans sa famille politique. Nouvelle application du concept en vue les 21 et 22 septembre prochain avec l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi relatif à la création de l'autorité de régulation ferroviaire, chapeautant la SNCF et RFF (et quid de l'EPSF ?) dans le cadre de l'ouverture du marché ferroviaire fret et longue distance voyageurs.
Plusieurs amendements ont été déposés par la majorité pour autoriser les Régions à expérimenter l'ouverture du marché ferroviaire régional. Le 13 décembre prochain, entre en vigueur le règlement européen sur les obligations de service public et la période de transition de 10 ans pour l'harmonisation européenne commence. En résumé, le règlement européen consacre le principe de la délégation de service public selon des formes très proches de celles aujourd'hui connues en France pour l'exploitation des réseaux urbains et pérennise les régies internes et les droits exclusifs à condition que l'opérateur ne candidate pas sur d'autres réseaux. Stricto sensu, le règlement OSP n'oblige pas à mettre en concurrence ou à privatiser, mais élargit le champ des possibles et incite certains grands opérateurs (la RATP et la SNCF au hasard...) à clarifier leur position entre la préservation d'un domaine exclusif et la compétition internationale.
Certains y voient, non sans de bonnes raisons, une habile manoeuvre politique destinée à lancer la campagne des élections régionales sur le thème des transports, en poussant les Régions à prendre position sur la question. Jusqu'à présent, seule l'Alsace se disait intéressée par une expérimentation.