RENFE : plus de matériel encore pour les Cercanías
La RENFE a d'ores et déjà notifié deux levées d'option sur les chacun des contrats attribués à Alstom (Coradia Stream High Capacity) et Stadler (Flirt XXL) pour des automotrices partiellement à deux niveaux. Le premier produira 49 éléments supplémentaires en version 100 m (pour un montant de 367,6 M€) ; le second réalisera 20 unités de 200 m (pour un montant de 307,7 M€).
En tranche ferme, Alstom avait reçu une commande de 152 automotrices en version 100 m, celle de Stadler portant sur 24 rames de 100 m et 35 rames de 200 m.
Trenitalia en Espagne : c'est dans un mois
Sous la marque Iryo, Trenitalia lancera ses Frecciarossa entre Madrid et Barcelone à compter du 25 novembre avec dans un premier temps 4 allers-retours en 2h45 et 2 allers-retours en 2h30. Cependant, l'objectif est de monter en puissance pour atteindre 16 allers-retours quotidiens. Ensuite, l'opérateur proposera des relations vers Valence, Alicante, Malaga et Séville, conformément au contenu du lot B remporté suite à l'appel d'offres piloté par ADIF. Iryo disposera d'une flotte de 20 rames série ETR400 disposant des équipements de signalisation espagnols et de l'ERTMS niveau 2 actif sur l'ensemble des lignes à grande vitesse d'Espagne, sauf Madrid - Séville à ce jour encore équipée du LZB originel de conception allemande.
Comme déjà évoqué, il sera intéressant d'observer le comportement des voyageurs entre les différentes compagnies, sachant qu'Iryo proposera tous les niveaux de prix et de confort dans le même train. Ouigo España est finalement plus proche des InOui français avec 2 classes et le bar. La RENFE calque son offre Avlo sur les Ouigo français (classe unique, pas de voiture bar). En jouant sur l'effet de la fréquence, Iryo cherche, comme en France, à concilier diversité tarifaire et effet-fréquence.
Ouigo en Espagne : nouvelle offre vers Valence
Deuxième étape de la percée de la SNCF en Espagne, sous la bannière de Ouigo : l'opérateur français a lancé un service comprenant 5 allers-retours entre Madrid et Valence, en 1h50. Les départs de Madrid Chamartin ont lieu en semaine à 7h20, 10h15, 13h45, 17h20 et 19h25, et de Valence Joaquin Sorolla à 7h35, 10h10, 13h30, 16h50 et 20 heures.
Pour mémoire, l'offre entre Madrid et Barcelone comprend également 5 allers-retours et les horaires sont relativement similaires, mais sur une amplitude plus importante puisque le premier train quitte Barcelone dès 6h45 alors que le dernier, parti à 20h45, arrive à Madrid à 23h30. Même chose vers Barcelone, avec un premier train à 7h05 et le dernier à 21 heures.
La SNCF lancera 2 allers-retours Madrid - Alicante en 2023. Les destinations vers l’Andalousie sont également visées mais il faudra attendre le remplacement du LZB par ERTMS niveau 2 sur la première des lignes à grande vitesse d’Espagne.
En outre, sous la bannière française de Ouigo, 2 allers-retours Paris - Barcelone seront proposés, remplaçant l'offre préexistante qui était labellisée InOui, avec une troisième relation en été. Les voyageurs auront bien du courage à voyager plus de 6 heures dans des trains au confort si limité, et avec une politique d'arrêt dissymétrique. Les trains partiront à 9h42 et 14h56 de Paris, à 10h33 et 14h32 de Barcelone. La liaison Paris - Barcelone d'après-midi se distinguera ainsi en desservant les gares excentrées de Nîmes Pont du Gard et de Montpellier Sud de France, alors que les autres passeront par les gares centrales.
La RENFE n'est pas en reste puisqu'elle annonce lancer prochainement sur cette relation ses S112 en version AVLO, sur le même segment du marché. L'opérateur espagnol historique semble donc vouloir répondre à la SNCF avec la même logique de séparation des gammes tarifaires par l'horaire (AVE - AVLO étant l'alter ego du tandem français InOui - Ouigo). Dans un peu plus d'un mois, Trenitalia arrivera sous la marque Iryo, avec des trains proposant tous les tarifs à chaque horaire. Il sera donc intéressant d'évaluer dans la durée la réaction du public sur ces stratégie très différenciées, même s'il est probable que la RENFE et ses AVE continueront d'avoir l'ascendant, ne serait-ce que parce qu'elle a remporté le lot de sillons le plus consistant. Néanmoins, avec 2 sillons par heure en particulier sur Madrid - Barcelone, les prestations d'Iryo seront à suivre.
Aéroport de Barcelone : Alstom, les FGC et une liaison en débat
Nouveau succès pour le Coradia Stream
Alstom a été désigné lauréat de l’appel d’offres piloté par les Chemins de fer de Catalogne (FGC) pour la fourniture de 10 automotrices Coradia Stream destinées à la nouvelle relation ferroviaire entre le centre de Barcelone et l’aéroport El Prat, cadencée au quart d’heure.
D’une longueur totale de 85 m, les rames de 5 voitures disposeront chacune de 2 portes par face et pourront emporter jusqu’à 600 voyageurs, en incluant la capacité debout. Leur vitesse maximale sera de 120 km/h sous 3000 V.
Les rames seront assemblées dans l’usine de Santa Perpètua de Mogoda. Alstom assurera en outre durant 15 ans la maintenance de ces rames dans un nouvel atelier dont il aura aussi la charge de la construction et de l’exploitation.
Les FGC sur voie large
Ce sera une première : après la ligne à voie normale du Vallès et celle à voie métrique du Llobregat, les FGC vont circuler pour la première fois sur une ligne à écartement ibérique gérée par ADIF, en mixité avec les autres circulations de la RENFE. Les FGC ne cachent plus leurs intentions de proposer leurs services et la Généralité de Catalogne n’écarte pas l’hypothèse d’attribuer des contrats de service public à « son » opérateur, plutôt qu’à la RENFE.
Comme un goût de CDG Express
Ces rames circuleront essentiellement sur les infrastructures existantes et la ligne nouvelle à double voie desservant les 2 terminaux de l’aéroport, alors que le raccordement actuel emprunté par l’une des missions des Rodalies, est établi à voie unique et desservi seulement toutes les 30 minutes. L’accès actuel au terminal 1 implique une correspondance avec une navette d’autobus dans l’aéroport, tandis que le terminal 2 est accessible avec une passerelle de 200 m de long.
Le débat est assez animé quant à l’exploitation de ce nouveau service : plusieurs schémas ont été esquissés, et l’hypothèse d’une nouvelle mission dédiée semble être privilégiée. Le terminal T2 de l’aéroport est aujourd’hui desservi par la mission R2 Nord venant de Maçanet via Granollers, et traversant Barcelone par le tunnel de Gràcia. La nouvelle mission R-Aeroport aura pour terminus la gare de Sant Andreu Comtal. Elle devrait être empruntée par 11 millions de voyageurs par an.
Plusieurs voix contestent ce scénario, consommant une capacité importante au cœur de Barcelone, sans pour autant participer à l'amélioration de la desserte de l’aire urbaine. Dit autrement, les 4 sillons par heure et par sens pris par cette nouvelle desserte au parcours réduit ne profiteront pas - ou peu - à la desserte périurbaine.
Cette nouvelle liaison sera financée par les utilisateurs avec un billet à tarif spécifique : seuls les possesseurs d’abonnements au moins mensuels pourront y accéder sans supplément. La mise en service est prévue en 2025.
On peut aussi noter qu'elle concurrencera la ligne 9 du métro, qui constitue aujourd'hui le principal accès à l'aéroport mais dont le tracé actuel - et futur lorsqu'elle sera achevée - contourne le centre de Barcelone, accessible aujourd'hui uniquement par de longues correspondances (c'est un peu la marque de fabrique du réseau...). La nouvelle liaison ferroviaire aura l'avantage non négligeable de desservir la gare Sants et de donner un accès direct au coeur de la ville.
Espagne : lignes nouvelles inaugurées, matériel retardé
Consécutivement, le réseau à grande vitesse espagnol a gagné 2 nouvelles sections. Au nord-ouest du pays, la section Venta de Baños – Burgos, longue de 86,5 km continue de rapprocher le Pays Basque de la capitale. Le gain atteint environ 35 minutes entre Bilbao et Madrid, désormais reliées en 4h28.
Comprenant 12 viaducs et 2 tunnels, cette section est pour l’instant dotée d’une seule voie, mais elle est théoriquement apte à 350 km/h et équipée en ERTMS niveau 2. Une installation de changement d’écartement a été érigée à Burgos Rosa Manzano pour que les trains puissent poursuivre leur trajet sur le réseau classique à voie large.
A l’ouest cette fois-ci, la section de 146 km entre Plasencia et Badajoz a été elle aussi ouverte aux circulations commerciales. Elle constitue la première réalisation d’une future liaison entre l’Espagne et le Portugal. Il ne s’agit pas encore d’une ligne à grande vitesse, car la ligne a été établie à voie large, les traverses pouvant accueillir un 3ème rail pour le passage à l’écartement standard. La vitesse est limitée à 200 km/h et seuls des rames S730 bimodes peuvent y circuler puisque le parcours ne sera – selon ADIF – électrifié que l’année prochaine, peut-être de façon simultanée avec la section Plasencia – Peñas Blancas, longue de 125 km. Elle procure tout de même un gain de 51 minutes entre Madrid et Badajoz. Enfin, le génie civil est toujours en cours de réalisation de Plasencia à Merida, tout comme la jonction passe-Merida.
Au-delà, il faut aussi signaler la mise en service en avril dernier du raccordement de Bobadilla autorisant des liaisons directes entre Grenade et Malaga. L'achèvement de la ligne à grande vitesse Alicante - Murcie est prévu pour la fin de cette année. De Murcie à Almerias, les travaux battent leur plein, avec notamment la création d'un tunnel traversant Murcie, incluant la nouvelle gare.
Si le développement des infrastructures se poursuit, la RENFE exprime son courroux au constructeur espagnol Talgo car les nouvelles rames Avril série S106 accusent un sérieux retard qui ne permet pas la mise en œuvre des nouvelles dessertes, que ce soit sur les sections nouvelles ou par le renforcement de l’offre sur les lignes à grande vitesse existantes. Même chose pour les 13 rames S107 issues de la transformation de coupons Talgo Trenhotel.
Aussi, le service sur la ligne de Burgos est léger puisqu'il comprend 2 allers-retours Alvia (à 250 km/h) depuis Madrid respectivement vers Bilbao et Saint Jacques de Compostelle, et un cinquième (AVE à 300 km/h) limité à Burgos. Y transite également une liaison transversale vers Barcelone.
En Extramadures, des liaisons directes Madrid - Lisbonne seraient envisagées pour décembre 2023, toujours en utilisant les S730 : aujourd'hui, il faut plus de 11 heures et changer 3 fois de train pour relier les deux capitales. Autant dire que l'avion a encore de beaux jours devant lui...
Au sud, la RENFE n'engage que 2 allers-retours Grenade - Murcie, qui ne peuvent desservir Antequera, car la gare n'est pas encore raccordée au réseau électrique (défrayant la chronique locale).
Madrid ouvre le tunnel AVE Chamartin - Atocha
Et de 3 ! Après l'ouvrage historique dit de Recoletos, après son doublement par la plaza del Sol, tous deux au bénéfice des Cercanías de Madrid et établis par conséquent à voie large, la capitale espagnole dispose depuis le 1er juillet d'une nouvelle liaison ferroviaire nord-sud entre les gares de Chamartin et de Atocha, mais à écartement standard cette fois-ci. Il est accompagné de la mise à 4 voies de l'accès sud de Madrid, depuis Torrejón de Velasco, afin d'augmenter la capacité et de répartir les circulations selon qu'elles fassent terminus à Atocha ou qu'elles transitent par le nouveau tunnel. D'un coût de 1,1 MM€, l'achèvement de ce tunnel assure donc la connexion de l'ensemble des lignes à grande vitesse espagnoles... mais il reste encore à réaliser la gare souterraine d'Atocha.
RENFE : vers des locomotives polyvalentes pour le fret européen ?
RENFE Mercancías semble s'intéresser au développement du fret entre la France et l'Espagne et à un usage accru de la ligne nouvelle Perpignan - Figueras, prolongée en Espagne par un itinéraire disposant d'un troisième rail à écartement européen. L'opérateur espagnol a lancé un appel d'offres pour disposer en tranche ferme de 12 locomotives compatibles avec les deux écartements, mais quand même plutôt avec changement de bogies. Elles devront être équipés des différents systèmes requis : l'ASFA sur le réseau classique espagnol, le KVB en France, et évidemment ERTMS, au gré du déploiement sur les différentes lignes empruntées. Le marché prévoit une option de 6 engins supplémentaires.
Ces locomotives devraient aussi incorporer un groupe d'autonomie pour les manoeuvres hors zones électrifiées (lignes capillaires, installations embranchées).
RENFE Mercancías donne évidemment des indications sur les performances attendues : avec une vitesse maximale d'au moins 120 km/h et une aptitude à remorquer à au moins 50 km/h une charge de 1800 tonnes en rampe de 18 ‰, l'Euro6000 de Stadler semble en ballotage favorable.
On retiendra donc surtout que l'opérateur historique espagnol souhaite effacer - au moins en partie - l'effet de frontière technique qui persiste encore et constitue une contrainte pour le développement du fret. Pouvoir limiter les changements de locomotives, et donc réduire les temps d'arrêt imposés, au cours du trajet est évidemment un levier d'amélioration de l'attractivité du transport ferroviaire de marchandises. Il faut cependant être pragmatique : les relais-traction existeront toujours, ne serait-ce que pour le respect des cycles de maintenance, ce qui limite la tendance à jouer au rail-trotter, et en raison de la persistance de certaines frontières techniques, liées à l'alimentation électrique et aux systèmes de sécurité et de signalisation. La solution recherchée par la RENFE, avec des bogies différents, reste quand même très basique et ne s'aventure pas dans un matériel à écartement variable, qui serait indéniablement plus efficace, mais probablement plus cher à l'achat et à la maintenance.
Les Rodalies de Barcelone
Après les Chemins de fer de Catalogne, le dernier volet de la série de transportrail consacrée aux transports ferroviaires autour de Barcelone (complétée par une autre à transporturbain, consacrée au métro et aux tramways) aborde les services périurbain assurés par la RENFE sous l'appellation Rodalies Catalunya. Il s'agit d'un vaste RER dont le périmètre va loin, très loin... jusqu'en France. Le contraste est à bien des égards important avec le réseau de Madrid et les investissements annoncés sur toute la décennie témoigne d'un retard certain en la matière, qui se ressent sur la qualité de service, l'information, les gares, le matériel roulant et l'état des équipements.
Mataro - 24 novembre 2021 - Une automotrice Civia quitte la gare sous l'orage. Si ces rames sont assez récentes, l'interface quai-train est médiocre et le confort un peu trop juste pour les voyageurs faisant les plus longs parcours. Les contraintess d'exploitation sont importantes autour de Barcelone du fait de nombreuses sections à voie unique. D'importants investissements vont essayer de rattraper le retard d'équipement et de qualité de service du réseau, mais il faudra probablement au moins une décennie pour atteindre l'objectif. © transportrail
Tout comme le métro ne compte pas parmi les plus efficaces, le réseau suburbain géré actuellement par le couple ADIF-RENFE se situe également dans un entre-deux peu confortable pour l'utilisateur régulier.
Chemins de fer de Catalogne (2) : la ligne du Llobregat-Anoia
Notre second volet consacré aux Chemins de fer de Catalogne s'intéresse logiquement à l'autre réseau au départ de Barcelone : après la voie normale au départ de la plaça de Catalunya, nous roulerons sur de la voie métrique au départ de la plaça de Espanya, avec un trafic un peu moins dense, mais des vocations différentes.
Barcelone - Plaça de Espanya - 26 novembre 2021 - L'ambiance est moins chaleureuse que dans la gare de Catalunya, c'est indéniable. On notera aussi le matériel à plancher haut et les gares à quais bas, qui ne facilitent pas les échanges. Les contrastes sur ce réseau sont plus importants que sur la ligne du Vallès. © transportrail
La dimension urbaine reste prononcée mais l'environnement est assez différent, avec une ligne dans la vallée du Llobregat comprenant de nombreuses zones industrielles, puis une ambiance moins urbaine, plus vallonnée. Le trafic touristique vers le monastère de Montserrat draine un trafic important, qui doit composer avec les contingences de la desserte de la banlieue. Autre singularité de ce réseau : ses trains de marchandises desservant plusieurs sites industriels bénéficiant de l'accès au port de Barcelone.
Enfin, ce réseau est aujourd'hui le centre d'un grand projet urbain des FGC dans Barcelone : l'entreprise va renforcer sa position dans la desserte de la capitale de la Catalogne avec dans un premier temps le prolongement souterrain sur 3,5 km entre la plaça de Espanya et Gràcia, proposant de nouvelles correspondances avec le métro... et l'autre réseau des FGC au départ de la plaça de Catalunya. Comme d'habitude à Barcelone, le tracé s'annonce sinueux. Ce n'est qu'un début car l'extension vers Glòries et Besòs est dans les orientations générales prévue ultérieurement s'annonce toute en courbes et contrecourbes. Ce projet constituerait le sixième grand axe tranversal dans Barcelone après les lignes 1, 5, 9/10 du métro et les deux itinéraires des Rodalies, et le septième en comptant la réalisation du tramway sur Diagonal.
Le dossier de transportrail consacré à la ligne Barcelone - Manresa / Igualada, le métro Baix Llobregat, est en ligne. Bonne lecture !
Madrid : l’interconnexion des LGV en essais
Il y a déjà deux tunnels entre les gares Chamartin et Atocha, à écartement ibérique (1668 mm), très majoritairement pour les besoins des Cercanías de Madrid. Le troisième tunnel de 7 km a été établi à voie normale pour les liaisons voyageurs à grande vitesse. Il s’agit d’interconnecter l’ensemble des lignes espagnoles pour supprimer notamment la correspondance sur les liaisons depuis le nord du pays vers l’Andalousie et l’arc méditerranéen.
A ce projet de base, a été ajouté le quadruplement de 23 km de la ligne Madrid – Séville jusqu’à Torrejón de Velasco afin d’augmenter la capacité en dissociant les circulations entre ceux qui emprunteront le tunnel central et ceux qui continueront de faire terminus à Atocha, ce qui explique – en partie – l’évolution du coût de 356 M€ (en 2008) à 826 M€ aux conditions économiques actuelles.