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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
27 novembre 2022

L'Etat promeut les RER : une diversion ?

S'il fallait trouver le moyen de nous sortir d'une certaine torpeur par ce dimanche humidement automnal, c'est réussi. Dans son nouvel exercice de communication presque directe, répondant aux interpellations de la population par les réseaux sociaux, le président de la République a annoncé son souhait de développer des dessertes RER dans les 10 principales métropoles françaises.

On aimerait y croire mais :

  • la déclaration est complètement orthogonale avec la réalité des ressources disponibles et les pratiques actuelles de gestion du réseau : il faudra investir massivement - environ 2 MM€ par métropole - pour augmenter la performance, la disponibilité et la fiabilité des infrastructures, généraliser la cadence à la demi-heure, proposer une fréquence au quart d'heure sur les axes à fort potentiel, et mettre fin par exemple aux plages de maintenance diurnes, contribuant à la religion du train rare, antithèse du principe fondamental d'un RER ;
  • l'Etat, refusant de prendre en charge les coûts fixes de mise à disposition de l'infrastructure, en reporte le financement sur les opérateurs (et autorités organisatrices) par des péages particulièrement élevés, ce qui va forcément freiner les possibilités de développement des dessertes, d'autant plus que les Régions doivent se conformer à une trajectoire très restrictive d'augmentation des dépenses de fonctionnement (incluant la prise en charge des coûts d'exploitation des trains régionaux) et à une dépendance de plus en plus forte aux seules dotations de décentralisation après la réduction à peau de chagrin de l'autonomie de leurs ressources ;
  • elle est d'autant plus stupéfiante que l'Etat continue d'encourager les projets de voies routières rapides et autres autoroutes, y compris dans les zones urbaines denses : pour une A45 Lyon - Saint-Etienne abandonnée, combien d'autres opérations ont poursuivi leur route ?
  • elle laisse les observateurs d'autant plus interrogatifs que l'Etat tire les ficelles, tout en jouant les vierges effarouchées, et en étouffant donc les collectivités locales (plus de missions mais moins de ressources), avec en point d'orgue le cas francilien : en bloquant toute solution équilibrée pour augmenter les ressources d'Ile-de-France Mobilités, l'Etat - avec la complicité de certains élus Les Républicains cherchant manifestement à régler quelques comptes avec la présidente de Région - force de fait une solution reposant presque exclusivement sur la hausse des tarifs alors que l'offre peine à retrouver un niveau normal ;
  • l'affaire du bouclier tarifaire ferroviaire, innovation de la communication politique de la semaine dernière, piétine les principes de gestion d'une Société Anonyme, pourtant imposés - en partie contre nature - au groupe SNCF par la macronie ;
  • il n'y aura pas de démarche RER réussie si elle n'intègre pas une dimension d'aménagement des territoires périurbains pour éviter l'éparpillement de la population, des activités, des services, bref une planification intégrée transports - urbanisme, avec évidemment une dimension multimodale : croire que la réalisation de RER se limitera à des investissements ferroviaires - déjà considérables - est un leurre puisqu'il faudra aussi des moyens pour les offres de rabattement et de complément, qu'elles soient collectives, partagées ou individuelles.

Enfin, on a l'impression que ce propos essaie de museler les accusations de passivité de l'Etat sur les grands services publics en général et la paupérisation du réseau ferroviaire en particulier (financement des lignes de desserte fine du territoire et stratégie ERTMS en étant deux des meilleures illustrations). Après avoir relancé les grands projets qu'il avait lui-même mis en pause dès l'été 2017, le chef de l'Etat entretient l'impression d'une stratégie dans le sillage des rapports Guillaumat  puis Spinetta : hors des LGV, de la banlieue parisienne et de quelques étoiles autour des grandes villes, point de salut ! D'ailleurs, la déclaration de M. Beaune sur le fret, lors du colloque Objectif OFP, entretient le flou avec son « Je vous ai compris » aux opérateurs fret : au moins, il sait gérer les ambiguïtés en faisant preuve d'une certaine habileté à recycler à propos certaines petites phrases de l'histoire politique...

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Commentaires
T
Il faut pas opposer les territoires ou les échelles de déplacement, une politique des transports doit couvrir les différents échelles de déplacements<br /> <br /> -entre les métropoles avec le tgv et les intercités<br /> <br /> -entre les villes moyennes et pour l'accès aux territoires touristiques avec le TER<br /> <br /> -dans les métropoles avec le RER
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J
La question qui n'est pas posé. Faut-il des "RER Métropolitains" ? Et si oui, jusqu'où et à quelle fréquence ?<br /> <br /> Plutôt que d'encourager les citoyens à aller vivre de plus en plus loin autour des Métropoles déjà surdéveloppeés, grignoter encore davantage d'espace agricole et créer un désert autour d'elles, ne vaut-il pas mieux se concentrer sur le développement des "petites villes" intermédiaires en revitalisant leur centre-bourg, en les densifiant un peu, en améliorant les liaisons TER et en investissant sur les LDFT ? <br /> <br /> Le mouvement des gilets jaunes ne nous a pas suffisamment servi de leçon. Une France à 2 vitesses, celle des Métropoles suréquipées et celle d'un monde rural délaissé et paupérisé, n'est pas viable dans le temps d'un point de vue social et écologique.
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T
l'Etat a abandonné les grands projets comme l'A45 ou l'aéroport NDLL pour 2 raisons<br /> <br /> -avoir la paix sociale<br /> <br /> -faire des économies<br /> <br /> <br /> <br /> Mais surement pas pour investir de manière alternative.....
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B
En octobre 2018, lorsque Elizabeth Borne, alors ministre des Transport, annonce l'abandon de l'autoroute Lyon St Étienne A45, elle annonce aussi le fléchage vers l'amélioration de la ligne ferroviaire des crédits d'Etat réservés à cette autoroute . 4 ans plus tard, des études et travaux ont-ils été engagés grâce à ces crédits ?
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Q
Sachant qu'Emmanuel Macron quittera l’Élysée en 2027 (dans 4 ans et demi), je parie qu'à ce moment-là aucun nouveau RER n'aura été réalisé.<br /> <br /> Et en province, on risque fort d'avoir des RER "canada dry" qui n'auront rien de comparable avec la référence parisienne (deux radiales reliées entres-elle pour les diamétralisées, nombreuses correspondances avec les transports locaux, communauté tarifaire) ...
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T
probable<br /> <br /> De toute façon comme pour les autres sujets ferroviaires, tant qu'on en sera à gérer la pénurie financière en investissement, les maigres projets avanceront au ralentit et les différents acteurs s'auto censureront sur l'ambition et les projets<br /> <br /> <br /> <br /> Comment porter des projets à 2 milliards quand il faut luter avec l'Etat pour qu'il honore ses engagements de quelques millions dans les CPER? <br /> <br /> <br /> <br /> C'est comme les projets de réouverture. Comment les défendre quand on n'arrive même pas à financer la pérennité du réseau existant?<br /> <br /> <br /> <br /> En Suisse, le vote du fond fédéral pour l'infrastructure a permis de faire émerger un grand nombre de projets<br /> <br /> <br /> <br /> En matière de transport public et de financement, faudrait renverser l'étable et on en est loin...<br /> <br /> <br /> <br /> Alors la déclaration de Mr Macron sur youtube....comment dire?Une de plus.....
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A
J'imagine donc que d'ici quelques heures on aura de nouveau droit à la com de Mr Bertrand et Dhersein que l'on nous sort sur le RER Lillois depuis 20 ans...bon en attendant dans le région Lilloise le plan des voies n'a pas changé depuis 60 ans et la ceinture par Délivrance ne voit toujours pas de voyageurs alors n'attendons rien d'exceptionnel dans les actes
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T
Bonjour .Tout à fait d'accord avec TATOOUIN !<br /> <br /> Mais il faudrait aussi électrifier Toulouse - Villefranche de Rouergue et Bordeaux Jonzac, Clermont-F. Issoire , etc.<br /> <br /> Quel matériel ?<br /> <br /> Signé Tef Travapeur.
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T
Si on raisonne en nb de voyageurs on répondra toujours non car les projets de métro ou tramways transporteront sûrement plus de monde mais sur des distances plus courtes<br /> <br /> <br /> <br /> Si on raisonne en voyageurs*km ça peut être différent<br /> <br /> <br /> <br /> Mais les projets urbains et périurbains doivent rester complémentaires et ne pas être opposés.On à lis 1 milliard sur le RER de Genève ,ils auraient pu choisir de faire 3 lignes de tramway à la place…<br /> <br /> <br /> <br /> Après pour vous rassurer j’ai l’impression que des projets de RER à la Suisse ou a l’Allemande ne sont pas prêt de sortir..Ils n’ont été étudiés nul part et lorsqu’on étudie des gares souterraines ,c’est pour les TGV (Lyon,Marseille) et à Lille il y a un projet de ligne souterraine mais sans gare dans le centre ville….<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a aussi une 1ere étape qui peut être faite comme l’augmentation de capacité en ligne,ça servira toujours
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T
Sur Lyon, le tracé idéal en souterrain serait un axe Part Dieu-Bellecour-Perrache étudié en son temps par SMA<br /> <br /> <br /> <br /> Reste à voir comment on peut se raccorder en surface et à passer sous le réseau de métro en même temps<br /> <br /> <br /> <br /> C'est surement pas simple
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T
les clés du succès sont connues depuis longtemps<br /> <br /> -intégration tarifaire<br /> <br /> -offre cadencée à la 1/2H sur le périurbain et au 1/4h en frange d'agglomération dans la zone la plus dense<br /> <br /> -amplitude horaire<br /> <br /> <br /> <br /> Après une section souterraine traversant la ville permet quand même un saut qualitatif inégalable en apportant les avantages suivants<br /> <br /> -faciliter les correspondances avec le réseau urbain en offrant plusieurs points de connexion rapides (on a accès à toute la ville avec 1 correspondance)<br /> <br /> -visibilité du réseau régional<br /> <br /> <br /> <br /> Et quelques autres avantages non négligeables<br /> <br /> -désaturation de la gare centrale<br /> <br /> -désaturation de certaines sections du réseau urbain(par exemple entre le centre ville et la gare centrale )
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D
Nein, la traversée de la ville n'est pas une règle absolue, même à Munich (S1).<br /> <br /> À Karlsruhe, il ne s'agit pas officiellement de S-Bahn, mais de Stadtbahn (métro léger), malgré la confusion volontaire causée par le choix du symbole d'un S-Bahn (S blanc sur disque vert). D'accord, le service offert relève plutôt du type S-Bahn.
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D
C'est sûr que la question des infrastructures (et de leur financement) va se poser en premier, mais si on veut assurer le succès des trains, il faudra réfléchir à une intégration tarifaire...
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C
Un S-Bahn en Allemagne n’est pas synonyme de fréquence extrême. Le réseau du Rhein-Neckar (Mannheim), a des S-Bahn cadencé à l’heure, idem pour certaines lignes de Karlsruhe. Je pense que la définition en Allemagne s’inscrit dans le type de service (ICE, IC, RE, RB…), c’est à dire un train local (omnibus), traversant la ville (ce qui n’est pas le cas du transilien). <br /> <br /> Le plus important c’est que le réseau soit identifiable (lignes numérotés, sur un plan visible et multi-modal), intégré à la tarification urbaine, et avec un train spécifique et identifiable (soit par le modèle, ou juste par la livrée). Faire cela en France serait déjà énorme. Après bien sûr, 2MM€ par grande métropole serait plus que bienvenu ! <br /> <br /> <br /> <br /> À Strasbourg, une première étape va commencer, mais j’ai peur que l’impact ne soit pas très important. J’ai pas vraiment vu de vrai plan, comme dans les Hauts-de-France par exemple.<br /> <br /> <br /> <br /> Le coût est aussi un problème : exemples à Strasbourg :<br /> <br /> -Hoenheim gare-Strasbourg (~8 min) 2,9€ (contre 1,8€ par le tram) <br /> <br /> -Krimmeri-Strasbourg (~5 min) 2,9€ contre 2,7€ pour la suite de la ligne entre Kehl et Offenbourg (~20 min) en Allemagne<br /> <br /> Et les exemples sont sans doute encore nombreux.
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D
Une belle déclaratiojn d'intention. on ne peut qu'être d'accord.<br /> <br /> <br /> <br /> RER, ça parle. Mais c'est quoi un RER ?<br /> <br /> Pour un Francilien, c'est très simple, un RER c'est ce qui roule en tunnel sous le centre de Paris. A partir de F, ce n'est plus du RER.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais faut-il un tunnel pour faire un RER ? En Allemagne des "S-Bahn" n'en n'ont pas (cf. Cologne par exemple) ou n'en n'ont pas eu pendant longtemps (cf. Hambourg).<br /> <br /> Y a-t-il un cahier des charges qui permette de définir ce qu'est un RER et ce qui ne l'est pas ?<br /> <br /> Est-ce simplement la promesse de la qualité d'un service fréquent, ce qui peut exiger des investissements en infra, maus pas forcément un tunnel ?<br /> <br /> <br /> <br /> Pour prendre un exemple atypique, les élus lorrains rêvent d'un RER Nancy-Metz-Thionville(-Luxembourg). Comme je ne pense pas qu'ils soinet assez inconscients pour imaginer des stations sous la place de la République à Metz et sous le Point Central à Nancy, qu'est que l'appellation RER changerait ? Un cadencement plus strict ? A voir.
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T
Malheureusement,il est à craindre que cela ressemble fortement aux déclarations précédentes sur le sauvetage des petites lignes, la relance des trains du quotidien....<br /> <br /> <br /> <br /> de la com, peut-être un projet drapeau et derrière le vide et la réduction des financements déjà très insuffisants<br /> <br /> <br /> <br /> Combien l'Etat a perdu avec la remise sur le carburant qui n'a fait que repousser l'échéance, et freiner l'évolution des comportements....?
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F
Il est a craindre que ce soit l'occasion d'un éclatement du cadre et du réseau national, des partenariats privés publics, de mises en concurrence etc etc.
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