Interrogé par France Info sur le prix des billets de trains, le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou a répondu en considérant que le problème n'était pas le prix du train que celui - anormalement bas selon lui - de l'avion, en l'absence de taxation sur le carburant, alors que le train supporte l'ensemble de ses coûts. Il a ainsi plaidé en faveur d'une fiscalité sur le kérosène qui rectifie cet écart en intégrant la dimension environnementale dans le coût du billet d'avion. (A ce sujet, voir le dossier de transportrail sur ce sujet)

Il n'en fallait pas tant pour que le grand défenseur du transport aérien - logique pour un ancien pilote de ligne - monte au créneau, rappelant à M. Farandou « qu’aucun gouvernement n’avait autant investi dans le ferroviaire ». Le nouveau couplet d'auto-satisfaction gouvernementale semble tomber à l'eau, car les avis sur le projet de nouveau contrat Etat - SNCF Réseau sont plus que sévères étant donné qu'il n'assure nullement l'intégrité du réseau et continue d'être largement sous-dimensionné par rapport aux besoins. L'Union des Transports Publics - dont la SNCF est un membre de premier plan - a récemment revendiqué un besoin d'investissement de 6 MM€ par an pour renouveler l'infrastructure ferroviaire, alors que l'Etat envisage de ne consentir au mieux que 2,8 MM€ par an... et encore, en euros courants.

On rappellera aussi que la SNCF n'a toujours pas été compensée à la mesure de ses pertes pour les confinements successifs de 2020 et du premier semestre 2021, alors que l'Etat a volé au secours d'Air France dans des délais pour une fois extrêmement réduits.

M. Farandou a implicitement reçu une forme de soutien de certains représentants syndicats, comme M. Villedieu de Sud-Rail : « j'avais cru comprendre que nous avions un ministre et un gouvernement qui essaient de faire la promotion des transports écologiques. Et aujourd'hui, l'écologie passe par le train pour les déplacements en France. J'attendrais de la part du ministre qu'il fasse la promotion du train ». Il est vrai qu'on a toujours autant de mal à comprendre la ligne politique de M. Djebbari, omnubilé par le train léger - et à hydrogène - pour les lignes de desserte fine du territoire, alors que la priorité doit aller aux investissements sur l'infrastructure, au développement des dessertes et aux emplois dans l'ensemble de la filière ferroviaire (sans compter que le matériel roulant régional n'est pas une compétence dévolue à l'Etat). Le gouvernement ferait mieux de se poser des questions sur son rôle d'autorité organisatrice sur les lignes classiques et de mettre à plat le modèle économique des liaisons longue distance (notamment sur les liaisons province-province), aujourd'hui essentiellement aux risques et périls de la SNCF, confortant une approche malthusienne.

C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on pourrait adresser en réponse à M. Farandou : son propos serait encore plus fort si les dessertes TGV renouaient avec leur niveau d'avant mars 2020, ce qui n'est toujours pas le cas. Les taux de remplissage élevés des trains sont d'abord la conséquence d'un service encore partiellement assuré, et ensuite l'expression d'une demande plus importante. Il manque encore, selon les axes, entre un quart et la moitié de l'offre. Conséquence de l'absence de compensation des confinements ? C'est d'autant plus nécessaire que le président de la SNCF rappelle dans le même entretien sa volonté de doubler le trafic voyageurs dans le courant de la décennie...