Le discours du Premier Ministre en cloture du congrès de Régions de France à Montpellier, jeudi 30 septembre, n'a pas été digéré. C'est un classique depuis quelques années : M. Jean Castex ne fait pas mieux que son prédécesseur, M. Edouard Philippe, qui avait hérissé les poils des élus régionaux, amenant en 2017 M. Philippe Richert, alors à la tête de la Région Grand Est et de l'association, à remettre sa démission alors que le locataire de Matignon n'avait pas encore fini son discours ! Les congrès passent et le fossé continue de croître. Le communiqué de presse publié par Régions de France est sans équivoque : « Les Régions ne partagent pas la même vision de la réalité du pays ».

On pourrait croire d'abord à un clivage politicien entre un Premier Ministre de droite et des élus régionaux plutôt à gauche (Mme. Carole Delga en tête), mais non : nous ne sommes pas dans une - mauvaise - pièce de boulevard avec amant sous le lit, maîtresse dans le placard et portent qui claquent. Ce n'est pas un quiproquo, c'est une profonde incompréhension. La « leçon de responsabilité » infligée par le Premier Ministre ne passe pas : elle a été perçue comme une « humiliation » selon les mots de certains présidents de Régions. Le discours avec toujours plus de verticalité quand les Régions parlent de confiance témoigne de la persistance de cette crispation qui aura certainement été l'une des marques de fabrique de ce quinquennat. D'autant que si on liste toutes les missions transférées aux Régions depuis 1982 (à partir de la loi Defferre), on pourrait se demander si l'Etat n'et pas lui-même irresponsable à confier - parfois sans ressources - des compétences supplémentaires à des collectivités qu'il critique aussi vertement.

Sur le fond, l'Etat se raccroche aux branches : le projet de loi de finances 2022 prévoyait un nouveau rabotage des dotations de 177 M€, qui a été finalement ramené à 50 M€. Se réfugiant derrière la discussion parlementaire sur la nouvelle loi de décentralisation (dite 3DS pour Déconcentration, Décentralisation, Différenciation, Simplification), le Premier Ministre a eu du mal à convaincre, les Régions considérant le texte comme une coquille vide. Comme à Toulouse au début de la semaine, la question des transports, et notamment de la compensation des conséquences des restrictions de 2020-2021 pendant la crise sanitaire, a été l'un des irritants de la journée : le « quoi qu'il en coûte », s'il est terminé, s'est révélé particulièrement sélectif.

Et tout ceci alors que l'enquête de l'Institut Jean Jaurès, présentée lors du Congrès, montre que les français font plus confiance aux collectivités locales qu'à l'Etat pour gérer les politiques publiques et l'aménagement du territoire.

Un Conseil extraordinaire de Régions de France devrait avoir lieu dans le courant de l'automne pour définir une position commune pour essayer de peser dans la campagne présidentielle qui débute, déjà...