On pourrait le croire en lisant le site du projet. La mise à voie normale de 5,44 km de ligne entre Bulle et Broc a débuté avec l'arrêt de l'exploitation des trains à voie métrique le 5 avril dernier, et au moins jusqu'en fin d'année 2022. Les objectifs sont multiples :
- prolonger à Broc les trains de la mission Berne - Bulle pour soulager le plan de voies dans la perspective de la généralisation de la cadence à la demi-heure sur les 4 lignes autour de Bulle ;
- optimiser les coûts fixes par la fusion des exploitations ;
- supprimer la correspondance depuis Berne pour rejoindre la chocolaterie Cailler qui attire 400 000 visiteurs par an, avec l'espoir d'augmenter l'usage du train dans ce but ;
- faciliter le retour du trafic de marchandises sur les rails depuis cette chocolaterie bien connue.
En décembre 2020, une partie de la ligne de Bulle à Romont, jusqu'à Planchy, a été mise à double voie pour améliorer le débit.
L'opération prévoit l'aménagement d'une section à 3 files de rails, car la ligne de Montbovon reste elle à voie métrique : il faudra aussi une alimentation commutable puisque la mise à voie normale entraîne évidemment le recours au 15 kV, alors que la ligne de Montbovon reste en 900 V continu. La conversion entraîne aussi la reprise du tracé entre Broc - Village et Broc - Fabrique pour adapter la pente et le rayon de courbe à la voie normale.
Broc - 12 juillet 2018 - L'ABe 103 vient de quitter Broc-Fabrique : on aperçoit l'usine en arrière-plan. L'investissement important consenti semble être aussi le moyen de contrer la tentation du groupe Nestlé de se passer de ce site. © A. Knoerr
La transformation de la ligne Bulle - Broc des Transports Publics Fribourgeois intègre aussi la reconstruction de la gare de Bulle, devenue trop petite et non compatible avec les dispositions de mise en accessibilité des équipements publics. Engagés à l'automne 2019, les travaux doivent être achevés en décembre 2022. La halte de La Tour de Trême sera déplacée pour pouvoir admettre les trains plus longs dans le respect des normes d'accessibilité.
Le coût de cette opération financée par la Confédération atteint 89 MCHF. Que ne ferait-on pas pour les amateurs de chocolat ?
1) permettre la desserte marchandise de l'usine Cailler (qui entre-temps a arrêté d'être desservie par le rail...)
2) améliorer les roulements, pour simplifier l'exploitation. (cf. plus bas)
3) augmenter "artificiellement" le taux de couverture de la ligne Bulle-Broc (ie : part des coûts d'exploitation couverte par les recettes de la billetterie), en optimisant les roulements et en intégrant cette courte portion dans la ligne Berne-Bulle. Donnée importante car quand le taux de couverture est inférieur à 30%, l'Office fédéral des transports commence à râler, et demande à ce que des solutions soient trouvées pour augmenter le taux de couverture. Ce qui peut aller, dans les cas extrêmes, jusqu'au passage du rail à la route, pour diminuer les coûts d'exploitation.
Concernant le point 2, actuellement à Bulle, il y a 4 lignes ferroviaires qui arrivent/partent de cette gare.
d'un coté de la gare : vers Romont (voie normale) et Palézieux (voie métrique).
de l'autre : vers Broc (voie métrique) et vers Montbovon (voie métrique),
Avec le passage à la cadence semi-horaire sur chacune de ces lignes, la ligne Montbovon - Bulle - Palézieux sera entièrement "diamétralisée". Restera les lignes (Berne-Fribourg-)Romont-Bulle et Bulle-Broc, qui sans conversion seraient terminus à Bulle. Prolonger les liaisons en provenance de Romont jusqu'à Broc permettra donc d'optimiser les roulements, en diamétralisant aussi les liaisons Romont-Bulle-Broc.