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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
6 mars 2021

Hydrogène : une expérience autour d'Auxerre

Après Auvergne - Rhône-Alpes, c'est au tour de la Région Bourgogne - Franche-Comté de se lancer dans l'aventure du train à hydrogène avec l'acquisition de 3 Régiolis bimode électrique-hydrogène pour un montant - toujours aussi salé - de 52 M€. Ces rames seront engagées autour d'Auxerre, vers Corbigny, Avallon et Dijon via Laroche-Migennes. La station de production d'hydrogène sera mutualisée avec le réseau d'autobus d'Auxerre, où 5 autobus munis d'une pile à combustible vont être acquis.

Sur Auxerre - Dijon, les trains circuleront sous caténaire, donc on peut logiquement supposer qu'ils rouleront pantographe levé : l'hydrogène n'est ici d'aucun intérêt. Seuls les 21 km entre Laroche-Migennes et Auxerre seront parcourus en traction électrique autonome en utilisant les piles à combustible fonctionnant à l'hydrogène. Au sud d'Auxerre, l'engagement de Régiolis de 220 places apparaît objectivement surdimensionné pour assurer des dessertes en zone rurale.

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Auxerre - 5 janvier 2014  Arrivée d'un TER en provenance de Paris, assuré en AGC bimode, ayant circulé en mode électrique de Paris à Laroche-Migennes. La capacité de ces trains est devenue insuffisante entre Paris et le nord de l'Yonne : engager des trains à 2 niveaux aurait permis d'augmenter le nombre de places offertes à nombre de circulations constant, moyennant une électrification relativement simple sur 21 km. Mais d'autres choix ont été préférés... © transportrail

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Fontainebleau - 28 février 2021 - Vu depuis le point de vue de la Croix du Calvaire dans la forêt de Fontainebleau, ces 2 AGC sur un Auxerre - Paris franchissent le viaduc dit de Changis. Avec les 3 rames à hydrogène, le devenir de ces relations est incertain. Dommage pour les auxerrois qui se consoleront peut-être en ayant la satisfaction de rouler dans un train à hydrogène sur 21 km avant de faire leur correspondance... © transportrail

L'acquisition de ces 3 rames est d'un coût assez voisin de celui qui était présenté pour électrifier par caténaire les 21 km de Laroche-Migennes à Auxerre (hors renforcement de puissance sur l'axe Paris - Dijon), opération qui aurait permis l'utilisation de rames plus capacitaires sur les trains Paris - Auxerre, de sorte à augmenter la capacité d'emport sur le parcours Paris - Nord Yonne, où les rames Corail arrivent en limite. Les AGC offrant au maximum 660 places en UM3, auraient ainsi été redéployés. Or la Région a préféré choisir son matériel en fonction de l'implantation géographique du constructeur plutôt que des besoins de service : ainsi, des Régiolis 6 caisses électriques ont été commandés pour remplacer les Corail sur l'axe Paris - Dijon - Lyon. Initialement, des Régio2N étaient prévus. A tout le moins, électrifier Laroche-Migennes - Auxerre aurait éventuellement rendu possibles des compositions bitranches avec un même type de matériel et à un coût complet probablement mieux maîtrisé.

Le schéma qui se dégage n'assure pas le devenir de la liaison directe Paris - Auxerre - Morvan avec la perspective de correspondances généralisées à Laroche-Migennes. Les élus auxerrois sont-ils au courant ?

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4 mars 2021

LNMP : ne pas confondre vitesse et précipitation

La Région Occitanie accroît, à l’approche des élections régionales, sa pression sur l’Etat pour lancer le projet de ligne nouvelle de Montpellier à Perpignan. Cependant, bon nombre de questions doivent être examinées voire repensées car en l’état actuel, plusieurs points restent à clarifier.

carte-LNMP

Phase 1 : peu de débats ?

La section Saint Jean de Védas à Villeneuve lès Béziers semble plutôt consensuelle : elle sera accessible côté Montpellier tant depuis la ligne classique que depuis CNM. Elle ne comprend pas de gares nouvelles et est conçue dans la perspective d’une desserte de Béziers par la gare existante.

A priori, elle pourrait être utilisée par un grand nombre de circulations : le fret évidemment, les liaisons à grande vitesse (TGV et AVE)… mais reste une inconnue quant aux TET en fonction des choix de matériels roulants qui seront décidés à court terme pour remplacer les rames Corail.

Le gain de temps de la phase 1 serait de 18 minutes

Phase 2 et les gares nouvelles de Béziers et Narbonne

La section de Villeneuve lès Béziers à Perpignan serait une ligne à grande vitesse dédiée aux circulations de voyageurs, avec un double raccordement à hauteur de Rivesaltes pour la desserte de la gare de Perpignan (par les trains de voyageurs) et un évitement de cette dernière (pour le fret). Un rude coup pour le centre du monde !

Le gain de temps serait porté à 27 minutes pour les circulations vers Toulouse et à 39 minutes pour celles vers Perpignan. Les liaisons Toulouse – Perpignan gagneraient pour leur part 16 minutes… mais dans les trois cas, il faut prendre garde aux hypothèses de desserte.

L’emplacement de la gare biterroise n’est pas en connexion avec la ligne classique mais… l’autoroute. Argument avancé : une population desservie plus importante. Mais le serait-elle mieux ? Une double desserte – par la gare existante et une gare nouvelle – comme envisagé est-elle un gage d’efficacité ? L’exemple de Nîmes et de Montpellier génère suffisamment de critiques pour qu’il soit permis d’être perplexe sur les arguments avancés. Pourtant, le faisceau réservé pour cette éventuelle gare, prévue en phase 2 du projet, vient sur sa pointe sud-ouest à proximité de la ligne existante à Villeneuve lès Beziers… Il y aurait donc a minima moyen de trouver un compromis permettant la réalisation d’une gare nouvelle sur LNMP et sur la ligne classique.

La gare narbonnaise serait en revanche connectée au réseau existant, mais sa position s’avère un peu contrainte : elle ne pourrait être desservie que par des trains de la branche Perpignan / Espagne. Pour les trains transversaux, le rebroussement neutraliserait une bonne partie du gain obtenu par la ligne nouvelle.

L’organisation de la desserte des villes languedociennes est donc un élément décisif dans la phase 2. La desserte de Narbonne sur les trains transversaux, via la gare existante, impliquerait l’emprunt de la ligne classique jusqu’au nord de Béziers. La ligne nouvelle servirait donc essentiellement aux liaisons Nord-Sud. C’est aussi ce qui motive certaines demandes de mixité de circulation au moins jusqu’à Narbonne, voire sur la totalité du parcours.

LNMP et le matériel roulant sur les transversales

Pour la liaison Bordeaux – Marseille, le renouvellement des voitures Corail est prévu en option du marché des automotrices Confort 200. Moyennant un équipement ERTMS, elles pourraient circuler dans l’absolu sur CNM et sur la phase 1 de LNMP. Au sud de Béziers, leur vitesse maximale de 200 km/h s’avèrerait un handicap pour circuler en mixité avec des trains à 320 km/h. Il en est de même sur d’autres lignes nouvelles existantes (LGV Méditerranée entre Manduel et Marseille pour desservir Avignon et Aix en Provence au potentiel bien supérieur à celui de l’actuelle desserte d’Arles) ou en projet (section Bordeaux – Toulouse de GPSO). Il en eut été tout autrement si les nouvelles rames TET avaient été aptes à 250 km/h. Si Bordeaux – Marseille est équipée en Confort 200, alors la relation restera cantonnée pour l’essentiel aux lignes existantes.

Pour emprunter les lignes nouvelles, le seul horizon serait du matériel apte à 320 km/h, mais la SNCF est « enfermée » dans le modèle de la rame Duplex, avec une porte pour 80 voyageurs en moyenne, peu adapté pour une desserte comprenant 10 arrêts sur un trajet de près de 700 km (sans compter la récente annonce d’un retour de la desserte jusqu’à Nice). Qui plus est, la capacité de ces rames n’est pas suffisante pour absorber le trafic de cet axe : les rames Oceane affichent 558 places soit 100 de moins que les compositions Corail actuelles (dommage de faire un UM2 avec du matériel aussi coûteux à la place). La nouvelle génération de TGV pourrait-elle être une réponse sans dégrader le niveau de confort ? Potentiellement plus capacitaire avec une voiture - donc une porte - de plus, il ne changera qu'à la marge le sujet assez prégnant de la rapidité des échanges. En comparaison, le Confort 200 propose 1 porte pour 42 places : mais avec 420 places, le recours à l'unité multple serait assez systématique avec des interrogations (comme pour les TGV) sur les performances en UM2 du fait des performances des installations électriques sous 1500 V.

Fait nouveau, l’Etat étudie la création de nouveaux TET Lyon – Toulouse dont on peut s’interroger sur la pertinence puisque – hormis Avignon – toutes les agglomérations sont déjà desservies par les 4 allers-retours de TGV proposés sur cette liaison. De quoi encore un peu plus poser la question du « bon » matériel roulant sur la « bonne » infrastructure...

3 mars 2021

Intercités Eco, le retour ?

Dommage que la plupart des administrations soient en télétravail, car cette annonce devrait assurément animer les conversations de couloir - et autres plus officielles n'en doutons pas - au Ministère des Transports.

Quelques jours après la révélation par Mobilettre des réflexions de l'Etat pour de nouveaux Trains d'Equilibre du Territoire, le même média (décidément) annonce que la SNCF planche sur la création de nouvelles liaisons de type Intercités Eco, à son propre compte, en utilisant des voitures Corail des parcs subventionnés des TET et des TER. Au départ de Paris, ces trains rejoindraient Bordeaux, Nantes, Rennes et Marseille dès 2022 et une liaison Lyon - Nice serait ajoutée l'année suivante.

Il s'agit - pour faire simple - de la renaissance des Intercités Eco, qui avaient été créés au départ de Paris vers Toulouse, Strasbourg, Grenoble et Nantes et qui ont finalement été arrêtés. Ce revirement de situation est présenté par la SNCF comme un moyen d'attirer un maximum de clientèles pour contrer l'érosion de trafic provoquée par la crise sanitaire (presque moitié moins de trafic en 2020 et 2021 démarre laborieusement) mais apparaît aussi comme un signal envoyé à des candidats en open-access. Il y a peut-être un peu de l'effet Railcoop... mais aussi une réponse aux annonces de Flixtrain, qui n'ont pas été suivies d'effet, tant pour des questions de péages d'accès au réseau que par la survenance de la crise sanitaire.

Reste qu'à force de miser sur des voitures plus que quadragénaires, la SNCF se cantonne dans des actions à court terme... et à la visibilité limitée : on ne connaît pas encore la consistance des dessertes étudiées mais il y a fort à parier qu'elle sera limitée à quelques circulations par axe, et peut-être pas forcément tous les jours.

Quant aux voyageurs, la démultiplication des produits d'un même opérateur n'est pas nécessairement un facteur contribuant à la lisibilité de ses offres. Alors que le président de la SNCF veut simplifier la grille tarifaire pour rendre plus attractif le train (-48% de fréquentation sur les TGV en 2020), la (re-)création d'un produit de type Intercités parallèle a de quoi quand même poser question sur les modalités, beaucoup plus que sur le principe, qui lui semble plutôt cohérent pour capter une clientèle moins sensible au temps de parcours qui, en temps ordinaires, privilégierait le covoiturage et les autocars.

Post-scruptum

La SNCF a notifié à l'ART le 11 juin ses projets avec :

  • 3 allers-retours Paris - Lyon desservant Melun, Dijon, Chalon sur Saône, Mâcon, Lyon Vaise et Lyon Perrache en 5 heures, dont 2 au départ de Paris-Bercy (qui desserviraient Villeneuve Saint Georges) et le dernier au départ de Paris-Austerlitz (avec arrêt à Juvisy) ;
  • 3 allers-retours Paris - Nantes dont 2 via Les Aubrais, Blois, Saint Pierre des Corps, Saumur et Angers en 4h45, et le dernier par un étonnant tracé desservant Chartres, Le Mans et Angers, mais amorcé lui aussi à Paris-Austerlitz, donc utilisant la Grande Ceinture avec en prime arrêt à Juvisy, Massy-Palaiseau et Versailles-Chantiers, en 4h10.

La desserte de gares franciliennes est manifestement destinée à capter une clientèle sans lui imposer comme d'habitude un parcours d'approche via les gares centrales intramuros, mais cette idée n'est pas sans contraintes, liées à la longueur des quais (notamment pour des longueurs de 208 m limitant à 7 voitures les compositions).

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