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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
7 décembre 2020

VGE et le TGV : une certaine ambiguïté

Le décès de l'ancien Président de la République Valéry Giscard d'Estaing a été l'occasion ces derniers jours d'évoquer le TGV, construit durant sa présidence. Cependant, il convient de rétablir quelques repères historiques.

Au début des années 1970, il faisait partie des opposants au projet : ministre des Finances sous les gouvernements de MM. Chaban-Delmas et Messmer, il demandait à la SNCF de s'occuper de son déficit avant de se lancer dans des projets jugés ruineux. Il rejoignait évidemment Air Inter, l'influent Marcel Dassault ou encore la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon et - plus surprenant - la DATAR (Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale). Pourtant, le rapport Coquand (en 1971) et Le Vert (en 1973), confirmaient l'intérêt économique du TGV, projet de transport le plus rentable de tous ceux élaborés depuis 1945. L'influence de Jean Bertin sur le ministère des Finances et celui de l'Equipement était réelle et se traduisait aussi par une petite mesquinerie ferroviaire : il fut interdit au TGV001 de battre le record du monde de vitesse de 1955 (il se limita à 318 km/h)...

Le projet de liaison à grande vitesse entre Paris et Lyon fut inscrit au Conseil Interministériel du 5 mars 1974 puis au Conseil des Ministres du 6 mars 1974, l'un des derniers présidé par Georges Pompidou, dont l'état de santé n'était plus un mystère que pour ceux qui ne voulaient plus le voir, sous l'action influente de la SNCF qui craignait d'une victoire de VGE ne relègue le TGV aux oubliettes. A l'époque, la star, c'était l'aérotrain. Après son élection, VGE tenta de reprendre le dossier pour l'enterrer (comme il le fit d'ailleurs pour le RER). Jacques Chirac, alors à Matignon (mais ça n'allait pas durer !), valida le 12 février 1976 le marché relatif à l'acquistion des rames TGV en traction électrique et signa le 23 mars 1976 la déclaration d'utilité publique du projet Paris - Sud-Est. 

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Commentaires
V
je trouve que le bashing vis à vis de VGE concernant sa position vis à vis du TGV est quand même assez exagéré. Finalement, c'est quand même sous son mandat que le projet a été signé en conseil des ministres et je ne vois pas d'action particulièrement hostile au rail. Par contre, il est clair qu'il n'y a pas de vision particulière concernant le train et son rôle structurant dans les transports français. Il n'était finalement pas plus mauvais que ses prédécesseurs ni ses successeurs.<br /> <br /> C'est en effet à partir de 1980 que le réseau ferroviaire français a entamé sa lente dégradation. On oublie aussi de dire que depuis 1980, le prix de l'essence a baissé. Plus exactement, il a augmenté deux fois moins vite que l'inflation en moyenne. C'est sur cette période que le prix du transport routier a beaucoup baissé tandis que celui du train poursuivait son augmentation en suivant l'inflation. <br /> <br /> De transport populaire et abordable, le train est devenu une forme de luxe, renforcé par la raréfaction des lignes desservies. Au contraire, l'automobile est devenue le moyen de transport des masses appauvries. Inverser la tendance me semble très difficile désormais. <br /> <br /> Si VGE a été mauvais, les suivants ont été pires.
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O
Assez injuste de ne pas créditer le TGV à VGE. Des choix décisifs sont faits sous son mandat et sa supervision, et il tranche contre l'Aérotrain -- ce qui lui vaut à l'époque de fortes accusations de has-been. Il s'intéresse beaucoup plus au projet que Mitterrand d'ailleurs. Pas très important que VGE ait manqué d'enthousiasme.<br /> <br /> <br /> <br /> En revanche son mandat échoue à donner une stratégie claire au TGV, entre grande vitesse point-à-point et substitut de maillage local. D'où les effets catastrophiques : de nouveau un schéma en étoile autour de Paris, et puissant marketing local pour exiger une marque TGV même dégradée au détriment d'un système ferroviaire efficace.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur cet aspect, VGE partage la responsabilité avec Mitterrand. Seul Rocard commencera à s'intéresser à la pertinence d'un schéma (en sortant malheureusement le mauvais).
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D
Je n'ai pas la preuve de ce que j'avance, mais j'ai entendu dire de source fiable que VGE aurait refusé la proposition de la SNCF de faire une cérémonie d'inauguration anticipée avant l'élection de 1981.<br /> <br /> Si ce n'est pas vrai, cela reflète en tout cas que le monde ferroviaire le considérait comme toujours hostile au TGV, avec lequel il ne voulait avoir aucun lien.
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B
Merci pour tout ces rappels historique . Et, oui, comme dit Chalvet, incompréhensible que la SNCF s' investisse dans l' hyperloop.
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T
Encore pire...<br /> <br /> Entre les deux!!!!
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T
Autant pour moi pour chaban....<br /> <br /> <br /> <br /> Mais vge étant arrivé au pouvoir après le 2ème choc pétrolier il aurait pu avoir une vision de la société et du développement moins dépendant à la voiture....
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N
Je suis assez d'accord pour dire que l'aérotrain est une ineptie. Mais à l'époque, cette technologie avait ses partisans et Giscard en faisait partie.<br /> <br /> Le Comité de Surveillance de l'Aérotrain de la SNCF est révélateur de l'inquiétude de la direction de l'époque.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est cette compétition qui a stimulé les projets de grande vitesse ferroviaire en France et qui a permis un alignement des planètes favorable au TGV.
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N
Amusant de se dire que c'est une forme de concurrence (de l'avion mais surtout de l'aérotrain) qui a permis au TGV de voir le jour.
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T
oui mais quand j'entends son petit fils expliquer que VGE était un visionnaire...<br /> <br /> En matière de transport je me permets d'en douter et son premier ministre Chaban Delmas après avoir lui même fermer le très bon réseau de tramway de Bordeaux a toujours été hostile à ce mode de transport et au rail en général et a bloqué jusqu'à son départ le retour sur Bordeaux<br /> <br /> A cette époque la très grande majorité des élus avaient le cerveau qui baignait dans le goudron
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M
Entièrement d'accord avec les commentaires. <br /> <br /> <br /> <br /> Cependant, à mettre à l'actif de VGE: le début du retour du tramway en France suite au concours Marcel Cavaillé son secrétaire d'état aux transports qui proposa la relance de ce mode de transport urbain.<br /> <br /> <br /> <br /> Mon commentaire relève toutefois de la rubrique "transports urbains"
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S
Je n'aimais déjà pas beaucoup VGE, ca ne fera qu'une raison de plus. <br /> <br /> L'exploitation politique des déficits ne date pas d'hier...<br /> <br /> Car en gros, quand VGE disait "que la SNCF s'occupe de son déficit", cela sous entendait, "qu'elle gère les lignes à fermer, au lieu d'oser imaginer en ouvrir de nouvelles"<br /> <br /> <br /> <br /> La seule bonne nouvelle est donc que ce n'est pas lui qui aura eu l'occasion d'inaugurer ce TGV. <br /> <br /> A l'inverse d'un Macron qui a inauguré 2 LGVs lancées et construites sous ses prédecesseurs, et en stoppant tout projet durant son mandat...
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B
J'ai bien cru que j'allais m'étouffer en entendant que c'est grâce à VGE qu'il y a le TGV aujourd'hui (tout comme le nucléaire...).<br /> <br /> <br /> <br /> Comme le rappelle justement cet article, il était effectivement opposé au TGV. C'est en effet le président Pompidou qui a tranché en faveur du projet. VGE n'a ensuite pas eu d'autre choix que l'exécuter au risque d'un abandon couteux !<br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, la décision de faire financer par la SNCF exclusivement le projet de la LGV SE n'a pas été sans conséquences sur l'entretien des lignes classiques et surtout secondaires par la suite (même si nombre d'entre-elles avaient déjà été fermées...). Puis Raymond Barre est arrivé...<br /> <br /> <br /> <br /> Que penser ensuite des projets routiers qui foisonnaient à cette époque ? En parlant de l'Auvergne, qui s'est aussi battu pour l’électrification de la ligne Paris-Clermont ?
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T
par contre VGE s'est bien battu pour que Clermont Ferrand soit au centre d'un noeud autoroutier (A89 et A75).....
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