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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
1 avril 2020

Quand on redécouvre les vertus du fret ferroviaire...

Ils sont habituellement nettement moins en vedette que les autres trains : d'abord, c'est du fret ; ils vont moins vite ; ils n'ont pas le prestige de la performance ou de l'excellence industrielle nationale. Et pour en ajouter une couche, ces trains sont de grands habitués de lignes du bas de classement, les capillaires fret : environ 3000 km de lignes qui n'accueillent que quelques trains par semaine, mais qui au final, génèrent plus de 20% du tonnage de marchandises transportées par le chemin de fer.

Les difficultés extrêmes d'organisation de l'exploitation ferroviaire dans cette période inédite de confinement ont quasiment mis à l'arrêt les trains. A l'échelle nationale, ne subsiste qu'un service minimal de trains de voyageurs pour les besoins urgents, notamment pour les personnes des services publics essentiels, à commencer par les personnels de santé. Ces trains permettent aussi de maintenir les lignes en conditions nominales sur le plan de la sécurité de l'exploitation.

Le fret revêt un caractère éminemment stratégique, surtout à cette période. Il s'agit de maintenir les acheminements liés aux productions essentielles, notamment pour le secteur alimentaire. Le trafic céréalier est essentiel pour le fonctionnement normal de l'agro-industrie céréalière essentielle à notre alimentation, éviter la perte de productions, soit dans les silos soit dans les récoltes à venir.

En outre, certaines usines ne peuvent s'arrêter complètement, notamment dans le domaine énergétique et certaines productions sidérurgiques, nécessitant un minimum d'activités. C'est la raison pour laquelle les moyens mobilisables et l'organisation particulière liée aux règles de sécurité sanitaire privilégie la circulation du fret... dont on redécouvre les vertus.

En conséquence, l'organisation mise en place par SNCF Réseau a pour l'instant abouti à la circulation de 50 à 60 % des trains prévus par les différents opérateurs. Un résultat qui témoigne de l'ampleur avec laquelle la crise sanitaire impacte le réseau ferroviaire : les effectifs disponibles varient beaucoup d'un territoire à l'autre, entre gestion familiale et impact direct du Covid-19. L'objectif est d'arriver à 100% en fin de semaine, toujours en priorisant les circulations essentielles pour l'agro-alimentaire et les industries dimensionnantes avec des effectifs réduits et une organisation adaptée aux règles sanitaires.

Il est bien trop tôt pour en tirer la moindre conclusion sur la situation du fret en France mais cette période permet de mesurer non seulement les difficultés qui frappent l'ensemble de l'organisation logistique mais aussi les vertus d'un mode massifié et son importance dans l'activité économique et la vie quotidienne.

Profitons-en pour présenter quelques clichés de ces trains d'habitude dans l'ombre et mis en lumière ces temps-ci.

200819_60096+60062loury

Loury - 20 août 2019 - Les trains céréaliers à l'honneur dans cet article, notamment dans la Beauce. Les BB60096 et 60062 assurent la traction de ce trains sur la ligne Orléans - Pithiviers. Même en roulant entre 40 et 60 km/h, le train reste plus efficace que la route pour transporter environ 1200 tonnes de céréales. © P. Mauduit

200819_60096+60062pithiviers

Près de Pithiviers - 20 août 2019 - Le même train un peu plus haut sur la ligne . La voie composée de rails Double Champignon est faiblement armée mais elle a bénéficié d'investissements soutenus par la Région mais aussi les chargeurs céréaliers pour en maintenir l'exploitation. © P. Mauduit

110517_60044+60068beauchery_psambourg

Beauchery - 11 mai 2017 - Les voies disparaissent sous la végétation de la ligne Provins - Esternay mais le train passe quand même dans cet environnement de l'est de la plaine céréalière d'Ile de France qui, comme le montre la fin du convoi, n'est pas si plate que cela... © P. Sombourg

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Commentaires
A
@Traxx oui le Dunkerque-Liege est trace à 4200tonnes!...mais il y aussi sinon tout les Dunkerque-Lorraine en UM de 27000(acier et minerai de fer) eux aussi au format 4200t dans les rampes de 10 voir 11 de l’artère nord-est! La masse n’est plus un problème avec l’attelage type 135t et la puissance des machines d’aujourdhui!
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A
Petite précision par rapport à l’Allemagne...une grande partie des convois sont classés en catégorie G90, insérée dans des sillons voyageurs bien plus tendues que chez nous ou le rapport est inverse des frets plus rapides et des voyageurs plus lents...À donc se poser la question de pourquoi on est incapable de faire rouler plus de trains comme eux le font? Règles de conceptions des sillons et régulation en temps réel catastrophique, infrastructures pas à niveau...à l’inverse ailleurs banalisation intégrale, évitements circu et bifurcations en saut de moutons fréquentes par exemple
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A
@traxx L’attelage n’est plus un problème depuis longtemps avec l’attelage type135t! Sur l’artere nord-est on fait du 4200t grâce à ça, en Allemagne les 4000t avec attelages classiques ne se compte même plus il n’y que les 5000t venant de Rotterdam et Hanbourg qui sont équipés d'attelages auto! Et les trains n’y sont pas forcément moins long puisque la majeure partie du réseau accepte le 740m et en revanche pour y aller fréquemment sont globalement bien plus lourd que les nôtres...je vois la différences entre les trains que je croise ici en ligne et là bas lorsque que je vais en journée photo
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M
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour l'ensemble de ces articles travaillés que vous nous proposez. C'est toujours avec beaucoup d’intérêt que je lis le webmagasine (si on peut l'appeler comme ça) Transportail. Je me sens également très flatté lorsque je vois deux de mes photos sont utilisées pour illustrer un de vos articles. Cependant, je suis moyennement en accord avec la pratique qui consiste à utiliser la photo de quelqu'un sans en demander son accord au préalable. Dans le même cas, et à très juste a titre, je ne pense pas que vous aimeriez voir l'un de vos article copier collé sur un autre site que les votre. Enfin serait-il possible d'indiquer le nom du photographe en dessous de la légende ?<br /> <br /> Pour la suite, je suis parfaitement d'accord pour que Transportrail utilise certaines de mes photos, tant que je suis prévenu au préalable, qu'il n'y a pas d'argent gagné avec et que mon nom est signalé dans la légende.<br /> <br /> Paul Mauduit
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B
Bonjour,<br /> <br /> Par rapport au sujet de départ (fret en période de crise coronavirus), il y a des digressions intéressantes sur le fret ferroviaire en général, que j'approuve en grande partie. Pour ce qui est du bi-écartement par exemple, il ne faut pas oublier que n'équiper qu'une voie est économique en investissement voie, mais si on a une vision plus globale, il ne faut pas oublier qu'il est nécessaire d'avoir la signalisation qui le permet (IPCS voire banalisation). Et cela a de toutes façons un impact sur le débit de la ligne...<br /> <br /> Pour ce qui est du format des trains, c'est vrai que des trains massifiés, cela peut générer des économies... si c'est possible côté ferroviaire. Mais aussi au point de départ et d'arrivée : si l'expéditeur remplit deux trains par semaine, cela peut être lié au fait qu'il ne peut pas stocker plus !...<br /> <br /> Pour revenir au sujet de départ, c'est bien que le monde ferroviaire s'organise ainsi en cette période de crise ! C'est un bon retour d'expérience (voulu en tant que tel ?) par rapport à la grève au mois de décembre, où il a été fait le choix de mettre à l'arrêt le fret (qui avait besoin de transporter ! et qui était parfois disponible pour rouler) au bénéfice du maintien de TGV qui ont parfois roulé très peu chargés. Approche commerciale à l'époque (pour ne pas dire "communication" !), somme toute stupide...
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D
Développer le fret ferroviaire passe aussi par la suppression des hiatus techniques aux frontières.<br /> <br /> Pour le fret transpyrénéen, l'ajout de la voie normale en plus de l'écartement ibérique avec des traverses bi-écartement entre Irún et San Sebastián est en cours par l'ADIF (équivalent de SNCF Réseau en Espagne).<br /> <br /> A l'inverse, pour que les trains espagnols puissent accéder au triage de Bordeaux Hourcade, une voie à écartement ibérique sera installée sur la ligne de Bordeaux à Irún sur une seule voie (voie 2 entre Hendaye et Biganos et voie 1 entre Bordeaux et Biganos), sur les deux voies du contournement sud de Bordeaux et sur la voie 1 de la ligne de Bordeaux à Sète jusqu'à Villenave d'Ornon.<br /> <br /> Ce type d'installation est déjà en service en Espagne entre Valence et Castellón où les AVE venant de Madrid roulent alternativement sur les voies 1 et 2, avec changement de voie à Sagunto. Ainsi, la voie ibérique changera de voie à Biganos, et des évitements en voie ibérique indépendantes des voies normales seront créées à Biarritz, Dax, Morcenx et Biganos. Ce remplacement de traverses permettra en parallèle de renouveler les voies de la ligne.
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G
« En conséquence, l'organisation mise en place par SNCF Réseau a pour l'instant abouti à la circulation de 50 à 60 % des trains prévus par les différents opérateurs. Un résultat qui témoigne de l'ampleur avec laquelle la crise sanitaire impacte le réseau ferroviaire »<br /> <br /> <br /> <br /> Mais plus simplement de la baisse de l'activité économique, non ? Toutes les marchandises transportées habituellement relèvent-elles des productions « essentielles » ?
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A
Très intéressant que tu soulèves ce point! On se rend peut être compte que le format à la française du 20/22 wagons 1800t n’a aucun sens...quel intérêt y’a t’il à effectuer 2trains/semaine de A à B alors qu’un seul serait faisable??? On économise un sillon, on libère du personnel, le seul contrainte étant de faire effectuer le train par une UM mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus difficile à réaliser...j’ai pu remarquer la différence avec l’Allemagne ou les trains complets sont généralement beaucoup plus lourd, pas forcément des trains de 3600/4000tonnes mais les convois de 2300/2400t sont monnaie courantes et par rapport à nos convois plutôt léger c’est un sacré gain de productivité! Après il y a les contraintes techniques géographiques en fonction des clients: place disponible pour former le<br /> <br /> Convoi dans l’EP? Mais aussi les<br /> <br /> Contraintes matériel roulant de certaines EF...on peut en profiter pour remettre le débat sur la table de faire de « la ligne » avec des machines qui n’ont rien dans la gueule (pardonner moi l’expresession) style G1000/1206 qui nécessite déjà une UM pour de modestes trains de 1600/1800t
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J
En ce temps de pénurie de personnel, des voix s'élèvent pour demander s'il ne faudrait pas massifier ces trains, en doublant les rames (44 wagons et une UM de Class66 par exemple). Mais pour ça il faut que les embranchements permettent de recevoir de tels trains, et que les sillons le permettent (mais en ce moment, tracer un sillon même sans dépassement ne doit pas être bien difficile...)
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P
« En conséquence, l'organisation mise en place par SNCF Réseau a pour l'instant abouti à la circulation de 50 à 60 % des trains prévus par les différents opérateurs. [...] L'objectif est d'arriver à 100% en fin de semaine [...] »<br /> <br /> Cette affirmation met la puce à l'oreille. Poisson d'avril ?
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