Essayons d'occuper les lecteurs de transportrail pendant cette période de confinement et inaugurons cette nouvelle page Culture et Patrimoine axée sur quelques souvenirs, souvent à l'aide de cartes postales, d'anciennes lignes de chemins de fer. Pour ce premier numéro, destination le Haut Jura, la capitale française de la lunette : Morez. Bien connue pour ses viaducs et sa ligne dite des Hirondelles, dont le devenir reste quand même à clarifier, Morez fut aussi de 1921 à 1958 le terminus d'une ligne internationale, à voie métrique, venant de Nyon. Malheureusement, l'histoire de ce chemin de fer secondaire franco-suisse fut assez brève côté français, tourmentée d'abord par l'inflation, puis la guerre et enfin par cette savante combinaison entre le manque de volonté et le manque de moyens, qui firent tomber bien des lignes.
Morez, terminus. La légende de la carte postale est intéressante : une place militaire, une rue républicaine, un bureau de tabac... un tramway. Notez que le cliché a été probablement pris juste avant la mise en service car la voie est posée sommairement dans la chaussée.
Côté Suisse, si la situation est aujourd'hui florissante, avec la préparation du cadencement au quart d'heure jusqu'à Saint Cergue, la ligne revient de loin car jusqu'au début des années 1980, bien des études n'ont eu pour seul but que de supprimer le service ferroviaire. L'effet frontière est aujourd'hui radical entre une ligne moderne assurant une desserte de proximité et... rien ! L'hypothèse d'un prolongement en France pour desservir Les Rousses, station bien connue des amateurs de ski de fond, n'a jamais abouti sur un quelconque projet.
Bonne lecture !
Le petit train rouge n’ira pas jusqu’aux Rousses
MobilitéLe projet de prolonger la ligne du train Nyon-Saint-Cergue jusqu’à la station proche de la frontière a été abandonné.
Le Nyon-Saint-Cergue relie La Cure depuis un siècle jour pour jour. Il ne poussera pas jusqu’aux Rousses.Alors que la ligne du chemin de fer Nyon - Saint-Cergue était inaugurée le 12 juillet 1916, le tronçon compris entre Saint-Cergue et La Cure, commune qui marque la frontière entre la Suisse et la France, le fut une année après, le 18 août 1917.
Cent ans plus tard exactement, le maire de la station des Rousses (F) aurait aimé annoncer que le petit train rouge allait rejoindre sa ville. Malheureusement, si le projet a bel et bien été étudié en profondeur, il a dû être abandonné.
«C’est effectivement un dossier sur lequel nous avons beaucoup travaillé, explique le maire des Rousses, Bernard Mamet. Nous avons étudié la pertinence et la faisabilité du projet pour arriver à la conclusion qu’il ne se réalisera pas. Ceci pour des raisons réglementaires liées à la définition même du mode de transport. Cela aurait créé des problèmes de faire arriver le train jusqu’au centre de la station.»
Une analyse que partage le directeur de la Compagnie du train Nyon-Saint-Cergue, Richard Zaugg: «Notre train ne correspond pas du tout à un tracé en site propre. Il n’est pas aux mêmes normes qu’un tramway.»
«Nous avons étudié la pertinence et la faisabilité du projet pour arriver à la conclusion qu’il ne se réalisera pas»
Tous deux sont déçus, car ils estiment que c’était un projet rêvé pour transporter les touristes suisses qui voudraient profiter des activités proposées à la station des Rousses, et pour les touristes français désireux de visiter Nyon et sa région.
«Le train rouge est très prisé par cette clientèle», relève le maire. Si ce dossier a été définitivement rangé dans un tiroir, il n’en est pas de même des réflexions concernant la mobilité transfrontalière en général. Et, en particulier, la question des pendulaires, qui sont nombreux à prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour en Suisse.
Parkings d’échange
«Nous sommes conscients que le trafic automobile transfrontalier sature et pose des problèmes, poursuit Bernard Mamet. Les frontaliers ne savent plus où parquer quand ils arrivent à Nyon. Nous conduisons des réflexions franco-suisses, notamment avec le Conseil régional du district de Nyon, pour trouver des solutions. On a même évoqué la possibilité d’obtenir un financement «Interreg» (ndlr: programme européen de soutien aux projets transfrontaliers). Et l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse en 2020, qui comprendront des épreuves aux Tuffes, près de chez nous, dynamise les échanges franco-suisses sur les questions de mobilité.»
Ces réflexions ont déjà permis de dégager quelques idées qui pourraient devenir des projets concrets à moyen terme.
«Une des premières mesures que nous étudions serait la réalisation d’un parking d’échange à La Cure ou à La Givrine, précise le maire. Il pourrait servir aux usagers du train mais aussi à ceux qui font du covoiturage. Il faudrait qu’il soit couvert pour être incitatif: les automobilistes n’auraient alors pas besoin de déneiger leur véhicule à leur retour du travail durant l’hiver.»
«Une des premières mesures que nous étudions serait la réalisation d’un parking d’échange à La Cure ou à La Givrine»
Richard Zaugg confirme l’existence de ces collaborations franco-suisses mais rappelle que réaliser un parking à La Cure ne suffirait pas à motiver les automobilistes à laisser leur voiture pour le train.
«Le temps de parcours est encore trop long et le train ne peut pas aller plus vite, car le parcours est trop sinueux. Je pense qu’un parking à La Cure servirait aux touristes et aux usagers du covoiturage et qu’il faudrait faire un autre parking à la Givrine ou à Saint-Cergue pour les frontaliers qui voudraient prendre le train. Dans cette perspective, nous aimerions proposer des tarifs incitatifs aux automobilistes qui feraient un long trajet en train.»
En chiffres
5200 véhicules passent tous les jours au col de la Givrine, entre la Cure et Saint-Cergue.
1200 frontaliers du Jura français, au minimum, travaillent dans le district de Nyon, sur un total de plus de 6150 issus des autres régions limitrophes.
source: Tribune de Genève 2017