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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
22 janvier 2020

Le fret ferroviaire français toujours en dépression

55 milliards de tonnes-kilomètres en 2000, 32 milliards en 2018 et probablement tout juste 30 milliards en 2019, malgré les espoirs nés de la pénurie de conducteurs de poids-lourds en Europe. Le fret ferroviaire français va donc mal. Vous allez dire que ce n'est pas nouveau. Certains en profiteront pour expliquer que c'est la faute de l'ouverture à la concurrence en 2005. D'autres diront que sans l'arrivée de nouveaux opérateurs, la situation serait peut-être encore pire. 2019 s'est mal terminée, avec une grève particulièrement rude à la SNCF qui a affecté l'ensemble des circulations de marchandises... qui avaient déjà eu du mal à encaisser la grève en pointillés du printemps et du début de l'été en 2018. En parallèle, les actions menées dans les ports français sont également de nature à fragiliser leur position, déjà fortement concurrencée par les sites de nos voisins immédiats, et par conséquent l'ensemble des circuits logistiques.

L'AFRA, l'association française des utilisateurs du réseau français autres que la SNCF, rappelle que 25% des trains commandés ont circulé pendant le mois et demi de grève. Le chiffre d'affaires de ces entreprises en France a été réduit de 60 à 90% sur cette période et certaines se retrouvent en grande difficultés financières. La situation de SNCF Fret, Société Anonyme depuis le début de l'année, est d'ores et déjà des plus critiques, au point que certains voient dans les annonces du nouveau président, à propos d'un plan d'économies pour éponger une partie des pertes, une porte ouverte à la cession de certaines branches. A ce jour, aucune certitude, mais il semble difficile de ne pas envisager un reformatage du périmètre du groupe SNCF dans le domaine logistique.

Le trafic est évidemment reparti par la route et regagner la confiance des clients n'est pas une mince affaire surtout avec la persistance d'un climat social instable.

Et pendant ce temps, la Loi d'Orientation sur les Mobilités continue de mettre en avant une stratégie de relance du fret ferroviaire en France : une constante pour tout détenteur du portefeuille ministériel des transports depuis plus de 30 ans, mais globalement sans effet sur le déclin du trafic. Peut-être parce que la relance du fret, au-delà des incantations, se travaille au quotidien et suppose des choix assez structurants, parfois clivants, et de les assumer, tout comme il suppose une certaine constance des actions dans la durée et un climat inspirant confiance. Force est de constater qu'on en est loin.

On peut prendre pour comparaison la situation en Autriche, où le gouvernement régional tyrolien a pris des mesures très strictes pour freiner le trafic routier de transit entre l'Allemagne et l'Italie par la route du Brenner : interdiction du transport par la route de nombreux produits, interdiction du trafic nocturne aux camions de plus de 7,5 tonnes, augmentation des péages... avec en parallèle un renforcement du service d'autoroute ferroviaire. L'Italie ne cache pas son courroux. C'est peu de le dire. Mais cela montre la difficulté à réorienter les schémas de transport de marchandises. Et pourtant, il y a urgence... mais comment le fret ferroviaire peut-il redevenir crédible en France entre le sous-investissement chronique, le plantage régulier des circulations au premier conflit social sur les rails et l'incapacité du pouvoir à assumer des mesures contraignantes à l'égard du transport routier ? Rappelons encore une fois l'abandon de l'écotaxe... et les renoncements sur la taxe carbone...

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Commentaires
A
Sans tomber dans certains excès et clichés, voici un contre exemple parmi d'autres:<br /> <br /> Aujourd'hui, l'annonce d'un investissement concernant la création d'une Commande Centralisée Réseau (CCR) pour rendre l'exploitation du réseau plus performante aura pour conséquence des "mouvements sociaux" d'une partie des agents circulation dont les postes seront impactés (suppression, mutation....).<br /> <br /> Pourtant, rendre l'exploitation du réseau plus performante, ça s'appelle bien défendre son outil de travail et son entreprise......
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A
@robrovo <br /> <br /> Il faudra nous expliquer par quel mécanisme, les investissements sur le ferroviaire auraient une quelconque influence sur la probabilité d’une grève!
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R
Une volonté politique pro-ferroviaire ou des investissements effectifs auraient la propriété de faire baisser la probabilité des grèves.
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C
Tout est dit dans l'article et les commentaires qui vont dans le même sens ; j'ajouterai que ce que mentionne l'AFRA à savoir 25% seulement des trains non SNCF commandés ont pu circuler montre que l'ouverture effective à la concurrence est un leurre, comme les trains Thello et ceux allant à Moscou qui n'ont pu circuler sur le réseau français.
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T
Comme c’est très bien résumé dans l’article,une politique de report modale vers le ferroviaire supposerait 3 choses malheureusement inexistantes en France<br /> <br /> La fin des conflits sociaux à répétition<br /> <br /> Des investissements soutenus sur l’infrastructure<br /> <br /> Une réglementation routière plus restrictive concernant la circulation des camions<br /> <br /> <br /> <br /> On est très loin de tout ça...reste la gesticulation verbale et les incantations de type soviétique...
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P
A ce stade là, ce n'est plus une question de politique publique. Ca ne sert à rien de faire la guerre aux camions ou même d'essayer de rattraper le sous investissement passé, quand le service n'est structurellement pas fiable. Il est inutile d'arroser un arbre mort. Ce que veulent les clients du fret, c'est de la fiabilité. Mais la culture de la grève à la SNCF, à l'oeuvre depuis des décennies, fait qu'on ne sait jamais comment ça se passera, et trop souvent, cela se passe très mal. <br /> <br /> <br /> <br /> Mêmes causes mêmes conséquences d'ailleurs pour les ports français, dont l'activisme "social" a fait d'Anvers le principal point d'entrée en France. Fret, ports : comment scier la branche sur laquelle on est assis.
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