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transportrail - Le webmagazine des idées ferroviaires
10 octobre 2019

Lignes de desserte fine : l'Etat enterre la mission Philizot ?

Décidément, le Nouveau monde politique ressemble de plus en plus à l'Ancien... Régime. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses propres dépens » disait le Cardinal de Retz : ainsi pourrait-on résumer le propos de conclusion du colloque sur la desserte des villes moyennes organisé aujourd'hui par la FNAUT, porté par le Secrétaire d'Etat aux Transports.

La mission confiée au Préfet François Philizot sur l'état des lieux et les besoins de financement des lignes de desserte fine du territoire devait aboutir en avril. Ce n'était pas le moment, pour cause de Grand Débat National. Rendez-vous en mai... reporté pour cause de campagne des élections européennes. Puis en juillet, le temps de voter la Loi d'Orientation sur les Mobilités, avant le coup de théâtre de l'échec de la Commission Mixte Paritaire, pour cause de rigidité ministérielle. Donc on laisse passer l'été, le temps de souffler un peu et de retrouver une case disponible dans l'agenda parlementaire.

Aucune annonce au congrès des Régions de France à Bordeaux voici 2 semaines : premier signal négatif. Certes, le colloque d'aujourd'hui n'était pas forcément le meilleur vecteur d'une communication gouvernementale, mais les circonvolutions ministérielles ont bien fini par faire comprendre à l'auditoire, plutôt averti, qu'il ne fallait rien attendre. Mais on parle toujours du ferroviaire comme le pivot de la transition énergétique des mobilités : un pivot avec de sérieuses caries tout de même !

Ce que le gouvernement ne veut pas révéler, et qui pourtant saute aux yeux, c'est tout simplement l'incapacité à arbitrer entre un ministère technique qui a essayé d'ouvrir quelques portes et un ministère de Finances qui ne veut lâcher aucun moyen supplémentaire. Pour résumer, l'hémisphère gauche de l'Etat accroît les missions incombant à SNCF Réseau mais l'hémisphère droit ne lui accorde pas les moyens nécessaires à leur accomplissement. Solution : financer par la dette... ce qui réveille les argentiers, car le passage du gestionnaire d'infrastructure en Société Anonyme au 1er janvier, implique un ratio entre la marge opérationnelle et la dette de 1 pour 5 (il approche les 1 pour 25 actuellement, avant reprise de 35 MM€ de dette). 

Bref, on continue avec des injonctions contradictoires. Quelles conséquences ? Sacrifier une partie du réseau ou reconstituer de la dette, quitte à finalement abandonner le passage de SNCF Réseau en SA... qui a pourtant été voté.

Ceci dit, ce ne serait pas la première fois qu'une décision du Parlement soit contredite par une décision de l'Etat : vous vous souvenez de l'écotaxe ?

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Commentaires
B
Vous y croyez encore au coté écologique dont notre gouvernement se définit ? Allons, allons, réveillez vous.
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G
> Ceci dit, ce ne serait pas la première fois qu'une décision du Parlement soit contredite par une décision de l'Etat : vous vous souvenez de l'écotaxe ?<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, et puis pour une fois, ce serait une bonne chose, non ? On ne voit pas pourquoi une entreprise gérant une infrastructure stratégique devrait être une SA. Il n'y a là que de l'idéologie.
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T
Oui comparer les investissements routiers et ferroviaires réalisés depuis 50 ans par les uns et les autres...<br /> <br /> Deja on pourra remarquer que les lignes deja fermées ou menacées ont souvent en parallèle une autoroute ou une 2*2 voies.....Ou a minima une route entièrement refaite et rectifiée.....
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T
Par contre pour doubler le tunnel routier de Tende, on a trouvé 209 millions d'euros, financé à 58 % par l'Italie et 42 %<br /> <br /> <br /> <br /> Et pareil sur Grenoble-Gap, on trouve pas l'argent pour pérenniser la ligne ,encore moins pour réouvrir St Auban-Digne mais les millions tombent (225M€) pour les axes routiers parallèles pourtant de facture correcte et en rien menacés de fermeture...<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_grand_public_modernisation_rn85_et_rd1075_v2.pdf
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T
Encore une ...<br /> <br /> https://www.lantenne.com/Menace-sur-la-ligne-ferroviaire-Nice-Tende-Cuneo_a49678.html
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O
Pour une fois, vous êtes un poil trop pessimiste : <br /> <br /> - côté Réseau, le lien entre ces lignes et l'ouverture à la concurrence semble de plus en plus largement intégré... tout comme la possibilité d'expérimenter de nouvelles solutions sur ces lignes, plus "ouvertes" que les grands axes...<br /> <br /> - côté Mobilités, on sent un frémissement pour cette raison, et il ressort que dans certaines Régions, la dynamique semble aller dans le bon sens, avec une EF historique qui fait des propositions plutôt positives (mieux vaut tard que jamais)
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I
Vous oubliez un petit détail qui a son importance : SNCF Réseau se moque éperdument des lignes UIC 7 à 9 (n'était un obscur chargé de mission dans un recoin du l'organigramme). Je ne mentionne même pas SNCF Mobilités, où la chose est entendue depuis belle lurette.<br /> <br /> <br /> <br /> Quitte à faire de la dette, je ne vois que trois choses à faire : <br /> <br /> - transférer les infrastructures concernées aux Régions<br /> <br /> <br /> <br /> - confier leur gestion à des GI indépendants par conventionnement, mission éventuellement étendue à l'EF, pour pérenniser les infrastructures et créer des dessertes pertinentes à moindre coût, voire relancer le fret local. Les exemples de Carhaix - Guaingemp - Paimpol et des OFP doivent servir d'exemple<br /> <br /> <br /> <br /> - émettre des obligations régionales pour constituer un fonds visant à financer ces actions, disons 1 ou 2 milliards d'euros. Une Région n'a peut-être pas la carrure financière, mais plusieurs, voire toutes les Régions de province, qui sont soumis à ces mêmes enjeux, peuvent se décider à le faire...
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T
Je dirai qu’on se situe plutôt dans l’hemiplegie.....<br /> <br /> Et l’etat veut lancer un débat sur les lignes uic 7-9 mais cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de lignes ferroviaires sans intérêt....elles ont toutes ferme depuis des dizaines d'années<br /> <br /> On en est a fermer des lignes qui desservent des bassins de population de 50000 habitants dans des zones touristiques ou qui relient des villes de 200000 habitants.....<br /> <br /> Le débat devrait plutôt porter sur les réouvertures et sur la façon de faire du ferroviaire moins couteux en travaillant sur les normés,les procedures, afin de les favoriser....<br /> <br /> <br /> <br /> Quand au financement il suffit de regarder ce que l’etat et collectivites locales continuent a dépenser sur un réseau routier pourtant sur développe pour voir que ce n’est pas tant l’argent qui manque que la motivation et la vision......
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J
" l'hémisphère gauche de l'Etat accroît les missions incombant à SNCF Réseau mais l'hémisphère droit ne lui accorde pas les moyens nécessaires à leur accomplissement."<br /> <br /> Et pourtant cela se passe ainsi pour la SNCF depuis 1938, je n'exagère à peine.<br /> <br /> Excellente analyse, merci !
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